J'ai lu "
Une nuit de Grenade" de
François-Henri Soulié après avoir vu cette excellente pièce de théâtre dans une mise en scène de Jean-Claude Falet, à Nanterre près de Paris.
Cette pièce a été créée en 2006 au Théâtre de Montauban puis reprise en 2009 dans une mise en scène de
Jacques Lassalle et en 2016.
Il s'agit d'un huis clos qui se déroule à Grenade en Espagne une nuit de l'été 1936.
Manuel de Falla, le musicien à la renommée internationale, se rend dans le bureau du gouverneur civil, José Valdès-Guzman. Il a appris l'arrestation de son ami
Federico Garcia Lorca par les franquistes. Il vient s'enquérir du sort du poète et demander sa libération à l'homme qui détient le pouvoir de vie ou de mort sur toute la ville.
Dès le début de la pièce on comprend que l'ordre de le tuer a déjà été donné, au téléphone, d'une façon codée.
Manuel de Falla, sans être totalement hostile au régime est honnête et courageux et n'a que son humanisme à opposer au cynisme et à la bêtise fanatique de Valdès.
Et puis il y a ce troisième personnage, Calderon, le jeune phalangiste paumé qui a connu les caresses et les mots de
Federico Garcia Lorca et qui voudrait le sauver.
Avec intelligence, l'auteur fait le procès des dictatures, du fascisme, de la bêtise galonnée et des idéologies de la haine.
Même si l'histoire, comme la vraie, ne finit pas très bien, le poète a le dernier mot, même en y laissant sa vie. On entend la voix de Lorca s'élever alors que le cri final des brigades phalangistes « Viva la muerte » n'y change rien, dans le fond. Ils ne feront pas taire le poète.