Une nuit de Nata

D'un pas indécis, Nata sort de la maison où agonise Marraine Tanaté, elle sait qu'elle n'a pas le droit de l'abandonner là mais l'instinct la pousse vers la nuit, vers ces champs de hautes herbes, ponctués de palmiers-nains et de rôniers et où les ronces s'emmêlent, obstacles douloureux et inextricables.
Dans les hautes herbes africaines se cache la bête aux yeux luisants qui guettent la sortie de Nata. Elle s'approche doucement. de l'endroit où vivent les hommes, ennemis et pourvoyeurs de nourriture.
Sur la piste rouge cabossée, roule en cahotant l'ambulance de Gémo, vieille fourgonnette rafistolée et équipée d'un brancard qui se moque de lui à chaque sursaut , d'un bras de perfusion rudimentaire qui brinquebale à chaque secousse. Gémo veut créer la première société d'ambulances du pays. Il roule toute la nuit, dans l'ombre menaçante et les dangers surnaturels, pour arriver à la vieille dame mourante. En chantant pour se donner du courage.
Quand Nata escalade la falaise puis en descend au péril de sa vie en s'arrachant les mains et le corps aux ronces, Gémo est là, qui va la la protéger des instincts meurtriers de la bête. Quand Gémo arrive au terme de son pénible périple nocturne, la vieille dame est là aussi. le sorcier-potier et la guérisseuse n'ont rien pu faire pour elle. Trois destins qui convergent, parmi les ronces, les ornières, les rôniers. Sur un lit de douleur, dans une ambulance en loques, sur une falaise redoutable, au bord d'une rivière qui brille doucement sous la lune. Tout semble difficile, brutal, les obstacles s'accumulent : ronces, ornières, falaise, à-pic, nuit noire peuplée d'êtres maléfiques. Mais trois vies suivent leur parcours, du mieux possible.

La poésie, le fantastique, l'émotion parcourent ces lignes africaines. Tout petit livre où trois personnages vont vers leur destin entre larmes et blessures, sorcellerie et dévouement. Une jolie découverte grâce à Esperluete dont on aime toujours le soin apporté à ce bel objet qu'est un livre de qualité.

Tout d'abord, merci à Babelio et aux éditions Esperluète pour cette lecture. Je n'ai pas grand chose à dire sur ce choix. Simplement, le résumé m'intriguait et j'ai eu envie de me plonger dans court roman.

On suit ici quatre personnages en plein coeur de la nature africaine. Marraine Tanaté, au seuil de la mort. Nata, jeune fille intrépide qui décide de suivre son instinct et de s'aventurer seule dans la nature sauvage environnante. Gémo, tout jeune ambulancier en quête de reconnaissance. Et enfin, la bête sauvage, le prédateur qui va guetter les moindre faits et gestes de notre jeune Nata. Quatre vies que l'on suit, quatre vies qui suivent leur destin du mieux qu'elles le peuvent....

Ce petit roman est l'un de ces livres que l'on déguste. J'ai aimé prendre mon temps pour le lire. le reposer et m'imaginer ce qui pourrait bien se passer, imaginer les émotions, la douleur que pouvaient ressentir les différents personnages. L'histoire en elle-même n'a rien d'exceptionnelle, elle est assez classique. le vrai plus, c'est cet aspect des vies parallèles qui est développé et découvrir à un instant T le destin de quatre êtres vivants dans un environnement commun. Je n'en dirais pas plus au risque de trop en dévoiler.

En revanche, je peux vous parler de la plume de l'auteur. Je ne connaissais pas du tout Benoit Reiss et c'est une merveilleuse découverte. J'ai aimé découvrir son écriture poétique et chargée d'émotions. Il a su, en mon sens, rendre magique, la description d'une soirée dans la savane africaine. Je n'avais qu'à fermer les yeux pour y être. Petite note également pour la maison d'édition et le joli travail qu'elle a effectué. Un très bel objet livre !

En conclusion, "Une nuit de Nata" est un roman court, poétique et plein d'émotions. Il montre que suivre sa destinée n'est pas toujours aisé ni sans risque. Un livre à lire, en prenant son temps, comme on déguste un bon thé.

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Une nuit de Nata est un très court roman, qui se déroule dans une temporalité toute aussi brève, un instant, un cliché pris dans le noir, car tout se déroule lors d'une nuit. le roman propose un découpage et une façon d'écrire qui donne cette impression d'instantanés. C'est comme des flashs de lumière qui laissent apercevoir des ombres et deviner l'action. Certaines que l'on arrive à identifier, parce qu'elles ont été plongées une fois dans la lumière, ainsi Nata, Gémo ou encore sa marraine. D'autres qui rampent collés serrés à ras le sol.

Les débuts de paragraphe se répètent, s'allongent. Tout le roman se fait écho, toute l'action est plongée dans un étirement entre accélérations et ralentissements. Bien trop souvent, les scènes se rejouent, donnant l'impression qu'aussi loin que Nata tente d'aller, s'inventant de plus en plus de raisons de poursuivre sa course, elle et le lecteur sont retenus en arrière, dans le village et plus précisément dans la maison qu'elle a abandonné. Il y a une lenteur, qui ressemble à celle de la nuit, faisant à la fois la qualité et le défaut du livre.

Tout se transpose finalement dans les dernières pages, en tout cas pour Nata et la bête. Mais pour le reste, je ne suis pas aussi convaincue du charme de l'unité des éléments. Je n'ai pas apprécié le style de l'auteur, qui est simple et mesuré, mais sans harmonie particulière. Je n'ai pas retrouvé l'atmosphère sombre et inquiétante à laquelle j'aurais voulu me plonger. Quant aux émotions, à l'exception de la toute dernière page, j'ai passé ma lecture dans une vague indifférence qui est finalement la raison même de ma déception.
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