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Hyman (Autre)
EAN : 9791034730438
104 pages
Dupuis (07/10/2022)
3.38/5   55 notes
Résumé :
Londres, dans les années 60. Le docteur Stephen Ward, ostéopathe dont les talents lui valent l'affection de nombreux notables, partage ses loisirs entre réceptions mondaines et parties fines... Lorsqu'il croise Christine, une jeune danseuse ambitieuse, il en devient le Pygmalion, lui faisant rencontrer des hommes aussi importants (et sensibles à son charme) qu'un espion russe ou encore le ministre de la Guerre anglais, John Profumo... L'affaire Profumo, avec ses rel... >Voir plus
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Aucune théorie du complot ne résiste au démontage d'un mécanisme si complexe.
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Ce tome contient une histoire complète indépendante de toute autre, revenant sur une histoire d'espionnage britannique ayant pris la forme d'un scandale politique au Royaume-Uni en 1963. Son édition originale date de 2022. Il a été réalisé par Jean-Luc Fromental pour le scénario et par Miles Hyman pour les dessins et les couleurs. Il compte quatre-vingt-dix-huit pages de bande dessinée. Il se termine avec un texte d'une page, rédigé par le scénariste en juillet 2022, intitulé L'écheveau de la reine. Dans cette postface, il évoque l'intérêt d'évoquer cette affaire à l'âge du conspirationnisme aigu, du fake et de la post-vérité, de la masse de documents de toute forme (un dédale d'où ne peut sortir aucune vérité incontestable), et du choix d'avoir écrit ce récit avec le point de vue de l'accusé.

Old Bailey à Londres, le 30 juillet 1963. Stephen Ward sort de la Cour centrale de la Couronne britannique, où il vient d'être entendu en tant qu'accusé. Les policiers lui forment une haie qui lui permet de passer au milieu des photographes et des journalistes qui le bombardent de questions. Christine et Mandy sont-elles des prostituées ? Où sont ses amis célèbres ? Qui a payé sa caution ? Est-il un agent de l'Est ? Quel verdict espère-t-il ? En son for intérieur, il se dit que C'est le moment de vérité. Après ces mois de harcèlement, de déballages de caniveau, de mensonges plantés comme des banderilles, le monstre qu'ils ont créé attend l'estocade. Plus de sanctuaire. L'arène réclame la mise à mort. Où sont-ils les puissants, les profiteurs, les petites filles perdues qui lui mangeaient dans la main ? Plus d'ami, plus d'allié. On ne veut plus le connaître. Si on se souvient de lui, c'est seulement dans la lumière poisseuse du scandale. Maintenant la foule l'insulte : Ordure ! Pervers ! Traître ! Maquereau ! Sale rouge !

Stephen Ward monte dans la voiture qui l'attend et il regagne son dernier refuge, à Chelsea. Derrière les stores vénitiens, dans son salon, il s'assoit devant son enregistreur à bande Grundig TK-14 pour dire tout ce qu'il sait. Sa vérité est la vérité, mais il semble qu'il soit désormais le seul au monde à pouvoir l'entendre. Ce qu'il fera ensuite, dieu seul le sait. C'est son procès qu'il recommence. Il sera son juge le plus sévère. Et s'il s'avère qu'au bout du compte il est coupable… Il jette un coup d'oeil à une affiche de tauromachie décorant son mur, où le torero a donné le coup de grâce à l'animal dans le dos duquel sont fichées plusieurs banderilles. Où commencent les histoires ? Il faudrait reprendre du début, mais le temps lui est compté, demain la justice aura parlé, ce sera fini. Il choisit comme point de départ de ce jeu de dupes une fin de matinée de janvier 1961, alors qu'il se trouve au volant de sa voiture, dans les rues de Londres et que la radio diffuse le hit de Julie London, puis de Cliff Richard. Il pleut sur Londres, ce crachin qui a fait la réputation de sa ville. Devant le Garrick Club, le voiturier prend sa Jaguar en charge. Il y retrouve Colin Coote, rédacteur en chef du très conservateur Telegraph, qui lui présente le capitaine Evgueni Ivanov, attaché naval de l'ambassade d'U.R.S.S.

En fonction de sa familiarité avec l'affaire relatée, le lecteur peut découvrir cette bande dessinée sans en avoir aucune connaissance, ou en avoir déjà entendu parler. Dans le premier cas, il fait connaissance avec Stephen Ward, ostéopathe de personnalités politiques et de riches citoyens, accusé par la vindicte populaire d'être une ordure, un pervers, un traître, un maquereau et un sale rouge. Il comprend que cette affaire est racontée avec le point de vue de cet homme, en toute subjectivité. le personnage est présent dans la plupart des scènes à l'exception d'une vingtaine de pages consacrées à d'autres personnages, en particulier à Christine Keeler, et lorsqu'il se retrouve en prison. Dans la postface, le scénariste explique que : le choix fait ici est de laisser la parole à celui qui tint le premier rôle dans un scandale entré dans les annales sous le nom d'un autre, le seul paradoxalement à ne pas avoir eu le temps de coucher par écrit sa version des faits. Il ajoute que : Stephen Ward fut la victime expiatoire, le bouc émissaire dont la fin opportune permit de cautériser dans l'urgence un certain nombre de plaies inquiétantes pour l'élite du Royaume. le lecteur a bien conscience dès le début de lire la version des faits de Stephen Ward, avec ce qu'elle comporte de subjectif, et étant relatée à la première personne celui-ci se voit comme un être humain normal, pas comme un ignoble coupable.

Après la scène d'introduction, le récit reprend un déroulé chronologique, et le lecteur bénéficie de la présentation de Stephen Ward que fait Colin Coote au bénéfice de Evgueni Ivanov : l'ostéopathe d'hommes politiques, portraitiste d'une grande finesse, bridgeur décent, et peut-être entremetteur. Dans le même temps, il ouvre grand les yeux pour regarder autour de lui, pouvant se projeter dans chaque lieu, et ressentir l'ambiance de l'époque. L'artiste réalise un impressionnant travail descriptif. Il se nourrit de photographies d'archives pour donner à voir chaque environnement, les tenues vestimentaires de rigueur ou à la mode. Au fil des séquences, le lecteur se retrouve ainsi aux côtés des personnages dans les rues de Londres avec des voitures d'époque (dont la Jaguar de Ward), à attendre sur un banc dans Hyde Park, dans le village de Wraysbury dans le Berkshire, à circuler le long de la Tamise, dans les jardins d'un cottage luxueux proche du château de Cliveden à Taplow dans le comté de Buckinghamshire, et au bord de sa piscine, dans le quartier pas très bien fréquenté de Soho, à l'entrée du Marquee Club. Il les accompagne également dans les intérieurs : le douillet appartement de Ward au 17 Wimpole Mews, la salle à manger du luxueux Garrick Club, le Murray's Cabaret Club et son spectacle de danseuses, différents pubs chics, un autre club de Soho avec des chanteurs noirs, un véritable manoir, une chambre miteuse de Brentford, une salle de cinéma, la salle de rédaction du Sunday Pictorial, une cellule de prison, la chambre des Communes, une salle d'audience au tribunal, une chambre d'hôpital. Pour chaque endroit, le dessinateur prend le temps de représenter les détails des murs, des décorations, des meubles, des aménagements, avec un investissement remarquable.

L'artiste fait preuve d'une aussi grande implication pour mettre en scène les différents individus : entre rendu parfois quasi photographique et simplification, sur la base d'une direction d'acteurs naturaliste. le lecteur prend son temps pour savourer les robes de ces dames et les costumes de ces messieurs, y compris les uniformes des bobbies et la robe du juge. Il ressent pleinement la puissance de séduction de Christine Keeler, de son amie Mandy et d'une ou deux autres jeunes femmes. Il est sous le charme de la distinction des hommes, un peu distants, très chics sans ostentation. Il voit la différence de manière de se tenir entre les citoyens de la haute, et les gens du peuple, en particulier des clubs cosmopolites fréquentés par Christine. Sous le vernis de la bonne éducation, il peut ressentir l'intensité du désir des hommes, il succombe au charme de ces demoiselles qui savent très bien à quel jeu elles jouent. Sans en avoir conscience, le lecteur absorbe de nombreuses informations par les dessins : ce que font les personnages bien sûr, mais aussi le milieu dans lequel ils évoluent, les personnes qu'ils croisent et leur milieu social, leurs logements et leurs voitures qui sont révélateurs sur leurs revenus ou leurs richesses.

S'il ne connaît rien à l'affaire Profumo, le lecteur la découvre par les yeux de Stephen Ward, ne mesurant pas toujours le caractère polémique de telle rencontre, des enjeux politiques ou sociaux. Il note quelques repères historiques comme la mention du débarquement de la baie des Cochons en 1961, la crise des missiles de Cuba du 14 au 28 octobre 1962, ou des repères culturels comme le film Vie privée (1962) réalisé par Louis Malle, avec Brigitte Bardot. La scène du procès lui permet de comprendre la perception que le public a pu avoir de cette affaire, du mode de vie de Stephen Ward et de Christine Keeler. S'il connaît déjà l'affaire Profumo, il en mesure mieux les enjeux et les paramètres, et il peut comparer ce qu'il lit aux souvenirs qu'il en a. Dans sa postface, le scénariste indique que : Les fins connaisseurs du dossier ne manqueront pas de relever les libertés que s'accorde ce livre avec certains faits ou chronologie d'une telle intrication que des milliers d'articles et des douzaines d'ouvrages plus ou moins fiables ne sont jamais parvenus à les mettre au clair. Jean-Luc Fromental explicite également l'intention de son projet : montrer à quel point cette affaire résulte d'un engrenage hallucinant de hasards, d'accidents, de maladresses, de rancoeurs personnelles, de conflits d'intérêt, de raisons d'État, de voyeurisme et d'autres facteurs trop ténus et imprévisibles pour les identifier tous. Il permet d'illustrer que : Aucune théorie du complot ne résiste au démontage d'un mécanisme si complexe. le lecteur prend fait et cause pour Stephen Ward puisque c'est sa version qu'il découvre, et que les moeurs ont évolué depuis rendant son comportement normal et acceptable. Il voit une classe sociale privilégiée utiliser les moyens à sa disposition pour parvenir à une résolution qui ne les accuse pas. Dans le même temps, les Swinging Sixties prennent leur essor, remettant quand même en cause leur privilège.

S'il ne dispose pas de connaissance préalable sur l'affaire Profumo, le lecteur s'interroge sur le caractère un peu racoleur de la couverture, sur le titre cryptique. Il découvre alors une narration visuelle très fournie, avec une mise en couleurs profonde et confortable, pour un récit en apparence feutré, et sans pitié dans le fond. S'il connaît déjà l'affaire, il se remémore les faits, et les considère sous l'angle du principal condamné, avec une perspective sociale qui s'en trouve accentuée. Il prend la mesure de l'imbroglio défiant l'entendement, fruit de circonstances arbitraires, mettant en lumière l'impossibilité pour des êtres humains à concevoir ou mettre en oeuvre un enchevêtrement aussi complexe pour aboutir à cette configuration. Magistral.
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Très rarement déçu par les romans graphiques Aire Libre, Une romance anglaise ne déroge pas à la règle. Quel savoureux cocktail d'espionnage, d'aventure, de thriller, de politique et disons-le de cul. DSK, Berlusconi et d'autres sont loin d'être les premiers, ici dans l'Angleterre du début des années 60, en pleine guerre froide, un scandale sexuel va voir se mêler une jeune mannequin qui sera à la fois maîtresse du ministre de la Défense et d'un attaché de l'ambassade de Russie. Comme si cela n'était pas assez, d'autres amants, viennent s'ajouter à l'équation.
Le nombre important de protagonistes demande un effort pour entrer dans le complexe récit mais une fois accroché, impossible de reposer cet ouvrage tant le scénario nous aspire.
Graphiquement, le travail est globalement réussi avec une bonne note pour les élégantes couleurs, néanmoins nuancée par des visages de personnages pas toujours réussis.
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Une romance anglaise c'est l'affaire Profumo , un scandale politique en 1963 en Angleterre , sexe , espions russes , tout semble sortir d'un roman de John le Carré et pourtant tout est vrai .
Une jeune fille Christine K , âgée de 19 ans y est mêlée .
Ce roman graphique restitue parfaitement la période des sixties , la société qui oscille entre changements et hypocrisie .
Une très bonne lecture .
Merci à NetGalley et aux éditions Dupuis .
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La couverture très hollywoodienne attire le regard. Déjà l'ocre décliné à l'envi domine. La palette chaude jure avec la froideur et le cynisme des protagonistes. Miles Hyman épure les cases au bénéfice du récit d'un scandale politique sulfureux des sixties britanniques. Son crayon trace des cadres cinématographiques dans lesquels évoluent des visages figés, ombrés d'une légère obscurité. L'ambiance créée reflète une époque sur le point de basculer dans le Swinging London.
Le duo Fromental/ Hymans récidive cinq ans après le coup de Prague, mon préféré. Toujours la Grande-Bretagne et des intrigues tortueuses, basées sur des faits réels occultes. Très bien documenté. Mais la personnalité veule du narrateur sape l'intérêt, en contraste défavorable avec le caractère riche de Graham Greene, pion d'une guerre froide antérieure de peu au sandale Profumo.





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L'affaire Profumo, ça te dit quelque chose ? 1963, un scandale politique éclate au Royaume-Uni. le ministre de la guerre, John Profumo est accusé d'avoir une liaison avec Christine Keeler, elle-même ayant eu une liaison avec Evgueni Ivanov, attaché soviétique. Au coeur d'une guerre froide exacerbée, il est question de divulgation de secrets d'état.

Après « le coup de Prague », le duo Hyman-Fromental se reforme pour nous raconter ce scandale retentissant en prenant le point de vue du protagoniste central de l'affaire : Stephen Ward, ostéopathe de son état, pourvoyeur de jeunes femmes et pygmalion de Christine Keeler.

Le récit est complexe, les personnages nombreux et il faut un peu de temps pour comprendre et saisir l'étau qui se referme peu à peu sur Ward, bouc-émissaire idéal, écran de fumée parfait. En cela, le récit de Fromental est impressionnant car il met en place la machination lentement et met le lecteur en situation de ressentir cet étau.

Le dessin de Miles Hyman me plait toujours autant. J'y vois un charme vintage un peu désuet et même si j'ai eu parfois du mal à reconnaître certains personnages, surtout au début, j'aime cette ambiance et ces couleurs…

Pas facile de rendre intéressante une affaire que tout le monde a oublié. le duo Hyman-Fromental y parvient avec élégance et talent, encore un album remarquable chez Aire Libre.
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critiques presse (5)
ActuaBD
28 décembre 2022
Hyman donne toujours l’impression d’être plus à l’aise dans le portrait que dans le mouvement, ses images semblant ralentir les scènes, et ses personnages changer d’allure d’une planche à l’autre. Un partie de son charme, mais dérangeant tout de même.
Lire la critique sur le site : ActuaBD
Bedeo
08 novembre 2022
Enquête en forme de fresque, biographie d’un scandale plus que d’un homme, Une romance anglaise n’évoque pas Jane Austen mais bien la politique, lorsqu’elle veut cacher sa bêtise et ses vices.
Lire la critique sur le site : Bedeo
BDGest
07 novembre 2022
Album immersif et parfaitement maîtrisé, Romance anglaise se révèle être un véritable régal et pas seulement pour les amateurs du genre.
Lire la critique sur le site : BDGest
Sceneario
18 octobre 2022
Un album qui ne donne pas de réponse idéale, mais qui permet d'éclairer toute cette affaire sous un angle nouveau !
Lire la critique sur le site : Sceneario
LigneClaire
14 octobre 2022
Un album fort à la narration parfaite.
Lire la critique sur le site : LigneClaire
Citations et extraits (23) Voir plus Ajouter une citation
L’écheveau de la reine. Pourquoi exhumer un scandale vieux de soixante ans, avec lequel l’Angleterre n’est jamais venue à terme, mais que le reste du monde – qui s’y étant pourtant, en son temps, follement intéressé – a effacé de sa mémoire ? Sans doute parce qu’à l’âge du conspirationnisme aigu, du fake et de la post-vérité triomphante, il n’est pas inutile de montrer à quel point ce genre d’affaires, mêlant sexe, politique, espionnage, préjugés raciaux, de classe de genre, résulte d’un engrenage hallucinant de hasards, d’accidents, de maladresses, de rancœurs personnelles, de conflits d’intérêt, de raisons d’État, de voyeurisme et d’autres facteurs trop ténus et imprévisibles pour les identifier tous. Aucune théorie du complot ne résiste au démontage d’un mécanisme si complexe. En retournant l’échiquier politique britannique, l’Affaire Profumo mit fin à quatorze ans de règne conservateur, fit entrer le Royaume-Uni dans les Swinging Sixties, signa l’avènement de la presse de caniveau et devint l’évènement people de l’année 1963. Les fins connaisseurs du dossier ne manqueront pas de relever les libertés que s’accorde ce livre avec certains faits ou chronologie d’une telle intrication que des milliers d’articles et des douzaines d’ouvrages plus ou moins fiables ne sont jamais parvenus à les mettre au clair. Le corpus de l’affaire, constitué de rapports, d’enquêtes journalistiques, de témoignages à charge et à décharge, de biographies et de mémoires sensationnalistes, est un lieu de contradictions, omissions, conjectures, opinions biaisées, dénégations, incriminations réciproques – un dédale d’où ne peut sortir aucune vérité incontestable. Il semble que chaque camp, chaque protagoniste ait la sienne. Nulle femme à la nudité aveuglante jaillira de ce puits de mensonges et de mobiles ténébreux. Après le temps du reportage et celui de l’analyse, celui de la fiction a-t-il sonné ? – Jean-Luc Fromental
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Le docteur Stephen Ward est l’ostéopathe de l’élite londonienne des années 60. Quand il croise Christine, il s’attache à la jeune femme et devient son pygmalion. Il va alors la faire évoluer dans des strates de la société et va s’y perdre avec elle.
Comme beaucoup de gens j’imagine, je n’avais jamais entendu parler du scandale Profumo. Cet album répare ce manque en revenant sur cette histoire qui a ébranlé les hautes sphères anglaises et donné des sueurs froides à une grande partie de la bonne société. Le récit prend ici le point de vue de Stephen Ward pour donner la voix à cet homme brisé par une machine bien trop grande pour lui et décortique les évènements pour nous. L’histoire flirte parfois avec l’érotisme, mais de manière très soft.
Autant j’ai trouvé l’histoire passionnante, autant je suis plus réservée sur les dessins et particulièrement les visages des personnages qui manque cruellement de profondeur, leur donnant un air détaché et hautain. Pourtant, le résultat est globalement intéressant, créant une atmosphère assez chic et guindée, en parfaite adéquation avec l’histoire.
Un très bon album sur un scandale oublié dans un monde à la croisée des chemins, aux prémices de la libération sexuelle.
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Old Bailey, Londres, 30 juillet 1963. C’est le moment de vérité. Après ces mois de harcèlement, de déballages de caniveau, de mensonges plantés comme des banderilles, le monstre qu’ils ont créé attend l’estocade. Plus de sanctuaire. L’arène réclame la mise à mort. Où sont-ils les puissants, les profiteurs, les petites filles perdues qui me mangeaient dans la main ? Plus d’ami, plus d’allié. On ne veut plus me connaître. Si on se souvient de moi, c’est seulement dans la lumière poisseuse du scandale. Alors ce soir, j’ai décidé de regagner mon dernier refuge, à Chelsea, de m’assoir devant ce Grundig TK-14 et dire tout ce que je sais. Ma vérité est la vérité, mais il semble que je sois désormais le seul au monde à pouvoir l’entendre. Ce que je ferai ensuite, dieu seul le sait. C’est mon procès que je recommence. Je serai mon juge le plus sévère. Et s’il s’avère qu’au bout du compte je suis coupable…
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En septembre 61, lors de la crise de Berlin, j’avais essayé de rapprocher les soviétiques et les Foreign Office. Lakgré l’appui de mon ami Lord Astor, je m’étais heurté à un refus poli. Un an plus tard, Ivanov m’a convaincu de revenir à la charge. Bill Astor, qu’on ne peut soupçonner de prosélytisme excessif, était disposé à nous écouter. Course de haies dans les allées du pouvoir : le mercredi, sir Godfrey Nicholson, MP, rencontrait discrètement Ivanov à mon cabinet. Le jeudi, Nicholson voyait sir Hugh Stephenson, sous-secrétaire adjoint du Fereign Office. J’appelai de mon côté le secrétariat de sir Harold Caccia, l’ex-ambassadeur britannique à Washington pour faire part de notre plan. Le samedi, Lord Arran, le Whip Tory de la Chambre des Lords, averti par Bill Astor, nous reçut chez lui, dans le Hertfordshire. Le dimanche, tout ce beau monde dînait chez Bill Astor à Cliveden quand la nouvelle tomba à la télévision. Notre ami russe le prit très mal. Le jeu m’avait exalté, mais avec le recul, je vois son caractère dérisoire. Ivanov et moi, deux pions égarés sur un échiquier trop grand.
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Comme madame Bovary, qu’elle n’avait pas lu, Christine redoutait l’ennui et cultivait l’idée que la grande vie attend toujours au prochain carrefour.
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