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Une vie de racontars tome 1 sur 3
EAN : 9782847202687
144 pages
Gaïa (03/10/2012)
3.75/5   52 notes
Résumé :
Une vie de racontars est une plongée au coeur de l’univers de Riel,
inventeur des célèbres racontars, retraçant quelques moments clefs
de sa vie, son amour du voyage, ses nombreux périples, ses premières grandes expériences… On y délaisse pour un temps la joyeuse bande de +chasseurs groenlandais pour découvrir les pépites d’une existence incroyablement remplie, celle de l’auteur lui-même, aux quatre coins du monde : de Fionie (son île natale) à Paris, ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (13) Voir plus Ajouter une critique
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Zebra – 16ème édition de Masse critique (septembre 2012) :
C'est avec émotion que j'ai ouvert l'enveloppe contenant « Une vie de racontars – Livre 1 » de Jørn Riel : je recevais le livre tant attendu ; ce livre sortait manifestement de l'ordinaire avec sa belle couverture cartonnée, son papier épais et de superbes illustrations d'Hervé Tanquerelle.

J'ai très vite entamé ma lecture en commençant par la première nouvelle, puis j'ai poursuivi jusqu'à la 16ème et dernière nouvelle : toutes étaient différentes mais toutes se ressemblaient ! J'étais loin des ouvrages de Paul-Emile Victor, de Roger Frisson-Roche et de Jack London : chez Jørn Riel, le Grand Nord est loufoque, décrit en surface, sans abondance de détails, et le récit est fragmenté, haché, décousu. Ces particularités, ce manque de fil conducteur, cette absence d'histoire et de héros, cette errance à travers l'Arctique dépeint comme un continent blanc où la moindre rencontre, le moindre mouvement constitue en soi un événement, m'ont assez vite déboussolé.

Puis, en observant de plus près toutes ses nouvelles, j'ai été passablement séduit.
D'abord, par la drôlerie de l'auteur (page 10 « Les Noirs sont si noirs qu'on ne peut pas les voir la nuit, s'ils ferment les yeux » ; page 28 « Fesser portait un bonnet alpin enfoncé sur les oreilles, un vrai diaphragme taille éléphant avec antenne »).
Par la poésie avec laquelle il décrit les choses de la vie (page 10 « Les abeilles bourdonnent, ivres de soleil » ; page 123 « L'été, l'eau paisible et scintillante, qui par mauvais temps adoptait une couleur gris plomb, tirant sur le noir, chevauchée par l'écume blanche. Un fjord avec des baleines blanches brisant la surface de l 'eau, des phoques curieux et d'innombrables passages d'oiseaux »).
Par son humour (page 10 « J'étais en possession d'un canif, d'une carte du continent africain datant de 1902 et d'un casque français en acier de la Première Guerre mondiale. L'équipement était irréprochable » ; page 54 « C'est un authentique rhum norvégien avec essence de rhum, jus de chique, essence d'angélique et une grosse cuiller à café de poivre noir moulu »).
Par le côté pétillant de certaines découvertes (page 44, le meilleur moyen de ne pas se faire mordre par un chien qui sent l'odeur de votre peur c'est « d'arrêter d'avoir les jetons » ; page 59, il faut « polir l'aiguille du gramophone » afin que le son produit soit meilleur ; page 64, tirer sur des oies sauvages qui vous survolent à basse altitude n'est pas illégal car c'est de « la légitime défense » ; page 71, pour améliorer l'efficacité d'une piqure dans les fesses, il faut mélanger les unités de pénicilline dans un demi-verre d'Alborg »).
Par la façon dont il croque les frimas du Grand Nord (page 50 « Quand on urinait sur la glace, il ne fallait pas rester immobile trop longtemps, sinon le jet gelait » ; page 55 « Le tonneau d'eau se renversa sur le sol et son contenu gela immédiatement sur le sol » ; page 118 « Cette nuit-là, je dormis mal. le réchaud était posé sur la caisse à provisions, entre nous. Il brûlait à feu doux, pour que les kamiks et les moufles étendues entre les montants de la tente puissent sécher » ; page 132 « Après les neiges vinrent les tempêtes. Les unes après les autres. Elles s'annonçaient avec fracas et hurlements ... ».
Par sa pudeur, par exemple quand il couche avec Ivnale (page 87 « Elle s'allongea de tout son long sur le grand sac de couchage et m'observa avec un petit sourire. Ma curiosité prit soudain des proportions écrasantes. Elle fut bientôt supplantée par le désir, sans que la casserole ni le réchaud ne soient renversés »).
Par l'émotion qui caractérise certains passages ; ainsi, page 35, où Jørn Riel est en contact avec une jeune fille amputée, ou, page 80, quand Jørn Riel tire son premier ours, qu'il le manque et qu'il doit la vie sauve à son fidèle ami Ugge qui épaule et tue la bête.

Mon plaisir restait cependant assez limité par le fait que, dans ces épisodes, je n'arrivais pas à démêler le vrai du faux, la réalité de la fiction, et que toutes ces fables (ce qui est désagréable et triste ne peut être mentionné dans la mesure où ça ne présente pas d'intérêt pour le récit) me semblaient être un antidote à un passé lointain, un présent sans substance, un futur sans attrait. Et puis, en relisant le haut de la page 109, j'ai compris : « Tu es Danois, et tu ne seras jamais Groenlandais. C'est pourquoi tu ne raconteras jamais d'histoires comme un Groenlandais. Raconte comme celui que tu es, et non pas comme celui que tu aimerais être ». Non, ce livre ne retrace pas les moments clefs de la vie de l'auteur en plein Groenland. Non, ces anecdotes autobiographiques, dont certaines sont par ailleurs très amusantes et humainement fortes, ne visent pas à nous présenter les aventures d'un héros polaire plongé en plein univers impitoyable. Non, ce livre n'a pas d'intérêt ethnologique significatif. Oui, vous trouverez dans ce livre un zeste d'optimisme mais, c'est comme au cirque : vous avez devant vous un clown triste, faussement naïf, écartelé entre son pays de naissance, le Danemark, et son amour immodéré pour le Groenland, un pays dans lequel il a passé 38 ans, un pays dans lequel il aurait tant voulu avoir grandi, le pays élu. Mais il fait le job : il tente de vous faire rire, quitte à forcer le trait. Et il y arrive, mais à quel prix ?!

La réalité ? Il s'agit du livre-confession d'un homme en pleine tentative de construction identitaire. le Groenland, c'est pour Jørn Riel plus un idéal, un sentiment et un état de fait dans lequel on se reconnaît qu'une société structurée et attrayante. Jørn Riel effectue dans ce livre un travail mémoriel, rapatriant ses expériences, ses sentiments, son vécu et densifiant le tout en l'additionnant de fables dans le but de s'affirmer en tant que sujet méritant l'ancrage dans ce pays élu. le racontar devient ainsi un mélange d'autobiographie, de journal intime et de mémoire où le rappel du passé n'a pas d'autre fonction que de préparer ou de faciliter cette construction identitaire, d'en établir les fondements, de rassurer pas à pas le narrateur, car Jørn Riel redoute la perte de racines qu'il construit patiemment.
Quand Jørn Riel parle de lui, il libère la parole collective en cherchant à se faire entendre et à enclencher la communication ; le récit, qui est le ciment de cette construction, est la marque d'une demande d'amour et de reconnaissance. La multiplicité des épisodes marque l'oscillation de Jørn Riel entre son Danemark et le Groenland. L'infini du paysage et le vide inquiétant de la réalité quotidienne, sont la marque d'une fascination de Jørn Riel pour la fragilité de l'être et pour le silence qui permet la découverte de soi et qui donne de la densité à l'expérience.
Dans sa quête d'identité, Jørn Riel ne pénètre pas au fond des choses, il ne donne que peu de précisions, laissant peu d'indices à un enquêteur éventuel, des indices qui compromettraient sa construction identitaire. Son obsession à raconter son plaisir, son attitude narquoise, son brassage continu du fictif et du réel créent un espace imaginaire, un réceptacle accueillant. Pour garantir la réussite de son entreprise de construction identitaire, Jørn Riel utilise même quelques « ficelles » littéraires : ajout de mots groenlandais, description superficielle de la mentalité des personnages, participation personnelle au récit, rappel des liens familiaux qui l'unissent à certains personnages …, transmettant ainsi une image mythique et exotique du Groenland, loin de l'image d'enfer blanc qui repousserait toute tentative d'immigration et de construction identitaire.
Si la femme est absente ou rare dans cette vie de racontars, c'est parce que la construction identitaire de Jørn Riel passe par la reproduction fidèle du fonctionnement du père, en fait des vieux chasseurs, et par l'enracinement dans le merveilleux des croyances populaires du Groenland. La femme chez Jørn Riel revêt des formes extrêmes, caricaturales et risibles : Ivalve est superbe mais les autres femmes sont moches (« Amalie est une gentille fille à qui il manque les dents du haut »). Les personnages masculins sont donc des opérateurs d'identification et d'appropriation du Groenland par l'auteur.
La mer, très présente dans le livre, est synonyme d'ouverture, d'imaginaire, d'apaisement (c'est qu'il y a beaucoup de tensions et de déchirement dans cette entreprise de construction identitaire) et de renaissance : Jørn Riel sera-t-il le Groenlandais qu'il a toujours rêvé d'être ? En allant s'établir à l'autre bout du monde, loin des frimas et du pays tant désiré, Jørn Riel nous montre qu'il a probablement échoué dans son entreprise : il aura au moins essayé. Un livre à lire. Une réelle expérience intérieure.
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Grande fan des racontars de Jorn Riel, tendres, loufoques, piquants de froid et sentant bon les ours, les chiens de traîneau et le rhum, je me réjouissais de découvrir son autobiographie 'Une vie de racontars'.

Je dois avouer que j'ai été surprise, en bien et en mal. Je m'attendais à un récit, plus ou moins linéaire, avec des hauts et des bas, des creux et des pleins, comme une vie, en fait. Et j'ai eu des racontars, c'est-à-dire des petites histoires principalement autour d'anecdotes : sa rencontre imaginaire à 9 ans avec les sauvages d'Afrique, puis à 16 avec la sauvageonne de Pigale, puis à 25 avec ses copains du Grand Nord.

Jorn Riel s'en explique dans la préface : dans la culture inuit, on partage ses moments de bonheur, de rire ou de bien-être, jamais les événements sombres. Résultat : ce livre contient des merveilles de drôlerie, d'humour et de chaleur humaine. Mais il lui manque parfois la tristesse et la profondeur de la vraie vie.

Il donne le sourire et met de bonne humeur, tant par ses racontars eux-mêmes que par leurs illustrations, douces et tendrement moqueurs, mais ne m'a pas permis de mieux connaître ou comprendre son auteur.

Challenge Petits plaisirs 21/xx
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Masse critique septembre 2012:

Les gens heureux n'ont pas d'histoire, c'est du moins ce que l'on prétend. Peut-être, peut-être. Aragon est un trop grand poète pour que j'ose le contrarier, même mort. On ne sait jamais… Dès fois que son fantôme me tirerait par les pieds. Mais essayons autre chose; nuançons. "Les moments joyeux et délicieux de la vie se partagent sans retenue". Moins péremptoire, la phrase sonne vrai. Aussi vrai que Jørn Riel qui l'écrit dans sa préface. Question de décence inuit, d'ailleurs. Car l'homme inuit, à l'inverse de ma grand-mère, trouve malséant d'évoquer les expériences tristes ou désagréables. Merci Jørn Riel! Je respire et j'envisage de soumettre ma savoureuse lecture à mon atrabilaire aïeule. Histoire de lui apprendre à voir le verre à moitié plein (de rhum norvégien fait maison) plutôt qu'à moitié vide. J'en suis certaine: malgré son arthrose et son percepteur, son rhume des foins et son malotru de voisin, ma grand-mère a, elle aussi, une vie de racontars à dévoiler. Mais il lui manque le talent. Il n'est évidemment pas ici question des ragots du village dont les commères aiment à se nourrir (particulièrement ma grand-mère) mais de ces instants que l'on suçote avec bonheur tout au long de son existence. Quitte à radoter.

Né au Danemark, Jørn Riel, digne fils de son père, découvrit l'Afrique très tôt, sur un isthme au nom imprononçable (je me suis pourtant entraînée). Ce premier racontar honorerait Marcel Pagnol. Empreint de la fraîcheur et de la fausse naïveté des souvenirs d'enfance, j'ai dégusté le récit et me suis offert quelques éclats de rire. J'aurais aimé planter ma tente là, dans les broussailles, mais , à peine installée, il m'a fallu déménager pour entendre le second racontar qui bondissait dans le temps et me propulsait au côté d'une déesse aussi grecque que moi.

Jørn Riel égrène quelques moments clés de son existence. La première aventure, le premier amour, la première fois , la première trahison, la première expédition… Et quelques racontars plus loin, l'oie de Noël! Ah, cette oie de Noël en mai qui m'a donné envie de me retrouver dans le Nord-Est du Groenland à me geler la carcasse en éclusant du schnaps. Ce qui est n'importe quoi. Ou J'aurais été congelée ou mon foie n'aurait pas supporté. Il faudrait faire attention aux lectures que l'on a. Quoique. Celle-ci est roborative avec ou sans viande d'ours ou de boeuf musqué, avec ou sans whisky, rhum, vin, schnaps.

J'ai sauté de racontar en racontar, jusqu'au seizième. J'allais me précipiter sur le dix-septième quand la table des matières a mis un terme à mon plaisir. L'imbécile. Alors, j'ai tourné de nouveau les pages du livre, éprouvé l'épaisseur du papier qui a malheureusement perdu son agréable couleur rose, me suis arrêtée sur les illustrations de Hervé Tanquerelle et regretté de n'avoir pas fait durer davantage ma lecture. Plus jamais je ne dirai que je n'aime pas les récits de voyage. Ma grand-mère me le serinait: avant de dire on n'aime pas, on goûte!
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Je vais commencer par une petite précision. L'édition en poche 10/18 de Une vie de racontars comprend les livres 1 et 2 parus chez Gaia. Il est indiqué sur Babelio qu'il s'agit du tome 1. Encore une fois le challenge solidaire m'a fait faire une belle découverte. Je pense que je découvre Jorn Riel par la fin, puisqu'il s'agit, non pas de sa biographie, mais de racontars biographiques. Ici les racontars n'ont rien avoir avec les carabistouilles du quartier puisqu'il s'agit d'événements vécus par l'auteur : son enfance au Danemark, sa découverte de l'Europe en ruine juste après la guerre alors qu'il n'a que 15 ans, puis la plus grande partie de ses aventures au Groenland et enfin l'Asie. le tout raconté sous la forme d'historiettes sur un ton résolument joyeux et avec humour bien qu'il ait frôlé la mort plusieurs fois et que nombre des situations qu'il décrit n'ont rien de croquignolesque. Il applique ici la règle du Groënland : il ne faut pas s'appesantir sur les choses qui ne nous apportent pas de la joie et que l'on ne peut pas changer.
Challenge multi-défis Item Jupiter
Challenge solidaire
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Dans le cadre de l'opération Mass Critique 2012, j'ai enfin pris le temps d'ouvrir un livre de Jørn Riel que j'avais envie de découvrir depuis un petit moment déjà.
Je l'aime bien, ce petit o barré. Ça sent le blizzard du Nord à plein nez, ça sent la poudreuse et l'air frais qui fait mal aux poumons quand on inspire trop fort. Bon, en soi, le Danemark – où est né l'auteur en 1931 – n'est pas si éloigné de la France. Mais l'univers qu'il évoque est bien loin de de nos contrées qui semblent soudain bien mornes et urbanisées. Encore plus quand on pense à ces seize ans passés au Groenland que nous raconte Jørn Riel dans ce dernier recueil d'histoires.
Pantalon de fourrure, chiens de traîneau et fusil de chasse : à peine ai-je vu la couverture que je repense à ce bon vieux Nanook qui chassait au fin fond de sa banquise, il y a presque un siècle ( Vous savez, celui-là : http://www.youtube.com/watch?v=cLERFRQl5EY ).
Ici, seules les illustrations d'Hervé Tanquerelle parsemées dans l'ouvrage sont en noir et blanc. Pour le reste, c'est le bleu limpide du ciel dégagé, les tons boisés des quelques habitations, la transparence du schnaps et le blanc sale des ours polaires.

« Quand on a passé trente-huit ans en expédition, on a forcément vécu des expériences différentes de celles d'un homme resté tranquillement chez lui. Et il arrive, en compagnie de quelques bons amis, que je me laisse aller à raconter une histoire, et bien entendu, je m'efforce de la raconter telle quelle, sans rien ajouter ni enlever. Enfin, dans les grandes lignes. »

Ainsi commence l'un de ces racontars arctiques. le ton est donné, et c'est sûrement le meilleur qui pouvait être choisi : on ne sait jamais trop ce qui tient du vrai, de la légende, du récit autobiographique, mais peu importe, on y croit. de toute façon, il a une bonne tête ce Jørn Riel, sur les photos : le regard rieur, un sourire espiègle qui lui donne un air éternellement jeune malgré ses cheveux blancs. Quand on lit un de ses livres, on a l'impression d'être blotti dans un sac de couchage et d'échanger des histoires chuchotées à la lueur d'une lampe torche, avec des rires étouffés par le vent qui souffle au dehors. Ou bien, accoudé à un comptoir du fin fond de la Scandinavie, on écoute un conteur improvisé évoquer des souvenirs de voyage, un verre à la main.
C'est là tout le plaisir que procure un livre écrit par Jørn Riel. Plongé au coeur de la nuit polaire, le lecteur n'a plus que se laisser dépayser, embarquant sur les petits traîneaux à chiens des tout derniers trappeurs du Groenland. Même la solitude en plein hiver arctique prend des couleurs boréales, quand elle est décrite par l'auteur avec cet humour qui le caractérise. Les situations les plus rocambolesques sont croquées là, le grand froid semblant être générateur d'idées folles : c'est qu'il faut passer le temps, « dans une dimension où [il] n'existe plus ». On imagine la chasse, les chiens, les cils gelés et les communications radio. le schnaps, le craquement des pas dans la neige et l'immensité, partout le blanc, et parfois la tempête. L'auteur raconte cette vie qui s'organise entre hommes, uniquement entre hommes, et les femmes dont l'absence se fait sentir.

le récit de voyage, fait avec simplicité, contribue au mythe du « héros polaire ». C'est de la chaleur humaine qui dégèle un peu les longs hivers.
Lien : http://emelinebruyas.blog.le..
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Citations et extraits (16) Voir plus Ajouter une citation
L'envie de voyager me vint tôt. Elle est née de la personne remarquable que fut mon père, et de ses masques africains. Pendant la guerre, quand les frontières de mon Danemark natal étaient fermées, il restait assis derrière sa table de chêne et taillait résolument son désir de voyage dans le bois Un pied de chaise devenait une mince fille du Nil aux longues jambes, une branche de frêne se muait en figure anthropomorphe aux contours anguleux implorant la pluie. Quand il jeta son dévolu sur le chambranle de la porte de la chambre à coucher, celui-ci se transforma en portail du palace du roi ashanti Saïï Tutu Quamas au Ghana.
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« Nanungniaq ! » cria-t-il en riant.
Cela voulait dire « chasseur d'ours », et son rire semblait suggérer qu'il y avait quelque chose de comique dans ce titre. Je fis halte à une cinquantaine de mètres du monstre. Rien n'aurait pu m'amener plus près. La créature me regardait fixement et mes jambes se mirent à trembler quand je croisai son regard. Ses yeux étaient injectés de sang par la rage, et j'étais proche de l'évanouissement quand il ouvrit la gueule pour pousser un rugissement de bienvenue si terrifiant que même les plus vieux chiens chasseurs d'ours tendirent l'oreille.
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Au menu, il y eut du rôti de bœuf musqué et un rhum fait maison, dont la teneur en alcool était si forte que Bjorgdal tenait la main au-dessus de son verre chaque fois qu'il allumait sa pipe.
« C'est un authentique rhum norvégien, nous expliqua-il, avec essence de rhum, jus de chique, essence d'angélique, et une grosse cuiller à café de poivre noir moulu. »
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p 94
[...] Sur la plage, Ugge était en train de dépecer l'une des deux bêtes (il s'agit de bœufs musqués; NDLR) qu'il avait abattue. Il rit en me voyant arriver.
"Où est ton bœuf ? " demanda-t-il.
Je montrai la montagne du doigt.
"Tu ne vas pas le chercher ?" Il posa son fusil contre la tête qu'il venait de détacher du corps pour pouvoir sortir la langue par l'autre côté. "C'est ton premier bœuf.
- Je ne sais pas comment le dépecer, tentai-je.
- C'est facile, comme dépecer un phoque. Mais un peu différent." [...]
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Je me sentais seul et abandonné en montant la tente, et me morfondais sur moi-même en étendant des peaux de rennes en guise de lit. Je m’étais échiné pendant deux ans à l’école de navigation pour participer à cette expédition au nord-est du Groenland. J’avais rêvé du « hameau des sourires heureux », d’entraide et de camaraderie, pas d’un bonhomme acariâtre et narcoleptique comme Urban Olsen. Pour chasser la morosité, j’attrapai dans mon sac une bouteille d’eau-de-vie islandaise. J’avais à peine enlevé le bouchon qu’une voix à l’extérieur lançait : « Dis, t’aurais pas un petit schnaps sous le coude ? »
Je me retournai et vis la face barbue dans l’ouverture de la tente. A la vue de la bouteille, une large faille se fit au milieu de la barbe, et des dents brillèrent dans un sourire ravi.
« Quel sacré putain de hasard ! éructa le bonhomme. On dirait bien une bonne bouteille. Pure sorcellerie.
- La Mort Noire », le renseignai-je.
Il avait l’air plutôt sympathique quand il souriait. Urban hocha la tête et tendit la main.
« Pas goûté un tel alcool du commerce depuis le départ de l’expédition estivale l’an dernier, dit-il d’une voix presque solennelle. Puis-je ? »
Il but longtemps. Si longtemps qu’il dut finalement s’interrompre pour respirer un peu. Il me rendit la bouteille non sans quelque réticence, et je bus une gorgée. Il hocha la tête d’un air approbateur.
« Voilà qui est malin. Faut le boire petit à petit, du moins tant qu’on n’est pas totalement rompu aux habitudes islandaises. Tu dois passer l’hiver ? »
J’acquiesçai, et le regardai, un peu surpris, boire de nouveau, à la bouteille, comme je bois du lait. Un peu essoufflé, il reprit :
« Ça devrait aller. C’est pas sûr que tu chopes le vertigo, même si ça touche la plupart des gens.
- Le vertigo ?
- Une sorte de maladie de printemps, dit-il. Après un bon hiver bien noir, le printemps peut être difficile. Le soleil, la chaleur, les chants d’oiseaux, tout ça. Alors les gens commencent à avoir des sensations et le vertigo. Fais gaffe au printemps, et tout devrait bien se passer. La première année, c’est la pire. La deuxième et la troisième, ça va déjà mieux, même si ça passe moins vite que la première. La quatrième année, tu veux plus rentrer chez toi.
- Tu es ici depuis quatre ans ? demandai-je ?
- Et des poussières », dit-il en hochant la tête.
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Videos de Jorn Riel (3) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Jorn Riel
Jørn Riel est né au Danemark en 1931.
Parti avec lexpédition de Lauge Koch en 1950, il a vécu 16 ans au Groenland. Du fatras des glaces et des aurores boréales, il rapportera une bonne vingtaine douvrages, soit à peu près la moitié de son œuvre à ce jour. Le versant arctique des écrits de Jørn Riel (dédié pour une part à Paul-Emile Victor quil a côtoyé sur lîle dElla, pour lautre à Nugarssunguaq, la petite-fille groenlandaise de Jørn Riel) est constitué dabord par la série des racontars arctiques, suite de fictions brèves ayant toujours pour héros ou anti-héros magnifiques les derniers trappeurs du nord-est du Groenland, paumés hâbleurs, écrivain de pacotille, tireur myope, philosophe de comptoir devant un imbuvable tord-boyaux, bourrus bienveillants, tous amoureux de cet être cruellement absent de la banquise, la femme. Au-delà du rire, parce que les livres sont de nature à dérider les plus mélancoliques, cest bien toute une nouvelle vision du monde que nous offre Jørn Riel.
Il vit aujourdhui en Malaisie. Histoire de décongeler, se plaît-il à dire. Mais derrière la boutade se cache quelque chose de plus fondamental. «Jaime la nature, quand il y en a assez, les étendues de glace de larctique et la jungle tropicale.» Et cette nature, et les hommes qui la vivent encore, Jørn Riel va maintenant les retrouver, quelques mois chaque année, parmi les papous de lIrian Barat en Nouvelle Guinée. Qui vivent encore à lâge de pierre, et navaient jamais vu dhomme blanc avant lui
Transfo Maton
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