Urbi et orbi

Urbi et Orbi (comme le premier tome le fils de l'Homme) est un roman d'une érudition tout à fait remarquable. La reconstitution historique de cette période est serrée au plus près par une connaissance en profondeur de la Bible (Ancien et Nouveau testament) et des textes anciens qui est tout à fait impressionnante. La synthèse des travaux récents des chercheurs est accomplie avec un sérieux et une rigueur qui laissent peu de place à l'imagination, même si la présentation sous forme de roman en donne une version agréable où l'on progresse rapidement. On apprend énormément de choses, en particulier sur la théologie de Paul et ses rapport avec Pierre et Jacques.
Il faut cependant avertir le lecteur que ce roman n'est pas fait pour ceux qui ont conservé la foi du charbonnier de leur enfance et restent attachés au merveilleux des histoires saintes du catéchisme. On n'y rencontre pas des anges qui volent ou des séries de miracles à visée édificatrice, mais une présentation rigoureuse des débats théologiques et des enjeux de doctrines de ces premiers chrétiens qui sont encore juifs mais qui, contrairement à leurs coreligionnaires, croient que Jésus est le Christ. Passionnant !

Grande déception pour ce livre dont les prises de position, bien qu'il s'agisse d'un roman, sont controversées mais présentées comme des évidences. Positions non conformes à l'enseignement de l'Eglise Catholique tant sur le plan théologique, qu'exégétique. Cela n'a d'ailleurs rien d'étonnant, ce sont ces mêmes controverses qui ont nourries le courant moderniste du vingtième siècle. Livre à ne surtout pas mettre entre les mains d'un public non averti.

Certains choix de doctrine sont fondamentaux à savoir la divinité du Christ. C'est la résurrection du Christ qui aurait fait de Lui le Fils de Dieu. Il ne l'était pas sur terre. D'ailleurs l'auteur nous apprend que Jésus n'aurait en fait pas ressuscité Lazare qui était juste très malade (Seul Dieu peut ressusciter les morts).

L'auteur nous présente comme évident que Jacques le Juste serait le véritable frère de Jésus. Nombre de spécialistes affirment que le terme « frère » dans l'écriture est un hébraïsme pour signifier un membre de la même famille au sens large. Mais quoi de plus étonnant, puisque Jésus serait au départ un simple prophète né de Joseph son père naturel, et non de l'Esprit-Saint.

de nombreuses choses encore sont étonnantes, Paul n'a pas été aveuglé sur le chemin de Damas en tombant de sa monture mais a eu une expérience mystique dans sa chambre, Pierre a été libéré de prison par un simple serviteur et non par un ange, etc.

Il n'est fait bien évidemment aucune mention de la mission toute spéciale confiée à Pierre par le Christ. Paul et Jacques le Juste ont tout deux une place prédominante et le livre se termine sur la mort de ce dernier.

Livre à dominante protestante qui en tant que roman ne dévoile pas à son lecteur toutes les controverses qui se cachent derrière l'ouvrage.