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EAN : 9782757211960
448 pages
Somogy (22/02/2017)
4.67/5   6 notes
Résumé :
Vermeer, ou « le sphinx de Delft ». Cette expression, forgée au XIXe siècle, a figé la personnalité de Johannes Vermeer (1632-1675) dans une pose énigmatique et solitaire.
Cet ouvrage original permet au contraire de découvrir que ce génie universel s’inscrivait dans un riche réseau d’influences, très loin du splendide isolement avec lequel il fut longtemps associé.
La scène de genre élégante hollandaise connaît son âge d’or vers 1650-1680. Cette peintu... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (3) Ajouter une critique
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Vermeer à Paris ! Je n'aurais voulu rater cela pour rien au monde.

Une exposition exceptionnelle « Vermeer et les maîtres de la peinture de genre » s'est tenue il y a deux ans au musée du Louvre à Paris.
80 peintures des maitres hollandais de la peinture de genre du 17ème siècle, Siècle d'or hollandais qui va voir s'épanouir quelques-uns des peintres les plus importants de l'histoire de l'art, étaient réunies. Pour la première fois à Paris depuis 1966, douze chefs-d'oeuvre de Johannes Vermeer, soit le tiers de ses tableaux connus, étaient rassemblés dans le musée. Un exploit !
J'ai beaucoup apprécié la conception de l'exposition permettant une confrontation directe entre la peinture de Johannes Vermeer et celle de ses contemporains. A cette époque, la plupart des grands peintres de genre se connaissaient, s'appréciaient, et s'inspiraient les uns des autres : leur rivalité leur permettait de se surpasser pour aboutir à une remarquable richesse dans la qualité.

Passionné d'art hollandais de cette période, je place Vermeer en premier dans ma hiérarchie personnelle de l'histoire de l'art. J'ai eu la chance, en 1996, d'assister à la spectaculaire exposition qui se tint à La Haye dans laquelle 23 oeuvres du maître sur 36 connues étaient présentées. Une critique à venir certainement…
Pour en avoir vu la plupart, pour certaines plusieurs fois, je connais chacune des peintures de l'artiste exposées au Louvre. Je me permets donc de vous proposer une pérégrination virtuelle dans l'exposition. Je comparerai les toiles du « Sphinx de Delft » exposées avec celles d'autres artistes hollandais contemporains de l'artiste présentes également. Puisse cette visite virtuelle, sans images, permettre à ceux qui n'ont pas vu cette exposition de découvrir la beauté intemporelles des oeuvres de Johannes Vermeer « le maître de la lumière ».

Dès le début de l'expo, le Louvre nous confronte à la période picturale la plus intime, la plus mystérieuse de Vermeer, celle qui s'impose à l'esprit lorsque l'on évoque son nom : des tableaux de femmes de petits formats représentées dans des intérieurs bourgeois. « La Femme à la balance » est une de mes toiles préférées du peintre. Elle attire irrésistiblement les visiteurs.
La lumière de Vermeer irradie, enveloppant la femme d'un halo lumineux : pureté… harmonie… calme… sérénité …
Une jeune femme devant moi semble scotchée devant la toile. « C'est trop beau, me dit-elle… Une vierge… »
Je souris, compréhensif.
La femme semblait transpercée par la lueur sortant d'un vitrail dans l'intérieur sombre d'une église. Cette intimité spirituelle se retrouve souvent dans la peinture du Maître.
J'observe que la tête de la femme sur la toile est placée juste en dessous du Christ en majesté représenté dans le tableau du « Jugement dernier ». La lecture devient religieuse : juger c'est peser. le spirituel l'emporterait-il sur le temporel ?
À côté de « La Femme à la balance », une toile de Pieter de Hooch intitulée « La Peseuse d'or » est accrochée. Les deux hommes se connaissaient bien, ayant été voisins à Delft. le thème du tableau est exactement le même : on ne sait pas qui aurait pu inspirer l'autre… Personnellement je sais celle que je préfère.

La toile est minuscule, la plus petite de l'exposition : 24,5 x 21 cm. La jolie brodeuse, « La Dentellière », médite sur son ouvrage. Une harmonie en bleu et jaune… Contrairement à la plupart des toiles de l'artiste, la lumière n'est pas filtrée par une fenêtre à petits carreaux venant de la gauche. Elle tombe de la droite sur le profil de la jeune femme.
Aucun visiteur ne parle autour de moi… Une atmosphère mystérieuse entoure le tableau. Cette peinture est lumineuse, d'une simplicité grandiose, pensai-je. Je ne voyais que la dentellière et ses doigts si fins. Une délicate vibration lumineuse irriguait la toile dans ses moindres détails et faisait chanter les couleurs. Il ne s'agissait pas d'un clair-obscur à la Rembrandt où les ombres sont réservées à l'arrière-plan, ici de fines nuances colorées dispersaient les sombres et les clairs sur l'ensemble du motif.
Le peintre Gerard Dou, proche, fait pale figure. Vermeer a certainement vu la toile de ce dernier montrant une autre dentellière. Toutefois, il ne s'inspirera pas du visage aguicheur de la jeune femme, ni de cet encadrement théâtral avec un rideau rouge relevé présenté par son collègue. L'émotion n'est pas la même. Chez Vermeer, Il ne s'agit plus de peinture. Quelque chose d'autre... Indéfinissable…

J'ai réussi à me glisser juste à côté de touristes japonais installés, contemplatifs, devant les deux tableaux accrochés côte à côte : « L'Astronome » ; « le Géographe ».
Quelle chance de pouvoir assister aux retrouvailles des deux frères, le temps de cette exposition au Louvre. Un moment exceptionnel… Ceux-ci semblent heureux de se revoir ?
Fabuleux 17ème siècle hollandais, pensai-je… Nous sommes en pleine révolution scientifique. Vermeer s'intéresse à la connaissance de l'univers à travers la cartographie, la géographie, l'astronomie et l'optique. L'artiste a représenté deux savants plongés dans leurs études : le même homme semble avoir servi de modèle. Une signification allégorique ?
Je retrouve « L'Astronome » avec plaisir… Il est entré au Louvre en 1983, rejoignant ainsi « La Dentellière », une habituée du musée depuis 1870. Les deux seules toiles de Vermeer en France.
Une intense réflexion intellectuelle agite les deux personnages. Un merveilleux équilibre se dégage : une mélodie colorée rythmée par la lumière…
Deux toiles de Gerard Dou sont accolées aux Vermeer. Dou traite ses astronomes en clair-obscur à la façon de son maître Rembrandt ; chez Vermeer les savants oeuvrent en plein jour. Aucune attache artistique ne rattache les deux peintres que le style et la lumière séparent définitivement…

J'ai encore fait trop long… Je veux terminer ma présentation par la célèbre « Laitière » : on ne voit qu'elle à la télé, dans les magazines, et même sur les pots de yaourts… La peinture hollandaise présente rarement une servante comme motif unique d'un tableau. Serait-ce la servante de l'artiste qui s'appelait Tanneke ? A quoi pense-t-elle ?
Je retrouve la robuste femme que j'avais rencontrée au Rijksmuseum à Amsterdam il y a quelques années. Elle n'a guère changé, solide, les manches retroussées, la tête inclinée jaugeant le flot de lait s'échappant de la cruche en terre qu'elle tient de ses bras puissants. Une lumière venant de la fenêtre modèle son corps massif devant le mur du fond. Les couleurs affectionnées par le peintre sont présentes : bleu… jaune citron…
Une extraordinaire « nature morte » est disposée sur la table. Elle aurait pu être le motif unique d'un tableau : la jatte contenant le lait, un pichet bleu très sombre, une corbeille en osier et quelques petits pains.
La technique en touches fragmentées rappelle celle adoptée quelques années plus tard par les impressionnistes.
« La cuisinière hollandaise », une nouvelle fois de Gerard Dou, jouxte « La laitière ». Je jette un oeil distrait sur la toile où l'on retrouve les nombreux détails habituels utilisés par ce peintre : carottes pointées vers le spectateur, lanterne, une volaille pendue. La femme arbore un sourire entendu, égrillard. Aucune comparaison possible avec Vermeer, la sensibilité n'est pas la même…


J'aurais pu continuer longtemps… Pour ceux qui aime, comme moi, la peinture hollandaise et Johannes Vermeer, il est impossible de passer à côté du superbe catalogue de l'exposition que je conseille fortement. Un ouvrage d'art exceptionnel par la qualité de ses textes et une iconographie époustouflante présentant les oeuvres par thèmes, ces thèmes qui revenaient souvent dans la peinture du Siècle d'or : correspondances amoureuses, toilette, musique, mal d'amour, taquineries, la pesée, cordes sensibles, etc.
Le Louvre a frappé fort pour cette exposition-événement sur l'art hollandais.


Lien : http://www.httpsilartetaitco..
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J'aurais bien voulu voir cette exposition pour voir de mes yeux ces chefs-d'oeuvre. Avec ce fabuleux catalogue de cette exposition, c'est la découverte du comment et du pourquoi de ce groupe de peintres qui s'inspiraient mutuellement. Ce qu'ont appelle le peinture de "genre", ce qui correspond à des portraits, des scènes intimes de la vie, et ce pour la clientèle riche qui est grandissante à cette époque, vu la prospérité de la région des Pays-Bas. Il semblais avoir de compétition, seul de l'inspiration, des idées, des techniques que l'on échangeaient mutuellement. C'était artistiquement, plus des défis personnelles que chaque artiste s'imposait. Un bel exemple d'efficacité créative. Un aspect qui est rarement étudié aussi précisément avec des exemples, des analyses très pointues. Vraiment enrichissant de découvrir cette période artistique des Pays-Bas. À voir et à lire, avec plaisir.
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Catalogue de l'exposition Vermeer et les maîtres de la peinture de genre, exposition qui dure à peine trois mois, du 22 février au 22 mai 2017, ce livre constitue un apport précieux pour qui aime Vermeer et l'oeuvre des peintres hollandais du XVIIème Siècle.
L'exposition est un moment exceptionnel de rencontre avec Vermeer puisque le visiteur peut y découvrir 12 toiles de l'artiste qui en produisit seulement 37 au cours de sa vie.
Mais on y découvre aussi à quel point les peintres de l'époque s'influençaient et s'inspiraient mutuellement. Au-delà des toiles de Vermeer, on rencontre Gérard Ter Borch, Gérard Dou, Pieter de Hooch, Samuel van Hogstraten et tant d'autres.
Le livre permet de prolonger la visite et d'approfondir les sources d'inspiration de cette peinture profane si particulière dans l'Europe de l'époque, encore très influencée par l'art religieux.
Un beau livre appelé à devenir un pilier de ma bibliothèque.
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Citations et extraits (1) Ajouter une citation
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La fascinante « Joueuse de Luth » de Johannes Vermeer, vêtue d’une veste jaune bordée de fourrure, est assise à une table, en train d’accorder son instrument. Elle regarde vers la gauche, par la fenêtre. Ses grands yeux et sa bouche légèrement ouverte laissent penser qu’elle réagit à un bruit extérieur ou à un mouvement qui a interrompu ses préparatifs musicaux. Le comportement de cette jeune femme, l’intérieur où elle se trouve et la lumière qui l’éclaire sont représentés de façon si vraisemblable et naturelle que le spectateur pourrait penser que la scène s’est effectivement déroulée sous les yeux du peintre, en ce début des années 1660.

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Videos de Blaise Ducos (2) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Blaise Ducos
Vermeer et les maîtres de la peinture de genre de Collectif, Adriaan-E Waiboer, Blaise Ducos et Arthur-K Jr Wheelock aux éditions Somogy
Vermeer, ou « le sphinx de Delft ». Cette expression, forgée au XIXe siècle, a figé la personnalité de Johannes Vermeer (1632-1675) dans une pose énigmatique et solitaire. Cet ouvrage original permet au contraire de découvrir que ce génie universel s'inscrivait dans un riche réseau d'influences, très loin du splendide isolement avec lequel il fut longtemps associé. La scène de genre élégante hollandaise connaît son âge d'or vers 1650-1680. Cette peinture, mise en scène luxueuse d'activités qui n'ont de quotidiennes que le nom, permet à la République des Provinces-Unies de s'affirmer face aux monarchies. Vermeer en est l'un des maîtres, aux côtés de Gerard Dou, Gerard ter Borch, Frans van Mieris, Gabriel Metsu, Pieter de Hooch... Ces peintres, actifs à Leyde, Deventer, Amsterdam ou Delft, ont eu connaissance du travail des uns et des autres. Leurs rapports alternent hommages, citations détournées, métamorphoses. Vues de la sorte, les sublimations de Vermeer prennent un sens nouveau : celui de ses rejets et de ses admirations.
http://www.lagriffenoire.com/71184-beaux-livres-vermeer-et-les-maitres-de-la-p.html

Vermeer de Jan Blanc aux éditions Citadelles & Mazenod
Souvent considéré comme l'un des peintres majeurs du Siècle d'or hollandais, au même titre que Frans Hals ou Rembrandt, Johannes Vermeer a fait l'objet d'un nombre considérable d'études et de publications. Celles-ci le réduisent généralement à deux images : celle de l'artiste génial replié dans son superbe isolement, construite au XIXe siècle par Thoré-Bûrger ; ou celle du peintre moderne avant l'heure qui, selon Daniel Arasse, s'interroge sur les définitions et les limites théoriques de son art. En se fondant sur les travaux les plus récents qui ont menés sur Vermeer et sur un examen comparatif des pratiques du peintre et des théories artistiques formulées en son temps, mais aussi sur une confrontation systématique de ses oeuvres avec celles de ses contemporains, cet ouvrage propose de sortir de cette alternative en mettant l'accent, pour la première fois, sur la manière dont l'artiste a consciemment construit sa carrière autour de l'ambiton de fabriquer sa propre gloire. trente-sept tableaux authentifiés comme étant de la main du maître sont ainsi précisément analysés par Jan Blanc -parmi lesquels on retrouve la fameuse Jeune Fille à la perle ou La Laitière, mais également des oeuvres moins connues comme la Jeune Femme au chapeau rouge.
http://www.lagriffenoire.com/72025-divers-arts-vermeer.html
Vous pouvez commander sur le site de la librairie en ligne www.lagriffenoire.com
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