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EAN : 9782246828907
240 pages
Grasset (08/02/2023)
3.67/5   21 notes
Résumé :
« Pourquoi je suis noir et toi blanche ? » Au fil de l’eau et au gré des souvenirs, un garçon et sa mère adoptive descendent le fleuve Atrato. L’enfant ne le sait pas encore, mais la pirogue doit les mener jusqu’à Quibdó, où habite sa mère biologique. La jungle colombienne est mystérieuse, âpre, parfois agressive, les conditions de la traversée ne sont pas idéales et l’embarcation doit s’arrêter pour que les voyageurs puissent passer la nuit sur la terre ferme. L... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (6) Voir plus Ajouter une critique
« — Pourquoi je suis noir et toi blanche ?
Il avait quatre ans et je ne m'étais pas préparée à cette question. »
Nous sommes en Colombie dans la province de Choco, un des états qui fut le plus sujet à la violence des FARCS.
Elle , la narratrice, descend le fleuve Atrato en pirogue, avec son enfant « prêté »et son pingouin en tissue 😊pour rejoindre Bellavista, un bled où vit la mère biologique. Un voyage long qui nous fait sourire mais nous tire aussi une larme . A travers les descriptions des événements et l'histoire des voyageurs , scintille L Histoire colombienne au passé et au présent,
-Ça vous plaît d'être blanche ? lui lâche la voisine.
À un arrêt où ils s'arrêtent pour leurs besoins sort d'une cabane (magasin d'alimentation de l'arrêt) une fillette grassouillette, le corps passé dans une bouée. La conductrice de la pirogue lui demande:-— Où est-ce que tu as déniché ça ? ....Tu donnes l'impression d'être née avec.-— Je l'ai trouvée dimanche, en me baignant dans le fleuve. Je l'ai mise il y a un moment et pas moyen de la retirer, même avec du savon.😊.
Un style naïf et simple comme les peintures indigenes de cette partie du monde, même style que celui de Pilar Quintana , une autre Colombienne, l'auteure de la Chienne. L'Enfant y est simplement touchant, émouvant avec son comportement , ses paroles , “J'entends la voix de l'enfant, il me crie qu'il a découvert les oreilles des fleurs.”Émouvant aussi ces personnes dans la misère totale qui s'entraident sans préjugés, sans arrière pensées , sans calcul. Et tout ces symboles, le Fleuve qui bénit et noie sans discrimination, les sorciers guérisseurs, la nature, les animaux….donnent un récit envoûtant où se mêlent souvenirs d'enfance de la narratrice , l'histoire de l'adoption de l'enfant et la question incessante qui lui revient, qu'est-ce être une mère ? En toile de fond, sifflent les balles des FARCS , les images des indigènes déplacés,des pénuries d'eau et d'électricité , bref de la misère et du désarroi ..... les images terribles d'un pays en grosses difficultés économiques et politiques.

Un voyage qui semble éternel, la narratrice espérant qu'il ne se termine pas, de peur de perdre l'enfant à son terme, “Je veux que quelque chose me fasse oublier là où je me rends avec l'enfant.”…..
Un premier roman émouvant, poignant et tragique d'une jeune écrivaine colombienne de trente ans qui nous vient de Medellin , que je conseille vivement à tous les amoureux et amoureuses de la Littérature Sud-américaine.

“Elle me dit que les enfants sont justes, qu'à la naissance ils ont l'histoire tatouée sur la peau et des mots purs et sincères. Puis ils grandissent et se corrompent, pourrissent.”

Un grand merci aux éditions Grasset et NetGalleyFrance pour l'envoie de ce livre poignant !
#Verslamére# NetGalleyFrance

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Dans une pirogue naviguant sur un fleuve de la jungle colombienne, se trouvent un enfant noir et une femme blanche. La femme conduit l'enfant vers sa mère biologique, qui le lui avait confié quelques jours après sa naissance parce qu'elle n'avait pas les moyens de s'en occuper. L'enfant (on ne connaîtra jamais son prénom) sait qu'il a deux mères, mais ignore encore le but du voyage. Sa mère noire a demandé à le rencontrer, et sa mère blanche craint qu'elle ne veuille le récupérer définitivement. le voyage s'étire sur plusieurs jours, les conditions de navigation sont inconfortables et incertaines, il faut passer la nuit comme on peut dans les bourgades en bordure du fleuve.
Au fil des heures et des péripéties qui ponctuent le voyage, pendant que l'enfant dort ou s'occupe comme il peut et se comporte en enfant, c'est-à-dire innocemment, la femme se confie prudemment à d'autres femmes, sur le bateau ou dans les villages, replonge dans son passé pour se remémorer sa vie et cet épisode d'adoption en particulier. Elle donnerait beaucoup pour que la pirogue fasse demi-tour ou que le voyage s'éternise, pour ne jamais atteindre ce but qui pourrait lui arracher l'enfant. Mais inexorablement, ils descendent le fleuve, dans une ambiance poisseuse d'anxiété et d'humidité, entrecoupée de coups de feu de plus en plus rapprochés.
« Vers la mère » est un premier roman lent, oppressant, centré sur le thème de la maternité mais qui, l'air de rien, au fil du voyage et des rencontres, s'inscrit de plus en plus dans le contexte politico-économique récent de la Colombie : guérilla des FARC, misère, pénuries, violence, insécurité, déplacements de populations indigènes,...
L'écriture est simple, sèche, presque ingénue, très descriptive, mais paradoxalement il s'en dégage du lyrisme et de la poésie. Mais cela n'a pas suffi à susciter mon empathie à l'égard des personnages, dont je suis restée à distance, comme si j'étais dans la pirogue et eux sur la rive, ou le contraire.
Je ne suis pas très convaincue non plus par la scène finale, tragique et qui, bien qu'inspirée d'un fait réel, m'a semblé presque irréaliste dans sa description. Et de manière plus générale, je me demande s'il était nécessaire de mélanger le thème de la maternité, intime (et universel?) à celui du climat politique particulier de la Colombie. Certes, cela permet de donner une fin au roman. Mais justement, je reste sur ma faim, parce que j'aurais voulu savoir comment celui-ci se serait terminé si les FARC n'avaient pas été mêlées à l'histoire.

En partenariat avec les Editions Grasset via Netgalley.
#Verslamère #NetGalleyFrance
Lien : https://voyagesaufildespages..
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Une femme blanche et son fils à la peau sombre embarquent pour un voyage qui va s'avérer tout sauf confortable sur le fleuve Atrato, en Colombie. Nous découvrons petit à petit, au fil de l'eau et des souvenirs , la raison de ce périple et du choix de ce moyen de transport : la narratrice va présenter l'enfant à sa mère biologique dans un village au coeur de la jungle. Elle n'est donc pas pressée d'arriver.
Les dangers rôdent, prennent des formes diverses ,dont celle de militaires qui inspirent la peur et ne seront jamais clairement identifiés. Mais ce voyage, lieu de toutes les angoisses de celle qui ne cesse de redéfinir ce qu'est qu'être mère, comme pour mieux se convaincre de sa validité , est aussi un moment de rencontres éphémères mais souvent intenses.
Les personnages prennent rapidement chair et nous suivons cette Odyssée le coeur serré , tant la tragédie semble inévitable. Un premier roman très réussi.
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Le titre de l'édition originale de Vers la mère, le premier roman de l'écrivaine colombienne Lorena Salazar, pourrait se traduire par "Cette plaie pleine de poissons." le récit est celui d'une femme, blanche, qui voyage en pirogue avec son enfant (adoptif), noir, vers le village de la mère biologique de ce dernier. Aux péripéties du périple, qui dure plusieurs jours, se mêlent des souvenirs d'enfance et les circonstances dans lesquelles le fils a échu à la mère adoptive. le roman, poétique et contemplatif pour une grande part, est douloureux, marquée par la peur de la narratrice d'être dépossédée de cet enfant, alors que la violence sourde des FARC menace d'éclater. Parfois, l'histoire semble stagner quelque peu comme pour épouser l'envie de la mère de ne jamais arriver à destination. Par ailleurs, la description du mode de vie des habitants de la région Pacifique colombienne semble céder à un exotisme un brin forcé et stéréotypé. le livre, qui a connu un beau succès depuis sa parution, a cependant été taxé par une poignée de lecteurs et de critiques de "racisme", ce qui parait fort exagéré. Il s'agit sans nul doute d'une vision blanche de la population noire locale mais de là à l'accuser d'une tare pareille, cela parait injuste et excessif. Quoi qu'il en soit, la fin du livre, terrible, reste traumatisante, faisant référence à un événement tragique qui s'est déroulé en 2002, en Colombie.

J'adresse mes remerciements à NetGalley et aux éditions Grasset pour l'envoi du livre.

Lien : https://cinephile-m-etait-co..
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critiques presse (2)
LeMonde
24 avril 2023
L’écrivaine a l’art, dans ce conte réaliste, de suggérer ces présences inquiétantes sans s’y attarder : un fléau de plus dans des vies précaires.
Lire la critique sur le site : LeMonde
LesEchos
02 mars 2023
Une jeune femme ramène son fils adoptif à sa mère biologique, en descendant le fleuve Atrato sur une pirogue. Avec les autres passagers, elle va vivre des micro-aventures humaines intenses et douloureuses, alors que sur les rives, les Farc rôdent.
Lire la critique sur le site : LesEchos
Citations et extraits (7) Voir plus Ajouter une citation
— Que fait quelqu’un qui grandit sans mère ? Qui prend soin de lui ? Le vent, une professeure, la dame du magasin au coin de la rue ? Qui lui apprend à prier, à se méfier, à cesser de créer ? Qui lui dit : « Ça, ça ne se fait pas, mon poussin ! » Qui lui coupe les ailes et qui les lui recoud ? Qui lui met les pieds sur terre ? Parfois, ne pas avoir de mère, c’est la même chose qu’en avoir une. Une mère, ça fait mal. C’est une blessure et une cicatrice. Pour un enfant, la mère est la personne qui lui demande s’il veut du lait dans son chocolat chaud, qui le gronde quand il marche pieds nus dans la maison, qui goûte sa soupe en premier, se brûle la langue et attend qu’elle refroidisse un peu. Une mère, c’est quelqu’un qui est toujours présent.
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Un* vallenato ancien s’élève d’un café, El Rincón Sabroso, avec la même intensité que le soleil de deux heures ; un garçon chante à tue-tête en passant un chiffon déchiré sur les tables.

*Chanson populaire colombienne.
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Une mère redoute à chaque instant de perdre son enfant. Moi j'ai deux fois plus peur car il n'est pas de moi.
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Les matinées appartiennent aux oiseaux qui chantent, perchés dans les arbres au bord de l’eau ; même les plus jeunes ont un nid rempli d’oisillons nus, sans défense, affamés.
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Être une maman, c’est faire semblant de ne jamais avoir peur et de perdre aux jeux d’enfants. J’ai parfois l’impression que c’est lui qui m’a donné naissance.
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Video de Lorena Salazar (1) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Lorena Salazar
Sortie le 30 août 2022 Charlas con Lorena Salazar Masso sobre su pueblo adoptivo Quibdo, la realidad de ese pueble y sobre su libro "Esta herida llena de peces".
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