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EAN : 9782072937095
Gallimard (16/11/2023)
3.62/5   160 notes
Résumé :
«Je propose une vie à vendre. À utiliser à votre guise. Homme, 27 ans. Confidentialité garantie. Aucune complication à craindre.»

Lorsque Hanio Yamada rate son suicide, il décide de mettre sa vie en vente au plus offrant dans un journal local de Tôkyô. Le premier acheteur ne se fait pas attendre et entraîne ce héros involontaire dans une course folle au cœur d’un monde de gangsters sanguinaires, d’espions et de contre-espions, de potions hallucinatoir... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (27) Voir plus Ajouter une critique
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Hanio Yamada a 27 ans et ne trouve plus de sens à sa vie. Après un suicide raté, il n'a même plus le goût de réessayer, et publie une petite annonce dans laquelle il met sa vie en vente au plus offrant. le premier client se manifeste rapidement, et le contrat entraîne le jeune homme dans une histoire rocambolesque d'adultère, au bout de laquelle, contre toute attente, Hanio n'est pas tué. Qu'à cela ne tienne, d'autres clients sont sur les rangs, tous plus barrés les uns que les autres, et pourtant aucun ne parviendra à ses fins. Hanio reste vivant, même si autour de lui les cadavres s'accumulent, pendant qu'il encaisse et dépense sans compter ses généreux frais de mission. Mais cette spirale infernale le laisse perplexe et finit par l'effrayer, et il en arrive même à penser que la vie vaut peut-être la peine d'être vécue. A condition toutefois de pouvoir se sortir de l'engrenage diabolique que sa petite annonce a enclenché...

Quel étrange roman... A la fois pastiche déjanté de polar et de roman d'espionnage, et réflexion sur le sens de la vie, le style est simple, fluide et rythmé, l'humour est présent, et même le fantastique. La fable est moins légère qu'il n'y paraît, et en dit probablement long sur la société japonaise de l'époque (1968), mais je manque de références. Une lecture déroutante, terminée il y a quelques semaines, pas désagréable mais dont il ne me reste pas un grand souvenir.
Lien : https://voyagesaufildespages..
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Pour le commun des mortels, c'est évident, mourir n'est pas facile - quoique inévitable. Mais se donner volontairement la mort peut s'avérer encore plus compliqué : cela suppose une habileté, une technique, en un mot un savoir-faire (à défaut d'un savoir-vivre) qui n'est pas donné à tout le monde et, en l'occurrence, pas à notre héros, Hanio Yamada. Se croyant enfin parvenu en un Paradis rudement gagné, c'est à l'hôpital qu'il se réveille sous le regard réjoui des infirmières et du médecin ravis d'avoir sauvé une vie… Game pas over du tout. Essaye encore !

Qu'est-ce qui a bien pu pousser cet homme ordinaire, “employé honnête et zélé” qui ne souffre de rien, même pas d'un chagrin d'amour, à vouloir se donner la mort ? “S'il devait à tout prix donner une raison à cela, une seule lui venait à l'esprit : il s'était suicidé justement parce qu'il n'avait aucune raison de le faire.” Absurde ? Toujours est-il que, même sans raison apparente, il s'entête et, ma foi, qu'à cela ne tienne : ce que tu n'arrives pas à faire toi-même, fais-le faire par quelqu'un d'autre ! Mais il aura beau mettre sa vie à vendre dans un journal de Tokyo, avant l'heure c'est pas l'heure - comme disait ma grand-mère - et quand ça veut pas… et bien ça veut pas !

S'ensuit une succession vertigineuse de tentatives aussi malencontreuses que piteusement avortées, les cadavres s'accumulent, les victimes s'amoncellent, dommages collatéraux de la maladresse et de la malchance… tandis que notre héros, toujours en pleine forme, contemple sidéré les conséquences calamiteuses de son obsession suicidaire. Comment faire, dès lors, pour mettre un terme à cette spirale infernale ? D'autant que, comme un piège qui se referme peu à peu, la peur de mourir finit par le hanter…

Publié sous forme de feuilleton en 1968 dans les pages de la revue “Shukan Purebôi” (Playboy hebdo) mais inédit en français jusqu'en janvier dernier, "Vie à vendre" est une fantaisie burlesque et totalement déjantée, parodie de roman d'espionnage, de conte gothique et de polar, que Mishima lui-même qualifia de “roman d'aventures psychédélique” où l'on retrouve - avec quel plaisir ! - tout l'art de son auteur : son écriture extrêmement soignée et maîtrisée, son imagination débridée, sa profondeur, son humour et sa sensibilité ainsi que certains des thèmes qui lui furent chers - notamment son obsession et ses rapports ambigus avec la mort, qu'il se donna d'ailleurs deux ans plus tard dans les circonstances que l'on sait.

Un roman follement drôle mais également plus profond qu'il n'y paraît par le regard qu'il porte et les questions qu'il (nous) pose sur le sens et la valeur véritables de la vie, et qui devrait réjouir tous les amateurs d'humour noir - mais pas que. Je me suis, pour ma part, régalée.

[Challenge Multi-Défis 2020]
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Enfin je me suis décidé à lire Vie à vendre, que j'avais laissé vieillir depuis plus de deux ans dans ma bibli comme un bon vin, à l'heure où il sort en poche ! Trop bête…Mais au bout de ces pages, que du plaisir ! Pouvait-il en être autrement avec Mishima ? Pour un lecteur occidental, s'il n'y a qu'un seul écrivain japonais à connaître, c'est bien lui, tant sa culture, son style, son ton sont universels et son oeuvre éclectique, romans, nouvelles, théâtre, sans oublier ses écrits d'introspection personnelle qui aident à comprendre la destinée tragique de cet homme controversé.

Sur le synopsis, la quatrième de couverture en dit beaucoup. Pour l'essentiel, Hanio, 27 ans, a échoué à se suicider (sans raison), et a décidé de vendre sa vie à toute personne, qui a priori l'entraînera dans une aventure le conduisant à la mort. Vont alors se succéder plusieurs acheteurs et acheteuses, qui vont surtout l'enrichir à défaut de le faire succomber. Car ces plans sont foireux, et permettent surtout à Hanio de tester son potentiel de séduction auprès de ces dames, un vrai tombeur ! Entre Ruriko la femme de petite vertu, la femme-vampyre qui lui pompe sang et énergie et Reiko la femme-junkie qui lit dans ses pensées, sans compter son petit coup vite fait avec une infirmière qui vend ses charmes, notre homme est très demandé ! Mais c'est aussi un homme en danger et surveillé, par des agents d'une mystérieuse organisation.

Au fil des jours passés successivement avec ces dames qui, pour une raison ou une autre, ne parviennent pas à l'entraîner dans la mort, le doute s'insinue en lui. Sur sa porte d'appartement la pancarte est de plus en plus souvent retournée : ce n'est plus forcément « Vie à vendre » mais « Rupture momentanée des stocks », Monsieur préférant se reposer de son désir de mourir, qui s'étiole peu à peu…

Rompant avec le style d'autres de ses romans plus psychologiques, ou plus romantiques, ce roman nous propose un rythme enlevé. Les chapitres sont courts, et le ton de Mishima est badin, malin, humoristique. On se surprend souvent à sourire, voire à rire aux aventures de ce personnage séducteur, machiste et faussement naïf, évoluant dans un univers piégé. Immergé dans ce nid d'espions, il y a quelque chose d'OSS 117 chez Hanio, et c'est bien réjouissant !

On a en première impression du mal à deviner que ce Mishima déjà tardif, de 1968, n'est qu'à deux ans de perpétrer son coup d'éclat fatal. Pourtant, derrière la façade de ce ton souvent léger, la mort est omniprésente. D'abord désirée, sa gravité en est relativisée. Mais elle étend son emprise sournoise au fil de l'évolution de l'état d'esprit du héros. Plus il commence à la fuir, plus elle tisse sa toile inquiétante comme la veuve noire guettant sa proie.

Si ce roman détonne dans la production de Mishima, et ne peut pas s'imposer comme un chef-d'oeuvre, son ambition première était de divertir, Gallimard a eu là une bonne initiative de le publier. Il contribue à montrer toute l'étendue du talent de l'écrivain japonais. Espérons que quelques autres de ces romans encore inédits en français attireront traducteurs et éditeurs, car à ce jour seuls environ un quart d'entre eux sont disponibles chez nous. Certes, ce sont probablement les meilleurs, mais il doit exister encore quelques pépites.

En conclusion, précipitez-vous sur la version poche, c'est l'assurance de passer un bon moment !
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Un inédit de Mishima, publié en France en 2020!
En le prenant à la bibliothèque, je me doutais qu'il me plairait: une intuition. de Mishima je n'avais lu que Confessions d'un Masque et il y a très longtemps, mais j'avais été fascinée par l'auteur.
Ce roman est arrivé à point nommé, entre deux lectures sérieuses un peu trop complexes pour moi: léger sans l'être trop, absurde juste ce qu'il faut (à part à la fin peut-être), curieux, et d'une belle plume.
Hanio est un jeune homme à qui tout semble avoir réussi; pourtant il se suicide. Ou plutôt, il tente, mais se retrouve, bien malgré lui, sauvé in extremis et à l'hôpital.
Il lui reste donc, devant lui, une succession de jours en rab, vides et dont il peut faire absolument ce qu'il veut puisque de toute manière il n'en veut pas: il va vendre sa vie à celui ou celle qui en aura l'usage, qu'importe comment.
Commence alors des rencontres plus incongrues les unes que les autres qui sembleraient toutes avoir un seul lien commun, l'obscur ACS, Asia Confidential Service.
A travers ce personnage solitaire, sans attaches, Mishima dépeint un Japon aux portes de la modernité telle qu'on le retrouvera dans les romans de Murakami Ryû: dépersonnalisé, froid, déprimant. Pourtant, ça reste léger et drôle, tant les personnages sont décalés et humains, malgré tout. L'ultra-moderne solitude, chante Souchon.
J'ai pris un plaisir jubilatoire à lire ce court roman et d'ailleurs, j'ai noté d'autres romans de Mishima dans ma pal, car il a en plus de ce recul une plume exquise.
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Beaucoup d'originalité dans ce roman presque fantastique par moments, avec une belle réflexion sur le sens de la vie et les relations entre humains.

Le jeune héros, Hanio, croyant piloter sa mort, devient peu à peu le pilote de sa vie, au fil de ses rencontres, surtout féminines, dans un érotisme diffus, une atmosphère plutôt légère, malgré les enjeux vitaux pour les différents protagonistes et le héros lui-même.

Belle écriture très bien valorisée par la qualité de la traduction rendant plaisante la lecture de cette fable des temps modernes.
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critiques presse (1)
LeFigaro
16 janvier 2020
Une curieuse parodie de polar sur un homme jeune qui cherche à se faire tuer.
Lire la critique sur le site : LeFigaro
Citations et extraits (40) Voir plus Ajouter une citation
Quand elle ôta tous ses vêtements, il fut frappé par la blancheur de son corps qui semblait immaculé. Sa peau, qu'il avait imaginée abîmée par l'abus des drogues, ne portait pas la moindre trace de ces excès : douce et lisse, elle enveloppait dans son grain serré, sous la lueur sombre de la lampe, une âme anxieuse et solitaire. Les seins, avec leur galbe épanoui, évoquaient la forme circulaire des tumuli anciens, ce qui donnait à ce corps nu quelque chose d'un peu archaïque. Même de la courbe plus étroite de ses hanches émanait une sorte d'emphase formelle, tandis que le ventre blanc, qui semblait flotter dans la pénombre, rayonnait d' une calme plénitude.
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Au-delà de ce toit, il y a le ciel étoilé recouvert de smog, pensa Hanio, et appuyé sur son coude, il leva les yeux vers le plafond taché d’humidité, et perçut dans tout cela comme un décor échafaudé par les dieux. Derrière le toit des salles de conférences aux lustres étincelants, derrière celui des auberges sordides, véritables trous à rats, se déployait dans toute sa splendeur le même ciel étoilé. Et sous ce ciel, la misère et la solitude pesaient exactement le même poids que le succès et le bonheur. Où que l’on soit, il suffisait de soulever ces plafonds pour entrevoir ce ciel plein d’étoiles. Un ciel auquel l'absurdité de sa vie était directement reliée. Caché dans cet abri minable, Hanio était peut-être comparable au Petit Prince.
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...... Quand Hanio ouvrit les yeux, il faisait si clair autour de lui qu’il se crut au Paradis. Mais à l’arrière de son crâne subsistait encore une forte migraine. Et au Paradis, il n’y a aucune raison qu’on souffre de migraines.
La première chose qu’il vit, c’était une grande fenêtre aux vitres dépolies. Une fenêtre nue, sans le moindre rideau, bordée de murs d’une blancheur agressive.
« Il semble avoir repris conscience, dit une voix.
— Ouf, nous voilà rassurés ! Penser qu’on a sauvé une vie, ça vous met en forme pour la journée ! »
Hanio leva les yeux. Devant lui se tenait une infirmière et un homme courtaud, en uniforme de pompier.
«Du calme, voyons! Du calme! Ce n’est pas le moment de gigoter comme ça », dit l’infirmière, le maintenant d’une main ferme par les épaules.
Hanio comprit qu’il avait raté son suicide.
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Il allait enfin mourir ce soir. Savoir qu’il n’y avait là aucune intervention de sa volonté le transportait de joie. Se suicider, quelle corvée, et puis cette fin dramatique n’était pas de son goût. Par ailleurs, pour accepter de se faire tuer, il fallait bien une raison quelconque : la rancœur, la haine… des sentiments qu’il ne se souvenait pas avoir éprouvés, et en outre, l’idée qu’autrui s’intéresse à lui avec passion, au point de vouloir l’assassiner, lui déplaisait au plus haut point. Vendre sa vie : ce procédé, qui le défaussait de toute responsabilité, était vraiment admirable.
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Mais à partir du moment où l'on a fui la compagnie de ses semblables, où puiser le courage de réintégrer cette puanteur?
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Videos de Yukio Mishima (17) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Yukio Mishima
Yukio Mishima (1925-1970), le labyrinthe des masques (Toute une vie / France Culture). Diffusion sur France Culture le 20 février 2021. Un documentaire d'Alain Lewkowicz, réalisé par Marie-Laure Ciboulet. Prise de son, Philippe Mersher ; mixage, Éric Boisset. Archives INA, Sandra Escamez. Avec la collaboration d'Annelise Signoret de la Bibliothèque de Radio France. 25 novembre 1970 : Yukio Mishima, écrivain iconoclaste japonais âgé de 45 ans, met en scène sa propre mort ; alors qu’il s’apprête à quitter le monde, il livre à son éditeur "La mer de la fertilité", véritable testament littéraire et spirituel de cet auteur tourmenté, fasciné par la mort rituelle. Cet homme nostalgique, avec son goût du vertige et de l'absolu, son amour des corps vierges et des âmes chevaleresques, sa quête effrénée des horizons perdus laisse une œuvre considérable qui raconte sans aucun doute la recherche d’une pureté illusoire et la laideur du monde. Lectures de textes (tous écrits par Mishima) : Barbara Carlotti - Textes lus (extraits) : "Patriotisme. Rites d’amour et de mort" (film de et avec Yukio Mishima, 1965. À partir de "Yūkoku", nouvelle parue en 1961) - "Confessions d’un masque" - "Le Lézard noir" - "La Mer de la fertilité". Archives INA : Ivan Morris et Tadao Takemoto - Flash info annonçant la mort de Mishima le 25 novembre 1970. Extraits de films : "Mishima" de Paul Schrader (1985) - "Le Lézard noir" de Kinji Kukasaku (1968) - Extrait du discours de Mishima juste avant son seppuku, le 25 novembre 1970.
Intervenants :
Pierre-François Souyri, professeur honoraire à l’université de Genève spécialiste de l’histoire du Japon Fausto Fasulo, rédacteur en chef des magazines "Mad Movies" et "ATOM" Tadao Takemoto, écrivain, spécialiste et traducteur de Malraux au Japon et vieil ami de Mishima Dominique Palmé, traductrice de Mishima chez Gallimard, spécialiste de littérature japonaise et de littérature comparée Julien Peltier, spécialiste des samouraïs, auteur de plusieurs articles parus sur Internet et dans la presse spécialisée, en particulier les magazines "Guerres & Histoire (Sciences & Vie)" et "Actualité de l'Histoire". Il anime également des conférences consacrées aux grands conflits de l'histoire du Japon Thomas Garcin, Maître de conférences à l’Université Paris 7 - Diderot, spécialiste de Mishima et de littérature japonaise Stéphane du Mesnildot, critique de cinéma, et spécialiste du cinéma japonais
Source : France Culture
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