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EAN : 9782234056763
192 pages
Stock (01/04/2004)
4.06/5   41 notes
Résumé :
" J'étais sans argent, sans maison, cet emploi il me le
fallait. J'ai fait l'article, et l'article c'était moi. Mains croisées sur les genoux, yeux baissés, j'ai vanté mes qualités, tout ce qui est inculqué aux filles de la petite noblesse de province pour en faire des maîtresses de maison pieuses et économes. J'ai décliné les devoirs, détaillé les tâches, de la cuisine à la lingerie, de l'office à la buanderie, des conserves aux confitures, en passant par l'... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (15) Voir plus Ajouter une critique
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Belle soiree de printemps. Je me balance doucement dans mon rocking chair au bois grisonnant, caresse son bras arrondi et me demande s'il va encore s'eclaircir, comme moi, s'il arrivera jusqu'a blanchir avant qu'on ne le jette au debarras. A travers la baie vitree les verts, eux, obscurcissent. Je leve un peu les yeux. Les nuages en procession sont teintes de bleu clair. A force de les fixer ils rosissent tendrement, charmes par l'heure. C'est trop beau, faussement calme, a peine le temps d'une lippee de mon vieil Sempe et l'extase rosatre est bouleversee, striee de rouges grisonnants. le ciel aussi, comme le bois? C'est trop beau, je me concentre sur mon petit ballon d'armagnac pour ne pas pleurer.

Par terre, a mes pieds, le livre qu'une main engourdie a lache. Tres beau lui aussi. A en pleurer. Vieille France. C'est son titre. C'est le surnom qu'un personnage donnait a l'heroine principale, jeune femme de petite noblesse provinciale forcee (parce qu'elle a “faute”) de servir de riches juifs. A son grand dam. A sa grande fierte. A son grand bonheur. de riches juifs? Des “israelites”. Eux aussi Vieille France. Tres proustiens (Proust n'etait il pas lui-meme un juif tres proustien?). Mais nous sommes a la la veille de la deuxieme guerre mondiale. Et quand elle arrivera, quand arriveront les annees noires, Vieille France sera Belle France, Grande France, pour ces juifs qu'elle aime et dont elle execre la judeite.

Par terre, a mes pieds, un livre ecrit en Vieille France, en une langue simple, legerement surannee, ronde et poetique. Qui va droit au but, droit au coeur. Qui fait sourire et peut faire pleurer. Je chauffe comme je peux de mes doigts maigres mon petit ballon de vieil armagnac Sempe. Comme une envie de porter un toast a Vieille France. Ou a son auteure, cette petite-fille d'un president.
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J'ai beaucoup aimé le roman, à nouveau. C'est le portrait d'une femme attachante malgré son caractère réservé et ses a priori. Issue de la bonne bourgeoisie catholique versaillaise, elle se retrouve contrainte de travailler au service d'une famille juive de "nouveaux riches". C'est un véritbale choc des cultures qui va permettre à la jeune femme d'élargir son horizon et de se révéler en quelque sorte.
C'est aussi une histoire de la Seconde Guerre Mondiale : la France occupée, la déportation des Juifs, les rationnements, la résistance et la collaboration, les choix qui s'offrent à chacun. Ni grande héroïne de la Résistance, ni lâche, notre héroïne suit son coeur et sa raison, choisissant la voie des justes sans grands coups d'éclat, mais avec loyauté et constance.
Une histoire forte donc, racontée avec sobriété par l'héroïne elle-même au soir de sa vie...
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La quatrième de couverture est très complète et suffit à renseigner le lecteur.
J'ai aimé ce court roman pour le style simple et à la fois reflétant le côté un peu suranné de l'époque. Les réactions et réflexions de la jeune Bénédicte semblent tout à fait en ligne avec l'époque, elle est, je trouve l'exemple d'une certaine façon d'être, "vieille France" (le titre est magnifiquement choisi) avec des valeurs de respect, de méfiance quand elle apprend la judéité de la famille Treives mais elle réussit à dépasser ses préjugés pour s'attacher aux êtres qu'elle aime. Elle m'est apparue très lucide avec elle même, ne s'épargnant pas quand elle reconnaît ne pas avoir de sentiments pour sa fille qu'elle n'élève pas. Témoin silencieuse puis active pendant la guerre pour sauver la famille, c'est un très bel exemple de femme forte et simple à la fois. le style est beau tout en étant simple et quelquefois suranné. Une belle découverte
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A la veille de sa mort, Melle DROT, gouvernante depuis 65 ans chez Les Treives, famille de juifs marchands d'art se souvient... Issue d'un famille fervente catholique, fille-mère, elle est reniée par les siens et doit se débrouiller seule. Elle laisse sa fille aux bons soins des bonnes soeurs et elle profite de son excellente éducation pour rentrer en 1938 au service des Treives. Elle sera témoin de leur vie et de part son éducation stricte et très catholique, elle sera souvent choquée par leurs attitudes ou leur façon de faire contraire à l'éducation qu'elle a reçue. Cela ne l'empêchera, cependant pas, de s'attacher à eux et de leur vouer un amour sans limite. Elle élèvera comme son propre enfant le fils de la famille alors qu'elle n'a pas pu le faire avec sa propre enfant. Elle assistera donc à la vie fastueuse de cette famille et sera témoin de leur malheur durant la seconde guerre mondiale. Je me suis attachée à ce personnage, secret et fidèle. La vie de cette domestique m'a beaucoup touchée, elle a tout su de ses maîtres tout en étant fidèle et discrète. Eux n'ont jamais rien su d'elle, de sa vie d'avant car la vie du domestique, à l'époque, avait peu d'importance...
"Vieille France" c'est le surnom que je me suis donnée car je suis souvent choquée dans la vie de tous les jours par les incivilités et manque de savoir vivre des gens en général, il me semble à chaque fois être la seule à être choquée...
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Hélène MILLERAND nous offre, avec "Vieille France", un récit intimiste où le lecteur est invité, dans une dernière confidence, à partager une tranche de vie. Une vie de femme qui traverse une période trouble de l'histoire de France allant de 1938 à nos jours, qui avait des atouts pour vivre à un autre rang mais que la vie à conduit à l'éveil sur elle-même à travers le service d'autrui comme gouvernante.

Bénédicte, l'héroïne, mérite amplement ce surnom de "vieille France" de par ses traits de caractères et sa personnalité aristocratique. Elle s'affirme empreinte des caractéristiques d'un bon nombre de Français de l'époque: tendances maurassiennes, très catholique, pleine d'à priori sur les juifs, antibolchévique.

Traits que la réalité des rencontres et des situations va adoucir en la conduisant, elle qui s'est toujours oubliée elle-même, à entrer dans une éthique de don de soi en apprenant à aimer. A aimer non ce qu'elle est, non pas un homme qui prendrait soin d'elle, non pas sa fille issue d'un viol incestueux mais à aimer gratuitement une femme différente d'elle et un enfant auquel aucun lien du sang ne la relie.

J'ai adoré les scènes de la vie bourgeoise décrites dans cet ouvrage, les personnages qui le font vivre et les relations qui unissent ceux-ci malgré toute leur différences.

J'ai adoré Bénédicte, cette femme "vieille France" au charme infini qui correspond à ce que j'apprécie dans la société.

Grâce à un style d'une fraîcheur extraordinaire, Hélène MILLERAND, accroche le lecteur dès la première page sur un ton intimiste qui captive, qui nous implique dans le récit en nous donnant l'impression d'être réellement aux côtés de Bénédicte dans ses derniers instants de vie.

Une histoire pleine de beauté, de sentiments mais sans mièvrerie aucune. A lire !
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Citations et extraits (9) Voir plus Ajouter une citation
Huit mois durant, j'ai passé tous mes jeudis après-midi avec Henry Grandjean. […] À l'heure de nous quitter Henry vérifiait ma tenue, il ôtait de mes cheveux les brindilles qui s'y étaient prises, débarrassait ma jupe des traces de terre et de mousse, vérifiait les boutons un par un, et terminait l'inspection par une claque sur les fesses, « Vous pouvez y aller, militaire ». Je pense à lui chaque jour et je prie pour ce mécréant qui se moquait de ma foi, car il faut vous dire qu'Henry Grandjean mangeait du curé. Souvent, après nous être jetés l'un sur l'autre et dévorés par tous les bouts avec une fougue dont je ne suis toujours pas revenue, nous causions. Allongés dans l'herbe, couchés sur des aiguilles de pin, à l'abri sous un auvent, repus, heureux, nous discutions de choses graves. Henry apportait une gourde de fer-blanc qui donnait à l'eau un goût de métal, des reinettes de son jardin et, les jours de chance, un morceau de fromage. L'amour donne faim. Nous mangions, nous parlions, et nous n'étions d'accord sur rien. Même sur la guerre nous n'étions pas d'accord. Si notre souhait le plus ardent était de voir la France libérée, les raisons de notre colère étaient différentes, opposées. Il en tenait pour la liberté, j'en tenais pour l'honneur. Il citait Montaigne, Diderot et Benjamin Constant, dont je ne connaissais pas une ligne, et me riait au nez lorsque j'invoquais Bayard, Turenne, Jeanne d'Arc ou le Maréchal Foch. Quand j'enrageais de voir la France manquer à ses devoirs de « fille aînée de l'Église », il me traitait d'invétérée bigote, « elle est belle la fille aînée, une vraie pute, oui », il en profitait généralement pour me culbuter dans l'herbe une fois de plus.
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Le quatorze mai quarante et un, la première rafle de juifs a eu lieu dans le onzième arrondissement de Paris, les Treives, français depuis toujours, se croyaient à l'abri, la vie continuait. Le douze décembre de la même année, quatre jours après l'entrée en guerre des Américains, sept cent quarante-trois notables juifs ont été arrêtés à leurs domiciles parisiens, dans les beaux quartiers cette fois. Quelques jours auparavant des étrangers venus de l'Est avaient commis une série d'attentats contre l'occupant. Il aurait été trop beau que les Français s'en soient chargés eux-mêmes.
[...]
Je guettais avidement les informations et je me réjouissais quand des attentats contre l'ennemi étaient signalés. J'aurais aimé que ces actes de guerre soient le fait de bons Français, malheureusement, dans bien des cas, c'étaient des communistes qui s'en chargeaient. Par parenthèse, ils auraient pu choisir le bon côté un peu plus tôt, mais que voulez-vous, Dolorès, en temps de guerre, on a les alliés qu'on peut.
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J'étais scandalisée par la docilité et l'empressement de certains de mes compatriotes à obéir aux ordres de l'occupant, voire à les devancer. Le jeune abbé de Sainte-Marie-des-Batignolles me prêchait la résignation, et l'obéissance. Si Dieu avait donné le Maréchal Pétain aux Français, c'était bien la preuve qu'Il ne les avait pas abandonnés, disait-il avant de m'absoudre. Je n'ai pas discuté, mais j'ai changé de confesseur.
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Comme je surveillais le chargement de la limousine le matin du départ, Monsieur Hervé s'est approché de moi pour la cérémonie du pourboire. J'étais certainement la première des Drot de Fezinzac à en recevoir, mais, de toutes les humiliations subies, celle-ci n'a pas été la plus difficile à surmonter, au contraire.
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J'avais vingt-six ans, j'allais me placer pour la première fois, je n'en menais pas large et je ne souhaite cette épreuve à personne. Ca n'est pas à vous que je devrais le dire, Dolores, mais je vous le dis quand même, parce que c'est ce que je pense, et que peut-être, vous le pensez aussi.J'étais jolie femme, je le savais, mais je savais aussi que pour trouver un emploi de gouvernante il ne fallait être ni trop belle, ni trop bien mise. Ce jour-là j'ai été très attentive à ce que ma tenue reflète la modestie de ma position. Née dans le camp des patrons, j'en avais été chassée depuis peu, et ce que je venais chercher, ce jeudi dix juin mille neuf cent trente-huit, 27 avenue de Villiers, au domicile de Monsieur et Madame Treives, dans le dix-septième arrondissement de Paris, loin de mon Versailles natal, c'était une place de domestique.
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Olivier BARROT présente le livre de Béatrice FONTANEL "Corsets et soutiens gorge", et celui de Hélène MILLERAND "Les carnets d'une coquette mémorable".
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