Après avoir vu des commentaires sur ce livre je me suis laissée tentée. Certaines histoire sont correctes et pour d'autres c'est vraiment cruel de continuer la lecture. On se demande parfois, pourquoi l'auteur nous inflige ceci, il y a une telle banalité, sans aucun sentiments ni émotions
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Lorrie Moore a de la tendresse pour les perdants, mais elle ne leur passe rien, les accompagnant vers la déroute avec une certaine ironie.
Lire la critique sur le site : Telerama
Pour l'instant la maison de Zoé était plutôt vide. Le précédent propriétaire avait tapissé sans déplacer les meubles, ce qui avait laissé des silhouettes étranges sur les murs, et Zoé n'avait pas encore fait grand-chose pour y remédier. Elle avait acheté des meubles mais les avait rapportés au magasin, meublant puis vidant, préparant puis se débarrassant, comme pour un utérus. Elle avait acheté plusieurs coffres en pin à utiliser comme banquettes ou coffres à chaussures, mais ils finirent par lui évoquer des cercueils pour enfants, et il lui fallut les rapporter, eux aussi. Elle avait récemment acheté un tapis chinois pour le salon, avec des idéogrammes qu'elle ne comprenait pas. La vendeuse lui avait assuré qu'ils signifiaient Paix et Vie éternelle, mais quand Zoé eut ramené le tapis chez elle, elle s'inquiéta. Et s'ils ne signifiaient pas Paix et Vie éternelle mais Bruce Springsteen. Plus elle y pensait et plus elle était convaincue qu'elle avait acheté un tapis où il était écrit Bruce Springsteen. Elle le ramena lui aussi.
(Et, en plus, vous êtes moche)
Au lieu de ça, elle arpenta un centre commercial, passa devant un magasin de boucles d'oreilles qui s'appelait "Collez-vous-la-dans-l'oreille", et un salon de beauté "Chez Dorian Gray". C'était ce qui était amusant avec la beauté, pensa Zoé. Chercher la rubrique beauté dans les pages jaunes et vous tomberez sur des centaines de références, hostiles dans leurs traits d'esprit, touchantes dans leurs mises en garde. Mais si vous y cherchez la vérité - alors là! Le dé-sert.
(Et, en plus, vous êtes moche)
"Eh bien", soupira Zoé nerveusement. il lui fallait apprendre à ne pas avoir peur d'un homme de la même manière que, enfant, on apprenait à ne pas avoir peur d'un ver de terre ou de tout autre insecte. Souvent, quand elle parlait à des hommes rencontrés à des soirées, elle précipitait les choses dans sa tête. Tandis que le type bavardait poliment, elle tombait amoureuse, l'épousait, puis se retrouvait dans une lutte âpre pour la garde des enfants tout en espérant qu'ils se réconcilient, de façon à ce que, malgré ses infidélités, elle en vienne peut-être à ne plus le mépriser et, dans le peu de temps qu'il leur restait, à apprendre son nom de famille et la nature de son boulot, encore qu'il se soit probablement déjà passé trop de choses entre eux. Elle hochait alors la tête, rougissait, et tournait les talons.
"Ahhhhh! cria Odette. Qu'est-ce qui se passe?"
Les fusils n'étaient pas un truc de fille, ça lui revenait à présent. C'était pour les garçons. Ils avaient d'ailleurs été inventé par les garçons. Ils avaient été inventés par des garçons qui ne s'étaient jamais remis de leur déception face à l'absence d'un grand boum pour accompagner leur orgasme.
Elle était plutôt jolie, mais son visage portait les marques de l'effort et d'une ambition jamais tout à fait accomplie. Il y avait trop d'application dans l'eyeliner, et ses boucles d'oreilles, qu'elle portait certainement pour le côté théâtral que ses traits ne possédaient pas, étaient un peu effrayantes dans la façon dont elles jaillissaient de sa tête comme des antennes.
(Et, en plus, vous êtes moche)
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