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EAN : 9782363583086
141 pages
Editions Vendémiaire (03/05/2018)
4/5   3 notes
Résumé :
Cinq soeurs dans une banlieue bourgeoise de Detroit dans les années 1970. Cinq jeunes adolescentes aux cheveux blonds qui fascinent les garçons de leur âge. Pourquoi l'une d'elle tente-t-elle de se suicider ? Quel est le mystère, que vingt-cinq ans plus tard, ceux qui les ont connues s'évertuent encore à percer, de ces soeurs tenues cloîtrées dans leur chambre par leur mère, stricte catholique pratiquante ? Premier long-métrage et premier grand succès de Sofia Coppo... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (3) Ajouter une critique
"Virgin Suicides" fait partie de ces rares oeuvres cinématographiques qui me hanteront à vie. J'ai une fascination extraordinaire pour ce film et encore davantage pour le roman que j'avais trouvé prodigieux. Ce mélange de pureté et de souillure qui enserre tout le film, cette grâce insaisissable qu'on abîme et qu'on avorte. Tout me fascine : le talent des actrices, la puissance des couleurs, l'évanescence des sourires et des gestes, ce mélange de transparence et d'opacité, et l'horreur insensée du drame.
Pour apprécier le plus possible l'ouvrage de Pierre Jailloux, j'ai donc revisionné avant le petit bijou de Sofia Coppola. Et dès les premières pages, j'ai été frappée par la minutie avec laquelle l'auteur décortique ce film plan par plan, image par image, du décor aux sons qui crépitent en arrière plan, des teintes aux objets-symboles. C'est absolument fascinant.
J'ai suivi ses explications en ayant chaque scène à l'esprit et j'avais cette sensation grisante de vraiment comprendre le film, du moins de le comprendre avec davantage d'acuité, lui qui m'avait toujours laissée dans un flou à la fois cristallin et sinistre. J'ai adoré suivre ce lent cheminement, cette "autopsie" des gestes, des actes, des paysages, puisqu'on réalise avec ravissement que rien n'est anodin, que le moindre détail est pensé, que tout a un sens caché, maquillé, déguisé.
J'avais la sensation de suivre un cours de fac où soudain tout s'éclairait et se révélait, et toutes ces portes qui s'ouvrent, cette vision qui s'aiguise en soi, c'est aussi stupéfiant qu'électrisant. Je me rends compte qu'un nombre incroyable d'éléments m'avait échappés alors qu'ils étaient pourtant là, à portée de regard, et tout au long de ma lecture, je me suis surprise à faire des tas de recherches sur telle légende ou tel poète, à réécouter la bande-son du film, à chercher une information sur tel sociologue ou tel philosophe.
Pierre Jailloux ne se limite pas au film mais évoque également les autres oeuvres de Sofia Coppola avec "Marie-Antoinette" ou "Lost in translation", le travail et l'héritage immenses de Coppola père, évidemment, ainsi que quelques anecdotes concernant les actrices. Il fait référence à de nombreux autres films et réalisateurs qu'il met en parallèle avec le "Virgin Suicides" de Sofia tandis qu'en guise d'ultime respiration, comme il l'écrit en titre d'un chapitre, il nous offre quelques pages superbes reproduisant des plans clef du film.
C'est une analyse extrêmement pointue, experte et percutante du chef-d'oeuvre de Sofia Coppola. Pierre Jailloux possède un regard aiguisé de virtuose. Il nous parle phénomène de société, psychologie, voire même psychanalyse. Malgré mes longues études de psychologie clinique, il m'a quelquefois perdue par la subtilité extrême de ses propos mais tant de passages m'ont impressionnée que je ressors de cette lecture encore plus amoureuse de l'oeuvre.
La perspicacité avec laquelle il épluche ma scène favorite – les disques partagés par téléphone comme des messages secrets – est encore plus magique que je ne l'avais ressentie. Parce que c'est justement cela mon grand souci d'hypersensible : je ressens les films mais je ne peux pas toujours expliquer pourquoi ils me touchent. L'auteur, lui, y parvient avec beaucoup d'aisance et on reconsidère l'oeuvre entière avec un regard plus neuf et plus ciselé, considérant de nouvelles perspectives pour tenter d'effleurer les arcanes ténébreuses et oppressantes qui barricadent "Virgin Suicides".
Malgré tout, il y a dans ce film quelque chose qui reste pour moi de l'ordre de l'inaccessible, du trop dangereux pour être pleinement traversé. Même fouillé, écossé, disséqué, "Virgin Suicides" n'en finit pas de protéger ses mystères. Et c'est aussi cela qui fait la beauté, l'intensité, la grandeur d'une oeuvre.
Je ne peux que conseiller cet ouvrage à tous les fans du film de Sofia Coppola : vous serez surpris, bousculés, émus et envoûtés. Évidemment, on referme le livre en n'ayant qu'une seule envie : revisionner le film, encore, relire le livre, encore. Merci à Babelio et aux éditions Vendémiaire pour ce superbe ouvrage que je n'aurais sans doute pas découvert par moi-même et qui m'a charmée.
Lien : https://lechemindeslivres.wo..
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Il y'a presque 20 ans, dans une salle de cinéma plongée dans le noir, je découvrais le premier film de Sofia Coppola, « Virgin Suicides ». Après être passée par tout un éventail de sentiments, j'étais perdue dans mes réflexions alors que les premières notes du générique de fin résonnaient. Des questions en quête de réponses se multipliaient dans ma tête et, à l'instar des garçons du film, je fus à mon tour fascinée par l'aura de mélancolie et de mystère qui entoure les soeurs Lisbon. Et bien qu'aujourd'hui, je pense avoir trouvé certaines causes de ce drame, mon intérêt pour cette histoire ne s'est jamais atténuée au fil des ans.

C'est donc avec cette curiosité toujours présente que je me suis plongée dans cet ouvrage. Ayant déjà lu, vu et échangé des analyses concernant ce film, je me demandais ce que l'auteur pouvait m'apporter de plus et quels éléments avaient pu me manquer. Et que vous dire, à part que j'ai savouré cette lecture qui m'a donné une fois de plus l'envie de découvrir le film sous un nouveau regard.
De façon minutieuse, voire très « clinique » par moment, l'auteur décortique chaque détail pour les passer à la loupe, que ce soit le choix des décors, la lumière, le jeu des acteurs, les dialogues, la portée des paroles des chansons choisies… Bref! Il arrive à renforcer la fascination que l'on peut avoir pour ses cinq jeunes filles. Bien sûr, si vous êtes friands comme moi d'analyse de films, vous allez y retrouver des interprétations qui ont été déjà avancées pour « Virgin Suicides ». Mais Pierre Jailloux arrive avec finesse à pousser la réflexion bien plus loin, mettant en parallèle, par exemple, le roman dont est tiré le film, le vécu de la réalisatrice, les diverses influences etc... Est-ce que pour autant cet ouvrage vous donnera-t-il les clés pour mieux comprendre ce film ?

D'une certaine manière, je vous dirais oui. Pour être plus précise, je vous conseillerai de prendre cet ouvrage comme une très bonne base afin de faire votre propre analyse tout en apportant votre propre ressenti, car c'est une oeuvre ouverte à plusieurs fils de lectures.
Et dîtes-vous qu'il y' aura encore des parts de mystères qui continueront à entourer les soeurs Lisbon. Vous vous laisserez de nouveau emporter par ses images presque oniriques bercées par la musique d'Air. Et des questions continueront à naître aux premières notes du générique de fin.

Si ce n'est pas encore fait, je vous conseille de regarder "Virgin Suicides" qui met en place les thématiques souvent présentes dans les films de Sofia Coppola (l'adolescence, la féminité, le passage à l'âge adulte, la mélancolie), mais aussi le roman de Jeffrey Eugenides dont il a été l'adaptation.
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Y a-t-il dans la filmographie de Sofia Coppola une oeuvre plus obsédante, troublante et envoutante que Virgin Suicides ? Pour moi, cette sublime adaptation cinématographique du roman éponyme de Jeffrey Eugenides reste l'un des plus beaux succès de la réalisatrice. Un film entouré d'une aura de mystère dont Pierre Jailloux se propose de nous révéler une partie des secrets à travers une analyse détaillée.
Autant dire que si vous êtes étudiant en analyse filmique ce livre pourrait bien sauver votre année et personnellement j'aurais beaucoup aimé l'avoir sous la main quand j'ai passé ma licence tellement il regorge d'informations précieuses.
Pierre Jailloux décortique le film scène par scène, décrypte chaque élément de la mise en scène pour nous livrer une analyse minutieuse et experte de ce chef d'oeuvre. de l'atmosphère languissante rythmée par la musique du groupe Air où stagnent les personnages au phénomène de société décrit par Jeffrey Eugenides dans le roman.
Si l'auteur nous donne les clefs nécessaires pour interpréter le film, le mystère qui entoure le suicide des soeurs Lisbon demeure intact. Et c'est ce qui fait toute la beauté de ce film !
« En définitive, qu'importe l'âge qu'elles avaient, qu'importe même qu'elles aient été des filles, seul compte le fait que nous les avons aimées et qu'elles n'ont pas entendu nos appels, qu'elles ne les entendent toujours pas, là où elles se sont retirées, pour être seules à jamais, là où les pièces manquantes manqueront à jamais. »
Merci à Babelio et aux éditions Vendémiaire pour cette belle découverte, une fine analyse qui complète à merveille l'oeuvre originale !
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Citations et extraits (6) Voir plus Ajouter une citation
Garçons et recluses entreprennent une correspondance musicale, de part et d’autre de la rue, par téléphone interposé. Après un montage alterné instaurant un dialogue entre les deux maisons, le plan finit par se fendre en deux à la faveur d’un "split screen", dévoilant simultanément diffuseurs et auditeurs, réunissant illusoirement fascinantes et fascinés. Le procédé a ici la particularité de partager l’image par l’horizontale : dès lors, la projection des jeunes filles à l’écoute de la musique, dans la moitié supérieure du cadre, semble venir tout droit de l’imagination fertile des garçons.
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Le monde de Virgin Suicides semble sous cloche, claquemuré, incapable de s’ouvrir. L’emprisonnement final commence par un plan sur des doigts plongés dans un bocal contenant des coraux multicolores en plastique, comprimant la nature dans un récipient et sans sa réplique, à l’image des jeunes filles coincées entre quatre murs et prises entre les quatre yeux de leurs observateurs. […] Un tel enfermement ne laisse pas la place aux intrusions exogènes, mais se consume de l’intérieur, cocotte-minute en instance d’implosion.
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"En les observant sans relâche, on finirait peut-être par les comprendre" : il s’agit de traquer les signes avant-coureurs de la dépression, les pupilles dilatées et un désintérêt général pour la vie. La photo de classe fige les regards, traqués par une caméra fouineuse, pour déceler quelque chose – en vain. Le portrait des jeunes filles qui émaille les journaux télévisés, ou qui encadre les visages tout au long de l’escalier de la demeure familiale, n’apporte rien de plus que des sourires muets.
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Lux oscille entre l’innocence de la vierge et l’expérience blasée de la future suicidée.
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Le merveilleux ne tient pas la route face à l’ordinaire. Le film ne peut s’empêcher d’abaisser ce qu’il élève, de souiller ce qu’il protège, mêlant l’or et la boue.
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