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EAN : 9782070450404
128 pages
Gallimard (14/02/2013)
3.45/5   33 notes
Résumé :

Dans ce récit à la première personne, Gérard Manset trace le portrait émouvant de son ami, auteur compositeur, Alain Bashung. Les deux hommes se rencontrent pour la première fois dans les années 1980. Bashung nourrit une profonde admiration pour Manset, notamment depuis La Mort d’Orion. Mais les deux artistes n’auront pas l’opportunité de travailler tout de suite ensemble. Autour d’eux gravitent ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (6) Voir plus Ajouter une critique
Gérard Manset, artiste, compositeur et interprète, est connu pour la qualité des textes qu'il a écrit pour toute une génération de chanteurs français, parmi lesquels Julien Clerc, Raphaël, Axelle Red, Axel Bauer. Dernier succès, il signe un titre dans la BO du dernier film de Leo Carax, Holy Motors.

Mais ce sont ses textes pour Alain Bashung qui marque un certain tournant dans sa carrière. le titre « Il voyage en solitaire » paraîtra sur les albums des deux artistes. de cette complicité entre les deux hommes, plusieurs partages de titres, « Comme un lego » figure également sur le « Bleu Pétrole » de Bashung sorti en 2008, et sur « Manitoba de répond plus » de Manset, qui signe désormais ses albums et textes de son seul nom de famille.

Auteur singulier, Manset fuit la foule et le public, et se consacre beaucoup aux textes des autres. Cet Autre, avec un grand A, sera pour lui la figure énigmatique d'Alain Bashung, auquel il consacre ce livre, « Visage d'un dieu inca », en hommage à ce personnage hors normes, ni Dieu ni vraiment « catholique », un dieu au visage acéré, issu d'une polythéisme pas nécessairement bienveillant mais toujours ensorcelant et puissant.

Qui était l'homme au visage de dieu inca ?

Manset narre ses rencontres avec Alain Bashung en différentes occasions, parfois à des années d'intervalles, parfois dans une intimité partagée, ou rencontre noyées dans la distance de la foule. Celui qui aimait déguster des fruits de mers au Wepler de Place de Clichy, qui épousa la chanteuse Chloé Mons, qui vivait dans une impasse privée mais à Barbès, était, comme le dieux incas, un être de paradoxes et d'extrêmes.

Avec la finesse de son écriture, Manset raconte Bashung, leur relation d'homme à homme, de compositeur à artiste : « Qui était le manipulateur ? (…) Nous étudier ou nous tester ainsi, était-ce indispensable ? Indispensable contenait « penser » et « sable », insaisissable contenait « saisir » et « sable », et il était ainsi, le sablier ou bénitier d'une plage abandonnée, d'une vaste crique ou conque…C'était cela son secret, placidité des lents glissements à la géologie parfaite, des mouvements tectoniques quasi imperceptibles, des fissures telluriques…tout cela dans un verre d'eau ».

Ce livre se lit comme une ultime chanson à un ami parti trop tôt, à l'artiste d'une époque dont la page de gloire commence déjà à se tourner lentement, partagé qu'est l'auteur entre l'émotion de la reconnaissance (de la connaissance parfois) d'une jeune génération envers Alain Bashung à sa mort, et l'habituelle exploitation médiatique suit inévitablement un tel événement dans le monde artistique.

L'album « Bleu Pétrole » reste une oeuvre partagé à plus d'un titre, conclue par le dernier titre, présent sur les albums des deux hommes, « Il voyage en solitaire » :

Il voyage en solitaire

Et nul ne l'oblige à se taire

Il sait ce qu'il a à faire

Il chante la terre

Il reste le seul volontaire

Et puisqu'il n'a plus rien à faire

Plus fort qu'une armée entière

Il chante la terre

Mais il est seul

Un jour

L'amour

L'a quitté, s'en est allé

Faire un tour

D'l'autr' côté

D'une ville où y avait pas de places pour se garer.

Et voilà le miracle en somme

C'est lorsque sa chanson est bonne

Car c'est pour la joie qu'elle lui donne

Qu'il chante la terre

Manset achève son livre sur son voyage à lui aussi, en solitaire, à la mort de son ami, refusant comme souvent des propositions de scènes ou de télévisions sur le thème de Bashung, en direction de nouveaux textes grâce auxquels, à défaut même de les chanter, trouver enfin ce que nous cherchons tous à notre manière, une place où se garer.
Lien : http://madamedub.com/WordPre..
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Il y a des oeuvres qui vous embarquent, d'autres qui vous ramènent. le dernier film de Podalydès, Comme un avion, m'a embarqué à bord d'un kayak pour ensuite me ramener vers Bashung puisque le film contient plusieurs extraits (joués avec un Ukulélé) de Vénus. D'ailleurs Comme un avion est presque un hommage à ce dernier, comme l'avait été l'album The Something Rain des Tindersticks d'ailleurs ; hommage encore avec ce livre de Gérard Manset au très beau titre : Visage d'un dieu inca. L'écrivain-chanteur y parle de sa relation distante avec Bashung, qui va l'amener à prendre part à l'album Bleu Pétrole dans la composition de quatre titres : Il voyage en solitaire, Comme un lego, Je tuerais la pianiste et Vénus. Manset raconte son amitié, son estime, immense, pour Bashung, leur travail, tout ça dans un langage soigné et tout à lui, parfois presque cocasse, utilisant la phrase longue et sinueuse, bancale même, pour mieux vous perdre. C'est un livre magnifique pour qui sait y entrer, et dont on n'a plus envie de ressortir, relisant certains passages à l'infini, en prenant juste le temps de retourner le vinyle de Bashung qui est, bien sûr, l'accompagnement rêvé de cette lecture non moins rêveuse...
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L'écriture n'est pas des plus accessibles mais ce court récit mérite bien un petit effort . Manset raconte sa relation de travail et d'amitié avec Bashung et livre un témoignage fort et original. Indispensable aux fans de ces deux incontournables de la chanson .
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Mes dix mots inspirés par cette lecture :
- Poésie
- Distanciation
- Sagesse
- Grandeur (d'âme)
- Attention (aux autres)
- Admiration
- Finesse
- Humilité
- Retrait
- Lego
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Grâce à une écriture parfois volontairement obscure, oscillant entre classicisme et poésie, Manset réussit à capter une vibration particulière de vie, et de création. Son monde est peuplé de personnages connus, tournant dans cet univers, l'enrichissant de moments de vie, de rencontres, et d'histoires. Certes, c'est un peu décousu, et on a parfois du mal à suivre le fil. Mais qu'importe, le moment est beau, émouvant, respectueux, et pour reprendre la citation De Maupassant qui introduit l'ouvrage On dirait qu'on subit une possession étrange, intime, confuse, troublante et exquise parce qu'elle est mystérieuse.

Un hommage d'autant plus beau qu'il n'a rien d'académique, mais qu'il vient du coeur. Un moment de grâce.

Lire la critique complète sur mon site : http://chroniques.annev-blog.fr/2011/07/chronique-livre-visage-dun-dieu-inca/
Lien : http://chroniques.annev-blog..
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Citations et extraits (3) Ajouter une citation
Mais reprenons : entrer dans cette écoute, donc par les coups d'archet de quelque synthétiseur apparu là, dans l'ordre, pour le relief d'une musicalité nouvelle. Il n'était pas à l'aise, Alain, ce n'était pas son terril, ce paysage trop évasif, trop évasé et trop finement ciselé. Puis cela s'est dégagé... C'est in vivo que j'ai pu saisir l'activité d'un tel volcan : Vénus. Je les ai vues et eues d'un coup, prises en pleine face, ces pommes et pêches d'or et de diamant roulant au fond d'un val qui pouvait être devenu pour un instant celui de Rimbaud. Brûlure d'une sensation qui signifiait la profondeur et la proximité. N'était-ce l'amour ? dont le visage ami se transformait en un visage unique qui flamboyait : l'elfe prenait position, ses quartiers dominants... que chacun avait connus dans leur liquide fœtal, endormi en fœtus, rêvant de ne plus jamais revenir à la réalité ni voir le jour sans la tenir par la main, cette fée symbolisée par ses fruits légendaires, sans l'avoir avec soi, cette sœur des séminaux liquides..."
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A l'écouter me ciseler ses aphorismes impressionnants et parfois hasardeux, revenait ce fantasme : le peindre. Et pourquoi pas chez lui, ou un sujet sur lui... j'avais le cadreur, le budget, il suffisait que j'indique le jour et l'heure, que je passe... mais trop pudique, trop prude.

De même quand je me trouvais bien des années avant à la frontière de Poi Pet, dans les camps de réfugiés, lors de "Royaume de Siam", et des travées de terre ocre où ça crachait, ça déféquait, mourait.
J'avais le boitier et le braquais sur rien, hésitant, fasciné. Je voyais "l'oeuvre de Dieu" dans la douleur d'enfants dont un grand nombre ne passeraient pas la nuit.

Maintenant je sais : je n'ai jamais su photographier que le beau.
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Pourquoi ne me réponds-tu jamais ?
Sous ce manguier de plus de dix mille pages
A te balancer dans cette cage
A voir le monde de si haut
Comme un insecte, mais sur le dos...
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