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Jean-Jacques Pauvert (Traducteur)
EAN : 9782258068926
1369 pages
Omnibus (01/08/2005)
4.42/5   12 notes
Résumé :

" C'était un fou qui ne respectait rien, qui avait des idées impossibles, qui s'attaquait, par fanfaronnade certainement, aux choses les plus sacrées, la société, l'armée, la famille, l'amour... " Ainsi parle Darien d'un personnage qui lui ressemblait comme un frère. On trouvera ici l'essentiel de l'œuvre de Georges Darien (1862-1921) , dont André Breton dit qu'elle " est le plus rigoureux assaut que je sache con... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
Darien me semble faire partie des plus grands écrivains français et pourtant Darien reste tristement méconnu. Son opposition farouche au "système", à l'establishment, fut constante et non feinte. Il n'était pas du genre à se "convertir" sur le tard. "Le voleur" est un livre admirable, "L'Épaulette" est très bon et le reste de son oeuvre est presque toujours intéressant et plein d'enseignements.
Bon d'accord, Darien fut une fort mauvaise tête, guère enclin à la conciliation et à l'apaisement mais voilà le genre de caractère, bien trempé, qui manque fâcheusement en ces temps où le renoncement semble être devenu le seul horizon commun.
Mauvaises têtes, coléreux, insoumis, insatisfaits, rebelles obstinés, lisez Darien car vous y trouverez un frère d'esprit qui à plus d'un siècle de distance saura vous parler.
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Citations et extraits (4) Ajouter une citation
Je suis un Sans-patrie. Je n'ai pas de patrie. je voudrais bien en avoir une, mais je n'en ai pas. On me l'a volée, ma patrie !

À tous ceux qui ne possèdent point, à tous les pauvres, à tous ceux qui ne sont ni les laquais des riches ni les bouffons à leur service, on a volé leur patrie. À tous ceux qui sont obligés de travailler pour des salaires dérisoires qui leur permettent à peine de réparer leur forces ; à tous ceux qui ne trouvent même pas, en retour de la sueur de sang qu'ils offrent, le morceau de pain qu'ils demandent ; à tous ceux que leur cerveau plein désigne à la haine et dont le large front est brisé par l'indigence comme par un casque de torture ; à tous ceux qui errent le long des rues ou des routes en quête d'une pitance et d'un gîte ; à toux ceux qui renoncent à gagner leur vie et se décident à l'empoigner ; à tous ceux qui crèvent dans le fossé du chemin, dans leur taudis, sur le grabat de l'hôpital ou dans la cellule de la prison ; à toux ceux que tue la misère physique et morale, ou qui se donnent la mort pour lui échapper - on a volé leur patrie.

À toutes celles dont l'immense labeur sans salaire permet à l'abjecte Société de continuer sa route imbécile ; à toutes celles dont les flancs féconds fournissent aux éternels Molochs la chair humaine qu'ils réclament sans trêve ; à toutes celles dont les flancs stériles sont voués aux luxures assoupissantes et dont les baisers mettent le baume du vice sur les plaies vives de l'universelle détresse ; à toutes celles dont l'intelligence, la bonté, la délicatesse et la grandeur d'âme sont étouffées ainsi que des plantes mauvaises ; à toutes celles qui sont victimes, esclaves, damnées - on a volé leur patrie.

Aux tout petits, dont l'âme à peine ouverte est flétrie par les émanations pestilentielles du marécage social ; aux enfants dont l'esprit a conçu des rêves que la liberté aurait fait naître grandioses, et que font avorter les griffes de la misère - on a volé leur patrie.

Aux armées de pauvres, aux hordes de misérables, et même aux bandes de brigands - on a volé leur patrie.

Je crie : Au voleur !

De tous les hommes auxquels on fait croire que le patriotisme est un sentiment abstrait, indéfinissable, qu'il ne faut point tenter d'expliquer, mais pour lequel il est utile et glorieux de souffrir et de mourir - on a chouriné l'esprit afin de les empêcher de voir ce que c'est que la patrie.

De toutes les femmes auxquelles on persuade qu'elles doivent, par patriotisme, mener une existence de dévouement morne et stérile, de noire abnégation, qu'elles doivent sacrifier sans espoir de récompense leur vie, leurs affections, leurs rêves, et les fruits de leurs entrailles - on a étranglé l'âme et arraché le cœur afin de les empêcher de voir ce que c'est que la patrie.

De tous les enfants dont on farcit le cerveau d'abominables et ridicules légendes et des infâmes leçons du catéchisme religioso-civique - on a étouffé l'intelligence afin de les empêcher de voir ce que c'est que la patrie.

De tous ceux qui travaillent, qui peinent, qui souffrent, et qui n'ont rien - on a tué l'énergie afin de les empêcher de voir ce que c'est que la patrie.

Je crie : À l'assassin !
Je crie révolte, et je crie vengeance. Je crie : En voilà assez !

(La Belle France)
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dans LA BELLE FRANCE
Mon intention n'est point de discuter ici les gentilshommes que la majorité du peuple français a pris pour guides. Quelques-uns affirment que ce sont des coquins ; et il y a du pour. D'autres assurent que ce sont d'honnêtes gens ; et il y a du contre.
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dans LA BELLE FRANCE
La presse s'adresse, à part quelques rares exceptions, à un peuple d'esclaves, d'esclaves volontaires, fiers d'une liberté imaginaire, et inconscients de leur réelle servitude ; l'instruction telle qu'elle est comprise et pratiquée en France, produit, manufacture ce peuple d'esclaves.
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Le grand point, c'est qu'il n'y ait plus d’illettrés en France ; que tous les citoyens puissent lire le texte des lois qui les garrottent ; compter les chaînons de leur chaîne ; écrire, sur les bulletins de vote, qu'ils désirent que la séance continue.
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