Ce tome contient le dernier épisode de la série : le numéro 193, parus en 2019, d'environ 70 pages de BD. Il est écrit par
Robert Kirkman, dessiné par
Charlie Adlard, encré par
Stefano Gaudiano, avec des nuances de gris appliquées par
Cliff Rathburn. L'éditeur Delcourt a choisi de le publier à part et d'y adjoindre le texte de la postface de 8 pages de
Robert Kirkman, puis celle de 2 pages de
Charlie Adlard. S'y trouve également les 5 pages de comics qui constituait la proposition soumise à l'éditeur Image Comics, et une interview de 16 de
Robert Kirkman menée par le responsable éditorial
Eric Stephenson à l'occasion des 10 ans de la série. À la lecture, le principe d'avoir séparé ce dernier épisode des précédents et de créer ainsi un tome supplémentaire fait sens du point de vue émotionnel. le lecteur a pu faire son deuil et il est curieux de savoir ce qui s'est passé après.
Que sont-ils devenus ? Plusieurs années dans le futur, le lecteur retrouve les personnages ayant vieilli, et la reconstruction de la civilisation ayant progressé.
Kirkman & Adlard montrent que les zombies sont devenus une espèce en voie de disparition avec un sens de l'ironie très taquin, et que les plus jeunes enfants n'ont jamais connu un monde avec les zombies. La qualité narrative et intacte, mais le prétexte (un individu a tué un zombie, propriété privée exhibée dans une roulotte ambulante) semble bancal, et les retrouvailles avec les personnages ayant survécu sont étrangement superficielles et peu satisfaisantes. Il se dégage un nouveau thème : celui du passé appartenant à
L Histoire, et déformé entre mythologie (la tentation de déifier Rick Grimes) et conte pour effrayer les enfants, la réalité de l'horreur des zombies et de leur dangerosité s'amenuisant avec le temps qui passe. Il faut un peu de temps pour voir se dégager le véritable enjeu de ce dernier épisode. Au fil des rencontres, le même thème revient évoqué sous des angles différents : les risques mettant en danger la pérennité de la civilisation. Comme à son habitude,
Robert Kirkman préfère mettre en scène plutôt que de se lancer dans un exposé magistral. le risque évident est celui de l'oubli : l'effondrement très rapide de la civilisation. D'ailleurs, le lecteur se dit que finalement les auteurs ne seront pas revenus sur l'origine de l'épidémie zombie. Quoi que… Au fil des rencontres, il s'agit bel et bien de mettre en scène des comportements, des convictions qui minent, qui mettent en péril ce qui permet à chaque société de fonctionner, le petit grain de sable qui vient rompre l'équilibre instable permettant la vie en communauté, qui amène les individus à adopter des automatismes comportementaux induisant des habitudes dénuées d'esprit critique, un mode de vie où il suit le troupeau en mettant son esprit critique en veille…comme un zombie.
En refermant ce dernier tome, le lecteur se rend compte qu'il a versé une larme, peut-être pour le défunt, peut-être pour une relation interpersonnelle (Carl devant trouver comment vivre dans l'ombre des faits accomplis par son père, hauts faits devenus autant d'événements historiques), peut-être pour la prise de conscience de la fragilité de la société et de la civilisation. Il quitte à regret Rick Grimes et tous les autres, tout en respectant le choix de
Robert Kirkman. Il salue des auteurs qui se montrés d'une régularité remarquable et d'une intégrité exemplaire, et d'une grande ambition, racontant un récit de genre en utilisant ses conventions au premier degré sans condescendance, tout en développant des thèmes compliqués avec conviction et intelligence.