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EAN : 9782330118372
272 pages
Actes Sud (06/03/2019)
3.9/5   26 notes
Résumé :

Dans les années 1970, un étranger arrive dans un bourg du sud du Mississippi. Son automobile en panne, il s'installe en ces lieux quelque temps.

Discret, blanc de peau, apparemment catholique et pratiquant, il trouve une chambre et un boulot pour tenter de rassembler la somme nécessaire à l'achat d'une nouvelle auto.

Mais ceci n'est que parade car dans ce bled isolé, où règne l'hostilité, ce jeune homme sait que se trouvent ce... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (12) Voir plus Ajouter une critique
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Lionel Salaün a beau être français, il nous offre un véritable roman américain qui a pour cadre le Sud profond du Mississippi.
La loi sur les droits civils est passée et les années écoulées depuis ont la vertu d'éloigner le Mississippi de ses fantômes mais il suffit de pas grand chose pour raviver la haine raciale dans ce coin baigné de chaleur moite où les Noirs vivotent toujours «dans une excroissance misérable de la ville à laquelle conduisait, vers l'Est, une méchante route de terre battue finissant en cul-de-sac dans le bayou».
Ray Harper venu de Detroit est loin de se douter qu'en venant ici éclaircir le mystère autour de ses origines il va réveiller de vieilles rancoeurs...Nous non plus d'ailleurs, même si le suspense naît moins de la chute que de l'attente qui la précède.
On progresse dans l'histoire lentement avec une narration douce, quelque chose de calme qui semble mener vers une vérité floue. Rien de hâtif dans le rythme avec cette atmosphère qui exprime toute la rusticité d'un environnement hostile et d'une population méfiante à l'égard des étrangers, surtout lorsqu'ils viennent de la ville ou du Nord. Les pages hantées par de vieux démons, on retrouve l'ancienne frontière sécessionniste comme si le temps était immuable et les choses intangibles.
Mais rien n'est figé car Lionel Salaün ne néglige rien. Si Whitesand baigne dans un sentiment de torpeur, entre pesanteur inquiétante et sécheresse électrique afin de laisser l'histoire monter doucement en tension et en apprécier la matière sombre, le récit met avant tout les hommes de valeur à l'épreuve. A la manière des romans américains, on retrouve la volonté de célébrer l'amitié, la bravoure et la loyauté. Un peu comme dans les films qui ont fait la gloire de John Darabont. C'est peut-être pour cela que j'ai davantage eu le sentiment d'avoir affaire à des acteurs qu'à des personnages de roman. Une sensation de déjà-vu mais avec un dénouement un peu trop théâtral à mon goût. Comme un film américain en somme.
Le seul élément réellement perturbant est l'écriture : bien qu'elle soit racée et élégante, sa densité la rend parfois sinueuse. Les phrases sont longues, très longues même, il faut s'y habituer,adopter une vitesse de lecture accélérée pour en apprécier la substance. Pas évident quand on est une amoureuse de la lecture lente.

Whitesand reprend parfaitement les codes de la littérature du Sud et l'auteur français a un réel talent pour nous plonger dans une atmosphère, fixer et révéler l'instant, saisir les brusque variations de tension. Bref, Lionel Salaün a un grand sens de la narration avec un regard cinématographique. Mais un style assaini m'aurait évité de finir certains passages essoufflée.
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«  Avec son chemin de terre rouge menacé par les broussailles, ses ornières gorgées de flotte couleur brique et cet air triste de bout du monde, Whitesand ressemblait vraiment comme deux gouttes d’eau à l’idée qu’il se faisait du Sud profond .... »




«  C'était ça , Whitesand , un amoncèlement de carcasses pétrifiées, voitures sans âge , herses édentées , antiques batteuses, rouleaux à semis, poutrelles, gouttières froissées , treillages déchirés , chaos de métal rouillé .....entrelacé de lianes épineuses .....

Deux extraits significatifs de ce roman où la deuxième citation comporte encore huit phrases .....

Il faut reprendre son souffle eu égard à quelques phrases alambiquées et très très longues .....La venue de Ray Harper , trente ans , blanc de peau , discret, débarquant à Huntsville, au début des années 7o , au volant d’une vieille Mustang, hors d’âge, un vrai tas de ferraille, cabossé de partout, intrigue et exalte la curiosité des habitants du Sud du Mississipi .

Venu pour éclaircir le mystère de ses origines, Ray ne se doute pas qu'il est sur le point de réveiller d' anciennes rancoeurs ...

L'environnement est hostile, la population méfiante à l'égard des étrangers .
Ce fragment du monde d’hier surprend le jeune homme venu de Cincinnati , ce Sud étouffant, humide, ravagé par des cyclones ...

Calme et résolu , il ne répond pas aux provocations , trouve un boulot et une chambre ,l'empathie de quelques personnes et la possibilité de rencontrer une famille dont le passé résonne douloureusement avec le sien ....la tragique histoire de ses origines...Je n'en dirai pas plus.

On retrouve l'ambiance de ces années - là , pétrie de préjugés raciaux, une vraie frontière sécessionniste comme si le temps n'avait pas eu de prise au sein de ce monde perdu.

Ray se retrouve plongé dans un océan de méfiance, lourdeur et torpeur étouffantes, ennui , renoncements, rancoeurs, jalousies ,haine, souffrance , injustice mais aussi parfois de la bonté ...

Mieux vaut être blanc à cette époque dans une Amérique stigmatisée par un passé d'injustice raciale et sociale ...Le prologue du roman le montre ....
C'est un drame du Sud profond où l'on retrouve aussi la loyauté , l'amitié et la bravoure ....
La lecture est lente ( une grande partie de la nuit ) .
Elle ressemble à un scénario de film américain de trois heures dans les tons gris et noirs ....les descriptions peuvent lasser....

L'auteur vit à Chambéry , passionné de cinéma américain.
Il n'a traversé l'Atlantique que par la voie de ses livres ...

J'ai l'impression d'avoir lu beaucoup d'ouvrages de cette veine , c'est ma restriction .
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Ray débarque à Huntsville au volant d'une vieille Mustang à bout de souffle.
Que vient-il faire dans cette petite ville ?
Du suspense, de l'imprévu, de l'action.....
Une ambiance typique du Mississippi.
Un reflet significatif des tensions encore persistantes entre blancs et noirs.
Un roman bien rythmé et bien écrit.
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Quelle histoire ! Difficile sans prendre le risque de spoiler, de donner des détails complémentaires à la quatrième de couverture, cependant, on comprend vite que Ray cherche des informations, des personnes, cherche à comprendre une partie de sa vie.
Quelle plume ! Les phrases sont longues, le vocabulaire est précis, le mot est juste. Cette écriture demande de la concentration, mais procure un vrai plaisir. Ce livre se découvre lentement. J'ai pris mon temps, relu certaines phrases à plusieurs reprises afin d'être sûre de ne rien louper.
Quel livre ! le thème est rude (le racisme absolu), la lecture n'est pas si aisée que ça, mais l'effort se justifie : le plaisir est grand et grandit au fil des pages et de la découverte des personnages...
Un très bon livre.
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Un bon roman ambiance seventies dans le Sud des États-Unis. Celui où il fait bon vivre surtout quand on est blanc et pas un étranger. C'est ce que va apprendre Ray forcé de s'arrêter dans un bled où sa dégaine de hippie risque de déranger et de reveille quelques fantômes.
Mais Ray est-il vraiment ici par hasard? That's the question... nan je déconne. Bien sûr, il n'est pas là par hasard mais le pourquoi du comment, c'est ça la real question! Et clairement Lionel Salün y repond bien. Avec quelques phrases alambiquées qui nous perdent parfois, il finit par nous remettre sur la voie de super roman américain made in France.
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critiques presse (2)
LeMonde
07 juin 2019
Avec ce drame du Sud profond dans les années 1970, le romancier français Lionel Salaün signe un saisissant roman américain à la langue inventive.
Lire la critique sur le site : LeMonde
LeMonde
07 juin 2019
Lionel Salaün joue avec maestria de ses longues phrases. Il ne manque pas de souffle pour décrire cette terre et les orages qui la traversent.
Lire la critique sur le site : LeMonde
Citations et extraits (6) Voir plus Ajouter une citation
Prologue
C’était comme ça. Tant qu’il y aurait de l’eau dans la Chickasawhay et des orages comme celui de la veille pour la faire découcher et se vautrer dans les bayous, la même désolation succéderait à leurs noces sauvages. Comme d’habitude, la belle, ivre du ciel, avait vomi des tonnes de vase dans les champs de maïs avant de retrouver son lit et l’autre, avec sa violence coutumière, s’était plu à balancer à terre tout ce qu’il avait pu arracher aux arbres. Une saloperie sans nom. Partout, cette même croûte, uniforme et noire, durcie par le soleil vite revenu, qui, en fine couche, nourrirait le sol et les jeunes pousses de maïs, mais dont l’épaisseur, ailleurs, les étoufferait. Sans même parler de la digue, un bourrelet de terre élevé en bordure du champ, éventrée sur une vingtaine de mètres et de la cunette d’écoulement des eaux, goinfrée jusqu’à la gueule de boue séchée. Tout ça à recreuser, relever, gratter, casser, évacuer, remettre en état avant les prochaines pluies avec, pour toutes armes, une houe et une pelle et sous un soleil sans pitié. Des heures et des heures de lutte acharnée, de sueur, de douleur, les reins cassés, les cuisses, les bras, les épaules déchirés par un effort permanent, les mains, les doigts crispés sur le manche de bois mille fois, dix mille fois hissé et abattu.
De quoi pleurer. Ce qui ne servirait qu’à rendre la tâche plus difficile.
Horace Benton le savait. Pleurer ne servait à rien. Il le savait, lui qui avait tant pleuré et qui ne pleurait plus.
Il n’y avait qu’une chose à faire, bêcher, casser cette croûte de merde noire en faisant gaffe de ne pas endommager les jeunes pousses de maïs, et la balancer dans le bayou qui la redégueulerait dès que cette garce de rivière serait de nouveau en chaleur. Des heures et des heures d’affilée, sans doute toute la journée. C’était comme ça. Son père avant lui l’avait fait, le père de son père, et son grand-père encore avant lui, l’avaient fait et Horace, tout en le faisant, espérait bien, sans y croire vraiment, que son fils, lui, n’aurait pas à le faire.
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«  C’était comme ça .Tant qu’il y aurait de l’eau dans la Chickasawhay et des orages comme celui de la veille pour la faire découcher et se vautrer dans les bayous, la même désolation succéderait à leurs noces sauvages.
Comme d’habitude, la belle, ivre du ciel, avait vomi des tonnes de vase dans les champs de maïs avant de retrouver son lit et l’autre, avec sa violence coutumière , s’était plu à balancer à terre tout ce qu’il avait pu arracher aux arbres ——-—.Une saloperie sans nom————.
« ———-Tout ça à recreuser , relever, gratter, casser, évacuer, remettre en état avant les prochaines pluies.——- »
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"Il est des choses que vous ne pouvez comprendre, Monsieur Webster ! Des choses que vous autres, hommes du Nord, tout auréolés de vos fausses illusions de démocratie et d'égalité, ne serez jamais en mesure de saisir dans leur simple vérité pour la bonne raison que vous n'en savez rien ! Vous et vos semblables croyez connaître les nègres pour les avoir croisés le temps d'une guerre, laissant à d'autres, à nous, monsieur Webster, le sinistre et douloureux fardeau de leur "liberté" !"
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Elle faisait un drôle de bruit, cette bagnole. C’est sûr, pas un bruit ordinaire. Un peu comme un de ces vieux moulins à café que l’on coince entre les genoux pour concasser les grains à l’aide d’une manivelle. Ça ressemblait à ça, à un bruit de café broyé par un moulin géant. Alors, bien sûr, les gens qui se trouvaient là, surpris dans leur conversation, leurs menues occupations, leur quotidien plan-plan par la survenue de ce ramdam infernal, avaient mis tout ça entre parenthèses pour guetter l’apparition imminente de l’engin de malheur qui en était la cause.
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Tapi sous le écharpes de fumée grise montée des arrière-cours et stagnant, par l'absence du moindre souffle de vent, à hauteur des porches où les silhouettes des hommes en salopette, lentement balancées sur d'antiques chaises à bascule ou assises, jambes ballantes, se détachaient, fantomatiques, sur les façades de planches peintes et repeintes et toujours écaillées, Powell, le quartier noir, s'alanguissait dans la douce moiteur de ce jour finissant.
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Videos de Lionel Salaün (7) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Lionel Salaün
Paru en mars 2020, ET MATHILDE DANSE fait partie des livres confinés sitôt livrés en librairies. Eva Chanet, éditrice chez Actes Sud, et Lionel Salaün, reviennent sur ce polar littéraire.
Plus d'informations sur le livre : https://www.actes-sud.fr/catalogue/romans-policiers/et-mathilde-danse
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