Yakuza : La mafia japonaise

Ce bouquin rassemble vingt années de recherches menées par deux journalistes, du temps où la profession donnait dans le travail d'investigation plutôt que le micro-trottoir et la collecte de tweets. Un volume de 600 pages écrit tout petit, y a de la matière.

Commence par oublier l'image romantique des yakuzas. Personne n'est trop d'accord sur leur origine qui se perd dans les brumes du shogunat Tokugawa (1603-1867). Ils seraient issus du monde des colporteurs, des joueurs professionnels, des samouraïs en rupture de ban, quelque part entre Kenshin, Robin des Bois et Doc Holliday. Figure classique du hors-la-loi, libre, honorable, chevaleresque. Très romantique… et bidon en 2017 où le yakuza se situe très loin du sympathique malandrin qui défend les opprimés entre deux rapines sur de vilains riches.
Kaplan et Dubro n'étant pas historiens, ils passent assez vite sur l'émergence et les premiers développements du crime organisé. La période 1867-1945, qui correspond à la modernisation à marche forcée du Japon pour rattraper les puissances européennes et les Etats-Unis, est expédiée vitesse grand V. Dommage puisque de fait K&B posent mal les bases de leur sujet et passent à côté d'un bouleversement fondamental de la société japonaise.
Les auteurs rectifient le tir sur la suite, maîtrisant beaucoup mieux la période 1970-1990 qui occupe à elle seule les deux tiers du bouquin.
Aujourd'hui, il faut prendre Yakuza comme un ouvrage “historique”. La première édition date de 1987, la version augmentée de 2001. Il est exhaustif sur les vingt années qui précèdent la première sortie, assez complet jusqu'en 1994, plus superficiel jusqu'en 2000. Donc si tu cherches un ouvrage de référence sur la période 1945-1990, tu peux l'acheter les yeux fermés (mais pense à les ouvrir pour le lire, c'est plus pratique). Mais si tu veux du yakuza made in XXIe siècle, passe ton chemin. le bandit moderne a beaucoup évolué depuis 25 ans (lois anticriminalité de 1992, 1993 et 2010, opinion de moins en moins favorable des “civils”, développement des trafics de drogue et d'êtres humains, abandon du “code d'honneur”…).

En tout cas, pour la tranche chronologique concernée, ce bouquin est une bible. Organisation, effectifs, activités, recrutement, traditions, rapports avec la population, principaux clans, grandes figures de la pègre, affaires retentissantes, expansion internationale… Il ne manque rien. Un travail documentaire aussi énorme que sérieux, précis, détaillé, étayé.
Yakuza fait partie de ces ouvrages-clés pour comprendre la société japonaise, avec des titres comme le chrysanthème et le sabre (Ruth Benedict) ou La mort volontaire au Japon (Maurice Pinguet). On croise les yakuzas partout, tant dans les activités légales qu'illégales : immobilier, finance, politique, sports… jusque dans l'humanitaire (tremblement de terre de Kobe en 1995) ou les festivals (Sanja matsuri de Tokyo par exemple). Autant dire un sujet incontournable quand on s'intéresse à la civilisation nippone.
Entre le samouraï, le yakuza, le ninja ou encore la geisha, le Japon est abonné aux visions fantaisistes. Cet excellent bouquin te permettra de régler le cas du premier, qui tient plus de la brute et du truand que du bon.
Lien : https://unkapart.fr/yakuza-k..

(lu dans l'édition de 1990, sans les ajouts ultérieurs)

Présentée un peu partout comme l'ouvrage de référence sur les yakuzas, en dépit de son aspect un peu daté, cette jolie brique de 446 pages s'avère dense, très dense. Origines des yakuzas, leurs liens avec l'extrême-droite, implication dans la politique et l'économie du pays, expansion à l'étranger... tout, absolument tout est couvert. Pour peu que l'on ne recherche pas précisément d'informations sur l'état actuel des choses, on y trouvera tout ce que l'on cherchait à savoir et même plus.

Y compris ce qui n'était pas forcément nécessaire et n'a qu'un rapport très lointain avec la choucroute... Passé une première partie d'introduction plutôt emballante, qui traite des ancêtres des yakuzas modernes, il faut en effet se farcir plus d'une centaine de pages ultra rébarbatives détaillant l'occupation américaine du Japon et la politique, en particulier le développement de l'extrême-droite. Ça a le mérite de planter le contexte social, mais pendant ce temps-là, on s'éloigne vraiment beaucoup du sujet... et on s'ennuie ferme.

Heureusement, la suite revient à l'essentiel, abordant le fonctionnement de la corruption sur le plan culturel, le fonctionnement et l'histoire des différentes organisations, leurs activités, y compris à l'international, et enfin leur évolution. Pour peu que l'on parvienne à ne pas s'endormir dans la partie mentionnée plus haut, le reste se lit très bien, sans lourdeur, les transitions entre les sujets étant amenées de façon fluide. Il faut dire que le livre est construit de façon très logique : on commence avec le passé, puis on traite l'interne, l'extérieur, avant d'évoquer l'avenir.

Malgré son grand âge, la véracité des informations données, qui parlent toujours d'une époque ou date précises, demeure donc inchangée. Il faut juste le voir comme un ouvrage historique et non d'actualité. Certes, il faudra trouver une autre source pour l'évolution des yakuzas sur les trente dernières années. Mais pour avant ? Les livres sur le sujet n'étant pas si nombreux, « Yakuza : La mafia japonaise » mérite bel et bien son titre d'incontournable.

Le meilleur ouvrage en langue française sur la mafia japonaise. Les deux auteurs, d'authentiques journalistes d'investigation, ont mené au Japon une enquête rigoureuse. Leur livre se hisse au niveau d'un ouvrage d'historien : analyse des origines profondes des clans mafieux dans la structure de la société médiévale, étude de la période-clé pour l'instauration du pouvoir des yakuza : l'occupation américaine après la défaite de 45, présentation des grands clans, de leurs activités...
Un livre remarquable, même si l'enquête qu'il développe est aujourd'hui ancienne d'une trentaine d'années.

Amoureux de la culture japonaise et du cinéma de Kitano je ne pouvais passer à côté de cette enquête sérieuse et documentée sur les mythiques Yakusa. Et justement ,il s'agit de montrer l'autre face du mythe : son histoire d'abord et surtout une analyse très poussée sur ses avatars modernes: infiltration de la politique et de l'économie ,expansion internationale. Très instructif.

Un livre très documenté, et qui retrace l'histoire de la Mafia japonais à partir d'un constat réalisé par un juge américain de Hawai sur l'emprise de cette organisation sur cette île. le sujet est vaste, il englobe l'histoire du Japon et les bouleversements qu'il a vécu dès la fin du 19eS, sa culture, et ses relations avec les pays d'Asie ou d'Occident. On y apprend également les pincipes moraux qui animent les yakuza, et les différentes couches qui se cachent sous ce terme (entre les parieurs, racketteurs, trafiquants...). Ce livres'arrête à la fin des années '80, en évoquant les changements historiques qui vont marquer considérablement cette organisation, avec la mondialisation, mais aussi la disparition progressive de ce qui la différencie des autres mafias, à savoir ses règles si particulières, et sa recherche de profits rapides, peu en rapport avec " l'éthique" qui a prévalu jusqu'alors.
En conclusion, un livre facile à lire, bien construit, très documenté, où le narrateur cache ses propres opinions pour mieux laisser construire les nôtres.