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EAN : 9782021318494
240 pages
Seuil (18/08/2016)
3.9/5   303 notes
Résumé :

En 1966, un G.I. américain s'évapore lors d'une patrouille dans la zone démilitarisée, entre les deux Corées. Il est considéré comme missing .

A la fin des années 1970, sur les côtes de la mer du Japon, hommes et femmes, de tous âges et de tous milieux, se volatilisent. Parmi eux, une collégienne qui rentrait seule de l'école, un archéologue qui s'apprêtait à poster sa thèse, une future infirmière qui voulait s'acheter une glace.

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Critiques, Analyses et Avis (84) Voir plus Ajouter une critique
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À la fin des années 70, dans une ville côtière japonaise, une jeune adolescente est kidnappée alors qu'elle sort de son cours de Badminton. D'autres Japonais, plutôt des jeunes gens, vont connaitre le même sort. Quelques années plus tard, en 1987, un avion de la Korean Airline explose en plein vol, la police de la Corée du Sud arrête une Japonaise qui se révèle être une Coréenne du Nord.

Évaporés, éclipsés, des gens disparaissent, sans que jamais, pendant trente ans, on ne sache ce qu'ils sont devenus. Un jour pourtant, à l'occasion d'un rapprochement, pour des raisons stratégiques, de la Corée communiste avec le Japon, le voile est levé en partie sur ses mystérieuses disparitions.

Dans ce roman, Eric Faye, merveilleux conteur et remarquable enquêteur, nous fait découvrir l'histoire incroyable, mais pourtant bien réelle, qui relie les enlèvements au crash de l'avion coréen. Il montre les agissements d'un Etat voyou, mais surtout il montre comment, après des décennies loin de son pays, on devient un autre homme, un apatride dans son pays d'origine, quand ce que l'on a toujours désiré, revenir chez soi, se produit - et c'est tout à fait passionnant.
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JAMES BOND : ENFONCÉ...

Au commencement était le folie des hommes, de quelques hommes. Et ce chaos engendra une succession ininterrompue d'autres chaos, des plus gigantesques aux plus insignifiants, du moins, tant que les regards ne se portent pas vers eux ou encore du point de vue de ces monstres froids que sont les Etats.
L'un de ces grand chaos débuta dans les années 50. Cela s'appellera "La Guerre de Corée" devant le tribunal de l'histoire. Depuis ce temps-là, trois générations d'autocrates brutaux et déments se succèdent au nord du 38ème parallèle, créant du même coup la première dynastie communiste familiale, celle des fameux Kim, semant la terreur autant à l'intérieur de leur pays que parmi les voisins plus ou moins proches, ayant pour détestation première les immédiats voisins Japonais ainsi que les plus lointains américains.
Tout le monde le sait depuis les premiers James Bond - accessoirement en ayant parcouru des documents traitant de l'espionnage et du contre-espionnage, lesquels faisaient florès durant les grandes années de guerre froide -, en matière de coups bas, de tripatouille, d'assassinat abjects, d'entourloupes délirantes, de création d'officines douteuses ou de projets fous, difficile de décider qui était le maître. Cependant, en découvrant ce très sidérant ouvrage d'Éric Faye, énigmatiquement intitulé Éclipses japonaises, nous sommes enclins à penser que ces fameux Kim de Corée du Nord remportent décidément la palme des entreprises les plus démentiellement fumeuses !

Ainsi, de la fin des années 70 jusqu'au milieu des années 80, des agents envoyés en missions d'infiltration par le pays du matin calme sur les côtes japonaises en revinrent, épisodiquement, avec des autochtones parfaitement inconnus, modestes, indifféremment d'un sexe ou de l'autre (voire les deux d'un seul coup de filet) mais présentant cependant tous une caractéristique commune : leur relative jeunesse, tournant, à une exception près, autour de la vingtaine d'années. C'est ainsi une petite vingtaine d'humbles nippons - possiblement plus même si le gouvernement japonais n'en a jamais reconnu officiellement que dix-sept tandis que le régime de Pyongyang n'en avouera que treize - qui furent "éclipsés", retranchés, «cachés par les Dieux» ajoute plus hermétiquement l'auteur. Quant au but même de ces enlèvements chroniques, leur seul énoncé ferait presque rire si cela n'avait pas détruit la vie de ces malheureux qui n'avaient rien demandé que de vivre leur vie sans inquiéter personne : donner des cours de "japonité" à la crème des crèmes de l'espionnage nord-coréen ! Permettre ainsi que ces derniers, une fois passé les douanes, les contrôles aériens, les interrogatoires de police, pensent (au moins en surface), agissent, parlent, se coulent dans la société nippone comme s'ils en avaient toujours fait partie. Des vies contre des cours...

C'est le parcours brisé de ces gens simples, très différents les uns des autres tant par leurs origines sociales que par leurs trajectoires intimes dans lequel l'auteur de Nagasaki nous permet de nous plonger sans relâche mais avec une infinie retenue, délicatesse, bienveillance. Usant d'un style sans fioriture excessive ni effets de manche superflus, sans pour autant tomber un seul instant dans le genre journalistique ni démonstratif, Éric Faye nous fait entrer avec un sens inouï du détail qui compte, de la psychologie humaine, dans ces drames polyphoniques et invraisemblables - n'affirme-t-on pas régulièrement que la réalité dépasse la fiction ? -, le terme de «sidération» revenant à plusieurs reprises sous sa plume pourtant très sûre. Pour autant, si les faits sur lesquels s'appuient l'auteur sont absolument véridique, c'est bel et bien à une fiction, et de quelle efficacité !, que nous avons ici affaire. En cela, il confirme les propos d'un fameux écrivain britannique de romans noirs, Tim Willocks, qui expliquait ceci à propos de la distinction entre fiction biographique et récit de non-fiction : «S'il existe, dans son histoire [l'auteur évoque un personnage inspiré d'un individu réel], la moindre poésie ou vérité, je crois qu'il est plus probable de la voir émerger de la fiction que de faits réels. C'est cela la grâce de la fiction - cette capacité à nous offrir la vérité au lieu de simples affirmations.» En quelques mots bien pesés, l'auteur de Bad city blues saisit-là non seulement une vérité mais exprime sans le savoir ce que l'on ressent précisément à la lecture d'Éclipses japonaises. Avec intelligence et une sensibilité - une empathie - incroyable à l'égard de ses personnages, monstres de papier autant que portraits de "vrais" gens, l'auteur nous guide à travers ce réseau inextricable de petits et grand événements, d'accidents sur le fil de l'existence, de destins croisés et décroisés, de détails infimes se transformant, effet papillon oblige, en véritables bouleversements.
Sans jamais s'appesantir inutilement par le biais d'un pathos facile, trop évident avec un tel sujet, sans en rajouter sur des thématiques essentielles - rien qu'à les effleurer, il en donne la substance essentielle - , Éric Faye nous parle de ce qu'est le destin et de tous ces impossibles qui finissent pourtant par advenir : telle cette japonaise se retrouvant mariée et mère de deux enfants avec un ancien déserteur américain de quinze ans son aîné, au beau milieu de ce pays totalement paranoïaque... Tout cela parce qu'au lieu de prendre le chemin le plus court pour rentrer chez elle, juste avant son enlèvement, elle voulu faire un détour par le glacier ! Il évoque aussi l'enfermement, dans cette prison qu'était cette Corée pour ces dizaines de malheureux qui s'y retrouvèrent de force (des européens en étaient aussi), auquel s'ajoute un enfermement plus ou moins volontaire, plus ou moins obligé dans les prisons intérieures de l'esprit, comme une succession carcérale de poupées russes à l'intérieur de cette prison ayant l'échelle d'un pays. Il aborde l'acharnement, l'acharnement à survivre - on songe avant tout à cette jeune fille de treize, probable "erreur de casting", les kidnappeurs visant des adolescents plus âgés, qui va survivre malgré toutes les souffrances vécues par elle, eut égard à sa jeunesse, à son inexpérience, à sa perte brutale de tout repère, à sa totale incompréhension face à l'événement, trop énorme -, l'acharnement à vouloir découvrir la vérité sur ces quelques disparitions étranges et irrésolues (ce journaliste en fin de carrière, au départ de la médiatisation de ces drames), l'acharnement à faire revenir ses gens chez eux...

On referme ce livre avec cet espèce de mauvais goût au fond de la bouche, celui de qui sait désormais ce qui n'aurait jamais dû être connu, sans l'entêtement de quelques-uns, et qui fait de vous le témoin involontaire de ces moments sombres de l'humanité face à elle-même ; on referme l'ouvrage avec un noeud à la gorge de ne savoir avec certitude ce qu'il est advenu vraiment de cette jeune japonaise de treize ans - qui en a plus de cinquante aujourd'hui, si les autorités nord-coréennes ont menti, ainsi que plusieurs de ses proches n'ont cessé de le penser -. Mais pour sa mère, aujourd'hui décédée, la représentation de sa fille restera à jamais celle d'une adolescente de treize ans, même avec la certitude qu'elle a vécu bien au-delà. «Cachée par les Dieux» : c'est ainsi qu'elle et ses compagnons d'infortune ont vécu sans le regard, l'amour, l'amitié, ou tout autre sentiment bon ou moins bon de leur entourage. Des années de vies oblitérées, annihilées plus ou moins, insensées : Éric Faye nous les fait toucher du doigt avec talent, avec profondeur, avec humanité.
Avec poésie et vérité.
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Enlevés sur les côtes japonaises, kidnappés pour servir la cause d'un pays paranoïaque, rééduqués intellectuellement… Pour certains, la parenthèse désenchantée se traduit en décennies d'embrigadement.

Je referme ce livre assez perturbée, sidérée du contexte géopolitique qu' Eric Faye transpose en un roman en forme d'enquête d'investigation, attachant, addictif et fort documenté.
Je ne connaissais pas le sort de ces évaporés, ces "éclipses", enjeux dans une guerre d'espionnage entre la Corée du Nord et le reste du monde. J'ai lu avec des pauses internet pour parfaire le sujet. C'est une plongée dans un univers complètement ubuesque, où l'individu est transformé en objet à des fins politiques ou stratégiques.

En creux du "fait-divers" épouvantable, se glisse une réflexion sur la capacité de résilience des individus, leur faculté troublante d'adaptation quand les années passent et que la vie personnelle reprend ses droits (mariage, enfants, travail), et le décalage énorme du retour dans une société maternelle devenue à son tour étrangère.

Des évaporés, déracinés au départ comme à la fin d'une vie en no man's land.

Incroyable lecture...
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A la fin des années 70, la Corée du Nord a kidnappé sur les côtes japonaises des hommes et des femmes étrangers, parfois très jeunes, de tous milieux,( un archéologue, une collégienne, une future infirmière) pour en faire des acteurs de films de propagande ou pour enseigner leurs coutumes et leur langue à de futurs espions de Pyongyang.
Ces japonais kidnappés vont former des agents secrets nord- coréens à devenir totalement japonais afin qu'ils puissent infiltrer au mieux ce pays!!

On qualifie de "Cachés par les dieux" en japonais ces disparus qui ne laissent aucune trace, pas un seul indice, qui mettent en échec les enquêteurs .
Un fait historique que j'ignorais , dont l'auteur , avec talent et fougue, dans un style neutre, justement "faussement banal "et détaché nous rend compte: les enlèvements puis le quotidien âpre de ces gens perdant leur identité, tentant de retrouver en eux la capacité de vivre!
Des existences qui ont basculé pour de longues années , au service d'un régime totalitaire, impénétrable, paranoïaque! fou! inique !

C'est un roman historique à la version romancée extraordinaire, une enquête et une investigation fascinantes, parfaitement documentées, au suspense minutieusement agencé!

Il a valeur de document passionnant , glaçant et implacable sur la dictature la plus hermétique de la planète !
C'est un choix littéraire intelligent, précieux.
Il nous livre une réflexion intense sur la capacité de résilience et d'adaptation incroyables de ces hommes et de ces femmes "volatilisés ".

La vérité douloureuse de ces personnages infiniment émouvants pour leur manière de résister tout en s'adaptant au pire , transformés qu'ils sont , malgré eux, en fait , en"objet,"à des fins politiciennes .
L'auteur a la capacité impressionnante de saisir l'imaginaire et la vie secrète de ces "éclipsés ".
Lu d'une traite , dans le cadre du prix historique Jean d'Heurs spécifique à mon département .
Au terme de cette lecture poignante , on a envie de crier :Vive la Démocratie !



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J'avais beaucoup aimé " Nagasaki", j'étais curieuse de découvrir cet autre livre qu'une amie m'a prêté.

Glaçants, ces enlèvements de jeunes filles japonaises, emmenées en Corée du Nord.Terrifiant parcours, vies brisées, reconditionnées, identités niées ... Et quand on sait qu'Eric Faye s'appuie sur des faits réels, on ne peut qu'être révolté et plein de compassion envers ces êtres fantômes.

La construction du livre est brillante et se présente comme un puzzle dont on assemble les pièces peu à peu. Les différents personnages apparaissent les uns après les autres et vont nous dévoiler les subtils aspects de cette histoire, où espionnage, dictature, fuite en avant, perte vont créer un réseau de sens , de vérité implacable, accablante en ce qui concerne le régime de Corée du Nord, pourtant déjà tristement célébre.

Édifiant et angoissant. " Parfois je regarde les photos noir et blanc, peu nettes, de tous ces enlèvements. Ce roman est dédié à toutes ces personnes".
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critiques presse (4)
Actualitte
15 février 2017
L’écriture à la fois distanciée et malgré tout empathique traduit un regard stupéfait et hypnotique sur des événements qui nous dépassent.
Lire la critique sur le site : Actualitte
LeFigaro
31 octobre 2016
Dans son dernier roman, Éric Faye traite une histoire étrange de Japonais enlevés par la Corée du Nord à la fin des années 1970.
Lire la critique sur le site : LeFigaro
Telerama
16 septembre 2016
Déstabilisant, donnant parfois l'impression de mettre au cachot des épisodes qu'on s'attendait à voir développés, le récit apparaît peu à peu comme un choix littéraire aussi audacieux qu'intelligent.
Lire la critique sur le site : Telerama
LeJournaldeQuebec
29 août 2016
Combinant avec brio ­fiction et réalité, Éric Faye lève le voile sur ces pages particulièrement sombres de l’Histoire d’Asie orientale en donnant la parole à tous ces mystérieux «volatilisés».
Lire la critique sur le site : LeJournaldeQuebec
Citations et extraits (51) Voir plus Ajouter une citation
Mon abécédaire pour ce roman plaisant. Pour ceux qui aiment le Japon.

A comme A : Archéologue, la profession d’une des personnes enlevées.

B comme Bayadère : Un nouveau mot en ce qui me concerne.

C comme Cinéma : Le cinéma joue un rôle clé dans ce livre et dans les vies de plusieurs personnes enlevées.

D comme Dogû : Statuette en terre cuite.

E comme Espion: Au Japon plusieurs personnes disparaissent. Les raisons de leur disparition ne seront pas élucidées avant de nombreuses années.

G comme Glace : Pour avoir voulu manger une glace, une jeune femme sera enlevée et sa mère sera probablement assassinée.

H comme Ho-Nam : l’un des protagonistes.

I comme Ithaque : Clin d’œil à Ulysse… et ce qu’il a pu ressentir quand il est rentré après des années d’absence.

J comme Jômon : Période Japonaise qui est la période suivie par l’archéologue.

K comme Kidnapping : Pour former ses espions, la Corée du Nord fait enlever plusieurs personnes.

L comme Lavage de cerveau : Ce lavage de cerveau est à la fois celui réalisé lors de la formation des espions mais également lorsque les personnes enlevées arrivent en Corée du Nord.

M comme Mao : ET oui il est question de Mao, et même de ses oreilles… ou plutôt de ses oreilles.

N comme Nord : Un livre qui se passe en Corée du Nord.

O comme Oreilles : Un des spécialistes de l’espionnage est chargé de vérifier qu’une personne est vraiment celle qu’elle est au travers des oreilles.

P comme Propagande : Comme il est question de lavage de cerveau, il faut bien de la propagande.

Q comme Quête : Une des mères des enlevés va tout faire pour retrouver sa fille. C’est elle, qui va permettre certaines retrouvailles. En effet au Japon, des gens disparaissent tous les ans volontairement. On les appelle les évaporés. Et c’est ce qui se passe dans ce roman. Pour la police, les recherches ne seront pas toujours menées avec beaucoup de zèle car le parallèle des évaporés est souvent évoqué.

R comme Retour : Quelques-uns des enlevés vont finir par rentrer.

S comme Selkirk : L’un des enlevés est un Américain déserteur. Il souhaitait échapper au Vietnam. Il pensait passer rapidement de la Corée du Nord à l’URSS puis à rentrer au pays. Finalement il restera plus de 30 ans en Corée du Nord.

T comme Thèse : L’archéologue, qui est enlevé, venait de finir sa thèse lorsqu’il a été kidnappé.

U comme Ulaanbaatar : Lieu des retrouvailles de la mère avec sa petite fille.
V comme Virginie : Il sera question du centre névralgique de la CIA : La Virginie.

W comme Wuhan : Et oui dans ce livre écrit bien envi le COVID, il est question de Wuhan.

X comme Xénophobie : En Corée du Nord, les Américains sont détestés.

Y comme Yakuza : Bien entendu, la mafia joue un rôle dans tous les trafics.

Z comme Zainichi : Etranger immigré au Japon (dans ce cas en provenance de Corée).
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Cette fois, c'est une Libanaise qu'ils ont capturée. Voilà encore une femme, attirée en Asie par une promesse de travail de secrétariat bien rémunéré, qui est tombée dans leur piège. Elle et Ileana, prélevées si loin d'ici, arrachées à leur terre, me bouleversent. Un jour, il faudra que je raconte aux enfants tout ce qu'ils ignorent d'elles. De nous. Il faudra que je leur explique qu'une machine insatiable a ponctionné ici et là tout le cheptel humain dont elle a eu besoin. Je leur dirai, aussi, que les chants appris à l'école, dans lesquels il est question de militaires heureux, de peuple qui suit sa bonne étoile malgré les sacrifices, ces chants-là ne sont pas la réalité. C'est une pièce de théâtre, cruelle et tragique. Le monde qui commence au-delà des clôtures de ce pays [la Corée du Nord] n'a rien à voir avec ce que nous vivons.
(p. 118-119)
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Un autre chant, «Akai kutsu» (Les chaussures rouges), la laissa triste durablement.

Une jeune fille aux chaussures rouges
A été emmenée par un étranger.
Elle est montée à bord d'un bateau,
sur un quai de Yokohama,
Emmenée par un étranger.

Allongée sur sa natte, le soir, elle cherchait des réponses à leurs questions, et il lui arrivait d'en perdre le sommeil. Dans quel pays était-elle donc tombée où la formation militaire s'appuyait sur l'enseignement de berceuses ? L'idée qu'elle avait été capturée pour ça l'accablait. S'ils sont fous à ce point, je ne suis pas près de recouvrer la liberté. Puis elle se reprenait. Tout ça doit avoir un sens que je ne saisis pas. Personne autour de moi, n'a un comportement d'aliéné.
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Ce ne sera pas pour cette nuit, songea-t-elle. Dommage. Quand on dort, on doit ne se rendre compte de rien. On passe la frontière en douce et on se retrouve de l'autre côté, loin de son corps et des tourments.
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Et, petit à petit, les doutes se sont insinués en moi. Ils ont fini par s'infiltrer et par ruisseler en profondeur. On ne s'aperçoit de rien sur le moment. Tout se passe si loin, en soi ; on ne soupçonne pas qu'un glissement de terrain se prépare. Je me suis mis à lire ce qu'on écrivait contre la Corée rouge. Je m'autorisais la prose de «l'ennemi». Au-delà de la mer du Japon ne s'étendait plus le paradis terrestre que je m'étais imaginé. Il s'y jouait une pièce de théâtre interprétée par vingt millions de figurants, une tragédie au terme de laquelle celui qui se trompait de réplique était supprimé dans les coulisses.
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Crédit de la vidéo : « Rencontres cinématographiques de Cerbère-Collioure ».
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