AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
EAN : 9782382845172
Editions des Equateurs (29/03/2023)
4.06/5   34 notes
Résumé :
" Les oiseaux, je leur dois beaucoup. Ils m'ont tant appris. Ils sont entrés en moi au cours de mon enfance et ne m'ont plus jamais quitté. A leurs côtés, j'ai développé des trésors de patience, des postures d'affût, d'attention, de quêtes : une quête de savoir, de rapprochement, et d'appropriation. Les oiseaux portent en eux l'éclat et la fragilité précaire du vivant. Ils m'ont révélé la beauté du monde, sa dimension sauvage.
Toutes ces innombrables heures p... >Voir plus
Que lire après Éloge des oiseaux de passageVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (8) Voir plus Ajouter une critique
« Sous certains aspects, nous ressemblons à cet oiseau pressé, qui ne s'arrête jamais : me martinet noir. Il se nourrit, s'accouple et dort même en volant. »
Ainsi Jean-Noël Rieffel décrit-il cette effervescence qui agite la gent humaine, alors que l'ornithologue est son contraire. Armé de patience, il doit savoir prendre son temps pour avoir la chance d'observer un oiseau, qu'il soit commun ou bien rare. Et puis, dans cette observation tranquille, on prend le temps de méditer, de se rapprocher de l'essentiel.

« L'observation attentive des oiseaux est un refuge face à cette frénésie qui acidifie notre quotidien. Plus rien ne semble avoir de permanence. C'est une pratique presque méditative, qui permet de renouer avec ce qui nous fait cruellement défaut. L'ornithologie, comme la poésie, nous rend le temps en offrande. »

L'observation minutieuse des oiseaux est la passion de Jean-Noël Rieffel. Non content de les observer, il les traque aussi dans la peinture, la littérature ou le cinéma. Et c'est incroyable de découvrir combien l'oiseau emplit nos existences.
Les peintres comme Alfred Manessier, Bruegel l'Ancien ou encore Van Gogh lui ont rendu hommage en l'invitant dans leurs toiles.

On découvre aussi des espèces que, pour ma part, je ne connaissais pas ou prou et dont le nom précieux intrigue : le pygargue à queue blanche la chouette de Tengmalm, le tétras-lyre, le tichodrome échelette, le pouillot de pallas ou le rémiz penduline. Certains sont rares et attirent les foules d'ornithologues amateurs et passionnés.
Le gag est « l'arrivée accidentelle d'oiseaux rares », cela est dû aux conditions météos, et permet aux cocheurs d'observer des espèces rares sous nos latitudes, comme cet Harfang des neiges observé sur l'île de Ré.

La poésie est très proche de l'oiseau et l'auteur est sensible à la poésie de Philippe Jaccottet dont l'oeuvre est emplie d'oiseaux comme cet oiseau blanc qui se révèle être une aigrette garzette. Au détour d'un chapitre, il nous parle aussi de Rimbaud avec l'évocation des corbeaux freux : « ô notre funèbre oiseau noir »


Mais, hélas ! la réalité est sombre. Les oiseaux désertent de plus en plus nos campagnes et nos ciels. Rien qu'en Europe, en trente ans, 421 million d'oiseaux manquent à l'appel. Que serait un monde sans oiseaux ? s'interroge notre ornithologue passionné.

Il a été démontré que la perception des chants d'oiseaux renforce notre sentiment de bonheur.
Alors, qu'attendons-nous pour partir en vadrouille dans les bois et les champs, ou même en ville pour écouter les chants d'oiseau, car le bonheur, ou du moins son ressenti, est là, tout près, ne le laissons pas s'enfuir à tire d'aile.
Un livre sans prétention scientifique mais bien documenté qui sait mêler avec harmonie la science ornithologique et l'amour de l'art.
C'est le premier essai de Jean-Noël Rieffel et c'est, pour moi, une jolie découverte.


Commenter  J’apprécie          653
Les oiseaux ont un avantage sur les humains, ils peuvent voler, regarder le monde de haut, et prendre la mesure des enjeux planétaires.

« Symbole de la liberté absolue, l'oiseau se joue de la pesanteur terrestre pour oublier son poids et se perdre dans l'espace aérien. »

Qui n'a pas rêvé d'en faire autant, afin d'échapper au terre à terre, planer un court instant pour oublier les dégâts du sol, et souhaiter atterrir dans un lieu vierge de tous méfaits ?
Faire l'éloge des oiseaux de passage, c'est arrêter le cours de sa vie, se mettre en pause en mode hypnose, et espérer capter, par la vue ou par l'ouïe, la beauté éphémère d'un moment privilégié.

« Nous avons, plus que jamais, le devoir de capturer des fragments de l'éclat de ce monde que nous traversons à la hâte. »

Ils sont de passage, nous ne sommes pas sages, adoptons la zen attitude, massage et décrassage, tel est le message.

« Cette beauté qui resplendit dans la fugacité, il nous faut tenter de la retenir et absolument la préserver tel un trésor pour les générations futures. »

Les pensées d'un ornitho perché, ça me branche. Faire l'éloge des oiseaux, c'est comme chercher les loges des pics, trouver un trou dans le tronc, c'est attendre l'inattendu, ça tombe à pic.

En choisissant ce livre dans la liste de la masse critique non fiction, je sentais que je partais dans un monde connu, mais sans me douter que l'auteur me ferait telle impression.
A chaque phrase, à chaque mot, tel un effet miroir, j'y retrouve toutes les sensations vécues au cours de ces décennies, solitude et exaltation, contemplation et béatitude, instants de profonde harmonie au contact de nos compagnons zélés.
Comme je l'ai déjà écrit, transcrire la nature par l'écriture n'est pas l'apanage de tout naturaliste. On peut être un observateur patenté, mais pas tenté par la transmission. Entre un compte-rendu scientifique et un récit poétique, il peut y avoir autant d'écart qu'entre les lieux d'hivernage et de nidification de la plupart des oiseaux migrateurs.
Non seulement Jean-Noël Rieffel atteint ce compromis entre le fond et la forme, mais il ponctue son propos de références littéraires, voire musicales, qui raniment des souvenirs de lecture et d'écoute et font ressurgir toute une vie cachée dans le feuillage, comme si page après page, les feuilles tombaient une à une pour rafraîchir la mémoire et faire réapparaître les plaisirs d'antan.
Il est perspicace et ça m'agace, il met les mots en verve et ça m'énerve, il a une pensée érudite et ça m'irrite !
Ne serait-ce point un brin de jalousie qui éclôt dans mes propos ? La coquille s'est fendue, le caractère sort de l'oeuf, envieux et contrarié, à cause d'un collègue ornithologue qui m'a devancé et s'est installé sur mon territoire, en avance sur la saison, peut-être dû au réchauffement climatique.
Ce quadragénaire génère de l'exaspération autant que de l'estime, à peine à la moitié de sa vie et déjà autant de découvertes et de considérations, c'est frustrant. Je prends la mouche, celle du coche, ou plutôt de la coche, au vu du nombre d'espèces observées et cochées dans ses notes.
A propos de notes, il est également adepte des oiseaux chanteurs, à la recherche et l'écoute de l'arrivée du rossignol, pas le livre perché sur un casier, bien en évidence mais invendable, mais celui qui file au mail, dans l'espoir de trouver une partenaire, invisible au regard, juste détectable à son chant saccadé et percutant. Un interlude sur la lande, entre d'autres sons artificiels, pétarades ou alertes téléphoniques, qui perturbent l'attention et brouillent les résonances musicales.

« Les oiseaux sont des guides qui nous exhortent à combattre cette crise de la sensibilité, à vivre cette expérience par l'art de l'attention. Ils nous amarrent au vivant ! »

D'aucuns diront qu'ils perturbent le sommeil de l'humain, en s'évertuant actuellement à chantonner dès cinq heures du matin. Horreur de l'aube naissante, non, aurore, pas boréale, mais belle et réelle, inscrite dans le vivant .

« Face aux crises que nous traversons, il est rassurant de voir la nature perpétuer ses cycles, avec la régularité d'un métronome et une incroyable force vitale, en faisant fi de nos maux, de nos blessures. »

Racontant quatre décennies dans la nature, le vétérinaire de formation, devenu directeur d'un Office Français de la Biodiversité régionale, agrémente ses observations de considérations plus philosophiques, en citant de grands noms de la littérature.

Ainsi, Hermann Hesse :
« Si on se contente simplement d'observer le monde en silence et avec attention, il peut nous offrir bien des trésors dont les gens comblés par le succès et par l'existence n'ont pas idée. Savoir observer est un art admirable, un art raffiné, utile et souvent très plaisant. » (L'Art de l'oisiveté)

En écho au confinement du printemps 2020, une pensée de Philippe Jaccottet :
« Je ne voudrais être rien d'autre qu'un homme qui arrose son jardin et qui, attentif à ces travaux simples, laisse pénétrer en lui ce monde qu'il n'habitera pas longtemps. »

Les chapitres de son récit suivent l'ordre chronologique et l'évolution de la société. La distraction, l'observation attentive, le sens de la quête, l'écoute des chants, la recherche de l'espèce singulière, le silence dans les cultures, la course à la coche, l'expérience de l'immersion solitaire en terrain hostile, autant d'activités qui procurent plaisir et délectation, et révèlent notre propension à vouloir toujours tout maîtriser, au risque de disparaître sans avoir goûté à cette beauté accessible.

Ainsi, les jeunes ornithologues actuels, connectés à l'extrême, n'hésitent pas à faire des centaines de kilomètres pour photographier la rareté à travers l'écran, sans prendre le temps de contempler le spectacle de la vie animale au lieu de rencontre. Ils enregistrent également les sons des manifestations sonores des oiseaux au passage nocturne, en écoutant les enregistrements le lendemain, devant leur ordi ou le portable à la main, tout en lisant les notifications essentielles parues dans les minutes précédentes.
La culture de l'instantané, la course à l'immédiateté, au risque de passer complètement à côté de ce qui nous reste encore de sublime, l'instant posé dans la nature, qui suppose lenteur, attente et affût.
Relire les écrits d'André Theuriet et Jacques Delamain, réécouter l'introduction du légendaire Köln Concert de Keith Jarrett, voilà de petits plaisirs à réhabiliter d'urgence, pour ne pas sombrer dans le maelstrom ambiant, fait d'agressivité et de démesure.

« Nos enfants ont besoin de grimper aux arbres, de construire des cabanes de bois, de s'imaginer Baron perché, de jouer les aventuriers façon Huckleberry Finn, de se muer en véritables Sherlock Holmes à la recherche des indices laissés par les animaux. L'école du regard ne s'apprend pas sur les bancs de la communale, mais sous les arbres, dans les champs, en bord de mer. »

J'ai bien aimé la prose de l'auteur, naturaliste de passage et passeur de messages, comme les oiseaux migrateurs que l'on retrouve chaque année pour nous rappeler que nous ne sommes qu'une goutte dans l'océan, qu'un grain de poussière sur cette terre, qu'une particule de vie éphémère, espèce qui a plus qu'intérêt à se préoccuper de ses congénères, ailés ou pas, afin de ne pas sombrer corps et âme dans une auto-destruction irrémédiable.

J'ai trouvé un alter ego, je vous propose de lire son livre, récit d'une aventure ordinaire racontée avec une plume chatoyante et acérée, à laquelle il manque juste une pointe d'humour et de dérision.

Merci à Babelio et aux éditions des équateurs pour l'envoi de ce petit bijou.
















Commenter  J’apprécie          196
Tout d'abord je remercie les éditions "Des équateurs" ainsi que Babelio pour l'envoi de ce merveilleux livre lors d'une masse critique.

Dès la lecture du préambule, j'ai eu envie de lire rapidement la suite. La curiosité d'abord mais aussi j'étais quasi certaine d'avoir la même vision que l'auteur.
Quand je sors dans la nature et principalement quand je suis à la recherche d'oiseaux à photographier, je peux être accompagnée mais instinctivement, il n'y a que la nature et moi, tous mes sens sont en alerte : l'ouïe d'abord, la vue ensuite puis le toucher même si c'est avec des chaussures, je marche délicatement, lentement afin de faire le moins de bruit possible, l'odorat n'a rien à voir avec l'ornithologie mais mon nez aussi est en alerte, prêt à respirer le bon air de la nature et ses multiples senteurs.

J'ai aimé me balader au fil des pages presque à la recherche d'oiseaux que je ne connaissais pas, merci google pour les photos, j'ai ressenti l'émotion lorsque l'auteur arrivait à voir l'oiseau de sa quête du jour pour l'avoir ressentie moi même lors de mes quêtes certes moins grandes mais tout aussi jouissives. Je me souviens de la fois où j'ai réussi à prendre en photo un geai, plusieurs fois vu mais trop furtivement, je me souviens de ma joie, j'étais toute légère, je dansais et chantais sur le chemin, le sourire aux lèvres. Je me souviens de la première fois où j'ai vu des oies cendrées, mon émerveillement, mon bonheur de pouvoir les observer, ma tristesse de devoir les quitter trop vite. Des bonheurs comme ceux là sont

Mais j'ai aussi ressenti de la tristesse face à la disparition de nos amis ailés. L'auteur a mis en évidence une réalité qui est difficile à accepter : le silence des oiseaux. L'impression qu'il y a encore beaucoup d'espèces autour de nous et pourtant ... Je me souviens quand j'étais ado et que je prenais le train, la gare était remplie de moineaux où sont-ils aujourd'hui ? disparitoin d'insectes, de leur milieu naturel, c'est tellement joyeux d'entendre le chant des oiseaux

Je termine ce récit avec une profonde tristesse pour ce qui est entrain de se produire, avec la diminution du nombre des insectes, la disparition de leur milieu naturel entrainent la disparition de nos amis ailés.

Malgré tout, je remercie l'auteur pour cette magnifique balade poétique, d'avoir fait de nous des observateurs privilégiés, un livre que bien sur, je vous recommande
Commenter  J’apprécie          40
Un beau cadeau que cet ouvrage ! Merci à la Masse critique. Alors que nous sommes constamment et naïvement invités à écouter les oiseaux, à renouer avec Mère Nature, nous avons ici un livre rafraichissant, engageant et engagé. Cela va bien au delà de ces "injonctions". Tantôt philosophe, tantôt poète, l'auteur nous fait partager sa passion avec délice. C'est aussi un formidable récit de "voyage", de coche, plein d'anecdotes. On y apprend plein de choses.
Un seul bémol, l'emploi de tant de citations ou d'allusions (poésie, roman, ciné...) Elles ne me semblent pas toujours les bienvenues.
Un beau livre sur de nombreux points, couverture comprise.
Commenter  J’apprécie          60
Belle rencontre au plus près des oiseaux et avec un écrivain touchant.

Cécile Peyrucq, ma libraire,m'a conseillé ce livre comme une parenthèse de poésie en compagnie des oiseaux.
L'auteur comme dans un journal de bord, tout au long de sa vie, nous présente les oiseaux qu'il admire dans différents lieux, quelquefois insolites ou sauvages. Ce récit est très fluide et même rafraîchissant.
Une rencontre avec un auteur et ses observations simples mais précises d'oiseaux migrateurs
Commenter  J’apprécie          20

Citations et extraits (6) Voir plus Ajouter une citation
L'omniprésence du chant des oiseaux à la belle saison nous fait presque oublier que cet orchestre singulier perd, chaque printemps, plusieurs de ses solistes. Des oiseaux qui s'éteignent, ce sont comme des proches qui s'en vont. Un deuil ! ... Le jour où le monde sera dépeuplé de ses oiseaux chanteurs, l'humanité aura perdu l'un de ses plus grands trésors.
Commenter  J’apprécie          212
Avant, on disparaissait, on savait se faire oublier, par la force des choses. L'absence donnait de l'épaisseur à nos vies, convoquait le silence. Nous avions du temps : la part des anges, la montée des souvenirs, du poids des rêves, le lent bourgeonnement de nos émotions et de la contemplation.
Commenter  J’apprécie          110
Le mouvement naturel d'un être humain isolé dans la nature, sans aucun repère de civilisation - et d'autant plus la nuit - est de fantasmer à mort, dans un délire né de rien, sinon de rêves vagues, de chimères et de ces mythes, ces légendes multiples qui sous-tendent notre culture.
Commenter  J’apprécie          90
La huppe fasciée porte bien son nom, elle est incontestablement le plus huppé de tous nos oiseaux! Sa huppe érectile, sorte de coiffe de plumes d'un roux ferrugineux, qui tressaille, s'étale et se replie, semble avoir été empruntée aux rois mayas.
Commenter  J’apprécie          100
La sensibilité d'être mû et ému par la nature devient essentielle. L'exceptionnelle crise de la biodiversité que nous traversons, la "sixième extinction de masse" est avant tout "une crise de la sensibilité" selon le philosophe Baptiste Morizot, c'est à dire " une extinction de l'expérience de la nature". Les oiseaux sont des guides qui nous exhortent à combattre cette crise de la sensibilité, à vivre cette expérience par l'art de l'attention. Ils nous amarrent au vivant !
Commenter  J’apprécie          10

Video de Jean-Noël Rieffel (1) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Jean-Noël Rieffel
"Les oiseaux sont des bioindicateurs de la qualité de nos écosystèmes", affirme Jean-Noël Rieffel
autres livres classés : ornithologieVoir plus
Les plus populaires : Littérature française Voir plus

Lecteurs (137) Voir plus



Quiz Voir plus

L'écologiste mystère

Quel mot concerne à la fois le métro, le papier, les arbres et les galères ?

voile
branche
rame
bois

11 questions
251 lecteurs ont répondu
Thèmes : écologie , developpement durable , Consommation durable , protection de la nature , protection animale , protection de l'environnement , pédagogie , mers et océansCréer un quiz sur ce livre

{* *} .._..