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EAN : 9782958383114
339 pages
TheBookEdition.Com (28/06/2022)
4.31/5   27 notes
Résumé :
Pénélope ne décolère pas. Uranus part pour un second tour du monde en solitaire. A peine l’en a-t-il avertie. Elle se sent piétinée, laissée seule avec ses enfants. Comment faire vivre un homme absent dans une famille qu'il néglige ? Comment ne pas l'abandonner à sa solitude ? Pénélope oscille entre des vents contraires. Son beau-frère consensuel, son amie extravertie et sa mère, vestige d'une France évanouie. Soudain, une bouffée d'air frais l’oblige à choisir un d... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (24) Voir plus Ajouter une critique
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Un roman épistolaire dans le milieu de la mer et de la course au large, je n'ai pas hésité.
Pénélope, au prénom prédestiné, attend. Son voileux de mari est reparti pour un second tour du monde à la voile en solitaire, sans mettre pied à terre, la laissant continuer à gérer seule leur famille Quatre enfants, ce n'est pas de tout repos. Et Pénélope ne se contentera pas d'attendre, ainsi que le suggère le sous-titre du roman, au risque de tout perdre.

Cette histoire est racontée sous forme épistolaire. Bien sûr, pas des lettres papier, mais des mails principalement et quelques SMS par ci par là. C'est une forme que j'apprécie en général, mais qui convient mieux je trouve à des romans plus courts. J'ai trouvé ici la forme un peu répétitive sur la longueur. Et autant le procédé est approprié aux échanges entre Uranus, le marin et tous les personnages, Pénélope et sa mère qui vit loin, son amie aux horaires fluctuants, son beau-frère qui travaille j'ai trouvé son utilisation entre mère et enfants quelquefois un peu artificielle.

Cependant, dans un type de narration où il est parfois compliqué d'approfondir, l'auteure a su créer des personnages aux personnalités bien affirmées, avec une mention spéciale pour la mère de Pénélope, qui ne voit pour une femme qu'un rôle possible, femme au foyer, entièrement dévouée à sa famille et à son mari. Mais c'est cependant pour elle en particulier que j'ai ressenti ce phénomène de saturation au fur et à mesure de ma lecture, j'ai trouvé que ses courriers deviennent une peu redondants au cours du livre.
J'ai aussi beaucoup aimé les personnages des enfants, chacun avec son caractère, et là mon préféré a été Tim et son humour ravageur. Il est direct, et ne prend pas de gants. J'ai trouvé sa franchise très rafraichissante.

Les rapports entre ces différents personnages sont bien montrés, même si j'ai eu parfois du mal à adhérer à la façon dont ils se comportaient. Doit-on mentir pour protéger les autres ? Tactique utilisée alternativement par Uranus et Pénélope, et qui dans les deux cas se retournera contre eux.
Et la forme épistolaire permet d'exprimer les ressentis de chacun, nous les rendant plus proches, on peut se mettre dans la peau de chacun d'eux. Ils se montrent aussi avec leurs faiblesses et cela les rend attachants. Aucun des personnages principaux n'est taillé d'une pièce. Même la mère de Pénélope, bigote confite dans sa vision de la femme d'un autre siècle, saura faire l'effort de s'intéresser à chacun des centres d'intérêt des enfants, et s'engage aussi dans le bénévolat pour apprendre le français à de réfugiés.

Beaucoup de thèmes abordés ici : la place de la femme dans la famille, l'équilibre à trouver pour celle-ci entre épanouissement personnel et responsabilités familiales, la reconnaissance de la femme au foyer dans l'époque actuelle, mais aussi la valeur de l'exemple et ce que l'on veut transmettre à ses enfants, l'importance de la rigueur et de la discipline à travers l'expérience de marin d'Uranus
La défection d'Uranus, qui devait rentrer et repart pour plusieurs semaines, sur un parcours risqué, va remettre en cause la routine de la vie de Pénélope et l'amener à se poser des questions. Je ne suis pas sure qu'elle y apporte les bonnes réponses, elle ne le sait pas elle-même, et j'ai trouvé parfois ses comportements surprenants, mais ils dénotent aussi son manque d'expérience dans le mensonge et sa perte de contrôle sur sa vie.

J'ai aimé beaucoup de choses dans ce roman, l'idée de départ, les personnages, la description de la crise vécue par Pénélope et en ricochet toute la famille. J'ai regretté parfois ce que moi, j'ai interprété comme des incohérences dans les comportements de certains, des virages à 180° que je n'ai pas toujours compris, car très rapides. Cela est aussi dû à la nécessité de tout contenir dans la durée de ce tour du monde, Quarante jours ce n'est pas très long pour tous les évènements qui arrivent et certains m'ont paru de ce fait un peu parachutés. Et puis une certaine répétition dans les échanges, dues à cette forme épistolaire, compliquée à maintenir sur la durée. J'ai aussi été surprise par la fin et un peu frustrée.

Mais, cela reste un roman que j'ai lu avec plaisir, rythmé par ce tour du monde. On regrette de ne pas avoir accès aux images envoyées par Uranus, pour savourer la beauté de son périple. Et beaucoup de lecteurs l'ont apprécié plus que moi.
Merci infiniment à l'auteure pour sa confiance.
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Ce qui m'a semblé prégnant dans ce roman épistolaire, jusqu'à constituer sa trame, c'est la peinture, vue de l'intérieur et comme allant de soi, du fonctionnement d'une classe sociale favorisée et de sa reproduction à travers les générations.

Nous sommes dans le milieu social des bourgeois bretons (milieu où, dans la génération des aînés, les enfants vouvoyaient encore leurs parents, et où l'on a subi ou bénéficié (cela dépend de la façon dont on voit les choses) d'une éducation catholique traditionnelle, qui a eu au moins l'avantage de léguer aux descendants le goût de l'effort et du dépassement de ses limites ; où les femmes, c'est vrai, se consacraient exclusivement aux enfants, au mari et aux bonnes oeuvres, sans oublier leurs nombreux voyages et la spiritualité, en vue de dégager un maximum d'efficience à la réussite du groupe.

Une classe sociale qui, bien que manifestement très armée pour la vie et la compétition sociale, dispose d'une "exquise sensibilité" : cultivée, ouverte à tout : l'art, notamment la musique, (classique, opéra, batterie, composition), au cinéma, à la danse, à la littérature, à la navigation, aux techniques, aux sports, à la vie animale ; les enfants sont parfaits : équilibrés, en bonne santé, raisonnables, sensibles, dynamiques, bons élèves, artistes…

Surtout une classe sociale qui ne doute pas de sa légitimité : on se congratule, on prend au sérieux les projets petits ou grands dont la réalisation est suivie dans la bienveillance et les encouragement de tous ; les enfants vivent une vie idéale, choyés, guidés, conseillés, sécurisés. Ils grandissent dans une douce discipline de vie et avec l'appui des leurs : ainsi peut se développer, dans un clan aimant, la confiance en soi.

Le personnage le plus attachant est celui de Pénélope, mère de quatre enfants. Son mari, Uranus, vient de remporter un tour du monde à la voile en solitaire dont il est sorti vainqueur. Sans mettre pied à terre, il décide brutalement d'en effectuer un second, au pied levé, plantant là femme et enfants, ainsi que son frère Ariel, propriétaire du catamaran, ses associés, assureurs etc.

Depuis 25 ans, Pénélope, qui a renoncé à toute carrière personnelle malgré un potentiel non négligeable gère le quotidien, et elle le gère en superwoman : tâches ménagères (la maison «brille comme un sou neuf»), suivi de scolarité, aide aux devoirs et aux multiples activités, sans compter les multiples allers-venues en voiture pour les y mener) : un planning de ministre.
Elle s'occupe aussi de l'approvisionnement, fait la cuisine (elle confectionne aussi les repas de son mari en prévision des départs en compétition !), s'attaque en autodidacte aux gros travaux de maçonnerie avec un résultat parfait, entretient de longues relations épistolaires avec ses amis et sa famille, suit sur ordinateur la progression de son mari sur les océans et les obstacles météos qu'il rencontre, lit un peu et rédige même à l'occasion quelques compte-rendus de bouquins, souvenirs de ses études littéraires.
Ses connaissances musicales et cinématographiques sont époustouflantes. Comme son mari, elle est férue de navigation.
C'est une jolie femme qui doit s'entretenir car elle atteint 45 ans et assure une bonne part des relations publiques de son mari du fait de sa profession de compétiteur sportif.
Et puis, quand elle n'a vraiment plus rien à faire : allez ! hop ! elle va courir une heure (par jour quand même), histoire de décompresser.
Bref c'est une femme avec qui peu de gens peuvent rivaliser et qui donne envie de cacher sa honte sous une couette pour le restant de ses jours.

Comment une telle femme, qui s'est entièrement vouée au siens, va-t-elle surmonter la défection de son mari ? Plus que sa perfection ménagère, les effrois de Pénélope, ses angoisses, son trouble, la rendent attachante et rythment le roman.

Le mari, Uranus : sportif émérite, navigateur solitaire, en voie de détrôner tous les grands noms de la voile, véritable Ulysse, mais sans la ruse (ni probablement l'addiction au sexe chez ce champion de haut niveau dopé à l'adrénaline et autres dopamines).
Personne ne lui demandait son second tour du monde, sans assurance, sans aval de son équipe. S'il ne l'avait pas réalisé, nul ne s'en serait rendu compte. Il l'impose à sa femme, à ses associés qui ne sont pas ravis, c'est un euphémisme : qu'il casse le bateau, c'est la faillite ; qu'il perde la vie, et ses enfants sont orphelins.
Je n'ai aucune sympathie pour ce pourchasseur d'inaccessible étoile, près à sacrifier les siens à sa folie égoïste : on pourrait attendre d'un père de quatre enfants qu'il se comporte en adulte et fasse des choix : or il ne choisit pas entre sa passion et sa famille, laisse Poséidon décider de sa vie, de sa mort et du sort des autres.

Je ne m'étendrai pas trop sur les autres membres de la famille :

- le frère, sympathique et serviable quand tout va bien, mais qui se révèle cassant et psycho-rigide dans l'adversité, sauf envers le grand héros son frère ;

- les enfants charmants, comme il se doit, un petit bémol pour Tim, en pleine turbulence adolescente ;

- la mère de l'héroïne, monstre persiflant et culpabilisant les deux tiers du livre, inféodée à son gendre et aveugle aux souffrances de sa fille ; pourtant, se dévoile à la fin une certaine grandeur d'âme (la cohésion de la famille nécessite, pour être préservée, un peu d'indulgence : elle est la gardienne de la pérennité du clan );

- l'amie patiente de bon conseil ;

- la petite amie modèle du fils aîné, une perle sans défaut sauf une vilaine tendance à cafter : on espère que la vie la rendra plus discrète, car qui exige la perfection des autres doit l'être également ;

- Enfin Pierre, qui lui, est extérieur au groupe familial : trop beau pour être honnête. Prof de fac de lettres, plein de qualités apparentes, mais narcissique : personne ne doit lui résister, sinon ses paroles de miel se changent en fiel et il devient inélégant au possible.

Les personnages livrent leurs états d'âme sans complexe et leurs multiples aventures (ont-ils encore le temps de les vivre après toutes ces heures consacrées à leur correspondance ? On peut se le demander : mais c'est le propre de tous les romans épistolaires).

On note quelques longueurs et répétitions dans l'expression des sentiments : les hésitations des personnages, leurs revirements, leurs volte-faces, leurs angoisses me semblent naturelles, ils n'en sont que plus humains. Mais bien des redites auraient pu être évitées, ainsi que certains SMS, qui n'ajoutent rien à la compréhension de l'ensemble.

Il n'en reste pas moins que pour un premier roman, c'est remarquable. Les aventures de l'âme y côtoient celles du corps, et le scénario est convaincant. Les personnages existent, ont les voit, ils ont de l'épaisseur. A partir de la thématique des sport à haut risque pour laquelle je n'ai aucune appétence (mon goût me porte plutôt à cultiver mon jardin loin des foires et des concours agricoles), l'auteur a su me conquérir. C'est la marque de la polyvalence de son roman et du talent de l'auteure qui a ménagé plusieurs centres d'intérêt.

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Aimez-vous les romans épistolaires ? Quelle est votre dernière lecture de ce genre ?

🫧 C'est un roman épistolaire contemporain qui est touchant et intéressant en ce qui concerne l'histoire en elle-même. J'ai adoré le personnage de Pénélope.

🫧On y retrouve des courriers électroniques et des SMS. Pas de dialogue, pas d'autres sources. C'est original, mais je n'avais pas vu dans le résumé que c'était le cas (c'était indiqué toutefois dans les # ). Les personnes avec qui j'ai pu parler savent que j'ai du mal à m'imprégner d'un texte sous ce format.

🫧 On y retrouve plusieurs personnages qui gravitent autour de Pénélope. Comme Uranus, qui est le mari étant parti faire le tour du monde et qui repart sans crier gare. Nous avons aussi le beau-frère, l'amie extravertie, la mère lobotomisée par les dictats d'autrefois. Mais aussi ses quatre enfants : Jade, Tim...

🫧 Pénélope partage ses émotions et ses proches les leurs au sein de leurs échanges. Elle se sent délaissée, esseulée et incomprise. Uranus paraît être un héros aux yeux de beaucoup de personnes. Mais un héros n'est-il pas censé rentrer plus souvent et montré son attachement à sa famille ?

🫧 Uranus ne raconte pas tout à sa femme, bientôt elle non plus ne le fera plus. Quand son mari devient un fantôme, comment réagir ? Comment continuer à faire face seule aux courses, à l'entretien de la maison, au travail, aux enfants...

🫧 Sans compter que sa mère ne l'aide pas moralement. Elle considère qu'une femme doit savoir gérer seule une maison comme autrefois et qu'elle devrait être aux anges des exploits de son mari pour l'avancer de la navigation.

🫧 Vivre d'une passion au détriment total de l'amour et d'une vie familiale épanouie, est-ce vraiment le choix le plus judicieux à faire ?
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Avec cette quatorzième critique, j'ajoute mon grain de sel et peut-être un petit grain de sable dans les rouages de cette belle aventure maritime et littéraire.

Je ne reviens pas sur l'histoire déjà bien résumée par tous et toutes, une famille de quatre enfants, le père, célèbre navigateur qui repart en mer sans mettre pied à terre après un premier tour du monde en solitaire, l'épouse et mère en colère qui se sent délaissée. Ici, Pénélope qui subit une deuxième fois l'attente de son mari Uranus-Ulysse, ne se contente pas de défaire son ouvrage de couture et de repousser les avances des prétendants en attendant le retour du héros...

Le scénario de départ, le point de vue d'une femme-Pénélope, l'allusion au voyage d'Ulysse, l'idée d'échanges épistolaires, le thème du couple sous tension m'ont donné envie de lire le premier roman de cette auteure rencontrée par hasard lors d'un salon.

Pour être franc et sincère, j'ai personnellement trouvé la lecture longue et parfois fastidieuse. J'émets donc quelques réserves sur le fond et la forme.

Sur la forme, j'ai été perturbé par la suppression de nombreuses négations dans les lettres d'Uranus le mari et de Léa la meilleure amie de Pénélope.
Si cette économie de négations sert à signifier que le marin est pressé, ça ne passe pas au regard des longues lettres qu'il est capable d'écrire par ailleurs.
Quant à la familiarité de Léa, différente du ton franc et direct, cela me gêne aussi.
Le langage parlé, possible avec des dialogues, n'est pas le langage écrit, et comme il s'agit ici de littérature, je pense qu'il faut soigner la fluidité académique, de même qu'au cinéma les personnages parlent souvent bien mieux que dans la vie courante sans que cela dérange. Ma remarque n'a rien à voir avec la capacité d'écriture de l'auteure qui écrit très bien, développe ses idées avec du style et de la pertinence.
Le vouvoiement entre Pénélope et sa mère m'a aussi dérangé.

Sur le fond, à titre personnel je n'ai pas été intéressé par la vie de famille entre Pénélope et les quatre enfants. Cela rend certes le récit vivant, concret, au plus près de la réalité quotidienne d'une famille nombreuse, mais là encore, j'avais souvent l'impression de lire de l'anecdotique. Les échanges épistolaires entre Pénélope et les enfants renforcent cet ancrage dans la réalité quotidienne, sans tri. J'aurais préféré que Pénélope rapporte ce qu'elle vit avec les enfants en synthétisant et en allant à l'essentiel, et qu'on ne découvre le ressenti direct des enfants qu'à travers les mails à leur père.

Dans ma lecture je me suis davantage intéressé aux états d'âme de Pénélope, à sa relation avec le personnage de Pierre, à la crise des couples.

A plusieurs reprises, dans la gestion de ses soucis existentiels, Pénélope m'a foncièrement agacé. Je suis ou trop romantique pour adhérer à un scénario déroulé trop vite, ou trop rationnel avec une exigence de cohérence trop haut placée, en tout cas j'ai trouvé Pénélope excessive dans ses réactions, contradictoire dans ses raisonnements, naïve dans certains choix. J'ai traversé ses états d'âme en dent de scie sans aucune empathie. Pour parler le langage maritime, elle monte au sommet de la vague dans l'euphorie et elle replonge aussitôt dans le creux de doutes abyssaux, de la dépression pour moi de pacotille, de l'exacerbation de sentiments artificiels, ou bien de l'aveuglement face à des évidences. Par exemple, dès le début du roman elle se convainc qu'Uranus la délaisse, alors que selon moi c'est faux, elle tire des plans sur la comète tout de suite, ou inversement imagine le pire.
Exemple p165 : « Je l'imagine sans arrêt désespéré, se jetant à l'eau. Ou alors faisant le mauvais choix parce qu'il ne serait plus concentré. Si Ur meurt, je ne le supporterai pas. Si Ur meurt j'en serai coupable et ma vie sera finie. Je serai coupable devant mes enfants de la mort de leur père. » Tu te rends compte ? Moi une criminelle… »

Le roman se déroule du 4 février au 14 mars, une goutte d'eau pour un couple de 20 ans qui a 4 enfants. En 40 jours il faut voir tout ce qui se passe dans la tête de la pauvre Pénélope. Celle-ci provoque d'ailleurs des situations problématiques qui auraient pu être évitées avec un peu plus de prudence. Certes, ces événements ont le mérite de relancer l'intrigue et de dramatiser le récit. Quelque part j'en veux à Pénélope d'avoir ma géré certaines situations.

Dans ce paysage il y a un homme, Pierre, qui joue un rôle important. Que sait-on de lui finalement ? Pas grand-chose. Son livre préféré est « Belle du Seigneur », une raison de se méfier de lui selon moi. A plusieurs reprises j'ai trouvé les réactions de Pierre, inadaptées, égoïstes, traduisant un manque de finesse dans la compréhension des situations. Pour le rendre attachant il aurait fallu prendre le temps de nous le faire découvrir en profondeur. Inversement j'ai trouvé Uranus le mari digne, intéressant et intelligent.

Malgré ces remarques que j'espère constructives, je ne dissuade pas pour autant de lire ce roman. Au contraire, lisez-le et venez diversifier les points de vue. Ce roman est plein de vie, d'énergie, de fraîcheur, de spontanéité, virevoltant, plein d'idées, il soulève de vraies problématiques de couple, l'auteure écrit très bien, fait preuve de psychologie (au-delà des aspects caricaturaux ici ou là de tel ou tel personnage), a un bon esprit de synthèse. le récit fourmille de citations françaises ou latines, de références musicales, de noms d'auteurs et d'oeuvres qui invitent à faire des recherches. L'ensemble est très dynamique.

J'attends donc avec impatience le deuxième roman de l'auteure. Je l'achèterai avec plaisir et suis curieux de voir quel univers sera proposé cette fois, avec quel style. Donc félicitations à l'auteure qui a osé se lancer dans l'écriture. Félicitations aussi pour le choix de mise en page, sobre, économique, petites marges, police réduite, nécessaire compte tenu de la densité du texte.
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Les romans épistolaires, j'en lis peu. Et pourtant je dois bien l'avouer, après avoir terminé cette lecture : j'aime ça.

Nous allons suivre ici Pénélope, qui étouffe, dans sa vie de femme de grand marin, dans sa vie de maman. Même si elle l'a choisi, cette vie, c'est loin d'être évident avec quatre enfants. Tout au long de ces échanges de mails, nous allons découvrir cette femme, mais aussi son amie Léa, son mari Uranus parti dans un second tour du monde en solitaire. Ainsi que Ariel, beau-frère de Pénélope, sa maman et ses enfants. Peut-être également un autre personnage que je vous laisse découvrir par la suite...

Tout au long de leurs échanges de mails, on apprends à les connaître. C'est une des choses que j'ai le plus aimé dans cet ouvrage : les personnages avec leurs qualités mais aussi leurs défauts. On aime certains aspects, parfois on ne les comprends pas, ce n'est ni tout blanc ni tout noir... Tout est en nuances. Comme la vraie vie.

J'ai été tout de suite emballée par ce récit, même si tout ne m'a pas convaincu à 100%. Je me suis laissée porter par l'histoire, par les longs mails, telle une vague qui me transportait. Même si effectivement, parfois cette vague me semblait bien haute. Oui, il y a quelques longueurs et répétitions, sans doute dû au format épistolaire avec les mails? Quoi qu'il en soit, j'avais toujours très envie de connaître la suite, je souhaitais à tout prix connaître le fin mot de l'histoire. J'aurais tant aimé avoir un épilogue... J'ai eue un petit pincement au coeur à la lecture des dernières phrases, et j'ai été un peu frustrée il est vrai...

Je retiendrais de ce roman, principalement, qu'il faut vivre pour soi. Ne pas vivre à travers les autres, suivre ses désirs, savoir ce que l'on veut réellement, prendre du recul pour réfléchir et se connaître... Voir même se faire passer avant les autres. Ne surtout pas s'oublier. Oui, ce bouquin m'a inspiré il faut croire ! ^^ Il faut dire que je me suis parfois vu en Pénélope même si je ne l'ai pas toujours comprise. Je garderais donc un bon souvenir général de cet ouvrage, même si je regrette les quelques longueurs et répétitions, entre autres. Aussi, il me semble bon d'ajouter qu'il faut avoir l'esprit un peu ouvert pour cette lecture : la maman de Pénélope étant fervente chrétienne, plusieurs de ces mails parlent de religion. Cela ne m'a personnellement pas dérangé, mais il faut le savoir.

Une découverte bien sympathique, sous fond de course en bateau : un gros plus selon moi ! Je suis ravie d'avoir élargi mes maigres connaissances sur le sujet, et de savoir maintenant ce qu'est un ''pot au noir'' chez les marins :). Pour finir avec une citation du roman que j'ai particulièrement appréciée :
« Tu seras seule dans ta tombe, Penn. Personne n'ira pour toi alors vis ta vie à toi. Ne la gâche pas. »
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Citations et extraits (12) Voir plus Ajouter une citation
En fait, comme asile, je ne vois que la mer, le bateau pour me soulager. Quand i'y passe du temps, notre voilier est comme une extension de moi-même. J'adore le barrer, faire des manæuvres, sentir qu'il répond comme je l'entends, qu'on joue ensemble avec le vent. II est rapide, marin, facile à skipper seule. C'est l'oasis que l'on recherchait. Je ne sais pas pourquoi ça ne m'a pas sauté aux yeux. En mer je suis tout à la mer, aux vagues, au temps, au vent. Je m'oublie pour interpréter la nature, m'adapter à ses décisions, m'en servir, lui échapper ou en jouir. En mer je me dépasse, me grandis.
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Une passion, c’est un refuge et ça s’entretient. Si mes expériences peuvent vous inspirer alors je serai heureux. Je vous aurai transmis mon goût de l’effort, quel que soit le domaine que vous choisirez. Continuez de vivre intensément, ne cédez pas à la fatigue, à la fainéantise. La passion vous porte où que vous soyez.
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Il est devenu trop autocentré et pas assez seul pour ça. Et puis coté danger, il sent la mer, c'est le meilleur dans le domaine, il est si fort qu'à mon avis, il prendrait même les bonnes décisions contre son gré. La voile est devenue inhérente à lui. Il fait corps avec son bateau. Une espèce de centaure mi-homme mi-vaisseau. Il finira figure de proue !
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C'est là que j'ai entendu leurs souffles, un jet d'une dizaine de mètres au vent dur bâbord et un autre moitié moins puissant. Une baleine bleue de la taille de Temerair à quinze mètres avec son petit. Pas eu le temps de réfléchir aux dégâts qu'ils pourraient infliger au bateau ni à la blessure que je pourrais leur causer.     
Leur apparition m'a exfiltré de mon malheur. [...] Le temps s'est suspendu. [...] Leur finesse, leur grâce, leur élégance m'ont subjugué, saisi. Une onde de sérénité a traversé mon corps tout entier. Plus rien n'existait que ces deux animaux massifs, majestueux et moi, si fragile à côté d'eux. La noblesse du monde se matérialisait sous mes yeux.       
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Tu sais, je pense qu’en rentrant, je vais profiter des enfants. Ils me manquent, là, tu peux pas l’imaginer. Cette histoire malheureuse a au moins une vertu : je me rends compte du temps que j’ai perdu parfois alors que je me trouvais auprès d’eux.
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