Fascinée par l'
Abbé Pierre, j'ai espéré très fort pouvoir découvrir cette bande-dessinée grâce à la Masse Critique de Babelio et aux Éditions Casterman. Et miracle de Noël, j'ai été sélectionnée pour la recevoir !
C'est un défi inouï que de vouloir représenter en quelques planches et saynètes la vie d'un homme tel que l'
Abbé Pierre.
Abdel de Bruxelles et Vincent Cuveiller l'ont relevé avec leurs armes, l'un avec couleurs et traits, l'autre, avec des mots.
Nous rencontrons Henri Grouès enfant, fils d'un homme d'une bonté sans pareille qui apportait son aide aux plus démunis dans les églises - ce qui a sans aucun doute eu un puissant impact sur sa vocation et ses combats. On le retrouve ensuite sous la robe austère de
Frère Philippe, à 19 ans. On voit esquissé son incroyable rôle au sein de la Résistance - j'ai appris au détour d'une planche qu'il avait aidé le frère du Général de Gaulle à passer la frontière pour rejoindre la Suisse. On admire sa détermination à vouloir récolter de l'argent pour faire fonctionner ce qui n'était alors qu'une « auberge de jeunesse », allant jusqu'à la biffe pour pouvoir nourrir ses occupants affamés.
Puis, l'histoire s'est faite plus évocatrice pour moi avec le récit succinct de la création des premières communautés d'Emmaüs, l'appel de février 1954 à la solidarité (qui devrait être placardé sur tous les murs du monde), le lancement de l'association (qui touche d'ailleurs 1€ pour tout album vendu, magnifique initiative) pour aider les sans-logis. le miroir qu'il a trouvé en
Coluche, créateur des Restos du Coeur. Quel homme merveilleux, cet
Abbé Pierre. J'envie toutes celles et tous ceux qui ont un jour croisé sa route.
Un tel format, appelant nécessairement à l'exhaustivité, permet d'avoir une première approche d'une personnalité, ce qui est une excellente chose. Ce qui est moins intéressant, c'est d'avoir l'impression de survoler une vie qui en a connu mille. Je tournais les pages avec une sensation de « pas assez ». Il m'a manqué un peu plus de détails sur des passages clés de sa vie, et même, parfois, des explications, des mots sur certaines vignettes, pas toujours compréhensibles sans texte. Les deux pages d'explications finales auraient trouvé une meilleure place en ouverture, selon moi.
Les dessins sont touchants dans leur simplicité, doux, presque enfantins. Il n'aurait pas fallu de fioritures pour dépeindre la vie d'un homme ayant épousé un mode de vie aussi sobre. J'ai seulement regretté de voir les femmes et les hommes en détresse dessinés avec la même expression du visage, cela me donnait une impression d'anonymisation.
La préface signée Black M n'apporte pas grand chose. Mais si elle permet à de jeunes lecteurs de s'arrêter sur cette bande-dessinée, tant mieux.
En somme, une entrée en matière sympathique, qui mériterait d'être couplée avec d'autres supports - et pourquoi pas le biopic avec Benjamin Laverne ?