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Critique de Presence


Ce tome fait suite à le prix du salut (épisodes 43 à 49). Il contient les épisodes 50 à 55, parus en 2011. C'est l'avant dernier tome de la série. le scénario est de Jason Aaron, et les illustrations de R.M. Guéra.

Épisode 50 - Jason Aaron revient sur l'histoire des amérindiens à partir de 1876, sur une forme donnée à leur extermination, et sur le parcage en réserve de force. Il donne également une leçon de comment scalper (à déconseiller aux âmes sensibles). Cet épisode est illustré par R.M. Guéra et il contient quelques pages de dessinateurs invités : 1 page dessinée par Timothy Truman (auteur connu pour sa série post-apocalyptique Scout mettant en scène un amérindien, et pour ces bandes dessinées sur leur histoire, par exemple The true story of Simon Girty, the renegade, en VO), 1 par Brendan McCarthy (connu pour son penchant pour le psychédélisme, par exemple Spider-Man : Fever), 1 par Jill Thompson (l'excellent Bêtes de somme), 1 par Jordi Bernett (Torpedo), 1 par Denis Cowan, 1 par Dean Haspiel (Cuba, my revolution), 4 par Igor Kordey, et 1 par Steve Dillon.

Aaron expose une pratique ignoble liée à l'extermination des amérindiens et il intègre dans sa narration les dessins pleine page des artistes invités qui semblent correspondre à des illustrations qui auraient pu se trouver en fin de volume. Timothy Truman illustre à merveille le vent de la révolte d'une jeunesse opprimée. Jill Thompson réalise un magnifique portrait d'Agnes Poor Bear. Brendan McCarthy capture la facette la plus merveilleuse de Catcher.

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Épisodes 51 à 55 - Lincoln Red Crow fait appliquer les décisions qu'il a prises dans le tome précédent, malgré le désaccord de Chunka. Wooster T. Karnow s'en tient à son nouveau code de conduite à ses risques et périls. Baylis Earl Nitz essaye de reprendre contact avec Dashiell Bad Horse. Rath se fait coffrer. Dashiell récupère ses nunchakus. Arthur Pendergrass vit mal sa séparation d'avec Festus. Beaucoup de confrontations violentes et brutales s'en suivent.

Comme à son habitude, R.M. Guéra insuffle une plausibilité maximale à chaque endroit, et une personnalité intense à chaque individu. le lecteur peut ainsi se retrouver transporté dans un laboratoire clandestin synthétisant de la méthamphétamine, dans le quartier général de Rath, avec un de ses sbires à compter les recettes, à préparer les colis de drogue et à recevoir les coursiers, ou dans une cellule de prison. Il peut tout aussi bien sentir la chaleur du soleil couchant sur le bas coté de l'autoroute à la frontière de la réserve Prairie Rose, ou la froideur de la nuit dans les collines avoisinant la réserve. En pleine planque devant une installation illicite, il va craindre ce que cache chaque ombre ; comme dans un lieu confiné, il va redouter ce qui se trouve derrière chaque encoignure. Chaque action se déroule en fonction du lieu dans lequel elle se situe, l'agencement du lieu imprime sa logique et ses contraintes sur les mouvements des personnages, leur évolution dans l'espace. Au milieu de ces espaces à la conception rigoureuse, le lecteur en vient même à ne pas remarquer que par 2 ou 3 fois, Guéra s'économise sur les décors le temps d'une page, ou une page et demie.

Ce tome est également l'occasion de revoir de nombreux personnages déjà croisés lors des précédents, et le lecteur retrouve des visages familiers dont la personnalité saute aux yeux. Il y a l'attitude posée et impressionnante de Lincoln Red Crow. La détermination silencieuse de Dashiell Bad Horse se lit sur ses traits durs et marqués. La rage de Shunka couve à fleur de peau dans son visage crispé, son attitude rigide. L'incroyable morgue et le sentiment d'impunité irradie du visage de Rath, encore un individu à la présence incroyable. Baylis Earl Nitz reste toujours aussi terrifiant dans son mépris pour les autres, l'intensité de sa haine pour Red Crow. Il faut voir son visage contorsionné hurler le nom de Red Crow dans le casino pour recevoir de plein fouet cette émotion dévastatrice.

Arrivé à ce neuvième tome, l'avant dernier de la série, la question se pose de savoir ce que le lecteur attend du récit. Il ne s'agit pas d'une question de pure rhétorique, mais plutôt de prendre conscience que le déroulement du récit lors des tomes précédents a tissé une narration d'une grande richesse, brassant plusieurs thèmes complexes, développant chaque personnage pour en faire des individus aux motivations différenciées et crédibles, aux aspirations particulières, aux défauts très humains. de ce fait le lecteur a acquis le sentiment qu'il ne peut pas y avoir de résolution simple ou définitive de chaque conflit, de chaque difficulté. Ces individus ont une vie propre, et comme pour chacun d'entre eux il n'y a pas de solution magique aux difficultés de la vie. Or Aaron choisit d'orchestrer plusieurs confrontations au travers desquelles le lecteur peut avoir l'impression de le voir tirer les ficelles de ses personnages pour apporter des résolutions bien tranchées. En fonction de l'attente du lecteur il pourra être satisfait par ces issues bien nettes, ou un peu déconcerté par ce qui ressemble à des duels qui tombent à point nommé, de manière trop providentielle. C'est comme si Aaron avait eu le souci de tenir ses promesses en matière de conflit de manière simple et directe. C'est un aspect qui peut surprendre dans la mesure où Aaron continue à faire montre d'une finesse psychologique qui met en lumière de nouvelles facettes des personnages principaux. de même les agissements de Festus s'inscrivent dans le thème de l'animisme et des croyances amérindiennes, mais le résultat verse plus dans la farce que dans le drame.

Aaron et R.M. Guéra font converger la majeure partie de leurs fils narratifs pour apporter des résolutions à plusieurs conflits. L'histoire est très prenante et très intense. La forme du récit est plus directe que dans les tomes précédents, sans rien perdre de la finesse psychologique des personnages, mais en proposant des aboutissements très tranchés. La série se conclut dans le tome 10 (épisodes 56 à 60).
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