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Critique de Presence


Ce tome fait suite à All-New Thor T4 (épisodes 20 à 23, et Generation: The unworthy Thor & The mighty Thor) qu'il faut avoir lu avant. Il comprend les épisodes 700 à 706 et le numéro spécial Mighty Thor: At the gates of Valhalla, initialement publiés en 2017/2018, tous écrits par Jason Aaron. L'épisode 700 a été dessiné par Walter Simonson, Russell Dauterman, Daniel Acuña, James Harren, Becky Cloonan, Das Pastoras, Chris Burnham, Andrew Maclean, Jill Thompson, Mike del Mundo, Olivier Coipel, avec une mise en couleurs réalisée par Matthew Wilson, Dave Stewart, Ive Svorcina. L'épisode 701 a été dessiné et encré par James Harren, avec une mise en couleurs réalisée par Dave Stewart. Les épisodes 702 à 706 ont été dessinés et encrés par Russell Dauterman, avec une mise en couleurs de Matthew Wilson. L'épisode spécial At the gates of Valhalla a été dessiné et encré par Jen Bartle & Ramón Pérez avec une mise en couleurs de Matthew Wilson. Il contient également les couvertures originales de Russell Dauterman, et les couvertures variantes de Stéphanie Hans, Adam Hughes (un portrait en pied de Hela), Chip Zdarsky, Jack Kirby, Mike McKone, John Tyler Christopher, Alex Ross, Jackson Sze, Kris Anka, Esad Ribic, Artgerm, Jee-Hyung Lee, Walter Simonson, Marco Chechetto, Ron Garney.

Odinson contemple le puits des nornes et y voit son reflet plus jeune. À Nornkeep, Odinson a une discussion avec Karnilla, la reine des nornes, qui lui indique que quelqu'un veut éliminer les nornes. Leur conversation est interrompue par l'arrivée d'envahisseurs, des trolls, mais aussi Jotnar, Muspellssynir, Svartalfar. Sur Terre, Thor libère des civils coincés sous des débris. Elle doit se défendre contre She-Hulk en plein saccage. Quelques temps plutôt, Jane Foster était à l'hôpital pour son traitement quand Jennifer Walters avait été amenée entravée sur un brancard. À Asgardia, Volstagg menotté est emmené par trois gardes vers un lieu de détention, sous les yeux de Frandral, Hildegarde et Hoggun. Mais son marteau se plante avec fracas à ses pieds, et Volstagg ne peut pas se retenir de le saisir pour être à nouveau transformé. En 896, le jeune Odinson ne parvient toujours pas à lever Mjolnir de plus de quelques centimètres. Plusieurs éons dans le futur, Ellisiv, Frigg et Atli jouent avec des boucs dans le ciel, alors que le roi Thor s'apprête à raconter une histoire de Thor aux quelques humains devant lui. Il raconte que Galactus avait pris en main l'arme de Gorr, le tueur de dieu et comment il s'était battu contre Ego, la planète vivante. Au temps présent, Loki discute avec son père dans un col enneigé de Jotunheim. Sur Terre, Throg (Simon Walterson) découvre une personne inanimée sur la pelouse de Central Park.

Sur la vieille Asgard, War Thor se retrouve face à face avec Mangog. Ce dernier est toujours animé par une haine inextinguible contre les dieux en général et contre les asgardiens en particulier. le combat s'engage, titanesque. Sur Vanaheim, les forces armées de Roxxon progressent, détruisant tout sur leur passage, avec soldats berserkers en appui. Sur Niffleheim, Karnilla se retrouve face au maître des lieux : Balder. Malheureusement, leur réunion est immédiatement interrompue par l'arrivée des forces de Muspelheim. Sur Jotunheim, la guerre fait rage entre les géants de la tempête et des montagnes contre les géants du gel. Sur Alfheim, les elfes de lumière souffrent de la famine. Sur Nidavellir, les trolls attaquent les nains des forges. Tous les royaumes sont en péril et pendant ce temps-là, Thor a provoqué Hercule à un bras de fer, ayant promis de l'embrasser s'il gagne. Leur duel est interrompu par Odinson atterré par un tel comportement alors que la guerre se généralise et prend de l'ampleur. Odinson et Thor se rendent à Asgardia au chevet de Volstagg. Jane Foster accepte de reprendre son traitement à l'hôpital, mais avant elle a encore 2 mots à dire à Odin.

Le titre de l'ouvrage l'annonce clairement : la mort de Thor. le lecteur habitué aux comics le sait : il n'existe pas de mort permanente dans l'univers partagé Marvel, à de très rares exceptions près. D'un autre côté, il sait aussi que Jane Foster est mal en point et qu'elle ne va pas pouvoir continuer très longtemps comme ça. Il entame donc la lecture de ce tome, dans l'expectative, supputant au pire un retour à la normal, au mieux des épisodes émouvants. Ça commence par un épisode anniversaire faisant participer de nombreux artistes ayant contribué à la légende de Thor à la sauce Marvel, avec un très beau dessin en pleine page de Walter Simonson, de magnifiques pages de Chris Burnham, de Mike del Mundo, d'Olivier Coipel (1 page) et de Russell Dauterman, avec toujours une mise en couleurs impressionnante de Matthew Wilson. Jason Aaron s'amuse bien à inclure des versions de Thor qu'il a lui-même créées comme le Roi Thor ou Ellisiv, Frigg et Atli, sans oublier la version en grenouille créée par Walter Simonson. En lui-même, l'épisode 700 est conçu comme une célébration du personnage, tout en constatant que le scénariste insère ces moments dans le contexte de la montée de la globalisation de la guerre des royaumes.

L'épisode 701 présente lui aussi une unité, dans la mesure où il consacré aux deux tiers au combat entre War Thor et Mangog. le lecteur avait vu revenir ce dernier dans le tome précédent, en comprenant que Jason Aaron se devait de ramener ce personnage dans le contexte d'une guerre totale dans les 10 royaumes et de fin du monde. Il en donne donc pour son argent au lecteur avec un combat acharné, entre les 2 opposants. James Harren est l'artiste de la situation avec des dessins capturant la force primale de ceux de Jack Kirby, sans se contenter d'une pâle imitation. le lecteur voit les forces de la nature se déchaîner quand War Thor en appelle au tonnerre. Il ressent le choc de l'impact quand le poing de Mangog écrase War Thor au sol, la roche se fracassant sous lui. C'est un carnage d'une rare intensité, le dessinateur faisant preuve d'une implication totale dans la mise en scène, et dans les effets d'impact. le lecteur en ressort lessivé.

La bataille continue de faire rage dans les 5 épisodes suivants. Russell Dauterman est de retour aux dessins. le lecteur retrouve avec grand plaisir son trait fin et son attention aux détails, en particulier les débris, et les costumes ouvragés des protagonistes. Il constate également que l'artiste est toujours aussi impressionnant pour donner des expressions de visage très justes, le lecteur ne pouvant pas rester insensible à la douleur qui se lit sur le visage de Jane Foster sur son lit d'hôpital, ni à son regard à la fois apaisé et déterminé. Matthew Wilson accomplit un travail d'orfèvre tout en finesse, complétant les dessins, sans les écraser, donnant l'impression que Russell Dauterman a dessiné beaucoup plus que ce qui se trouve sur la page. le lecteur se retrouve complètement envoûté par chaque page, qu'il s'agisse d'un affrontement, d'une discussion ou d'un moment contemplatif, subjugué par les émotions. Il n'en est que plus désolé que ce soit la fin des épisodes dessinés par Dauterman pour cette série.

À nouveau, Jason Aaron en donne pour son argent au lecteur, et même plus. Alors que ce dernier voit bien vers quelle issue s'achemine l'intrigue, tout en se disant que cet affrontement contre Mangog n'était pas forcément indispensable, car il repousse encore d'autant la guerre des royaumes. Mais au fur et à mesure, il découvre le véritable enjeu du récit, et ce qu'il amène avec lui. Comme dans les tomes précédents, la nouvelle Thor amène une façon d'envisager les affrontements, foncièrement différente de celle du Thor traditionnel (Odinson), alors même que le scénariste en refait un individu au caractère héroïque, et moins borné. Il faut voir Jane Foster se tenir devant Odin, toute frêle, affaiblie par la maladie, et ne pas céder un pouce. le lecteur n'est pas au bout de ses surprises. Jason Aaron ne se sert pas de la maladie de son héroïne comme un artifice narratif bien pratique pour la mettre sur le banc de touche à intervalle régulier. Alors qu'elle se trouve sur un lit d'hôpital dans l'épisode 704, elle évoque sa relation à Dieu, et par la force des choses aux dieux. le lecteur y voit le credo de Jason Aaron, d'une honnêteté remarquable, et complété quelques pages plus loin par la réaction de Jane Foster visitant une autre malade qui lui demande de prier avec elle. Il redéfinit alors le rapport de Jane Foster au panthéon d'Asgard, tout en parlant ouvertement de foi, de son athéisme, mais aussi de tolérance, un moment extraordinaire dans un comics de superhéros.

Le tome se conclut avec le numéro spécial Aux portes du Valhalla, dans lequel Ellisiv, Frigg et Atli viennent rendre visite à Jane Foster. C'est à nouveau l'occasion de voir plusieurs Thor, comme dans l'épisode 700, mais de manière plus rapide. Les dessins de Jen Bartel sont un peu naïfs par rapport aux 7 épisodes précédents. Ceux de Ramón Pérez jurent moins, même si les contours apparaissent un peu grossiers après les dessins exquis de Russell Dauterman. Jason Aaron s'amuse bien en intégrant une case évoquant les Avengers d'il y a un million d'années, même s'il rend un hommage un peu léger à Jane Foster. le récit se termine avec un épilogue montrant Malekith faisant le tour des royaumes, puis conversant avec Dario Agger, pour faire le point avant l'assaut final.

Jason Aaron et Russell Dauterman ont réussi leur pari de remplacer le Thor classique par une femme, de donner de la crédibilité à cette nouvelle version, et d'en faire une héroïne pleinement développée, avec une personnalité propre et une façon d'agir qui n'appartient qu'à elle. Ce chant du cygne est impeccable sur le plan visuel et dans sa sensibilité délicate, sur fond de combat gigantesque et spectaculaire. Une grande réussite.
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