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Alain Mascarou (Traducteur)
EAN : 9782912019790
189 pages
Bleu autour (30/09/2010)
4.33/5   6 notes
Résumé :
Le Samovar, qui paraît en 1936, est le premier des dix recueils de nouvelles publiés de son vivant par Sait Faik. Il est alors de retour dans sa ville mère, Istanbul, après un long séjour à Grenoble où il campe aussi certaines de ses "histoires simples". Ce fantôme chaleureux mais sauvage , qui marqua comme personne les générations d'écrivains qui l'on suivi, s'y révèle le premier moderne en soi de la littérature turque, écrit Enis Batur dans sa préface.

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Critiques, Analyses et Avis (3) Ajouter une critique
Publié en 1936, "Le Samovar" est le titre éponyme et premier du recueil de nouvelles écrites par l'écrivain turc Sait Faik Abasiyanik.

Ce qui se révèle d'entrée et se confirme tout au long de ce livre, c'est chez l'auteur le choix d'une écriture minimaliste, régulière, assez elliptique ; une écriture qui ne dit pas tout, qui ne retient que l'essentiel du sujet de l'histoire, de la situation de ses divers personnages (gens ordinaires, modestes : paysans, ouvriers employés, garçons de café; marginaux des villes, personnes âgées, enfants) ou des lieux.

Que ce soit dans le Samovar, le Stelyanos Hrisopoulos, Garçon, Certaines personnes de mon espèce ou encore dans La peur d'aimer (titres des nouvelles qui ont eu ma préférence), il y a dans l'écriture d'Ait Faik Abasiyanik quelque chose d'un sentiment caché, quelque chose qui sous la lenteur de l'action et/ou la brièveté du récit, apparaît lentement durant la lecture : une nostalgie, une bienveillance, une foi dans l'homme.
L'auteur ne manque pas d'une certaine lucidité pour décrire ses personnages, leurs illusions perdues, leurs espoirs, mais il y a ajoute un imaginaire, une part de rêve qui donnent plus de maturation au récit.
Sans qu'on y consente au début de la lecture, il y a un charme qui peu à peu se répand, finit par prendre place. L'attention devient captive.

Ait Faik Abasiyanik avait une passion pour la peinture. Il voulait parait-il composer des tableaux comme ceux de Marc Chagall et Raoul Dufy. Il y a dans les nouvelles de l'écrivain turc quelque chose des oeuvres de ces deux peintres. Ce sont les mêmes sujets abstraits, minimalistes, le même choix de personnages modestes, la même générosité et la foi dans l'homme qui se déploie.

Lire "Le Samovar", c'est se laisser surprendre, étonner, renoncer à tout savoir, laisser sa place à l'imaginaire, aux couleurs et aux saveurs. Comme dans les tableaux de Chagall et Dufy.
Un beau recueil de nouvelles à lire.


À la fin du livre, figure une très intéressante biographie sur l'écrivain.
Écrite par Alain Mascarou et Elfiz Deniz, elle éclaire beaucoup sur l'écrivain et le contenu de son oeuvre.
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J'aime beaucoup Sait Faik Abassiyanik, et je découvre progressivement ses nouvelles, volume après volume, avec toujours le même plaisir. Dans ce tome, publié par l'excellente maison d'édition Bleu autour, qui publie beaucoup d'auteurs turcs, il y a une très bonne présentation de l'auteur, de sa vie et de son oeuvre. Cela m'a permis de découvrir qu'il avait écrit bien plus que ce que je pensais, et en particulier un roman. de belles découvertes donc en perspective, en espérant que tout cela puisse être édité en France.

Ce volume se compose de 19 nouvelles, dont la plupart très courtes. Il s'agit du premier volume de nouvelles publié par l'auteur, donc de ses premiers textes. Ces textes sont un peu disparates, certains se passent en Turquie, dans des régions différentes, d'autres en France, Sait Faik Abassiyanik a vécu plusieurs années à Grenoble, avec comme prétexte des études, mais qu'il suivait en réalité de loin. Beaucoup de ces textes ont pour personnage central des enfants ou adolescents. le texte le plus long, le vieil étudiant, flirte avec une sorte de surréalisme, mais c'est celui qui m'a le moins convaincu. Je trouve Sait Faik Abassiyanik merveilleux dans ses portraits de personnages simples, auxquels il parvient à donner une dimension, une épaisseur, en partant pourtant du quotidien le plus banal. Mais son regard transfigure, rend plus beau, donne une dignité aux pauvres gens. Tout cela dans une magnifique écriture, simple en apparence, sans rien de superflu, mais à laquelle rien ne manque.

C'est toujours un grand plaisir de se replonger dans un livre de cet auteur, et je compte bien continuer ma découverte de son oeuvre.
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Les surprises de la traduction. En avril dernier, au détour d'un guide de voyage ancien (années 1990), je suis séduite par un extrait d'une nouvelle de Sait Faik Abasiyanik. Réflexe Babelio, je note l'extrait dans l'espoir de lire un jour l'ensemble. En cette rentrée littéraire, un recueil de 19 nouvelles est réédité dont celle intitulée ‘'Le samovar‘' , mais quand je retrouve l'extrait, c'est moins fort que mon souvenir... du coup, pour le partage, je réinscris la traduction de novembre 2011 par Enif Deniz, Pierre Vincent et Alain Mascarou. Une rapide recherche dans le catalogue de la bibliothèque nationale ne m'a pas permis de trouver le nom du précédent traducteur.
Cela dit, l'expérience m'a fait découvrir cette terrible mais très belle nouvelle, ainsi que quelques autres très courts textes dont me souviendrai aussi: ‘'Hôtel de la Félicité'', ‘'Le mouchoir de soie'' et ''La statue que j'ai volée au Louvre''.
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Citations et extraits (5) Ajouter une citation
Du coté de la Corne d’Or, l’hiver est plus rude, plus brumeux qu’à Istambul. Ceux qui se rendent de bonne heure au travail en brisant les blocs de boue gelée sur les trottoirs défoncés - maîtres d’école, maquignons et bouchers - faisaient une pause devant l’usine; ils buvaient du salep saupoudré de gingembre et de cannelle, tournant le dos au mur immense.
Ouvriers blonds, maîtres d’école, maquignons, bouchers et, parfois, écoliers pauvres, leurs précieuses mains enfouies dans des gants de laine enveloppant la tasse de salep, le nez enrhumé, la tête en grève, fumant comme un samovar chagrin, tournaient le dos au mur immense de l’usine ; ils buvaient à petites gorgées le salep saupoudré de leurs rêves d’avenir.
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L'hiver sur la Corne d'Or est toujours plus rude et plus brumeux qu'à Istanbul. Ceux qui vont de bon matin à leur travail, écrasant sous leurs pieds la boue transformée en glace des rues mal pavées, tous ces instituteurs, ces marchands de bestiaux, ces bouchers, s'arrêtent devant l'usine et, s'abritant, un instant, au pieds du grand mur, demandent au marchand une tasse de sahlep saupoudré de cannelle et de gingembre. Tous ces ouvriers blonds au nez enrhumé, dont les mains précieuses portent des gants de laine et dont la tête fume, comme un samovar de cuivre jaune, mêlant les souffrances et les grèves, ces instituteurs, ces marchands de bestiaux, ces bouchers, et parfois quelques écoliers pauvres, s'appuient, le dos contre le mur de l'usine, et boivent à petites gorgées de ce sahlep saupoudré des suites de leurs rêves.
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Ils avaient dormi sous la même couverture, côte à côte, enlacés. La mort, familière, comme si elle était entrée en sa mère, lui avait pris toutes ses sensations, sa tendresse, sa douceur. Elle était juste un peu froide. La mort n'était pas aussi effrayante que nous le croyions. Elle était juste un peu froide, c'est tout...
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J'ai peur d'aimer. Je sais que c'est une aventure solitaire qui me laissera tout désorienté, tout nu et désoeuvré sur le chemin que j'ai emprunté avec des désirs et des passions, et j'ai peur d'elle comme de l'obscurité, de l'hypocrisie, de la cruauté et de l'absence de liberté.
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Quand Stelyanos se demandait s'il avait ou non vu un monstre, il restait songeur. Mais, quand d'autres lui posaient la question, il était si plein d'histoires de monstres, il en avait tellement vu passer en pleine nuit sur la surface sombre et phosphorescente de la mer, de ces énormes bêtes menaçantes, que, mêlant la réalité à la fiction, les créatures qui vivaient dans sa mémoire et son imagination, il en faisait sans peine de véritables animaux marins.
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