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Critique de Crossroads


De grands espaces indomptés, une belle histoire de famille et un enflé de première qui fera rien que les embêter, le Feu Sur La Montagne se veut aussi contemplatif qu'éprouvant pour les nerfs.
Véritable modèle de western homérique et révolté, ce récit s'inscrit dans la même veine que David contre Jonathan. Bon, Jonathan étant de corvée "chouchous, boissons fraîches" à holliday beach, c'est finalement Goliath qui s'y collera.

Cadre, le ranch de John Vogelin, Nouveau-Mexique.
Un espace épanouissant que Billy, son petit-fils, s'empresse d'apprivoiser depuis quelques étés maintenant.
La vie s'écoule, paisible, rythmée par un quotidien harassant et les visites de leur ami commun, Lee.
Si le ranch de John est un terreau fertile en nuisibles, il en est un nouveau particulièrement malfaisant qui allait supplanter coyotes, lion, et autres crotales en tout genre: l'US Air Force et son ambition tenace de le délester de ses terres au profit d'un champ de tir de missiles.
Et là je vous vois venir. John, gave-toi de pépettes et barre-toi, que vous vous disâtent.
Ben non. le bonhomme, en plus d'être obtus, est blindé de principes.
Cette terre, j'y suis né, j'y mourrai !
Au vu de la tournure des évènements, c'est un enterrement en première classe qui lui pendait au pif...

Tout comme l'ultime lion qui hante encore son territoire, John, malgré ses soixante-dix printemps, en a encore sous la griffe.
Le combat semble inégal, il n'en est que plus beau.
Épaulé par son meilleur ami qui tentera bien de lui faire entendre raison et le p'tit Billy qui lui voue un amour irraisonné, le vieil homme rugit encore, sûr de son fait, habité d'une volonté indéboulonnable.

Si les envolées lyriques d'un Edward Abbey, amoureux fou de la nature, ne laissent pas de séduire, les nombreuses joutes verbales opposant John aux adorateurs du droit d'expropriation légitimé par la sécurité d'état et incarné par une puissance à la force de persuasion peu commune, nous ramènent rapidement sur terre.

En révolté de la première heure, Abbey s'insurge ici formidablement contre un état de droit duquel il s'émancipera toute sa vie.
Tissant habilement un récit émouvant et particulièrement injuste, il rallie à son blanc panache les adorateurs de liberté, de celle qui ne s'achète pas fût-ce au prix le plus fort, celui de la vie.
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