AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet

Nicolas Richard (Traducteur)
EAN : 9782267049381
464 pages
Christian Bourgois Editeur (07/03/2024)
4.14/5   203 notes
Résumé :
En 1973, après la mort de sa femme, Steve Abbott, écrivain et militant homosexuel, déménage à San Francisco. Avec sa fille de deux ans, Alysia, il s'installe dans le quartier de Haight-Ashbury, le centre névralgique de la culture hippie. Là où Joan Baez a pris le micro dix ans plus tôt pour appeler à lutter contre la censure et en faveur de la liberté d'expression. Là où les représentants officiels de la Beat Generation - William Burroughs, Jack Kerouac, Allen Ginsb... >Voir plus
Que lire après FairylandVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (51) Voir plus Ajouter une critique
4,14

sur 203 notes
5
25 avis
4
17 avis
3
5 avis
2
3 avis
1
0 avis
La vie d'Alysia Abbott démarre mal, elle a tout juste deux ans quand sa mère se tue dans un accident de voiture les laissant elle et son père seuls au monde. Tellement orphelins d'ailleurs que plus rien ne les retient et qu'ils partent s'installer sur la côte ouest où le père d'Alysia espère prendre un nouveau départ en vivant de l'art poétique qu'il pratique en amateur éclairé tout en laissant derrière lui une bisexualité hésitante pour expérimenter pleinement son homosexualité.

Compliqué de vivre cette vie de bohème et cette sexualité nouvellement assumée quand on a en charge une enfant aussi jeune mais Steve Abbott ne se laisse pas décourager et voit sa fille comme une chance, la seule personne qu'il sera capable d'aimer à jamais et décide d'en faire la complice de sa vie – toute sa vie – où qu'il aille il l'emmène, quoiqu'il fasse il la tient au courant, n'ayant aucun secret ni honte sur la vie qu'il mène. Alysia n'est à ses yeux plus simplement une fillette mais une confidente, la seule personne qui le connaitrait assez pour le comprendre et qui malgré cela, l'aimerait tout de même.

Voilà de quoi est fait Fairyland : de souvenirs qui reviennent en mémoire d'une Alysia Abbott, adulte cette fois quand elle vide la maison de son père décédé du sida et trie ses papiers. Elle revisite sa jeunesse à travers les journaux intimes que Steve tenait scrupuleusement, se souvient des garçons qu'elle découvrait le matin dans le lit de son père et qu'elle considérait souvent comme ses propres amis et, dans la foulée, met à jour des vérités qui avaient été par le passé pas mal édulcorées (notamment sur la mort de sa mère, accident de voiture oui mais dans des circonstances dont elle n'aurait jamais douté, et pourtant, son père lui racontant absolument tout c'est dire si ce coup-ci, pour lui cacher une partie des faits, la réalité était graveleuse).
De notre côté, on en profite pour visiter le San Francisco des années 70-80 qu'Alysia Abbott, grâce à moult détails et anecdotes, nous rend aussi vivant que si on s'y promenait de nos jours, entre Haight Ashbury et le plus que mythique Castro, l'émergence du sida, les gays qui n'y croient pas encore et tombent comme des mouches, le militantisme, l'ascension tourbillonnante d'Harvey Milk et son tragique épilogue, les rencontres avec Allen Ginsberg...
En bref, Fairyland c'est une histoire de vie, d'espérance, de tristesse, de joie, de création et de perte mais avant tout c'est une histoire d'amour sans faille d'un père pour sa fille et – l'adolescence étant ce qu'elle est, même si elle n'a pas toujours hésité à le rejeter lui et ses moeurs qui parfois lui faisaient honte – aussi une histoire d'amour indéfectible d'une fille pour son père, différent des paternels plus ordinaires mais peut-être grâce à ça, aux difficultés rencontrées tout au long de la route, plus aimant. Oui, peut-être.
Un livre en forme d'album de souvenirs comme un cri du coeur, une déclaration d'amour ultime d'une fille unique pour son père qui, malgré ses erreurs de jugement et ses défaillances a tenté de faire du mieux qu'il pouvait avec ce qu'il avait et tout compte fait, y a réussi, largement.
Commenter  J’apprécie          313
Fairyland ou ce cocon délicieux de libertés et d'émancipations sociales, culturelles, politiques et sexuelles que furent les années 60/70. Fairyland ou le quartier du Castro de San Francisco, un enclos fabuleux d'artistes et de bohèmes en tout genre, uniquement préoccupés d'art et de créativité. Fairyland ou cette bulle protégée d'amour filial, celui d'un père, Steeve Abbott, pour sa fille, Alysia. Son unique amour, son grand amour, sa seule compagne de vie. Fairyland ou l'amour inconditionnel d'une fille pour son père, poète fantasque et homosexuel, ardent militant de la cause gay, père dévoué et maladroit, amant souvent déçu, ami sincère et loyal.

Fairyland est tout cela à la fois ; une ode d'amour, que dis-je, une bourrasque d'émotions, une déclaration d'amour faite par Alysia à son père tant aimé et regretté, comme beaucoup mort du SIDA, trop tôt, trop jeune. Alysia Abbott nous raconte cet homme, ce père, ce poète, cet amant, nous dévoilant ces 20 années passées avec celui qui aura tout sacrifié pour elle et tenté de trouver sa place d'artiste et de père, binôme souvent délicat. Elle nous raconte les années de vache maigre, les désillusions, le regard des autres, son rapport à l'homosexualité de son père mais aussi son rapport à l'art, fillette très jeune adepte des lectures poétiques où qui le voulait venait déclamer ses vers et son mode de vie à la face du public. Un cocon intellectuel fait d'émulations esthétiques parfois étranges, mais qui ont façonné la jeune fille puis la femme adulte qu'elle est à plus de 40 ans.

Fairyland c'est aussi l'éveil d'une jeune fille vers l'âge ingrat de l'adolescence, puis la découverte des si vastes possibilités offertes à une femme talentueuse et passionnée. Alysia Abbott nous livre sa confession : comment elle a pu aimer mais détester tout à la fois son père, comment il est possible d'admirer mais également d'avoir honte de ceux qui nous aiment sans condition, d'être dur et tendre coup sur coup. Comment l'envie d'être près des nôtres peut être supplantée en un quart de seconde par le désir ardent de s'enfuir. Comment Alysia Abbott a soutenu son père dans la maladie mais n'a pas compris que cela impliquait de mourir, déterminée à faire la sourde oreille face à l'inévitable.

Magnifique, magistral, quel livre ! Tout en pudeur et retenue, sans faux semblants ni langue de bois, c'est un roman d'une intensité et sincérité rares, enrichi des photos d'Alysia et son père qui donnent encore plus de profondeur à un récit qui n'en a déjà plus besoin. Sublime roman d'amour filial, c'est un livre à comparer au Livre de ma mère d'Albert Cohen ou encore aux Promesses de l'aube de Romain Gary. Tout est dit.
Lien : http://www.livreetcompagnie...
Commenter  J’apprécie          342
Suite à un accident de voiture mortel où sa mère trouvera la mort, Alysia ABBOTT nous raconte ce que furent son enfance, son adolescence et sa vie de jeune femme auprès d'un père homosexuel, qui mourra du sida.

A l'âge de deux ans, début des années 70, San Francisco, Alysia découvrira le monde gay. Elle devra se découper en deux : la vie avec son père gay et sa vie de collégienne et d'universitaire où elle s'efforcera d'être une fille comme les autres. Peu de ses camarades sauront que son père est gay.

Elle vivra dans un monde entouré d'intellectuels et de poésie, son père étant poète, mais aussi avec les nombreux petits amis de son père. Un grand amour et une grande affection uniront Alysia et son père.

Elle devra se construire sur cette différence. On ne peut pas dire qu'elle a eu une vie très facile, d'autant plus qu'elle devra mettre sa vie entre parenthèse pour accompagner son père jusqu'à son dernier souffle.

Merci à AnneNY pour cette très belle découverte. Très poignant et tendre.
Commenter  J’apprécie          262
Comment en suis-je venue à lire Fairyland ? Fairyland, le titre, rappelle le Neverland de Peter Pan, le Wonderland d'Alice au Pays des Merveilles. La photographie en couverture, la quatrième de couverture nous expliquent très vite les couleurs choisies pour le titre : la Fairy s'illumine aux couleurs de la Gay Pride, car le père, Steve Abbott, l'homme en couverture, le père de l'enfant, fut l'un des activistes de la scène gay de San Francisco et le violet du Land nous ramènent plus à l'enfant, Alysia, symbolisant la délicatesse mais aussi la mort, le deuil ; et dans le langage des fleurs, le violet symbolise l'amour caché ... l'amour caché d'une fille à son père et d'un père à sa fille.

Ce roman (auto)biographique raconte l'histoire d'Alysia qui se raconte mais qui raconte aussi son père. Au-delà de leur histoire personnelle, elle rapporte aussi l'histoire des gays, notamment des gays de San Francisco, dans les années fin 70-80, jusqu'aux années fin 90. Elle parle de l'épidémie de sida, qui a décimé la communauté, mais elle parle aussi et plus longuement des rencontres, des cercles où gravitaient son père etc, de l'activisme politique que la communauté faisait déjà à l'époque (en lutte contre les conservateurs qui s'inquiétaient pour les enfants qui grandissent dans ces communautés ou qui ne comprenaient pas cette libération sexuelle), des tensions et violences de ces années-là qui rappellent les tensions que nous avons encore aujourd'hui entre la communauté LGBTQI+ et d'autres partis moins "progressistes", que je qualifierais de "réactionnaires" justement en réaction à ce "progressisme" si bien décrit dans ce roman. Et elle parle des courants artistiques de l'époque, et l'on voit comment son père et d'autres sont devenus des écrivains, des poètes, militants, aussi, car son père s'attachait particulièrement à la publication des auteurs gays.

Mais il parle aussi dans ses oeuvres de sa vie de père célibataire et d'Alysia, sa fille, qui apparaît dans ses bandes dessinées, sur ses couvertures de livres, dans ses écrits, ses poèmes. Et c'est assez touchant de découvrir son enfant comme sa muse, mais c'est aussi inquiétant, je trouve, de voir qu'Alysia a été, enfant, embarquée dans des soirées où les hommes se mettaient à nu (lors de la lecture de poèmes), ou se mettaient véritablement nu, et se travestissaient, et faisaient je ne sais quoi pendant qu'elle, enfant ne sachant pas nager, se retrouve à barboter sans surveillance dans une piscine ... ou se voit confiée par son père à des colocataires drogués, ou se retrouve à jouer avec les pailles qu'elle trouve dans les poubelles, pailles qui ont servi à la consommation de cocaïne ( heureusement que son père n'utilisait pas de seringue dans l'appartement ...) ou se retrouve perdue seule, la nuit, dans les rues de San Francisco et manque de justesse de s'embarquer dans la voiture d'un inconnu ... D'où mes deux étoiles ... Cette lecture m'a vraiment dérangée par moments ... Mais bon, vous serez prévenus. Ceci n'est pas un manuel d'éducation pour jeunes filles et ceci n'est pas un manuel d'éducation pour les pères célibataires ou pour les familles monoparentales ou pour les familles aux parents gays ... Et ce n'est pas non plus un manuel d'éducation sexuelle (enfin j'espère, sinon ça serait bizarre d'impliquer une enfant là-dedans, bien que certains me diraient qu'il est important de faire de l'éducation sexuelle aux enfants ... mais ouais, non ... I would prefer not to ...)

Spoil : Alysia survit jusqu'à la fin. Alors certes, son père ne s'en sera peut-être pas si mal sorti que ça ? Même si Alysia dit elle-même qu'elle s'est sentie par moments délaissée, abandonnée (maltraitée, non, elle ne le dit jamais - elle n'adresse d'ailleurs pas vraiment de reproches à son père), et Alysia dit aussi qu'elle s'est sentie comme dissociée d'elle-même, à la fin ... Elle aura donc assez souffert de cette relation et moi aussi avec elle, et avec lui, d'où ma note douloureuse. Mais je comprends ceux qui n'auront retenu que le positif de cette histoire, car c'est un beau témoignage d'amour que ce livre, d'une fille à son père et d'un père à sa fille. Malgré les manquements et malgré les errances. Vraiment.
Commenter  J’apprécie          110
Ce que j'ai aimé dans ce roman, c'est la tendresse et la lucidité de son auteur, deux ingrédients indispensables pour offrir un récit à la fois sincère, véridique et objectif. Rien ne m'agace plus dans la vie que les histoires manichéennes. Cela fait bien longtemps que je ne crois plus que les méchants sont toujours méchants et que les gentils sont gentils en toutes occasions. Je trouve les défauts et les contradictions plus intéressants que les qualités.

Plusieurs décennies après les faits et après la mort de son père, Alysia aurait pu nous dépeindre un quotidien fantasmé, une vie améliorée par la douceur des souvenirs et par la tristesse d'avoir perdu ce papa très aimant et en même temps, délibérément perdu sans son monde d'artiste/poète/homme adulte en quête d'amour.. Quand on est un peu sentimental, c'est parfois agréable d'embellir un peu le passé… non ?

Si on attrape l'histoire dans un autre sens en considérant la vie instable qui a été celle d'Alysia, une vie sans repères, sans règles, sans cadre, une vie où son père brillait souvent par son absence, on aurait pu s'attendre à une sorte de « procès » littéraire. le procès d'un père qui a imposé ses petits amis, ses réunions littéraires jusqu'à pas d'heure, ses déménagements et sa vie bohème-sans-le-sou à une enfant qui s'est souvent sentie : bizarre/seule/décalée/en manque d'attention à une époque où les pères gay n'étaient pas si nombreux à élever leur enfant. du moins, c'est l'impression qu'elle en avait.

Mais non.

Alysia Abbott ne sombre dans aucun de ces travers. Si elle montre avec sincérité (et parfois même avec brutalité) les vices, les défauts et les erreurs d'un homme qui était parfois perdu, irascible, vulnérable, drogué à une époque et égoïste, elle démontre aussi qu'il a toujours tout fait pour conserver son enfant à ses côtés. Qui n'a jamais eu envie d'être autant aimé par un de ses parents, avec bienveillance et sans conditions ?

Je parlais plus haut d'objectivité et c'est justement avec objectivité qu'Alysia se met elle même en scène. de ses peines d'enfance à ses émois de jeune femme, elle se livre avec sincérité mais toujours avec une extrême pudeur. Au cours de ses histoires, de ses moments de vie, elle ne tend jamais le bâton pour se faire battre mais elle n'hésite JAMAIS à mettre en avant ses propres faiblesses et surtout, sa propre intolérance face à un père à la personnalité excentrique. Surtout au moment de son adolescence.

Mais Fairyland, c'est également le portrait d'une génération, un monde littéraire et d'une communauté gay. Nous sommes dans le San Francisco d'Harvey Milk… Forcément, c'est passionnant ! L'auteur nous dépeint parfaitement l'effervescence de cette époque tandis que les références aux oeuvres et aux actions de son père prouvent l'implication politique d'un homme qui aura constamment lutté pour les droits des homosexuels.

Je n'ai pas été particulièrement sensible à la poésie de Steve Abbott, dont nous avons certains extraits mais j'ai beaucoup aimé les quelques dessins qu'Alysia nous livre. J'ai surtout eu un gros coup de coeur pour les extraits de son journal intime qui révèlent un homme parfois torturé, tiraillé entre son désir d'indépendance et son besoin d'offrir une belle vie à sa fille (un temps, il a même essayé de reconstruire une famille factice en vivant avec une inconnue et l'enfant de cette dernière).

Steve Abbott est CONSTAMMENT au coeur du récit. C'est Alysia qui nous parle de lui mais à bien des égards, le roman semble avoir été écrit à quatre mains.

La dernière partie de l'oeuvre parle également de la montée du sida aux États-Unis et évidemment, dans la ville de San Francisco où la communauté gay était très importante. La père d'Alysia n'y échappera pas. Jamais pleurnichard ou triste, le livre nous parle d'une hécatombe mais également de la fin d'une époque bénie, de cette fameuse « féérie » qu'Alysia et son père auront connu dans leur quartier populaire. le San Francisco des années 70 a disparu mais ce genre de témoignages nous permet d'y faire un voyage agréable et passionnant.

Fairyland est une fantastique plongée au coeur du San Francisco gay/littéraire des années 70. Mais pas que. Car dans la dernière partie, nous suivrons également Alysia à New York et même en France. J'ai adoré suivre l'évolution de ce père et de sa fille et j'ai trouvé leur histoire et leurs rapports vraiment très émouvants. J'ai souvent eu les larmes aux yeux en lisant les lettres de Steve Abbott mais j'ai également été très touchée par les mots d'Alysia, par son écriture « sensitive » et tellement parlante. Ce livre m'a bouleversée et va me suivre longtemps. J'ai hâte de voir ce que Sofia Coppola va en faire…
Lien : http://cellardoor.fr/critiqu..
Commenter  J’apprécie          123


critiques presse (1)
Telerama
18 mars 2015
Un poète homosexuel et bohème raconté par sa fille. Ou l'inverse, lorsque le récit se nourrit du journal intime du père. Un beau et tendre duo.
Lire la critique sur le site : Telerama
Citations et extraits (43) Voir plus Ajouter une citation
Elle voulait « sauver les enfants ». Au printemps 1977, une certaine Anita Bryant, promotrice du jus d'orange de Floride, se fit connaître de toute l'Amérique en s'opposant publiquement à un arrêté des droits civils visant à interdire la discrimination contre les homosexuels, femmes et hommes, dans le comté de Miami-Dade. Des lois similaires avaient été votées dans tout le pays. Miami était néanmoins la première ville du Sud à prendre une telle initiative, et Anita Bryant, une chrétienne évangélique mère de quatre enfants, était prête à tout pour que cela n'ait pas lieu. Dans des spots publicitaires à la télé, elle comparait l'esprit sain et bon enfant de la Rose Parade aux danses mi-nues du défilé de la Gay Pride à San Francisco. Bryant développait l'argument selon lequel les avancées de la communauté homosexuelle en matière de droits attaquaient les valeurs américaines et constituaient une menace pour les enfants. Dans des annonces publiées dans la presse, elle expliquait sa position : « Ce que ces gens veulent vraiment, tapi derrière un obscur jargon juridique, c'est le droit de suggérer à nos enfants qu'il existe un autre mode de vie acceptable… Je mènerai une croisade comme jamais notre pays n'en a connu pour que cela cesse. »
Commenter  J’apprécie          101
Personne n'est comme moi. Personne ne sait ce que ça fait, avais-je coutume de penser.
En fait, nombreux étaient les enfants qui avaient des pères ou des mères homosexuels – parfois les deux – dans les années 1970 et 1980. Le plus souvent, ces parents gays avaient eu des enfants avec des partenaires hétérosexuels avant de finir par vivre au grand jour leur sexualité. Soit ils faisaient leur coming-out et divorçaient pour pouvoir assumer leurs aventures homosexuelles, soit ils ne franchissaient pas le pas et demeuraient mariés, recherchant désespérément des rencontres fugaces. À certains égards, j'avais de la chance. Bien que souvent déçu sur le plan amoureux, au moins papa était libre d'être lui-même, il ne subissait pas la confusion et la haine de soi qui étaient le lot des parents n'ayant pas fait leur coming-out.
Commenter  J’apprécie          140
Quand il était petit, les enfants n'avaient le droit de parler que si on leur en donnait l'autorisation et les punitions physiques étaient leur lot quotidien ; chez nous, mon père m'invitait à donner mon opinion sur tout, de ses petits copains à mes punitions. Après une enfance où il avait eu droit à la fessée pour avoir couru tout nu sur la pelouse et où les marques d'affection étaient rares, papa m'a élevée dans une maison au sein de laquelle un homme nu pouvait parader dans le couloir, où j'habitais sur ses genoux et l'appelais mon petit copain. Il n'y avait jamais cette notion selon laquelle « cela ne regarde pas les enfants ». Mon père m'emmenait partout, me présentait à tout le monde et travaillait dur pour me mettre sur un pied d'égalité. Et comme j'étais une enfant précoce et que papa était un adulte enfantin, à certains égards, nous étions effectivement sur un pied d'égalité.
Commenter  J’apprécie          120
Le désastre, pour papa et d'autres qui ont eu à l'affronter, c'était l'émergence de la crise du sida et les attaques culturelles lancées par les conservateurs à l'encontre des homosexuels, hommes et femmes, au début des années 1980. Le sida a tout d'abord suscité la cruelle indifférence du Président Ronald Reagan, qui n'a pu faire état publiquement de l'épidémie qu'à la fin de son second mandat, après la mort de vingt mille Américains, et la rhétorique hostile de conservateurs proches de Reagan, comme Jerry Falwell, fondateur de la Majorité morale, et Pat Buchanan, futur rédacteur de discours pour Reagan. En 1983, Buchanan a écrit à propos du sida : « Les pauvres homosexuels – ils ont déclaré la guerre à la nature, et voilà que la nature leur inflige un terrible châtiment.  »
Commenter  J’apprécie          133
Des conservateurs tels que Anita Bryant ou le sénateur de Californie John Briggs craignaient que des professeurs homosexuels inculquent aux enfants un « mode de vie gay ». Papa n'a jamais déployé de tels efforts. Voici ce qu'il a écrit en 1975 :

« Je ne m'efforce pas de faire d'elle une homo. Je ne dissimule pas mon homosexualité pour qu'elle devienne une adulte hétéro. Mais elle peut voir qu'il y a de nombreuses orientations et maintes façons d'être. Espérons que lorsqu'elle sera adulte nous vivrons dans une société où les dichotomies homo-hétéro et homme-femme ne seront pas si importantes. Où les gens pourront simplement être ce qui leur paraît le plus naturel, là où ils sont le plus à leur aise. »
Commenter  J’apprécie          141

Video de Alysia Abbott (1) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Alysia Abbott
Alysia Abbott - Fairyland : un poète homosexuel et sa fille à San Francisco dans les années 1970 .À l'occasion de la 8ème édition du festival America, le festival de littératures et cultures d'Amérique du Nord, Alysia Abbott vous présente son ouvrage "Fairyland" aux éditions Globe et traduit en français par Nicolas Richard. Retrouvez le livre : https://www.mollat.com/livres/14581/alysia-abbott-fairyland Notes de Musique : "TENNESEE HAYRIDE" by Jason Shaw - Free Music Archive. Visitez le site : http://www.mollat.com/ Suivez la librairie mollat sur les réseaux sociaux : Facebook : https://www.facebook.com/Librairie.mollat?ref=ts Twitter : https://twitter.com/LibrairieMollat Instagram : https://instagram.com/librairie_mollat/ Dailymotion : http://www.dailymotion.com/user/Librairie_Mollat/1 Vimeo : https://vimeo.com/mollat Pinterest : https://www.pinterest.com/librairiemollat/ Tumblr : http://mollat-bordeaux.tumblr.com/ Soundcloud: https://soundcloud.com/librairie-mollat Blogs : http://blogs.mollat.com/
+ Lire la suite
autres livres classés : autobiographieVoir plus
Les plus populaires : Littérature étrangère Voir plus

Lecteurs (513) Voir plus



Quiz Voir plus

Les écrivains et le suicide

En 1941, cette immense écrivaine, pensant devenir folle, va se jeter dans une rivière les poches pleine de pierres. Avant de mourir, elle écrit à son mari une lettre où elle dit prendre la meilleure décision qui soit.

Virginia Woolf
Marguerite Duras
Sylvia Plath
Victoria Ocampo

8 questions
1709 lecteurs ont répondu
Thèmes : suicide , biographie , littératureCréer un quiz sur ce livre

{* *} .._..