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sur 175 notes
Flatland est un monde à 2 dimensions, dont les habitants sont des formes géométriques planes : triangles, carrés, polygones... le personnage que suivra le récit est un carré. Lors d'un rêve, il se retrouve propulsé à Lineland, monde à une dimension unique, peuplé de points et de lignes. Il veut alors leur faire comprendre qu'il existe une autre dimension. En vain, le roi de Lineland ne peut voir cette autre dimension et en rejette donc l'idée. Puis, un jour, au carré, héros du récit, apparaît ce qu'il prend pour un cercle. Ce dernier affirme être une sphère et lui révèle l'existence d'une 3ème dimension. D'abord incrédule, le carré finit par admettre la réalité de cette 3ème dimension et tente ensuite de partager cette connaissance avec son peuple qui la rejettera.

Ce point de départ semble loufoque et pourrait faire penser que "Flatland" sera un roman psychédélique tout droit sorti de l'esprit déjanté d'un drôle d'hurluberlu. Si Edwin Abbott est sans doute un étrange énergumène pour avoir imaginé un tel concept, "Flatland" est loin d'être une fantaisie absurde. Il s'agit, au contraire, d'une fable philosophico-mathématique. Si vous êtes allergique aux maths, n'ayez pas peur, ne fuyez pas "flatland" pour autant. L'auteur fait plutôt appel au bon sens du lecteur, à sa logique ainsi qu'à son esprit joueur et le convie à une réflexion finalement très ludique.

Le récit brasse des thèmes très intéressants de façon originale. L'un des thèmes développés porte sur l'importance du langage. Au commencement était le verbe, comme disait l'autre. Abbott rappelle que c'est le langage qui donne une réalité aux choses. Lorsque le carré affirme qu'il existe une 3ème dimension, on lui demande, pour prouver ses dires, de définir cette 3ème dimension. Mais comment définir le concept de hauteur lorsque aucun mot n'existe pour lui donner réalité ? Cette réflexion sur le langage rappelle un peu le propos de "1984" d'Orwell. Et ce thème trouve des échos encore aujourd'hui et nous rappelle les dangers de l'appauvrissement de la langue. Après tout, n'est-ce pas la réalité même de la notion de démocratie qui est visée lorsqu'en Chine, les moteurs de recherche ne donnent aucun résultat à une recherche sur ce mot ?

Le roman d'Abbott est aussi un plaidoyer pour l'ouverture d'esprit, appelant à ne pas se laisser enfermer dans ses certitudes. Après avoir suivi l'apprentissage du carré découvrant l'existence de la 3ème dimension alors même qu'il n'a pas les outils pour l'appréhender, pouvons-nous raisonnablement affirmer sans le moindre doute qu'il n'existe pas de 4ème, de 5ème (...) dimension ?

Le traitement réservé aux femmes, décrites comme des êtres inférieurs, peu intelligents, est tellement outrancier qu'il en devient amusant. Et on sent derrière ce portrait peu flatteur, proche du ridicule, l'intention de l'auteur de se moquer de la façon dont les femmes étaient perçues dans la société à son époque. C'est d'ailleurs toute la société victorienne, ultra-hiérarchisée, engoncée dans des principes réducteurs, qui est raillée dans "Flatland".

Paru en 1884 (seulement en 1968 en France !), "Flatland" est d'une modernité stupéfiante et aborde des thèmes universels et intemporels à travers un récit stimulant.

Challenge Petits plaisirs 16
Challenge Variété 11 (catégorie " un livre avec des personnages non-humain")
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Ah ben dites, un truc pareil, ça scotche.
Ce roman m'a été recommandé par un gamin autiste, je comprends qu'il y ait trouvé son compte. le tour de force étant peut-être l'écriture d'un récit débarrassé de toute psychologie, purement factuel et pourtant romanesque , qui fait irrésistiblement penser aux voyages de Gulliver entre l'Île de Lilliput et le royaume de Brobdingnag.
Et puis cette écriture sur le fil, entre premier et second degré, sans que le lecteur puisse définir les intentions de l'auteur. Misogyne ou féministe ? Adorateur ou contempteur de la rationalité ? Laïc effaré par l'intolérance religieuse ou mystique rêvant d'une nouvelle révélation ? Conte philosophique ou dystopie ?
Pascal et Voltaire ont eu un fils caché, c'est Edwin Abbott.
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Un jour arrivera où une hypersphère vous démontera la cervelle. Impossible de s'y préparer : un tel événement ne peut pas être compris avant de l'avoir vécu, et après de l'avoir vécu, les mots ne suffiraient plus pour en partager l'expérience. Peut-être essayerez-vous d'utiliser les allégories religieuses classiques en vous acharnant à dépasser les contraintes d'un langage limité au monde directement préhensible ? à moins de sauver les mathématiques de leur austérité pour leur donner l'occasion de se faire les meilleurs vecteurs de la parole supradimensionnelle…


Edwin A. Abbott écrit un conte qui respecte la progression simple et classique du genre et pousse le vice jusqu'à éliminer tout artifice de la pensée et du langage pour n'en conserver que la stricte réalité mathématique ramenée à ses axiomes de base. Il double les références au langage mathématique d'une démonstration par analogie réduite à la dimension inférieure, tout en conservant un langage ordinaire à la simplicité quotidienne. Son personnage est un carré ordinaire vivant dans la Dimension 2 –celle de la ligne. Après avoir connu l'honneur sans préméditation d'instruire un élu de la Dimension 1 –celle du point-, un être venu de la Dimension 3 –la nôtre, réduite à ses caractéristiques géométriques les plus grossières-, essaie de lui faire prendre conscience des limites de son existence. Petit carré, abasourdi qu'un point ne puisse pas comprendre des notions qui lui semblent aussi évidentes que le déplacement en longueur et en largeur, ne comprend pas cette fois-ci la notion de profondeur et toutes les conséquences qui en découlent : l'ombre et la lumière. le prophète, une sphère de Dimension 3, traverse le plan pour converser avec le carré de Dimension 2 et apparaît certes sous la forme d'un cercle –section du plan avec la sphère- mais s'accompagne d'une émanation insolite. Inexplicable pour le monde plat dans lequel vit le carré, cette caractéristique surnaturelle constitue une des normes du monde volumique de la sphère.


Carré de Dimension 2 promu à la connaissance de la Dimension 3 aurait pu s'instruire davantage s'il n'avait pas eu l'audace, grisé par les perspectives de la science, de suggérer à son maître l'existence d'une Dimension 4. Parce que nous sommes convaincus à chacun de nos niveaux de connaître la dimension spatiale la plus élevée, nous refusons de considérer que les signaux mystiques constituent peut-être certains aspects d'une vérité supérieure –en quantité et pas forcément en qualité.


Edwin A. Abbott n'essaie pas de nous élever ; il n'essaie même pas de nous diminuer puisqu'il n'y a aucune échelle de valeur associée à la quantité spatiale. Revenu très loin d'une hyper-dimension quelconque, ayant peut-être déjà essayé de transmettre un savoir friable à proportion de la distance qui le sépare de l'univers qui en est issu, Edwin A. Abbott retient surtout l'importance du divertissement pour l'édification de nos têtes sphériques. Poussant le vice mathématique jusqu'à donner à ses austères lois une réalité pratique que nos cours de mathématiques n'avaient jamais réussi à rendre aussi évidente ni aussi exotique, Edwin A. Abbot imagine les lois sociales, politiques et les moeurs sexuelles des êtres infra-spatiaux, résolvant par la même occasion la question de l'oeuf et de la poule. Chaque niveau est persuadé d'avoir choisi son système comme si les modalités de ce dernier ne dépendaient pas de la configuration spatiale donnée à l'origine de son existence. On ne peut être sûr de rien et surtout pas de ça. Puisqu'on ne peut rien prouver, autant se marrer.


« Avoir raison est la vocation naturelle de la folie. »

Lien : http://colimasson.blogspot.f..
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Flatland est un roman de Science-Fiction, ou plutôt de Math-Fiction publié en 1884 en Angleterre.

On y suit l'histoire d'un carré dans un univers en deux dimensions qui explique les fondements arbitraires de sa société. À Flatland, le nombre d'angles que possède une personne représente son statut social. La coutume veut que la famille royale soit constituée de cercles, même si tout le monde sait qu'il s'agit simplement de polygones avec assez de faces pour avoir l'air vaguement ronds.

Bref, tout cela est une satire critique et efficace de la société victorienne de l'auteur, mais honnêtement, il pousse le délire assez loin. Il parle d'ascension sociale et y explique le rôle des femmes dans la société de façon ridicule et mathématique.

Puis il continue sa folie en inventant une machine qui lui permet d'aller explorer un univers à une seule dimension où les habitants sont des lignes, avec des coutumes toutes aussi arbitraires qu'il compare aux siennes. Puis il va visiter un univers à trois dimensions d'où il réussit à nous donner ce livre qu'il a écrit.

Tout ça en fait une lecture très originale, peut-être difficile à cause des concepts de géométrie et de mathématiques qui y ont une place importante. Ce n'est officiellement pas pour tout le monde, mais c'est définitivement une oeuvre intéressante.

(Le livre se trouve facilement en ligne, mais prenez la peine d'en chercher une version dans laquelle les illustrations sont bien représentées, ça facilite beaucoup la compréhension.)
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Je viens de terminer cet étrange roman, dans sa version numérique.
J'ai guetté, dans les pages d'Abbott, l'instant ou le récit deviendrait incohérent... mais tout avait l'air de se tenir.D'ailleurs, l'auteur n'encombre pas l'histoire d'explications aussi compliquées qu' embarrassantes qui alourdiraient et mettraient son propos en péril!
Astucieux...
J'ai suivi, en voyageur de l'impossible, cette fascinante visite de Flatland et sa logique en deux dimensions.
L'auteur nous offre même un aperçu d'un monde en une dimension (la ligne) et d'un univers en dimension...zéro!
L' utilisation de la sphère ( volume à surface unique!) pour expliquer au carré perplexe la troisième dimension, est captivante, avec l'apparition progressive de ladite-sphère (sous forme de cercle de taille progressive) dans le champ de vision du carré... Puis, comme ce brave carré a la comprenette difficile, la sphère l'emmène faire un tour dans l'espace pour changer de point de vue!..Car tout est dans le point de vue.
Le génie d' Abbott, au final, est de nous faire partager une vision résolument futuriste de la recherche scientifique, à travers son carré supputant sur la quatrième, la cinquième ou sixième dimension... La sphère elle-même, prêtresse millénariste de la troisième dimension, est plus que réticente à en accepter une quatrième!... Comme quoi la compréhension et l'acceptation dépend étroitement de la constatation matérielle qui dépend du...point de vue!
Ce que le carré, l'œil dessillé, appréhende parfaitement.
Au passage,la condamnation de l'hérésie de la troisième dimension, par le conseil des cercles, rappelle furieusement le procès de Galilée.

Voilà.... Un livre qui constitue pour moi une de mes belles découvertes de 2016.

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Un petit tour vers la géométrie...oh, avec Abbot, ce n'est pas difficile du tout, on entame le livre et on s'envole vers un monde imaginaire dans l'espace le Flatland, l'auteur nous présente dans la première partie et aussi son mode de fonctionnement. C'est un monde où les habitants sont des figures géométriques qui varient d'un carré à un triangle, d'un triangle à un cercle selon l'appartenance à une classe sociale, des femmes sont exclusivement des lignes droites, des maisons ont des formes pentagonales afin que toute forme puisse y avoir accès, ces formes sont bien sûr protégées par la loi, toute irrégularité est à proscrire. Les choses s'installent tellement bien qu'on s'y accroche , on se demande c'est quelle sauce qui va se cuisiner dans ce Flatland, un monde à deux dimensions: la longueur et la largeur...
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Dans le monde de Flatland, les humains sont des figures géométriques et le monde est en deux dimensions. Un carré va découvrir la subtilité des différentes dimensions d'abord en rêve, puis par le biais des révélations d'une sphère venue de Spaceland dans le but d'évangéliser les mondes inférieurs. C'est cette histoire que nous relate le carré dans son témoignage après avoir posé les bases de son monde afin que nous le comprenions.

Cette fable mathématique est aussi incongrue et bizarre que très révélatrice de la société des Hommes. Ecrit à la fin du XIXème siècle, la critique peu voilée contenue dans le texte mais aussi les théories scientifiques sous-jacentes sont extrêmement modernes. On peut changer les points de vue et le réinterpréter sous plusieurs angle comme les élites et la hiérarchisation à outrance, l'accès au savoir, les sciences, le poids de la religion, la nécessité des opinions différentes...Il m'a parfois rappelé mes lectures de lycée comme Rousseau ou Montesquieu.
Malgré la complexité des sujets qu'il semble aborder et l'époque à laquelle il a été écrit, il se lit très bien et certains passages sont franchement drôles, volontairement ou non ça c'est une autre question mais je sens le cynisme sincère.

Une petite perle qui mériterai d'être bien plus connue qu'elle ne l'est et que je ne regrette pas d'avoir acheté un jour au hasard alors que je cherchais quelque-chose qui sortait un peu de l'ordinaire. Mon but a été largement atteint!
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Voilà un petit récit daté mais universel, à lire pour le plaisir de se mettre la tête à l'envers, d'envisager les multivers, de rêver à l'infinité des dimensions inconnues.
Le narrateur, un cercle à qui est révélé l'interdit absolu de la troisième dimension, perd bravement ses repères mais renonce à évangéliser ses congénères qui ni dans la première, ni dans la deuxième dimension ne sont prêts à recevoir une vérité inconcevable.
Le lecteur, qui au premier abord se gausse, peu à peu s'identifie, s'interroge, entrouvre des portes, et le voilà qui, à l'image du Roi-point tautologique du monde unidimensionnel dont la réalité se limite à lui-même, comprend qu'il rejette à son corps défendant l'idée d'une quatrième, voire d'une cinquième dimension?
Un livre petit aux projections infinies!
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Le héros de cette histoire est un carré vivant à Flatland, l'univers à deux dimensions. Il va faire une rencontre qui va changer à tout jamais sa vision du monde, celle d'un être venu de Spaceland, l'univers à trois dimensions.

Voici sans doute le texte le plus étrange que j'ai jamais lu. La description, dans le détail, de l'univers à deux dimensions et de sa surprenante population polygonale occupe la plus grande partie du roman, puis c'est à un véritable voyage interdimensionnel que nous convie Edwin A. Abbott. En plus des univers à deux et trois dimensions, on découvre l'univers à une dimension, et même celui qui n'en a aucune.

Plus qu'un roman, Flatland est un exercice de logique qui consiste à imaginer à quoi pourrait ressembler la vie avec une dimension de moins, mais également comment nous réagirions si nous découvrions l'existence de dimensions supplémentaires à celle que nous connaissons.

Contrairement à ce qu'on pourrait craindre, le texte est facile à lire et ne nécessite aucun bagage mathématique particulier. C'est une lecture courte, divertissante et qui ne ressemble à aucune autre.
Lien : http://lenainloki2.canalblog..
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Pourquoi un carré est supérieur à une ligne, mais inférieur à un polygone ?
Pourquoi un triangle isocèle est plus respectable qu'un triangle classique mais moins respecté qu'un triangle équilatéral ?
Et pourquoi la ligne est elle une figure inférieure ?
Et si le pape est un cercle, qu'en est-il de la sphère ?
Dans un monde fait de figures géométriques, Edwin A. Abott nous amuse, brocarde les normes sociales, et tente de nous ôter nos oeillères.

Flatland est un monde, un pays, où il n'existe que deux dimensions : longueur et largeur. Les habitants se résument à des traits ou des figures géométriques. Plus vous avez d'angles, plus vous êtes élevé dans la hiérarchie sociale. Les femmes sont donc tout en bas des castes, elles se résument à des lignes. Les membres les plus éminents sont les cercles, les prêtres, en fait des polygones aux multiples côtés.
Leur monde comprend aussi ses déviants, les figures irrégulières : les lignes non droites ou les figures aux côtés non égaux. Ces figures perverses sont soient détruites, soient voués à l'esclavage. Reste aussi la lie de la société, ceux qui prônent l'existence d'une troisième dimension !

La proto SF, ce que j'en ai lu, est souvent une allégorie du présent, permettant une critique du système. Ici la condition féminine, la société de castes, la théocratie, les discriminations et l'ordre établi de cette société victorienne sont vus à à l'aune d'un possible progrès. Même si l'histoire est ancrée dans son époque, bien des éléments font encore réfléchir le lecteur. La condition féminine n'en finit pas de lutter, les discussions sur l'écriture inclusive, la féminisation des termes n'arrêtent pas de soulever d'intenses polémiques. La société de castes est de l'histoire ancienne, mais un fils d'ouvrier a toujours de très grandes chances de finir comme ses parents. Les politique de lutte contre les discriminations n'en finissent plus de discriminer....

Ne se suffisant pas à brocarder son époque, Edwin A. Abbott va plus loin en nous interrogeant sur nos croyances, nos certitudes, nos dogmes. Si un monde à trois dimensions est possible, qu'en est-il d'une quatrième ? A une époque, la terre était plate, le soleil tournait autour de la terre. Quelles certitudes d'aujourd'hui nous paraitrons illusoires dans quelques centaines d'années ? Les scientifiques qui lancent les théories sur les univers multiples font bien rigoler leur collègues. Et l'auteur de nous démontrer par l'absurde l'ouverture d'esprit à d'autres réalités. Bien joué.

Fable philosophique et allégorie, Flatland est aussi une dystopie totalitaire, les individus asservis dans le carcan de la pensée conformiste et des normes sociales. Très original, profondément autre, un livre à lire pour sortir de notre anthropomorphisme, de nos convictions, de nos préjugés. Des thématiques universelles avec un traitement intemporel et cynique.
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