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Critique de gaelledujardin


il y a quelques jours je commençais la lecture d'un roman gagné dans le cadre de la masse critique babelio. Une histoire que je voulais lire depuis des mois, tant la couverture m'attirait et le sujet m'intéressait. Ce livre, c'est "La fille de Joyce", d'Annabel Abbs.
James Joyce était son père. Samuel Beckett, son grand amour. Voici son histoire. Lucia était la fille unique du grand James Joyce et son histoire demeure une énigme. Alors qu'en 1929, elle est l'étoile montante de la danse contemporaine à Paris, cinq ans plus tard, à l'âge de 26 ans, elle disparaît brutalement de la scène publique, totalement brisée et passera le reste de sa vie enfermée dans des asiles psychiatriques. La plupart de sa correspondance et les dossiers médicaux ayant été détruits, la question à laquelle tente de répondre l'auteure est: "qui est réellement cette femme et quelle est son histoire ?" Annabel Abbs offre enfin une voix à cette jeune femme que l'histoire a oublié.
J'avais eu un énorme coup de coeur pour le précédent roman de l'auteure "Frieda", c'est donc avec beaucoup de plaisir que j'ai retrouvé sa plume. Annabel Abbs possède un talent exceptionnel pour donner corps et voix à des femmes dont l'histoire nous est inconnue et nous faire vivre et découvrir de magnifiques portraits de femmes. Je ne connaissais rien de la fille de Joyce avant de me lancer dans cette lecture, et je dois avouer que j'ai mis plus d'une centaine de pages à cerner un peu mieux la personnalité complexe de Lucia. Pour autant il m'a manqué un petit quelque chose pour pouvoir m'attacher à elle. Pourtant l'on comprend les tourments, les douleurs, les blessures de cette femme brisée, sacrifiée. Cette pauvre petite chose perdue au sein d'une famille pour le moins dysfonctionnelle. Elle est coincée entre un père qui la considère comme sa muse, ne peut créer sans elle et une mère qui la méprise pour l'immoralité de son art de la danse et lui préfère son frère. Cette famille est tellement toxique qu'il n'est pas étonnant que cette pauvre Lucia soit tombée si jeune dans la folie. Et puis, c'est une femme qui en plus a eu le malheur d'aimer des hommes qui ne lui ont pas rendu son affection. C'est le cas avec Beckett.
Mutique pendant des années, c'est face à son psychanalyste Carl Jung qu'elle livrera son histoire et ses secrets. le drame n'est jamais loin mais on ne s'attend pas à la révélation finale qui nous cueille et nous bouleverse. C'est terrifiant.
Encore une fois, comme dans son précédent roman, l'auteure nous invite à la rencontre d'une femme victime des moeurs de son époque. On plonge une fois encore dans le destin d'une femme cachée derrière un grand écrivain.
Un roman dont j'ai aussi apprécié l'univers des années 20, le Paris de l'époque et les débuts de l'émancipation féminine.
Un roman fort avec des thèmes puissants et foisonnants tels que la folie, le génie, la condition féminine, l'émancipation et les débuts de la psychanalyse, portés par une plume belle, fluide, incisive et émouvante. Une belle lecture qui m'a rappelé le film "A dangerous method" et qui m'a fait plusieurs fois penser à Virginia Woolf et son roman "une chambre à soi". Un livre que je vous conseille si vous aimez les beaux portraits de femmes, les romans engagés et historiques. Un roman qui ne pourra pas vous laisser indifférent.
Encore un immense merci aux éditions Hervé Chopin et à babelio pour cette superbe réception.
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