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Béatrice Vierne (Traducteur)
EAN : 9782266336727
432 pages
Pocket (17/05/2023)
3.92/5   51 notes
Résumé :
Les nombreuses femmes qui ont eu l'audace d'entreprendre de longs voyages ont pour la plupart disparu dans les brumes de l'histoire. Aujourd'hui, leurs récits sont redécouverts. Grâce à la marche, ces femmes ont trouvé leur indépendance et se sont parfois même autorisé un changement de vie radical. Nan Shepherd, poétesse écossaise ; la peintre galloise Gwen John ; Clara Vyvyan, voyageuse et randonneuse ; l'écrivaine et philosophe Simone de Beauvoir ou Georgia O'Keef... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (6) Voir plus Ajouter une critique
C'est bien connu, l'histoire est écrite par des hommes. On y trouve peu de femmes célèbres. Si Rousseau, Kant ou Nietzsche sont connus pour avoir eu des idées géniales en marchant, on en sait beaucoup moins sur les marcheuses féminines.

Ce bouquin tente de réparer cet oubli, à travers le portrait d'une poignée d'entre elles. Simone de Beauvoir, que l'on se représente volontiers discutant et fumant à une terrasse de café de St Germain, était une grande marcheuse. Comme Georgia O'Keefe. D'autres m'étaient complètement inconnues, telle Gwen Jones. le livre esquisse leur biographie tumultueuse et leur volonté d'indépendance, leur recherche de la solitude - qui est comme le dit l'auteure, le contraire de l'esseulement. Il faut pas mal de courage pour marcher seule, surtout au 19ème siècle, quand on se voyait refuser l'accès à une auberge pourtant vide, ou pourchasser par les assiduités de mâles priapiques.

Annabel Abbs a eu l'intelligence d'alterner les histoires de ces femmes avec la sienne propre, ses recherches, ses randonnées. Ce qui donne lieu à quelques passages savoureux. Par exemple, lorsqu'elle découvre que les chemins si fréquentés il y a un siècle par des marcheurs, ont disparu de la carte, ou bien, au contraire, ont été remplacés par des voies rapides bordées de trottoirs ridiculement étroits, de la largeur d'une chaussure.
Tous ceux qui ont eu le plaisir mêlé d'un peu de peur en randonnant de manière itinérante, en déchiffrant les cartes, en se perdant, retrouveront ici des pensées qui les ont certainement effleurées alors. La découverte de ce que peut être un paysage. La vulnérabilité. L'obscurité et la clarté des étoiles. L'étonnement de découvrir que l'on peut se passer d'un smartphone, et qu'un sac de 12 kilos suffit à contenir l'essentiel. Nos ancêtres étaient des nomades, y compris les femmes qui marchaient en moyenne 16 km/jour, portant les enfants jusqu'à 4 ans.

Cerise sur le gâteau, l'auteur a du style, simple, précis et émouvant sans être trop recherché. Elle transmet efficacement les sentiments qu'elle a éprouvé. Ses descriptions des petits tableaux de Gwen John en particulier touchent juste, au point que je suis allé les contempler sur le ouaibe. On trouvera aussi dans son livre des références à des études scientifiques montrant comment la marche peut nous faire du bien à la fois sur le plan physique et sur le plan mental.
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Annabel Abbs choisit de se mettre dans les pas de pionnières, marcheuses précoces dont les noms ont été enfouis sous la notoriété des illustres mâles dont on cite les récits. Il a fallu partir à la chasse côté documentation mais elle existe. Tenter de refaire les itinéraires empruntés au 19ème siècle ou début du 20ème par Gwen Jones ou Nan Shepard, s'en tenir aux équipements sommaires de Simone de Beauvoir - espadrilles, robe et sac à dos aux lourdes armatures en fer - ce n'est vraiment pas évident. Mais c'est par ce biais qu'elle parvient à se glisser dans leur peau, aidée par ses lectures pour mieux comprendre ce qui a pu se jouer par l'exercice de la marche dans leur construction personnelle. Là aussi il est beaucoup question de conquête d'une liberté qui ne va pas de soi : s'autoriser à marcher seule alors que c'est mal vu, fuir les regards, les obligations en tous genre. L'idée de ce livre a germé alors qu'Annabel Abbs habituée à marcher s'est retrouvée immobilisée après un accident, réduite à l'immobilité et au confinement. Dans les pas de ces femmes - Frida von Richtofen dont elle a écrit une biographie romancée, Gwen Jones, Nan Shepard, Daphné du Maurier ou encore Georgia O'Keeffe - on chemine au plus près de leurs pensées et de leurs aspirations qui font écho à celles, parfois enfouies, de l'autrice. C'est captivant de les découvrir à travers ce prisme et la dichotomie entre psychologie et considérations plus pratiques vient parfaitement compléter les considérations plus théoriques de Rebecca Solnit (L'Art de marcher), dans un autre style.
Marcher, disent-elles. Et c'est un mot d'ordre équivalent à une invitation à se libérer, à se découvrir au rythme de ses pas et d'un corps à corps avec les paysages traversés. Une aspiration à l'ailleurs pour mieux se rencontrer soi-même.
"Virginia Woolf pensait que les femmes avaient besoin d'une chambre à elles. May Sarton croyait qu'elles avaient besoin de temps à elles. Et moi ? Moi, je crois que les femmes ont besoin d'un trajet à elles. En plein air. Loin de l'enfermement bétonné de la grande ville. Entre ciel et terre. Au bord de l'eau".
Lien : http://www.motspourmots.fr/2..
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La solitude ne veut pas dire isolement...aller marcher (ou lire d'ailleurs) pour se retrouver avec soi même et se découvrir. Ces femmes célèbres ont puisé des forces , de la vie et de l'inspiration à travers leurs randonnées. Certaines ont pris un autre chemin de vie après de longues randonnées, qui ont pu être un nouveau départ.

L autrice, fan de randonnée également a marché dans les pas de ces personnages féminins
J'ai découvert des femmes fortes qui pourtant n'ont pas eu une vie facile et je me suis retrouvée dans certaines. Moi aussi l'inspiration et la réflexion m'accompagnent lors de mes "balades" quotidiennes sans lesquelles je me sens vide, fatiguée.

L'écriture est fluide et documentée autant sur la vie de ces personnages que les biens faits de la marche au travers d'étude scientifiques
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Dès la page 27, l'autrice annonce la couleur : " Ces femmes marchaient afin de penser par elles-mêmes. de mettre de l'ordre dans leurs émotions. de comprendre les facultés de leur propre corps. D'affirmer leur indépendance. Elles marchaient pour commencer à exister, pour devenir, tout court".

Elle va ainsi nous présenter majoritairement six femmes : l'allemande Frieda von Richthofen (épouse de D.H. Lawrence, autrice d'essais), la galloise Gwen John (peintre ), l'australienne Clara Vyvyan ("voyageuse et randonneuse enthousiaste"), l'écossaise Nan Sheperd (écrivaine, poète, figurant sur les billets de cinq livres anglaises), la française Simone de Beauvoir (écrivaine et philosophe, "théoricienne du féminisme") et l'américaine Georgia O'Keefe (pionnière de la randonnée de l'extrème). Mais d'autres seront citées, Daphne du Maurier par exemple.

Chacune d'entre elles se met à marcher pour une raison différente : recherche de la liberté, de soi, du sens de la vie, du corps, de l'espace, mais au bout du bout, comme l'autrice, elles vont découvrir beaucoup plus et surtout se découvrir.

Annabel Abbs profite du "voyage" pour aborder de nombreux thèmes : la maternité, la moindre considération accordée aux femmes, la nature, la forêt, le silence, l'émerveillement, la photographie, les besoins fondamentaux, la solitude, les mécanismes en oeuvre dans notre cerveau : les peurs, la fuite, les ancrages ancestraux..., le GPS, le Moi, être et exister... Une mine d'informations et de pistes de réflexion !
Lien : https://la-clef-des-mots.e-m..
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Le livre m a pourtant ete offert par 1 amie qui m a dit " Marche + lecture" ca ne peut que te plaire !
Moi j adore les histoires de marcheurs ! Axel Kahn, Sylvain TESSON, F RUFIN, et Sarah Marquis.....
Mais là, ca n a pas marché ( c est le cas de le dire!).
Je m ennuyais!
Alors, arrivee a la moitié, j ai arreté et je l ai abandonné ds 1 avion. Qu il vole, ca changera le mode de locomotion !😉😁
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Citations et extraits (15) Voir plus Ajouter une citation
Introduction

(...) Je savais bien que je n'aurais jamais assez de place, ni dans ma tête ni entre les pages d'un livre de taille moyenne, pour inclure toutes les femmes remarquables que j'avais découvertes.J'ai donc choisi un groupe de femmes pour qui les longues marches dans la campagne ou la nature sauvage avaient entraîné un changement radical: Frieda Lawrence, née von Richthofen; Gwen John; Clara Vyvyan, en compagnie de Daphné du Maurier; Nan Shepherd; Simone de Beauvoir; Georgia O'keeffe; et- plus brièvement- Emma Gatewood.
Ce que j'ai découvert était souvent ahurissant, fréquemment dramatique, pour ne pas dire tragique, et en tout cas toujours profondément révélateur. Ces femmes ne marchaient pas pour " jouir de toute la liberté dont peut jouir un homme" ( comme aurait dit Jean-Jacques Rousseau), ni pour prendre de l'exercice, ni parce qu'elles y étaient obligées par leurs tâches ménagères. Elles marchaient afin de penser par elles- mêmes.De mettre de l'ordre dans leurs émotions. De comprendre les facultés de leur propre corps.D'affirmer leur indépendance. Elles marchaient pour commencer à exister, pour devenir tout court.

( p.28)
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Lorsqu'on fait glisser le bout de ses doigts sur des routes, des rivières, des allées cavalières, des contours et des culs-de sac qui nous intriguent, on pressent l'intérêt narratif de l'expédition, prenant conscience du plaisir
du trajet plutôt que de sa destination. Ce n'est pas en faisant glisser ses doigts sur un écran que l'on éprouvera le même frisson. Ni en suivant aveuglément un point rouge mobile qui, avec une rare intelligence, s'oriente, se déplace
et pense à notre place.
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Dans le Deuxième Sexe, Simone de Beauvoir fait valoir que le corps est « une situation » à travers laquelle nous faisons l'expérience du monde, pour trouver en dernier ressort la liberté. Elle laisse entendre aussi que certains inconvénients inhérents au corps de la femme peuvent lui rendre le chemin de la liberté plus ardu. Toutefois, sa conclusion est claire : c'est à chacune d'entre nous de décider si notre corps doit être une source d'oppression ou de libération. Autrement dit, ce n'est pas notre nature biologique qui nous handicape, C’est la manière dont nous la percevons. Et, disons le, la façon dont nous percevons notre nature biologique et façonnez dans une mesure écrasante par une société dans laquelle les femmes sont encouragées à se voir comme des « objets », éloignées de leur propre corps.
page 315

Ce qu'il faut se rappeler, c'est que le moi n'est pas un état, mais un devenir- qui se poursuit encore et toujours, jusqu'à notre mort.
page 326





Je regarde par la fenêtre des kilomètres de plaines arides, sans aucun relief, en réfléchissant aux joies imprévisibles de ces rencontres au petit bonheur la chance. Pourquoi l’impromptu nous donne-t-il plus de plaisir que le planifié ? Pourquoi les rencontres inattendues- qu'il s'agisse d'une personne, d'un héron, d'une montagne ou d'un champignon- s'attardent-elle bien plus longtemps dans la mémoire ?
page 384
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Il se passe quelque chose quand nous vivons conformément à la vision, aux valeurs et aux besoins de quelqu'un d'autre : nous leur cédons notre liberté. Et alors, une partie de nous-mêmes disparaît.
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Trois jours après le commencement de ma randonnée le long de la Tamise , la pandémie de COVID-19 a frappé et le monde a chancelé, trébuché, marqué un temps d'arrêt, changé. Tandis que j'écris ces lignes, une grande partie du monde est arrêtée et beaucoup d'entre nous sont confinés chez eux. Les femmes ont toujours été vulnérables, de manière disproportionnée , à de nombreuses causes de maladies mentales, ces causes allant des violences conjugales à la nécessité de s'occuper des autres - lesquelles ont bien sûr été davantage au premier plan à l'occasion de la pandémie. On ne sera pas surpris d'apprendre que les femmes souffrent davantage d'angoisse et de dépression, et les premières études des dégâts collatéraux de la pandémie sur la santé mentale des femmes laisse penser ils seront peut-être énormes.
Un rapport à récemment atterri sur mon bureau, précisant que la marche dans des lieux ruraux où isolés, pendant une journée entière ou plusieurs jours, permet aux femmes de traverser un processus de « transformation psychologique » et de « secours et restauration émotionnelle » . Exactement comme elle l'a fait pour les femmes réunies dans le présent ouvrage.
J'espère que vous aussi vous sentirez suffisamment enhardies et inspirées pour trouver votre propre route.
page 425
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Videos de Annabel Abbs (2) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Annabel Abbs
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