Une belle découverte!
Un magnifique témoignage sur le Liban entre analyse sociale et histoire d'amour. C'est sensible, bien écrit et captivant. Je n'ai pas lâché ce livre jusqu'à la dernière page. On suit avec émotion l'évolution d'Asma, l'héroine-auteure, et on appréhende la complexité de la société libanaise. une lecture à recommander.
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Ce livre m'a littéralement fait voyager au Liban, c'est incroyable. La description est tellement bien faite, tellement détaillée. Je ne mets pas de citations car j'ai apprécié tout le livre, un régal du début jusqu'à la fin!!
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Vraiment chapeau bas !! Un superbe voyage au Liban. Merci !
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Le maquillage est un art proprement libanais. Les jeunes filles excellent à redessiner leurs traits avec les multiples outils qui s’offrent à elles et qu’elles manient aisément, soulignant ainsi leur beauté. La nature a été spécialement généreuse au Sud-Liban. L’œil avide de beauté est assouvi par le spectacle qu’offre la fraîcheur des filles voilées, qui semblent abuser malicieusement de leurs attributs. Elles s’adonnent à un jeu de séduction qui consiste à jongler habilement entre exhibition et occultation. Un jeu de séduction capable d’allumer les ardeurs du plus pieux des cheikhs à la vue de ces magnifiques silhouettes, soigneusement mises en valeur, avec des vêtements qui épousent leurs jolis corps divinement sculptés.
À l’école comme au lycée, les jeunes mordaient dans les sandwichs de leurs camarades, buvaient dans la même bouteille et voyaient d’un mauvais œil le fait que je sois à cheval sur ces règles rudimentaires d’hygiène, pourtant élémentaires à mes yeux. Je ne faisais que reproduire ce à quoi j’étais habituée chez moi : manger dans ma propre assiette, avec mes propres couverts et boire dans mon propre verre. Lorsque des camarades de classe me demandaient un bout de mon casse-croûte, je préférais donner le tout, parfois très contrariée. Il m’arrivait de refuser gentiment, mais il était hors de question que je reprenne mon sandwich après qu’un tiers eut mordu dedans.
La réputation des Tunisiennes qui partent se prostituer dans les cabarets bas de gamme du Moyen-Orient me précède. Il n’est pas étonnant de constater qu’à la simple évocation du mot « Tunisie » les regards changent, je perçois le mépris dans les yeux, parfois des sourires sournois d’hommes affamés qui « cherchent à tirer un coup ». Une raison supplémentaire pour m’en éloigner le plus possible. Non seulement je n’éprouve aucune affinité, aucun sentiment d’appartenance à ce pays, mais aujourd’hui j’ai carrément honte de détenir ce passeport, il me pèse désormais comme une épée de Damoclès au-dessus de la tête.
Des obsèques de Bourguiba, les Tunisiens n’avaient vu que des bribes aux journaux télévisés des chaînes étrangères. Bourguiba avait été privé des obsèques populaires auxquelles un leader de son envergure aurait pu prétendre car, même s’il était incontestablement un despote, il restait adulé, surtout par ses contemporains qui avaient accompagné son combat contre le colonisateur. Sa bravoure le dédouanait de tous les actes atroces, comme l’élimination d’opposants, qu’il avait pu commettre et lui donnait un blanc-seing d’agir comme bon lui semblait. La Tunisie, Tunisiens compris, lui appartenait. Il régnait comme un maître absolu avec la bénédiction de la quasi-totalité de la population.
Toujours cette grosse bâche qui couvre les balcons, tantôt beige, tantôt marron, parfois orange ou vert. Elle a pour fonction d’atténuer la lumière du soleil mais surtout de protéger les femmes des regards indiscrets des voyeurs. Elles peuvent ainsi s’installer sur les balcons pour bavarder, étendre le linge, lingerie comprise — exposer leurs dessous intimes aux yeux des passants constituerait un affront à la pudeur. Il est vrai que l’islam incite à la pudeur, et même les moins religieux sont pudiques par tradition.