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EAN : 9782330122218
416 pages
Actes Sud (10/04/2019)
3.62/5   37 notes
Résumé :
Peu de romanciers arabes ont abordé le thème de l’homosexualité (Hoda Barakat, Alaa El Aswani, Rachid El-Daïf…) mais c’est sans doute le premier roman à l’explorer sous l’angle de la persécution, en s’inspirant d’un procès qui a scandalisé la société égyptienne en 2001 : celui de cinquante-deux hommes, raflés par la police dans une boîte de nuit, le Queen Boat, puis condamnés à de lourdes peines de prison pour “perversion sexuelle”. À travers le témoignage de Hani, ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (17) Voir plus Ajouter une critique
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La lecture des critiques et des compte-rendus de ce roman révèle la puissance du bourrage de crâne culturel et militant qui nous tient lieu, aujourd'hui, de réflexion littéraire. Ce roman de Mohammed Abdelnabi n'est pas un tableau général de la condition homosexuelle dans l'Egypte contemporaine ; ce n'est pas non plus, ou très marginalement, un livre militant pour la justice et le droit. C'est un roman, à savoir l'histoire singulière d'un personnage fictif, qui, ayant perdu la parole à cause des traumatismes subis en prison, raconte par écrit sa propre vie de personnage. Qu'il ressemble ou non à l'auteur n'a aucune importance : écrire un roman, c'est faire passer la vie dans l'univers de la fiction, qui obéit à d'autres lois. Apparemment; les curés progressistes d'Actes Sud, de la presse littéraire et d'ici même, ne semblent pas capables d'envisager la fiction autrement que sous l'aspect du militantisme dévot et vertueux. La littérature, art du singulier et de l'invention, répugne autant aux censeurs (islamistes, voir les remarques de Salman Rushdie dans "Patries Imaginaires") du roman qu'aux bonnes âmes humanistes. Pourtant, l'auteur le signale en postface : "bien que les événements de ce roman s'appuient sur certains faits établis, ils ne sont pas dans leur forme finale calqués sur ces faits, sinon dans la mesure où les rêves se construisent avec le vocabulaire de l'éveil en lâchant la bride à l'imagination ... Plagier la réalité est un objectif impossible, mais également non souhaitable." Ce que dit l'auteur dans sa prose maladroite, c'est qu'un roman produit un alliage de vérité et de fiction, à des dosages divers. Or la morale et le militantisme ne concernent que la réalité (et encore). Ici, en plus, le lecteur dévot méconnaîtra toute une vie cairote, des familles, des moeurs populaires, des chansons, une culture de la musique de variétés arabe, la télévision et ses divas, un humour particulier, un érotisme, qui se manifestent dans ce livre et lui donnent une vie foisonnante. L'ensemble ne va pas sans maladresses et banalités de construction et de style, mais se lit avec plaisir. Et on sait bien que le grand ennemi des curés, c'est le plaisir.
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L'affaire a fait grand bruit à l'époque et a ému jusqu'à la communauté internationale : en mai 2001, dans un bar flottant sur le Nil, le Queen Boat, la police égyptienne arrêta cinquante-deux homosexuels qui seront inculpés d'outrage aux bonnes moeurs et d'hérésie. Se basant sur cette réalité documentaire, c'est par le biais de la fiction et de personnages imaginés que Mohammed Abdelnabi évoque cette affaire et élargit le spectre de sa réflexion vers la condition de vie des homosexuels en Egypte, leur persécution par les autorités du pays et, en fin de compte, le rejet social dont ils sont les victimes. Dans la grande tradition des conteurs égyptiens, Abdelnabi alterne scènes dramatiques et plus légères, suscitant l'empathie mais avec une pudeur et une sensibilité qui témoignent de son attachement au sujet et du grand travail de recueil de témoignages qu'il a dû réaliser. Un regret pourtant, qu'il se soit senti obligé de brouiller la chronologie en refusant une progression linéaire qui aurait été sans doute plus efficace. Ce ne sont que flashbacks et retours en avant qui s'enchaînent dans un savant désordre qui fragmentent d'autant la lecture et la contrarient.
Lien : https://cin-phile-m-----tait..
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C'est l'histoire d'une solitude. Celle d'un petit garçon orphelin de père. D'un garçon dont la mère travaille beaucoup, et qui se retrouve seul dans le grand appartement familial.
D'un homme qui aime les hommes dans un pays où cela n'est pas accepté.

Hani Mahfouz sera arrêté le jour de la raffle menée par la police égyptienne, en mai 2001, sur le Queen Boat.

Après un séjour en prison et un procès éprouvant, marqué par les coups, les brimades, Hani ressort libre, mais traumatisé, incapable de parler.

Il écrira, reclus dans une chambre, son histoire pour tenter de guérir, une parole écrite pour libérer la parole qui lui manque.

Hani Mahfouz est un homme lucide sur son passé. Il a été un enfant hésitant entre adoration et détestation pour sa mère. Il a été longtemps un dilettant, ne sachant trop quoi faire de sa vie, multipliant les partenaires sexuels d'un soir.

Mais comment faire autrement ? Lorsque votre sexualité vous condamne à être un objet de mépris, lorsque vous êtes déconsidéré en raison de votre seule orientation sexuelle?

Quand il faut bien se marier pour éviter la rumeur et l'opprobre. Quand tout cela ne suffit pas et ne suffira jamais à faire taire des sentiments pour une autre personne qu'il est interdit d'aimer.

Quand toute rencontre amoureuse peut devenir un guet-apens. Coup, vol et viol restent impunis car comment révéler aux forces de l'ordre son homosexualité ?

Que dire aussi de l'hypocrisie qui permet aux hommes puissants de se sortir de situations inextricables pour les autres grâce à quelques bakchichs.

Peinture sans concession de l'homophobie et de ses conséquences, dans une plume sombre et pudique, ce roman est absolument magistral, à lire absolument.


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En 2001 au Caire (Egypte) a lieu l'interpellation massive de plusieurs personnes suspectées d'homosexualité. Cette affaire est connue sous le nom de "l'affaire du Queen Boat". Hani, le narrateur et son ami Abdelaziz ont été dénoncés et emmenés au commissariat. Abdelaziz, issu d'une famille égyptienne puissante, en sortira 1 heure plus tard. Hani restera emprisonné 6 mois.

Le roman nous plonge dans la tête d'Hani avec la communauté homosexuelle du Caire en toile de fond. On navigue entre la prison, l'avant et l'après, au gré de l'auteur, sans se perdre. Hani revient sur son enfance, son adolescence et le début de son attirance pour les hommes qui ne l'empêchera pas de se marier et d'avoir un enfant. Puis le traumatisme de la prison qui lui fera perdre la parole et enfin la possibilité d'une reconstruction.
J'ai trouvé le récit plutôt "soft". On effleure les problèmes liés à l'homosexualité en Egypte, on n'aborde quasiment pas la politique du pays. Quelques sous entendus mais pas d'explosion. Intéressant.
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“Si l'homosexualité était acceptée en Egypte, je n'aurais pas eu besoin d'écrire ce livre. Elle ne l'est ni dans les familles, ni dans la société, ni par les autorités, et c'est encore pire dans les milieux provinciaux extérieurs au Caire ou à Alexandrie.”

L'événement qui a inspiré l'auteur, n'a jamais été mentionné à la télévision. Pourtant, en mai 2001, 52 homosexuels sont arrêtés dans un bar flottant, le Queen Boat. Ils sont des pervers aux yeux de la société égyptienne. Les policiers s'en donnent à coeur joie en les humiliant et en les torturant. À la fin d'une année de procès, vingt-neuf seront libérés et les autres condamnés à passer jusqu'à trois ans en prison.

Le personnage principal de ce roman, Hani, est arrêté le même jour mais lui l'est parce qu'il a osé tenir la main de son amant dans une rue du Caire. Ce n'est qu'après avoir passé plusieurs mois en prison qu'il est enfin libéré. Il est brisé, a perdu l'usage de la parole, et se retire dans une petite chambre d'hôtel afin d'écrire ses souvenirs et survivre. Comme compagne, une petite araignée.

On remonte le temps avec Hani: sa vie familiale, la séparation de ses parents, la solitude et le besoin d'être aimé …. Tout est écrit avec pudeur. Il n'y a pas de scènes sexuelles choquantes. Ce livre est une invitation à la tolérance.
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critiques presse (1)
Telerama
23 avril 2019
Inspiré d’un fait réel glaçant, le roman La Chambre de l’araignée explore le thème de la persécution des homosexuels en Egypte.
Lire la critique sur le site : Telerama
Citations et extraits (7) Voir plus Ajouter une citation
Nous fûmes tous battus au commissariat d'Ezbekieh, ceux qui avouèrent et ceux qui tinrent tête, ceux qui dirent qu'ils étaient actifs et ceux qui dirent qu'ils étaient passifs. Je n'ai pas été dur à cuisiner, comme on dit. Deux ou trois coups et j'étais disposé à reconnaître tout ce qu'ils me dicteraient. Ils me demandèrent d'enlever mon pantalon. Grâce à Dieu, j'avais des sous-vêtements blancs. J'ai appris que ceux qu'ils trouvaient avec des slips de couleur étaient encore plus frappés et humiliés, car cela était considéré comme une preuve accablante de leurs effémination. Ils riaient en permanence et il y avait alors dans leurs voix une étrange intonation de victoire, comme si c'étaient leur propre masculinité et leur virilité qui gonflaient, qui s'élevaient et montaient jusqu'au ciel à chaque nouvel inverti qu'ils avaient entre leurs mains et avec qui ils s'en donnaient à cœur joie.
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(...) que nous n'étions pas maîtres de nous-mêmes. Nous pouvions toute notre vie remplir le monde d'un bruit de révolte, de sarcasme, d'athéisme, de folie, de brigandage, mais à la fin du périple, même si c'était au bout de cent ans, nous n'étions qu'un peu de matière gênante qu'il fallait rapidement cacher, une simple chose qui s'était égarée et qui a été rendue à ses maîtres originels pour qu'ils fassent d'elle ce qu'ils jugeaient convenable et juste. Dans d'autres endroits du monde, on pouvait, si l'on voulait, changer de religion, d'identité et de tendances parce que, tout simplement, on était une personne libre, mais chez nous, ici, nous n'avions droit à rien de cela. Pour nous-mêmes, pour nos familles, pour le gouvernement, pour tous, nous n'étions que des choses. Nous n'étions pas libres de faire de ces corps ce que nous voulions. En fin de compte, nous leur appartenions, sans même qu'il nous fût besoin de brûler dans un train de Haute Egypte.
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Dans le jeu de l'écriture, au cours des semaines passées, j'oscillais entre le souvenir et l'oubli. C'était comme si toutes les fois que j'inscrivais quelque chose sur ce cahier, je l'effaçais de l'intérieur de moi, en quelque sorte. Il me fallait également ignorer tous les autres, Chirine, la petite Baria, le prince et Abdelaziz, afin de parvenir d'abord à dénicher Hani Mahfouz, derrière toutes ses représentations, tous ses rôles, tous ses déguisements. Je parvins également à oublier les mois de prison, fût-ce pendant quelques heures chaque jour et même ceux qui, là-bas, étaient comme mes frères : Mohammed Soukkar et bien sûr Karim qui m'avait fait des dons dont il ignorait lui-même le prix.
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Jusqu'à aujourd'hui, j'éprouve du plaisir à voir un homme uriner même si cela ne va pas jusqu'au désir et à l'excitation.
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Je me rendis compte que l'amant heureux, comme l'ivrogne, était prêt à couper un de ses doigts en chantant et à le donner à celui qui le demandait.

page 212
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Videos de Mohammed Abdelnabi (3) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Mohammed Abdelnabi
A l'occasion du festival des littératures du monde : "L'usage du monde" organisé par Lettres du monde, rencontre avec Mohammed Abdelnabi autour de son ouvrage "La chambre de l'araignée" aux éditions Sindbad.
Retrouvez le livre : https://www.mollat.com/livres/2306041/mohammed-abdelnabi-la-chambre-de-l-araignee
Notes de musique : Youtube library
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