Comme le titre l'indique, ce roman traite des relations mère-fille.
Une mère juive, créatrice, icône de la mode travaille avec sa fille à qui elle ne se résout pas à transmettre le titre de présidente.
L'histoire en tant que telle a peu d'intérêt mais sert de support à de nombreuses réflexions dont:
- le statut des femmes
- la maternité
- les liens mère/fille
- l'apparence physique
- la création artistique dans la mode
- le vêtement révélateur de personnalité
De nombreuses considérations intéressantes, mais assénées les unes sur les autres en phrases assez longues ce qui rend la lecture un peu fastidieuse.
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Ce roman relate magnifiquement bien, et tout en poésie, ce lien si particulier qui unit une mère et une fille.
J'ai apprécié ce style mêlant à la fois poésie, finesse et romantisme, mais aussi une pointe de dramatique.
Il s'agit en effet d'une ode à l'amour mère-fille. A travers ce récit, l'auteure fait un éloge de la mère. de nombreuses déclarations d'amour ressortent de ce texte, qui sont écrits avec beaucoup de finesse et délicatesse.
Même si une semblant de rivalité peut se deviner dans le rapport mère-fille, l'auteure expose les raisons de cette relation, qui peut paraître quelque peu nocive et destructrice. Il s'agit en réalité de l'expression de l'admiration de la fille pour sa mère, qui a l'envie de lui ressembler, de susciter de la fierté et de ne pas la décevoir. Mais dans un autre sens, il s'agit aussi pour elle de lui prouver, et de se prouver à elle-même, qu'elle peut réussir seule, qu'elle peut être indépendante.
Or, au regard de cette volonté d'émancipation, la mère prend conscience de son sentiment de perdre sa fille, qui grandit trop vite, se sentant dès lors inutile, et vieille. Inconsciemment, la mère réagit quelque peu brutalement envers fille, en lui mettant des obstacles dans son évolution professionnelle, comme si elle empêchait sa fille de grandir. Elle désire profondément garder sa fille auprès d'elle, de lui apprendre de nouvelles choses, pour lui être encore indispensable. Se dégage alors un esprit de nostalgie dans l'esprit de la mère, qui a ainsi peur de l'avenir, de sa vieillesse, de la solitude.
C'est aussi, en parallèle, une ode à la femme. L'auteure expose à travers le personnage de la mère, sa perception de la féminité, du désir, de la beauté, de la séduction. Elle l'exprime notamment à travers la mode, à travers la figure de la robe.
J'ai beaucoup apprécié l'exemple tiré de Cendrillon et de la Belle au bois dormant, pour expliquer la vision de l'auteure de la relation mère-fille. Un amour si pur et profond, qui peut devenir nocif à certains égards, et être étouffant autant pour la mère que pour la fille.
L'auteure donne ainsi sa propre interprétation de ces deux contes, en transposant la morale qu'elle a pu en déduire personnellement, à savoir que notre mère, notre matrice, peut être à la fois notre ange gardien, mais aussi notre ennemie. La mère, tout comme la fille, sont partagées entre plusieurs sentiments, certains désirs et certains devoirs.
A travers ce roman, l'auteure met l'accent sur la vérité des rapports mère-fille, ayant simplement pour origine le lien particulier qui s'est crée durant la gestation.
Ces pensées des deux personnages, et de l'auteure indirectement, qui leur sont normalement propres à elles-même, peuvent parfaitement être retranscrits dans la réalité, dans notre vie personnelle. Ce sont des sentiments que nous aimerions volontiers, et que nous pouvons révéler à notre tour. Je m'y suis, d'ailleurs, beaucoup retrouvée, apercevant à bien des égards ma propre relation avec ma mère.
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Autant le dire d'emblée: ce livre m'a profondément ennuyée. Je n'ai accroché ni à la forme, ni au fond. Le sujet, la relation difficile entre une mère (en l'occurence Sonia Rykiel) et sa fille avait pourtant de quoi m'intéresser. Je n'ai trouvé là ce pendant que des clichés qui m'ont semblé issus d'une psychanalyse mal assimilée et pauvrement vulgarisée. le style m'a déroutée de même que la construction qui nous fait passer dune époque à l'autre et amène à de nombreuses redites. Je ne retiens qu'une citation qui m'a semblé refléter le propos général. « Elle se disait que l'épanouissement, pour une femme, n'était pas seulement liée à un bâton de rouge à lèvres. » Les protagonistes semblent en être restées à ce stade et jamais je ne me suis sentie partager leur inconfort.
C'était le deuxième livre d'Eliette Abécassis que j'aborde. le précédent m'a laissé si peu de souvenir que même le titre m'échappe.
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Cela prend beaucoup de temps de se séparer de sa mère : cela prend une vie. Toute une vie avec sa mère. Cela prend du temps de se séparer de sa mère, parce qu'en fait on ne s'en sépare jamais. Même si l'on croit le faire, en inventant sa voie, en choisissant une vie, un homme, un travail, en ayant des enfants, en les aimant d'un amour fou, on reste la fille de sa mère, jusqu'au moment où on reprend le flambeau, et dans la joie et la douleur, on trouve sa place. Mais même à ce moment-là, on ne se sépare pas. Dans le grand accouchement qu'est la vie, quelle fille est jamais vraiment sortie du ventre de sa mère?
C'est elle, la fille, qui met en scène les défilés, avec les mannequins, différentes, drôles, longues, maigres, qui avancent, sur le podium, les unes après les autres. A les regarder de près, aucune n'est vraiment belle, de celles qui représentent la beauté idéale. Traits anguleux, jambes maigres, silhouettes squelettiques, extrême maigreur, effrayante, angoissante, car elle signifie le contrôle, le jeûne, la privation. La beauté, l'insaisissable beauté, où est-elle ? Dans la femme maigre, androgyne, longiligne, ou dans la femme opulente ? Qui le décide, et pourquoi ?
Et elle se rappelle ces mots, tous les mots de sa mère envers elle, pour lui donner de l'importance, pour qu'elle se sentît bien, ces mots qu'elle lui envoie encore, et qu'elle a disposés autour d'elle, devant son bureau, "fais attention à toi ", "tu es formidable, je t'aime", il y a des mots qui tuent, et il y a des mots qui sauvent.
Les femmes sont des chefs d’orchestre qui dirigent des deux mains une multitude d’instruments aux cordes dissonantes, qu’elles tentent de manier pour former une symphonie, et si elles s’arrêtent, si elles baissent le bras, la musique devient assourdissante, et les cordes se mettent à crisser
Qui savent qu'il y a des hommes qui célèbrent les femmes, les révèlent à elles-mêmes, les emmènent vers d'autres mondes dont elles ne soupçonnaient pas l'existence, et qu'il y a des hommes qui ne les aiment pas, même s'ils prétendent le contraire, et les enferment dans l'oubli et la négation, l'angoisse et la haine, le dégoût d'elles-mêmes, et il y a des femmes, enchaînées dans les torpeurs de la féminité, qui cherchent ces hommes-là et non les autres, et qui passent à côté de leur vie.
VLEEL 236 Rencontre littéraire avec Eliette Abécassis, Un couple, Éditions Grasset