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Critique de GaletteSaucisse


L'hypocrisie des vieux m'épatera toujours.

Ah, bien sûr, je n'ai rien contre eux. Bien au contraire, ils me sont une source quotidienne de divertissement.

(Sauf madame Charvois, la voisine du 2eme, qui est une connasse. Si tu me lis, madame Charvois, sache que je souhaite tous les jours de ma misérable existence de te voir te casser la margoulette dans les escaliers. Cordialement.)

Bien sûr, toi, petit lecteur qui n'es pas dans ma tête, tu te demandes la cause de cette première phrase d'accroche, si lapidaire.

La cause de mon émoi, c'est Daniel.

Entre donc un nouveau personnage dans le GaletteSaucisse Cinematic Universe, Daniel le brocanteur, biker sans moto (c'est parce que la courroie de démarrage déconne).

Tu ne seras pas surpris d'apprendre que Daniel est moustachu, des moustaches de morse assez incredible comme diraient nos amis les Angliches. C'est à croire que je ne choisis mes fréquentations que par rapport à leur pilosité sub-buccale. Damn.

Daniel, bien que d'une gentillesse comme j'ai très rarement vu, est d'une mauvaise foi comparable à celle de ma mère (c'est te dire.)

Ce matin donc, je le salue sur sa brocante. Au fil de la discussion, on en vient à parler des technologies en général.

- Ecoute, ma Galette, désolé de te dire ça, mais t'es quand même bien vieille, au fond, hein.
- Oui, enfin, quand on a personnellement connu le couronnement de la reine Elisabeth, on est pas trop en mesure de l'ouvrir.

Daniel fait partie de cette légion de bonshommes dont l'âge ne se voit qu'aux fils argentés sous le chapeau de cow-boy (oui), fils argentés qui font office de chevelure. Car mis à part ça, Daniel a toujours quatorze ans.

- Mais quand même, même moi, j'ai Facebook.
- C'est normal, mon gros papa aussi. C'est pas signe de jeunesse.
- Ton père, c'est un jeune.
- Non, mon père se vante d'avoir 75 ans dans sa tête. Cherche pas, Daniel, t'es foutu.

En fait, cela fait plusieurs mois que ce nouveau copain tente de m'initier aux réseaux sociaux. du coup, pour jouer le jeu et lui faire plaisir – parce qu'il est quand même très gentil – j'ai trouvé un compromis.

- Ecoute, tu te crées un compte TikTok, et le jour où tu obtiens plus de 100 abonnés, j'installe l'application.

Que n'avais-je dit. Ce qui fut dit fut fait, une semaine après, le voilà qui me dit fièrement :

- Tadam, mon compte affiche 102 zigs. A toi de jouer.

N'ayant qu'une parole, j'ai donc installé cette appli du diable, qui est donc entre autres choses la cause de ma longue absence ici (oui, j'ai honte.)

Histoire que mon sacrifice ne soit pas vain, je m'en vais te faire une petite description de ce que j'y ai trouvé, afin de t'en dégoûter et aussi d'achever mon introduction que je pensais moins longue que ça (t'inquiète, mon avis sur le bouquin arrive bientôt).

TikTok, application chinoise donc, consiste à regarder une infinité de courtes vidéos.

Jusque-là, rien de quoi justifier une absence de 4 mois (ah, quand même...)

Ce qui rend l'appli très addictive, c'est l'algorithme qu'elle utilise et qui va peu à peu calculer tes goûts et préférences en matière de vidéos. Autrement dit, voir le fil TikTok d'un individu te permet d'avoir accès à son âme (rien que ça !).

Par exemple, Daniel a principalement des motos et des posts anti-Macron (oui, bon).

(Pas de filles en maillot de bain.
Car Daniel est pur.
Sois comme Daniel.)

Selon l'algorithme TikTok, Daniel est donc un biker anarchiste qui ne regarde pas les autres filles.

Ça correspond en effet.

Moi, j'ai principalement des recettes de cuisine. Et des extraits de l'INA.

Selon l'algorithme, je suis donc une réac qui cuisine à l'occase.

Ça correspond aussi à ce que je suis, bien que pas tellement en adéquation avec la fringance de ma génération, décrite en l'occurrence ici, dans ce livre dont l'introduction de la critique est au moins aussi longue que la critique en elle-même.

(Ah bah, vous me dites que vous voulez des apartés, maintenant faut pas pleurer, hein.)

- Mais quel est donc ce livre dont la révélation du pitch nous tient en haleine depuis un quart d'heure, ô nôtre GaletteSaucisse préférée ? me demandes-tu avec dévotion.

‘'Instagrammable'' retrace l'histoire de Jade et consorts, que je vais te décrire un peu plus bas, arrête de chouiner.

Jade, c'est une fille qui a eu de la chance parce qu'elle est née jolie dans une famille blindée, et elle comptabilise un million d'abonnés sur Instagram.

Si t'es vieux et peu au fait des actualités – ce que je comprends – sache que c'est beaucoup.

Jade est un peu imbue d'elle-même, mais c'est pas grave, c'est la génération qui veut ça paraît-il. Elle est soi-disant ‘'restée amie'' avec son ex Léo, qui lui aussi cumule un joli nombre d'abonnés sur Insta.

Et bien qu'ils soient officiellement séparés, Jade a quand même la moutarde qui lui monte au nez quand elle voit Léo fricoter avec d'autres filles, notamment cette Emma, hyper catho et pas hyper branchée réseaux sociaux.

Donc elle s'arrange comme elle sait bien le faire pour foutre un peu la merde, avec l'aide de sa nouvelle meilleure amie, Sasha, qui n'est pas méchante, juste un peu perdue et pas très habituée qu'une fille aussi famous que Jade lui accorde de l'attention.

- Et c'est tout ?

Et c'est tout. Rien qu'une misérable peinture de la génération Z, obnubilée soi-disant par son image et rien d'autre.

J'ai vu plusieurs fois qu'on comparait Instagrammable aux Liaisons dangereuses. J'ai mal à mon p'tit coeur.

Le roman, en soit, n'est pas mal écrit. Il est simplement insipide.

Aurait-on préféré qu'il soit mal écrit, mauvais ? Peut-être. Au moins, il aurait eu du caractère.

Instagrammable n'est pas mauvais. Seulement, il ne laisse pas un souvenir impérissable. Les personnages, aux noms quasiment similaires, s'entremêlent dans votre esprit, et finalement, le lecteur n'en sait plus où il en est. J'ai eu une difficulté folle à rédiger cette critique, parce que les noms m'échappaient sans cesse (‘'Qui est William ? Alors c'est lui William ? Donc lui, ce n'est pas William ?'')

(Si t'as la réf, débranche TikTok.)

Par ailleurs, il est aussi et surtout – ce qui en fait le principal défaut – une succession ridicule de clichés

Promis, je passerai sur la tentative de suicide sur le pont-Mirabeau.

Ces jeunes lycéens ne sont que des copies conformes de leurs autres camarades, aucun ne se distingue, sauf peut-être la jolie Emma, mais c'est parce qu'elle n'est pas sur Insta.

Leurs soirées partagées sur les réseaux sociaux sont apparemment, au vu de ce que je lis, une hérésie notoirement ridicule (les jeunes, de nos jours...)

Rien n'est véritablement développé (comme mes critiques *tousse* *tousse*) et pourtant, dieu sait comme le sujet est intéressant. Mais hélas, on tombe rapidement dans le cliché.

Conformément à ce que veut cette société où tout est éphémère, le roman et ses personnages fades s'oublieront vite. Une fois publiée cette critique, Jade, Sasha, Emma et les autres sombreront dans les oubliettes de ma mémoire.

Quitte à lire un bouquin sur les ravages des réseaux sociaux, privilégie Les enfants sont rois, de Delphine de Vigan, qui, bien qu'ayant quelques défauts aussi, a le mérite de ne pas verser trop vite dans les stéréotypes du genre ‘'les jeunes de nos jours...''

- Bah dis donc, toute cette longue intro pour ça, franchement Galette, tu vieillis mal.

Alors, déjà, je t'emmerde. Et puis, finalement, mon intro avait trois buts.

1) Introduire mon copain Daniel qui vaut quand même sa place dans le GaletteSaucisse Cinematic Universe, au même titre que Monsieur Chabance et mon copain Caillou.

2) Celui de contredire Eliette Abécassis – l'auteure.rice.resse.cassezpaslescouilles de cet excellent ouvrage : Non, il n'y a pas que les jeunes qui sont accrocs aux réseaux sociaux. Les vieux s'y mettent aussi.

3) Et enfin, le dernier mais pas des moindres, m'adresser à mon lectorat comme ton vieux tonton fumeur qui te dit, en inhalant sa nicotine : ‘'T'y mets jamais, c'est vraiment une merde, cette chose.'' Les plus perspicaces auront compris que, personnellement, je ne parle pas de clope, mais d'applications diaboliques que j'ai mentionnées vingt fois plus haut.

Donc, faites pas la même erreur que moi.

Bisou à vous.

Je vous aime.

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