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EAN : 9782070200054
645 pages
Gallimard (30/03/1962)
3.92/5   13 notes
Résumé :
Drameiile, le héros de ce roman, cherche à former des surhommes capables de mener le monde à un destin supérieur. Pour recruter les membres du groupe de la «structure absolue», il essaiera de provoquer des conflits entre toutes les catégories d’hommes — fascistes, communistes, technocrates — et de les mettre en compétition de façon à sélectionner les élus en éliminant les insuffisants. Les massacres ne sont qu’une étape sur la voie de la connaissance du «communisme ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (5) Ajouter une critique
Douze ans ! C'est le nombre d'années durant lesquelles j'ai cherché ce livre, ma licorne littéraire à moi, si vous me passez l'expression. J'en avais entendu parler à 20 ans, et ses multiples citations dans les autres romans que je lisais alors avaient créé, d'abord un intérêt, puis une véritable nécessité de le dénicher.
J'ai couru les bouquinistes des quais de Seine qui disposent souvent de ces perles méconnues que l'amateur éclairé sait apprécier et dont les noms bruissent comme des formules magiques le long du fleuve. Je le ratais toujours de peu, et le coût des exemplaires disponibles dépassait de loin mes maigres ressources.
Je l'ai enfin trouvé, totalement par hasard, dans l'un des rayons de ma librairie de quartier ! Superbe ironie que ce quête ait pris fin à cinq minutes de chez moi !
Certains disent qu'une attente comblée est nécessairement une attente déçue, puisque le simple fait d'attendre devient la raison d'être du désir et le voir assouvi entraîne sa disparition: d'autres estiment que la confrontation entre le fantasme, la licorne, et la réalité, sa lecture, ne peut de même que décevoir.
A tous ces gens, je réponds: Non !
Non pas parce que le livre a été à la hauteur de mes attentes, mais parce qu'il en a été totalement différent tout en les sublimant. Je n'exagère pas: sur les 640 pages que compte ce roman, il n'y a que 2 pages qui soient du niveau des très grands romanciers actuels...le reste est à des années-lumière au-dessus, de par l'intelligence du propos, de par son ambition remplie, de par sa vérité.
Si je vous disais que ce roman écrit en 1961 avait prévu la chute du communisme dès ses premières pages pour 1989 et la destruction de tours à Manhattan dans les dernières; si je vous disais que ce roman pressentait dès 1961 que les terrorismes religieux que nous connaissons marqueraient notre époque... Je m'arrête là.
Il ne s'agit pas d'un roman d'anticipation car les évènements se passent de la fin des années 1950 au début des années 1960 mais Abellio prévoit, non pas en tant que pseudo-magicien, mais avec sa sagesse la suite des temps telle qu'elle promettait d'advenir dès cette époque.
Abellio n'était pas prophète, ni mystique, juste d'une lucidité rare vis-à-vis du monde; il avait connu l'engagement communiste, l'activisme, le retour au christianisme, à la philosophie, puis il s'était détaché de toutes ces idéologies, désaffecté du monde et ouvert les yeux sans parti-pris.
Venons-en au style. le roman lorgne clairement du côté de Stendhal, avec "le roman en tant que miroir du monde" et l'on peut donc parfois s'étonner de voir se côtoyer les thèses les plus audacieuses sur la dualité masculin/féminin avec les dîners dits "mondains" les plus superficiels.
Il faut préciser qu'une large masse du lectorat amateur pourrait être déroutée par ce roman, voire totalement rebutée, car il n'y a à aucun moment la recherche du divertissement du lecteur, ce n'est pas à roman à émotions qui fera pleurer, ou effraiera, ou attendrira.
"La fosse de Babel" n'est pas un fruit, destiné par nature à la corruption, c'est un germe qui n'attend que d'être planté en chacun,et de le changer.

To the Happy Few...
Lien : http://johaylex.wordpress.co..
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111 * 111 = 12321

Le carré d'aleph c'est à dire sa valeur numérique montée au carré démontre parfaitement la dualité antinomique d'un système dont le but est d'insérer une pierre angulaire identique au résultat de deux équations en miroir.

Le communisme sacerdotal, une pensée unique consistant à formater à l'aide de deux contradictions simultanées un principe similaire basé sur la révolte et la répression dont les arômes originels ne proviennent que d'une seule source.

Une genèse virulente établie dans des appartements capitonnés ou des villes bourgeoises tristes et pluvieuses à l'image de réformateurs radicalisés insensibles et déterminés devant tout en synchronisant leurs arguments manager leur égocentrisme.

Maîtres et serviteurs, décisionnaires et exécutants, organigramme d'un seul cerveau, structure absolue d'une substance unique s'alimentant de sa différence en déployant en parallèle la contestation et son châtiment.

L'union nationale constituée d'un parti unique provenant de toutes les idéologies politiques parachutées au sein d'un laboratoire collectif d'individus cobayes, vulnérables, instables et sensitifs volontairement tourmentés par les ravages de la différence.

Un aggloméré surpuissant contenant tous les bois permettant à tous les concepts de dévoiler leurs opposés dans une même partition en s'emparant d'un monde sous l'emprise du tout et de son inverse.



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J'ai retrouvé avec plaisir ce gros pavé de plus de 600 pages, édité pour la première fois en 1962 et récemment réédité dans la collection "l'Imaginaire". Raymond ABELLIO est l'un de ces personnages fascinants, aux frontières de la philosophie, de la politique et de l'ésotérisme, flirtant en permanence avec un prophétisme échevelé et provocateur, fruit d'une série d'actions délibérées plutôt que d'un quelconque pouvoir surnaturel.

"La Fosse de Babel" est sans conteste son oeuvre romanesque majeure, suite d'un ouvrage plus anecdotique "Les Yeux d'Ezechiel sont ouverts". le personnage central de ce récit, Drameille, cherche à former des hommes exceptionnels -des surhommes- destinés à conduire le monde. Et pour former cette nouvelle caste -celle du communisme sacerdotal, au-delà des clercs, des guerriers et des politiques- quoi de mieux que de mettre en situation de conflit objectif les extrêmes. Les survivants à cet affrontement seront assurément les meilleurs.... le théâtre, une série d'usines américaines. Les acteurs, Santafé, ancien révolutionnaire espagnol chargé de fomenter des attentats anarchistes et von Saas, ancien officier SS chargé de protéger par ses milices les industries menacées. le récit, mené de main de maître à la première personne par Dupastre, écrivain, philosophe et ami de Drameille. Un homme ultime..... "Il existe, selon lui -Drameille- trois types d'hommes ultimes : le saint dans sa cellule, le chef communiste également dans sa cellule et le romancier n'importe où..."
"La Fosse de Bablel" est également un grand roman -non pas d'amour- mais dédié à l'amour, à la femme, que celle-ci soit "sauvage" ou "primitive" comme Marie Greenson ou qu'elle soit "ultime" comme Françoise de Sixte. ABELLIO possède une typologie de la femme très élaborée et fort personnelle qu'il nous détaille abondamment et qu'il utilise pour analyser les forces et les faiblesses d'un couple. C'est à une véritable étude des polarités entre homme et femme qu'il nous convie, et ce de façon magistrale "Par convention, nous disons que le sexe de l'homme est positif, car il est actif, et que celui de la femme est négatif, car il est passif ; mais inversement pour les cerveaux : c'est celui de la femme qui est positif, car il procède par intuition globale et immédiate, acte pur, tandis que celui de l'homme est négatif, car il procède par analyse et raisonnement, acte différé. Tout cela bien entendu pour l'homme et la femme dits normaux....."
"La Fosse de Babel", enfin, est un roman à couleur ésotérique, faisant suite aux essais d'ABELLIO en la matière comme "La Bible , document chiffré" ou "Vers un nouveau prophétisme" et annonçant son oeuvre maîtresse, "La structure Absolue". ABELLIO est obsédé par l'explication globale, structurale, et c'est par l'étude de la Bible et de la Kabale qu'il va déboucher, de façon étourdissante. On est, dans ce roman, aux prémices de la recherche...... d'une recherche qu'il prête du reste à ses personnages principaux, écrivains comme lui. "..nous découvrîmes enfin non ce que nous cherchions, mais ce qui nous cherchait, notre puits de science inconnu des cartes, bref ce que nous appelâmes spontanément la STRUCTURE ABSOLUE, parce qu'il s'agissait bien en effet, au sein de ce monde de relations opaques, de la structure unique qui les rassemblait et les éclairait toutes, comme le réseau invisible qui, d'une pierre brute, fait un cristal étincelent. C'était l'essence même de toute genèse, la genèse des genèses. C'était l'image géométrique de l'unique et gigantesque et perpétuel mouvement....."

En définitive, une oeuvre difficile, mais d'une richesse étonnante qu'il est toujours intéressant de (re)découvrir. (P.M.)

Et pour les amateurs d'Abellio signalons deux excellents ouvrages documentaires:
- Entretiens avec ABELLIO, par Marie-Thérèse de BROSSES, chez Pierre Belfont.
- La Structure Absolue, numéro 72 de la revue Question De, publiée par Albin Michel.
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difficilement accessible....
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Citations et extraits (5) Ajouter une citation
Toute vie a un sens. Mais nous ne le comprenons que le jour où cette vie, soudain, bascule vers son terme comme si un sommet était franchi, alors qu'en fait, de ce jour, la meilleure part de nous même ne bougera plus de ce sommet. Un jour vient où la vie qui jusque-là avançait avec prodigalité sans penser à la mort, et en effet, la mort reculait à mesure dans un lointain indéfini pour laisser à la vie toute la place, sans rien lui disputer, et sans même se donner un nom, un jour vient où la vie, découvrant aux confins la stature immobile de la mort, apprend que chaque instant désormais, s'il n'est pas rempli est un instant perdu, une blessure faîte à la vie et que celle-ci ne pourra plus guérir. Et, paradoxe rendu encore plus tranchant par cette nouvelle lumière, c'est au moment précis où cette vision de notre mort nous enferme en nous-même que naît en nous, pour la première fois, l'autre vision qui nous sort de la mort, à jamais, celle d'une seconde mémoire qui reprend et relie tous les instants de jadis vécus au hasard, brillants ou ternes, pour leur donner rétrospectivement un sens qui ne leur était pas présent quand ils furent vécus, mais dont la nouvelle vie les sacre d'une façon définitive; une seconde mémoire qui n'est plus notre mémoire mortelle mais celui d'un Moi éternel et impassible, généreux et dominateur, qui élève chaque instant hors de sa misère d'instant d'homme dans la gloire des instants du monde. Elle est la mémoire du monde ! Alors dans notre passé et notre avenir tout s'éclaire. Il n'y a jamais de gaspillage dans la vie. Et même le luxe offensant du passé, ses splendeurs et ses vanités folles, et tout le vide des caresses et des fêtes d'une nuit sont les arcanes d'une histoire grandiose….
Ah, mon Père, mon Père, je vois bien où vous m'avez conduit ! Vous avez voulu qu'il y est en moi deux êtres superposés. Les voici. Vous poursuiviez le premier de vos sarcasmes et de votre rire. Il continue à s'agiter dans le temps du monde, avec ses impulsions, ses désirs, son besoin d'être heureux ou malheureux, de choisir et d'être choisi, sa conscience posée sur les choses, loin de lui, et les cinq ou six livres qu'il veut écrire encore, et les femmes innombrables, tant de promesses ! L'autre, immobile comme vous, fondu en vous et vous fondu en lui, ayant déjà écrit tous les livres et aimé toutes les femmes, sa conscience rappelée à soi, centrée sur soi, et ayant jamais multiplié ses puissances, hors du temps, hors de tout… Mais celui là, qui était vous avant d'être moi, comme il vous faisait rire aussi, Père cruel, Père infaillible ! Que la nuit s'épaississe mais que votre rire demeure…
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Dans son journal intime, Kafka écrit: "Nous creusons la fosse de Babel."Pourquoi la fosse" ?
En vérité, nous ne cessons pas d’élever en même temps la tour de ce même Babel. Mais tout est double. Nos mains fouillent la terre pendant que notre esprit monte vers le soleil.
Nous pétrissons des corps et nous inventons des formes. Nous nous enfonçons dans la multiplicité des signes et des êtres et nous crions vers l'unité d'un Dieu inaccessible, et il en sera ainsi jusqu'à la fin des siècles, dans l'invisible simultanéité des exaltations et des écroulements. Babel, c'est l'écartèlement sans fin des sens et de l'esprit, c'est la prostitution du corps accueillant toutes les âmes et la constitution de l'âme unique absolvant tous les corps.
Ce n'est pas pour rien que dans la Bible, Babel et Babylone sont un seul et même mot. Babel, c'est la ville des captifs que retient un espace épais et qui pourtant, dans un vide habité des seuls éclairs, sont visités par la parole; c'est le nom de la grande prostituée et son anonymat impénétrable; c'est le monument élevé à l'impossibilité de l'amour par le paroxysme de l'amour.
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Les hommes ne retrouveront le sens du sacré qu'après avoir traversé tout le champ du tragique.
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Par convention, nous disons que le sexe de l’homme est positif, car il est actif, et que celui de la femme est passif, mais inversement pour les cerveaux, c’est celui de la femme qui est positif car il procède par intuition globale et immédiate, acte pur, tandis que celui de l’homme est négatif, car il procède par analyse et raisonnement, acte différé. Tout cela bien entendu pour l’homme et la femme dits normaux.
La fosse de Babel Raymond Abellio.
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Que pouvais-je lui répondre ? La réponse aux questions qu'il posait ne s'exprimerait elle non plus jamais par des mots. La réponse était dans une certaine qualité de ce silence intérieur dont il parlait, justement, et de la pitié que ce silence donne pensivement à la souffrance du monde. Mais j'entendais protester Drameille: le vrai silence est transparent. Qui peut être sûr de la pureté d'une pitié ?
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