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Critique de viou1108_aka_voyagesaufildespages


Beyrouth, Liban. Ces deux noms propres m'évoquent inévitablement la guerre civile qui a ravagé le pays entre 1975 et 1990, et qui croule aujourd'hui sous l'afflux des réfugiés syriens. Ce petit état, placé sous mandat français entre les deux guerres mondiales, a connu son lot de carnages. Mais aujourd'hui, 23 décembre, avant-veille de Noël, il ne sera pas question de guerre dans cette chronique, au contraire.
Inspiré de la vie d'Abdallah Chahine, « Le piano oriental » (qu'on l'appelle BD ou roman graphique) raconte l'histoire – achevée – d'une tentative de conciliation à l'intérieur d'un seul instrument et, entrelacée à la première, l'histoire – toujours en cours – d'une réconciliation avec soi-même.
Je m'explique. La première histoire commence dans les années 1950, à Beyrouth donc, lorsque le pianiste Abdallah Kamanja cherche désespérément le moyen de jouer la musique orientale (dont les notes se subdivisent en quarts de ton) sur un piano occidental traditionnel (qui ne connaît que les demi-tons), le tout sans modifier l'aspect extérieur de l'instrument ni son clavier. Après s'être creusé la tête pendant des années, Kamanja toucha au but, parvenant à faire jouer des quarts de ton à son piano. Son invention intéressa aussitôt le facteur d'orgue viennois Frederick Hoffmann, prêt à se lancer dans la fabrication à grande échelle du piano oriental. Le rêve de Kamanja de jouer ces deux musiques en même temps sur le même instrument allait se réaliser...
La deuxième histoire est celle de l'auteure, Zeina, jeune femme née à Beyrouth au début des années 1980, dans un milieu très francophile. Elle grandit dans les deux langues, le français et l'arabe, puis part à Paris en 2004, tout en continuant à revenir régulièrement au Liban. Tiraillée entre ses deux pays, ses deux langues, ses deux cultures, elle se cherche une identité, une nationalité. Pas évident quand on s'est sentie étrangère dans son propre pays, quand la langue arabe a été, à un moment, « la langue de la violence du monde dans lequel nous vivions, la langue des miliciens, des barrages armés (...), la langue des mauvaises nouvelles, celle qu'on a envie d'oublier ».
Tranche d'histoire d'un pays du Proche-Orient fortement imprégné de culture française, « le piano oriental » est un double récit plein de charme, d'humour et de tendresse, rendu sonore et virevoltant par les nombreuses onomatopées et le graphisme foisonnant, dessiné en noir et blanc, à gros traits nets, une sorte de ligne claire. Si le récit du parcours de Zeina m'a moins touchée ou intéressée (parce pas assez approfondi à mon goût), celui du piano oriental comme un pont jeté entre deux musiques est presque un conte de Noël...
Joyeux Noël à tous !
Lien : http://www.voyagesaufildespa..
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