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Pierre Navier (Auteur de la postface, du colophon, etc.)
EAN : 9782842054908
111 pages
1001 Nuits (01/07/2000)
3.75/5   16 notes
Résumé :

Maître Alfred L'Ambert, ayant perdu son nez au cours d'un duel, décide de se faire greffer un morceau de peau pour le remplacer. Il ne trouve pour donneur qu'un jeune ouvrier fort peu fréquentable, au bras duquel il devra passer trente jours le nez cousu. La cohabitation ne sera pas sans difficultés ni surprises.Edmond About (1828-1880 fut l'un des rares auteurs français comiques du XIXe siècle. Dans le Nez d'un notaire, roman ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (7) Voir plus Ajouter une critique
Sous le Second Empire, Alfred L'Ambert, héritier fortuné d'une longue lignée de notaires, est un des habitués du foyer de l'Opéra de Paris où il fait une cour platonique et assidue à une petite danseuse de 14 ans en lui offrant sucettes et bonbons. L'ennui c'est qu'il a un rival, un certain Ayvaz-Bey, secrétaire à l'ambassade de Turquie, qui est en passe de le supplanter dans le coeur de la belle enfant. Au cours d'une bousculade, Alfred percute involontairement le nez de l'Ottoman. le sang coule. Ayvaz-Bey veut venger son honneur bafoué par un duel. D'un grand coup de yatagan, il ampute le pauvre notaire de son appendice nasal. La médecine pourra-t-elle réparer les dégâts ? La greffe du nouveau nez du notaire tiendra-t-elle ?
« Le nez du notaire » est un charmant conte philosophique qui donne à réfléchir sur les limites de la chirurgie réparatrice, sur les solidarités humaines et sur la vanité de certains préjugés sociaux. C'est une formidable parabole pleine d'humour, d'ironie et parfois même de dérision. Donneur et receveur placés aux deux bouts de l'échelle sociale sont beaucoup plus liés qu'ils ne le croient. Ils se cherchent, se trouvent, se perdent, se rejettent et le plus dépendant n'est pas forcément celui que l'on pourrait s'imaginer au départ... le style de cet auteur, malheureusement un peu oublié de nos jours, est magnifique, enlevé, rythmé, sans description ennuyeuse et d'une modernité étonnante. Ce texte n'a pas pris la moindre ride et mérite mieux que de disparaître dans les limbes de l'oubli. Si lassé des sottises convenues et mal écrites que les éditeurs nous infligent trop souvent, vous avez envie de retrouver de bonnes histoires, de belles plumes et des esprits ouverts, intelligents et sarcastiques, lisez Daudet, Allais, Jarry, Mirbeau ou About. Vous ne serez jamais déçu ! C'est facile, ça ne coûte pas un kopeck, il suffit de télécharger les fichiers sur « Ebooks libres et gratuits » (entre autres).
Lien : http://lemammouthmatue.skyne..
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[Livre audio lu par René Depasse, en téléchargement gratuit et légal sur le site littératureaudio.com]
Un chouette petit roman, amusant et original. Ce n'est pas mon préféré de l'auteur dont "Le roi des montagnes" n'est pas surpassé en ce qui me concerne par ses autres ouvrages disponibles mais ce livre est tout de même agréable à lire, voire à écouter.

L'enregistrement par René Depasse est bon, si ce n'est une coupure oubliée, mais globalement la qualité est au rendez-vous, comme toujours, et le ton du lecteur donne littéralement vie aux personnages de ce roman.
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Plus qu'une réelle réflexion sur la chirurgie réparatrice ou sur l'art de modifier la plastique à coups de bistouris, ce court roman, cocasse, propose un cliché de la société du XIXème siècle et met en scène la confrontation des classes et les a priori qui les unes font coller à la peau des autres. En parlant de peau, figurez-vous que cette histoire burlesque met en scène un notaire amputé du nez suite à un duel à la malheureuse tournure. C'est un auvergnat bourru et bien mal dégrossi qui donnera de sa personne pour qu'Alfred, c'est notre notaire, retrouve apparence humaine. L'opération est un succès. Mais alors, pourquoi le nez prend-il rapidement cette drôle de couleur lie de vin ?

Donc, oui, c'est une lecture truculente, sarcastique et les personnages rivalisent d'incongruité. Mais, passé le caractère absurde de la technique chirurgicale, passé la bouffonnerie des protagonistes, il faut surtout y voir un second niveau de lecture, une comédie humaine et sociale qui vous poussera à vous interroger, avec humour et dérision, sur l'avidité, le paraître et les préjugés. Entre autres.
Lien : http://touchezmonblog.blogsp..
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Ce cours roman est un vrai régal. Drôle et plein d'esprit, il est aussi très riche sur la société française du milieu du XIXe siècle.
Lien : http://livres.gloubik.info/s..
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Fort bien écrit et très spirituel, ce livre m'a régalé comme une jolie friandise.
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Citations et extraits (9) Voir plus Ajouter une citation
Maître Alfred L’Ambert, avant le coup fatal qui le contraignit à changer de nez, était assurément le plus brillant notaire de France. En ce temps-là, il avait trente-deux ans ; sa taille était noble, ses yeux grands et bien fendus ; son front olympien, sa barbe et ses cheveux du blond le plus aimable. Son nez (premier du nom) se recourbait en bec d’aigle. Me croira qui voudra, mais la cravate blanche lui allait dans la perfection. Est-ce parce qu’il la portait depuis l’âge le plus tendre, ou parce qu’il se fournissait chez la bonne faiseuse ? Je suppose que c’était pour ces deux raisons à la fois.
Autre chose est de se nouer autour du cou un mouchoir de poche roulé en corde ; autre chose de former avec art un beau nœud de batiste blanche dont les deux bouts égaux, empesés sans excès, se dirigent symétriquement vers la droite et la gauche. Une cravate blanche bien choisie et bien nouée n’est pas un ornement sans grâce ; toutes les dames vous le diront. Mais il ne suffit point de la mettre ; il faut encore la bien porter : c’est une affaire d’expérience. Pourquoi les ouvriers paraissent-ils si gauches et si empruntés le jour de leurs noces ? Parce qu’ils se sont affublés d’une cravate blanche sans aucune étude préparatoire.
On s’accoutume en un rien de temps à porter les coiffures les plus exorbitantes ; une couronne, par exemple. Le soldat Bonaparte en ramassa une que le roi de France avait laissé tomber sur la place Louis XV. Il s’en coiffa lui-même, sans avoir pris leçon de personne, et l’Europe déclara qu’un tel bonnet ne lui allait pas mal. Bientôt même il mit la couronne à la mode dans le cercle de sa famille et de ses amis intimes. Tout le monde autour de lui la portait ou la voulait porter. Mais cet homme extraordinaire ne fut jamais qu’un porte-cravate assez médiocre. M. le vicomte de C***, auteur de plusieurs poèmes en prose, avait étudié la diplomatie, ou l’art de se cravater avec fruit.
Il assista, en 1815, à la revue de notre dernière armée, quelques jours avant la campagne de Waterloo. Savez-vous ce qui frappa son esprit dans cette fête héroïque où éclatait l’enthousiasme désespéré d’un grand peuple ? C’est que la cravate de Bonaparte n’allait pas bien.
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Apprenez, ma chère enfant, que la danse et la politique sont jumelles. Chercher à plaire, courtiser le public, avoir l’œil sur le chef d’orchestre, composer son visage, changer à chaque instant de couleur et d’habit, sauter de gauche à droite et de droite à gauche, se retourner lestement, retomber sur ses pieds, sourire avec des larmes plein les yeux, n’est-ce pas en quelques mots le programme de la danse et de la politique ?
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Depuis deux siècles et plus, tous les aînés de la famille avaient porté la cravate blanche aussi naturellement que les corbeaux portent la plume noire, les ivrognes le nez rouge, ou les poètes l'habit râpé. Légitime héritier d'un nom et d'une fortune considérable, le jeune Alfred avait sucé les bons principes avec le lait. Il méprisait dûment toutes les nouveautés politiques qui se sont introduites en France depuis la catastrophe de 1789. A ses yeux, la nation française se composait de trois classes : le clergé, la noblesse et le tiers était. Opinion respectable et partagée encore aujourd'hui par un petit nombre de sénateurs. Il se rangeait modestement parmi les premiers du tiers état, non sans quelques prétentions secrètes à la noblesse de robe. Il tenait en profond mépris le gros de la nation française, ce ramassis de paysans et de manœuvres qu'on appelle le peuple, ou la vile multitude. il les approchait le moins possible, par égard pour son aimable personne, qu'il aimait et soignait passionnément. Svelte, sain et vigoureux comme un brochet de rivière, il était convaincu que ces gens-là sont du fretin de poisson blanc, créé tout exprès par la Providence pour nourrir MM. les brochets.
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Mais le terrible Ayvaz, aux premiers mots de conciliation que ses amis lui firent entendre, se mit dans une colère turque.
- Suis-je un fou ? s'écria-t-il en brandissant le chibouk de jasmin qui lui avait tenu compagnie. Prétend-on me persuader que c'est moi qui ai donné un coup de nez dans le poing de M. L'Ambert ? Il m'a frappé, et la preuve, c'est qu'il offre de me faire des excuses. Mais qu'est-ce que les paroles, quand il y a du sang répandu ? Puis-je oublier que Victoria et sa mère ont été témoins de ma honte ?... Ô mes amis, il ne me reste plus qu'à mourir si je ne coupe aujourd'hui le nez de l'offenseur !
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Mais des raisons de haute convenance me défendent de préciser l’année exacte où cet officier ministériel échangea son nez aquilin contre un nez droit. C’est pourquoi j’ai dit vaguement en ce temps-là, comme les fabulistes. Contentez-vous de savoir que l’action se place, dans les annales du monde, entre l’incendie de Troie par les Grecs et l’incendie du palais d’Été à Pékin par l’armée anglaise, deux mémorables étapes de la civilisation européenne.
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