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Critique de Henri-l-oiseleur


Il est bien difficile de parler en termes clairs et attirants, pour les lecteurs modernes, de littérature magique antique. D'abord, nous n'avons rien en commun ou presque avec l'univers culturel mésopotamien, où toute maladie, où toute difficulté rencontrées dans la vie, pouvaient être le résultat d'une malédiction, d'un sortilège, de pratiques sorcières hostiles. Peu d'entre nous croient à cela aujourd'hui, au moins dans le monde développé, qui a ses propres tabous et superstitions. Ensuite, la Mésopotamie a développé un grand nombre de rituels contraignants, subtils, fondés sur le pouvoir magique de la parole et du rite : notre foi dans les pouvoirs de la parole n'est pas moins intense, mais elle adopte aujourd'hui d'autres formes. Comment considérer alors ces textes, où magie, religion et poésie se rencontrent, comme de la littérature au sens où nous l'entendons ?

Ce volume des State Archives of Assyria, Cuneiform Texts, est, avec le recueil d'exorcismes contre les mauvais esprits, le plus long, le mieux documenté, le plus richement développé de toute la série découverte dans les ruines de la Bibliothèque du roi Ashurbanipal. A côté, les grands textes narratifs et poétiques sont brefs (Gilgamesh, Atra Hasis, l'épopée de la Création), parfois assez mal conservés et copiés, comme s'ils étaient des oeuvres de seconde catégorie aux yeux des lettrés du temps. Nul doute que dans une bibliothèque de l'époque, les livres magiques étaient jugés bien plus utiles et importants que les autres. C'est que l'univers de ces gens était plein de dieux, petits dieux personnels et protecteurs, grands dieux cosmiques, bons et mauvais esprits. Pour qu'un sortilège soit efficace, il fallait que le sorcier, par sa magie, ses accusations et ses calomnies, persuade le dieu protecteur de sa victime de lui retirer sa protection, car elle mérite son châtiment et ses malheurs. Donc le rituel est juridique : il s'agit de prouver aux dieux son innocence, et de les convaincre de renvoyer le mauvais sort à l'envoyeur.

Cet ouvrage, dont les textes originaux ne sont que partiellement traduits par le grand assyriologue israélien Tsvi Abusch, n'attirera que les curieux, avouons-le.
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