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Critique de sandrine57


Cuba, 1963. Alors que l'île s'apprête à affronter l'ouragan Flora, la vieille Maria-Sirena est bien décidée à rester dans sa maison du bord de l'océan. Rongée par la maladie et les remords, elle attend la vague qui la submergera et ses souvenirs avec elle. Mais c'est sans compter sur Ofelia, une jeune soldate de l'armée de Castro qui a pour mission de rassembler les récalcitrants pour les mettre à l'abri. Malgré elle, Maria-Sirena se retrouve dans une des nombreuses pièces de la casa Velazquez, l'ancienne résidence du gouverneur. Là, avec sept autres femmes, la vieille dame guette la tempête et l'eau qui monte. Pour passer le temps et se débarrasser d'un fardeau trop lourd à porter, Maria-Sirena va dévider le fil de ses souvenirs. Comme du temps où elle était lectrice dans une manufactures de cigares, la cubaine raconte sa vie, depuis sa naissance sur un bateau espagnol en provenance de New-York, jusqu'à ses derniers jours solitaires dans sa petite maison. A travers ses mots, renaissent Agustin, son père rebelle impliqué dans les guerres d'indépendance contre la domination espagnole, Lulu, sa mère, belle et farouche, Mario, son premier amour et Mayito, le fils dont elle conserve précieusement une photo dans sa poche.

De Cuba, l'on connaît surtout la révolution castriste et le passé récent d'une île toujours sous le joug du communisme. Chantel Acevedo nous emmène plus loin dans le temps, à la fin du XIXè siècle lors de la troisième guerre d'indépendance. Cuba est alors sous domination espagnole mais les rebelles se soulèvent contre des occupants tout puissants. Dans le sillage de ses parents, indépendantistes convaincus, Maria-Sirena est au plus près des combats. Très attachée à sa mère qui l'a élevée seule pendant que son père croupissait en prison, la fillette grandit avec la liberté et la haine de l'Espagne chevillées au corps. Pour ses compagnes d'un jour, elle fait revivre ses années dans un atelier clandestin, à affûter les armes et à soigner les rebelles, l'émancipation des esclaves noirs qui eux aussi prirent les armes pour chasser les espagnols, la cruauté des dominateurs et le reconcentrado, ancêtre des camps de concentration où les cubains, enfermés dans des villages sertis de barricades, vivaient dans des conditions d'insalubrité effroyables, mourant de faim, de soif et de maladies. Conteuse-née, Maria-Sirena raconte une vie de larmes, de sang mais aussi de bravoure, de conviction, d'amour, auprès de parents flamboyants, dans une île qui a eu son lot de combats, de morts et de héros.
Ce roman, histoire d'amour de Cuba, se lit d'une traite, comme si l'on était enfermé dans la villa du gouverneur avec ces femmes. Dehors, la tempête gronde, dedans l'histoire se déroule comme un conte, à la fois cruel et sensuel. Une lecture lointaine et merveilleuse.
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