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Critique de LadyDoubleH


Destination Cuba, avec ce premier roman traduit en français de l'américaine d'origine cubaine Chantel Acevedo. Je suis tombée très vite sous le charme de ce récit coloré et plein d'humanité, mené tambour battant entre passé et présent. Emballée par l'histoire, le contexte politique, l'exotisme.

Le roman commence une nuit de 1963 lorsqu'un ouragan dévastateur frappe Cuba. Maria Sirena, presque quatre-vingts ans et évacuée de force de chez elle, se retrouve confinée avec d'autres femmes dans l'ancienne demeure du gouverneur, sous la surveillance d'une jeune militaire.

Pour passer le temps, Maria Sirena va raconter des histoires. C'est elle bien sûr qui prend la parole, l'ancienne lectrice dans une fabrique de cigares. « Je pense souvent à cette époque avec plaisir. Je me revois assise sur un haut tabouret, face aux cigariers. Je lisais pendant des heures pour les distraire pendant qu'ils roulaient les feuilles de tabac ». (J'ai découvert cette incroyable tradition centenaire en lisant l'île du point Némo de Jean-Marie Blas de Robles. « [Liseur] de fabrique de cigares », un métier vieux d'un siècle et demi, dont l'inscription au patrimoine oral de l'humanité a été proposée à l'Unesco ». Incroyable et génial ! Mais revenons à notre roman.)

Maria Sirena va raconter, en fait se raconter. le besoin de se libérer, de transmettre. « Les histoires pèsent toujours trop lourd. Qui les portera quand je ne serai plus là ? ». Son enfance pendant la troisième guerre d'indépendance à la fin du 19ème siècle, quand Cuba était encore sous une stricte domination espagnole. Elle raconte son père, le rebelle Agustin, sa mère, la flamboyante Illuminada, Lulu pour les intimes, leur rencontre et sa naissance, leur vie, les combats, les fuites, les camps dans la montagne, le rôle du poète Jose Marti, âme de cette révolution, la condition des femmes, l'émancipation des noirs…

Je connaissais un peu l'histoire récente de Cuba, mais absolument pas toute cette période, et je suis moi aussi restée scotchée, tout autant que ses compagnes d'infortune, aux paroles de Maria Sirena. Une bonne partie du roman, en tous cas. Car hélas, mon enthousiasme de lectrice, presque arrivé au mur du son, s'est finalement mis à tousser, avant d'opérer un retour sur terre un peu décevant. Des facilités scénaristiques, certains points vite survolés, trop de poisse peut-être, et de naïveté pour Maria Sirena. Soupir. On n'est pas passés loin. Mais il n'empêche, même avec ces bémols, Lointaines merveilles reste un très bon roman, dépaysant et bourré d'intérêt, écrit d'une jolie plume pleine de fraîcheur.

« Plus tard, tu repenseras à ces instants et à tout ce que tu as souffert pendant cette guerre, comme une série de lointaines merveilles et cela te blessera de te les remémorer, mais tu te diras : « J'ai eu de la chance, j'ai été bénie de quitter cet endroit en vie », et la douleur disparaîtra ».
Lien : https://lettresdirlandeetdai..
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