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sur 121 notes


Comme dans un journal intime, Paul nous raconte sa vie sentimentale, tout du moins cinq personnes qui ont le plus compté pour lui : Nanni, Maud, Manfred, Chloé, Heidi. A chaque fois, il délaisse l'être aimé. Est-ce par lassitude, par besoin de nouveauté, par espoir de rencontrer le grand amour. Par jalousie aussi, même s'il déteste ce mot, lorsqu'il croit comprendre que sa partenaire s'est entichée d'un autre homme. Il suffit qu'il croise quelqu'un pour que son cerveau s'emballe et qu'il fantasme, qu'il invente ce que pourrait devenir sa vie avec cette personne nouvellement entraperçue.

Enigma Variations, le titre original, est plus approprié et évocateur que la traduction française. Paul est une énigme, sans cesse à la recherche du désir qui s'offre à lui aussi vite qu'il disparaît. Même entouré, il se retrouve seul, confronté le plus souvent à ses souvenirs.

Aciman dissèque au scalpel l'inconstance de Paul. La première partie est de toute beauté, évoquant son éveil sexuel et son incapacité à analyser les sentiments.

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À travers cinq chapitres qui se lisent comme des nouvelles, Paul raconte sa vie amoureuse, depuis l'ébauche de son amour pour Nanni, l'ébéniste de son village de vacances, dont la première phrase est digne de Proust « Je suis revenu pour lui » (je la trouve magnifique), à Heidi, dont la relation compliquée -essentiellement épistolaire, souvent épisodique mais toujours passionnée - durera des années, en passant par Manfred, dont le désir le consumera pendant des mois avant qu'il ose lui parler, mois pendant lesquels il fera jouer son imagination…
Ce roman est avant tout une variation sur le thème du désir, car il n'est question que de cela à toutes les pages: une fois qu'on est tombé.e sous le charme, et que notre imagination nous fait perdre pied, comment revenir dans le réel et avancer?
Certaines des pages écrites dans ce livres sont, selon moi, parmi les plus belles écrites sur le désir et sur l'envoûtement dans lequel il nous tient piégé. Il n'y a pas de faux fuyant: l'auteur ne nous épargne rien, ni sur l'attraction ni sur les stupidités qu'elle nous fait faire ou dire., ni sur les complications que cela entraine quand nous succombons. Et souligne que, dans ce domaine aussi, la précédente aventure ne nous sert jamais de leçon.
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Récit à la première personne, un narrateur Paul, qui par certains côtés semble ressembler à l'auteur, qui a vécu dans les endroits et de la même manière que celui-ci, se raconte. D'une façon discontinue, il évoque quelques moments clés de sa vie, en entremêlant passé et présent, souvenirs et l'instant en cours. Ce qui relie ces différents points de sa vie est le sentiment amoureux, l'attirance, le désir intense, le mouvement vers l'autre qui fait, ou qui donne envie de sortir de soi, de construire un nous. Difficile, rarement abouti, Paul a du mal à être simple, à vaincre ses barrières. Mais d'une certaine façon, il préfère peut-être l'imagination, l'attente, ou le souvenir, à un assouvissement qui fait disparaître tout le mystère et tous les possibles pas encore advenus.

Giovanni, Maud, Manfred, Chloé, Heidi font surgir des fantasmes, éveillent l'imaginaire, mais au fond restent lointains, comme des continents mystérieux entrevus dans la brume. Parfois le vent dissipe un peu la brume, les continents semblent se rapprocher pour un temps, mais un autre coup de vent va rapidement les dissimuler et les éloigner. Resteront les souvenirs et les rêves de ce qui a été entraperçu, de ce qui aurait pu être si seulement…

Un beau livre, mélancolique et doux, qui au-delà d'une aspirations primordiale à une union, à un contact, se confronte à un sentiment irrémédiable de solitude, de l'impossibilité de pénétrer l'autre, de s'oublier soi-même. Paul restera toujours enfermé dans son univers, les rencontres qu'il fait et les sentiments qu'il éprouve ne font au final que nourrir cet univers intérieur sans le transformer réellement au contact des gens auquels il s'attache. Ce pourquoi, le côté inaccessible, impossible, des attachements qu'il éprouve est ce qui le séduit le plus : la distance qui ne pourra être franchie, ou alors juste pour un court moment est ce qui lui convient le mieux, le travail intérieur autour de l'aimé ne pourra que plus facilement se déployer.
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Grace aux éditions Grasset, via net galley, j'ai eu le plaisir de lire Les variations sentimentales d'André Aciman.
Paul est encore adolescent quand il s'éprend de Giovanni, le menuisier de ses parents, pendant des vacances estivales sur une petite île italienne. Premier amour. Plus tard, à New York, c'est avec la belle Maud qu'il pense construire une vie de couple. Il l'aime et la jalouse fiévreusement. Trop peut-être. Il y aura aussi Manfred puis Chloé sans oublier Heidi, une jeune musicologue...
Paul nous parle de ses amours, de ses émois. Il est dans la séduction, homme, femme.. il varie.
Les variations sentimentales est un roman qui porte bien son titre.
J'avais beaucoup aimé Appelle-moi par ton nom d'André Aciman, c'est donc avec plaisir que je me suis plongé dans son nouveau roman.
J'ai bien aimé découvrir Paul et ses amours, c'est sympathique, agréable à lire toutefois cette fois ci je n'ai pas eu de coup de coeur. Il manque quelque chose pour me captiver totalement et je n'arrive pas à définir quoi !
J'ai apprécié ma lecture, les personnages, l'histoire mais pas de là à mettre cinq étoiles. En fait, je dirais qu'il est légèrement en dessous de son premier roman, tout simplement :)
Mais Les variations sentimentales est un bon roman qui se lit rapidement et avec plaisir. Je sais déjà que je lirais le prochain ouvrage de cet auteur :)
Ma note : 4 étoiles.
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Certes, il y a toujours cette belle écriture, fine, douce, linéaire et donc sans à-coups mais, il n'y a pas de magie dans ce qui est évoqué. Et ce, même si l'on fait abstraction de "Call me by your name". Comment en vouloir à l'auteur si chaque artiste n'est en définitive l'auteur que d'un seul chef-d'oeuvre?
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Se faire des films. S'imaginer des histoires. Fantasmer.

André Aciman a réussi un coup de maître : dire non l'amour mais le fantasme, qui ne s'incarne dans une personne que pour mieux s'en détacher, au gré des rencontres et des hasards de la vie.

Dans Les Variations Sentimentales, le fantasme devient le réel héros de l'histoire : il double la réalité, la percute, la téléscope. Avec lui, les être aimés se suivent, se surimposent, se heurtent parfois.

Le génie de ce livre, c'est d'être construit comme une fugue : parallèlement au récit, une deuxième voix apparaît, elle dit les variations du désir, les modulations de la passion en contrepoint. C'est le fantasme qui parle, avec sa soif d'aventure, son besoin irrépressible de s'inventer et de se réinventer.

Roland Barthes disait du fantasme qu'il est un “roman de poche”. André Aciman lui donne ses lettres de noblesses littéraires, il en fait le moteur de l'histoire, de toute histoire. Pour notre plus grand bonheur.
























Se faire des films. S'imaginer des histoires. Fantasmer.

Avec Les variations sentimentales, André Aciman a réussi un coup de maître : dire non pas l'amour mais le fantasme, ce “petit roman de poche que l'on transporte toujours avec soi et que l'on peut ouvrir partout sans que personne y voie rien” (Barthes).

Ce n'est pas l'amour fou et sa soif d'absolu, c'est le désir et son besoin d'aventures, ce moteur à histoire qui n'en finit pas d'inventer, au gré des rencontres et des hasards de la vie.

André Aciman raconte une vie sentimentale dans laquelle les êtres aimés se suivent, se surimposent, se heurtent parfois, comme autant d'incarnations d'un désir qui ne s'incarne dans une personne que pour s'en détacher.


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Cinq histoires composent ce récit avec un narrateur unique, Paul. Des histoires à la fois distinctes les unes des autres et liées entre elles. le désir, la passion dans toute sa complexité, sous ses multiples formes.

Cinq histoires d'amour qui ont bouleversé tour à tour l'existence de Paul à différents moments de sa vie. Des histoires avec des hommes ou des femmes, peu importe.

Je garde une nette préférence pour la première variation, qui m'a fascinée et qui, à mon sens, est la plus aboutie. Celle qui évoque les premiers émois de Paul un été sur une petite île italienne. Les prémices de l'adolescence marquées par une attirance forte pour le menuisier de ses parents, l'éveil du désir qui restera insatisfait.

André Aciman explore avec profondeur la vie amoureuse de Paul. Il sonde le désir qui tiraille cet homme à maintes reprises. La plume est sensuelle, poétique. Elle dépeint l'intensité du désir qui s'empare de Paul ainsi que les émotions et les fantasmes qui se bousculent dans son esprit. La convoitise, la jalousie, la passion allant jusqu'à l'obsession.

Les mots de l'auteur décortiquent avec mélancolie le désir qui naît d'un regard, d'une rencontre. Cette attirance qui monte, qui rend fou. Un sentiment ardent mais qui demeure toujours fugace dans la vie de Paul. Car cet homme est inconstant, parfois trop à mon goût, et une fois atteint, l'objet de son désir est mouvant.

La grande force de ce roman repose sur la musicalité de la prose d'André Aciman. Une partition envoûtante et captivante sur l'exploration des sentiments amoureux.
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Ce livre dresse le portrait d'un homme, Paul, à travers cinq histoires de sa vie amoureuse, de l'aube de l'adolescence à l'âge adulte.

Cinq variations de l'amour partagé, inaccessible ou contrarié envers un homme ou une femme, avec tout ce qu'il suscite de troublant : désir, passion, obsession, rêves, fantasmes, illusion, désillusion, …

Le style composé de longues phrases rend merveilleusement les subtilités émotionnelles et les pensées fantasmatiques du personnage toujours en quête de désir.

Un roman d'une grande sensualité qui brille par sa justesse et son intelligence. Il me restera longtemps cette impression d'avoir réellement vécu ces cinq histoires d'amour.
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Après Call me by your name, j'attendais beaucoup du nouveau roman d'Andre Aciman. Ça n'a pas été le même coup de coeur absolu, mais j'ai apprécié retrouver sa plume à la fois brute et poétique, sa manière un peu proustienne de construire ses phrases, sa façon de parler de l'amour et de toutes ses variations.

Dans ce roman, nous suivons Paul dans ses aventures amoureuses — ou dans ses fantasmes jamais assouvis. À peine adolescent, Paul s'éprend de Giovanni, le menuisier de l'île italienne où il passe ses vacances. J'ai beaucoup aimé l'ambiance de ce premier amour et j'espérais vraiment que la « chute » allait être ce à quoi je m'attendais. Aciman ne m'a pas déçu. Par la suite, Paul est adulte. Il s'éprend tour à tour de Maud, du beau Manfred — silhouette qui le hante et le consume — de Chloé l'insaisissable, puis de Heidi, dont les mots le séduisent.

À travers ce personnage, Aciman raconte ainsi le désir — souvent fugitif mais toujours sublime, vivant, terrifiant. Paul rêve, aime, jalouse, charme hommes et femmes. Il fait l'amour avec son corps — mais aussi avec les mots. Et c'est très beau, souvent. (La preuve, j'ai beaucoup corné les pages de mon livre pour retenir des citations.)

Ce qui m'a le moins plu, dans ce roman, c'est le personnage principal... J'avais aimé le côté intellectuel d'Elio — dans CMBYN — et chez Paul il m'a quelque peu énervé... Il y avait quelque chose de pénible à le voir tergiverser sur ses désirs, à hésiter, puis à retomber dans une mélancolie de l'amour déçu. En fait, après réflexion, je crois que j'aime beaucoup trop les histoires où le héros/l'héroïne s'enflamme pour une seule et même personne, jusqu'à la mort. Ce n'est jamais le cas de Paul qui s'attache brusquement puis se détache au gré du temps... En somme, c'est un personnage très humain. Et pour moi qui ait en tête un « idéal » romantique enfiévré nourri par les fictions (lol), c'était peut-être trop réel... Laissez-moi croire que l'amour ne se fane jamais, qu'il dévaste tout.

Dans tous les cas, ce roman est très beau et me confirme qu'Aciman est un écrivain dont j'adore définitivement l'univers.
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Qui suis-je quand j'aime ? Comment j'aime ? Pouvons-nous aimer plusieurs personnes ou bien n'en n'aimons qu'une seule tout au long de notre vie ? Est ce que j'aime pour toute une vie ? Avec profondeur ou bien superficialité ? Les variations sentimentales nous entrainent dans les méandres amoureuses d'un garçon que nous retrouverons au stade d'enfant et puis au stade d'adulte.

C'est un roman que j'ai trouvé fort intéressant, car il ouvre plusieurs espaces et brise la norme de un homme + une femme est pas autre chose. L'auteur dans l'exploitation de l'errance sentimentale de son personnage principal en fait de lui quelqu'un de normal, de monsieur tout le monde, qui s'énivre de la présence d'hommes et se noie dans celle des femmes sans jamais réellement se poser tel un papillon qui ne sait sur quelle fleur se poser et varie du tout au tout.

Dans cette société qui a du mal avec le polyamour, la bisexualité, l'aromantisme, j'ai trouvé que l'histoire donne vraiment une signature au personnage principal du roman qui finalement pourrait laisser croire à des troubles de l'attachement, mais j'y ai plus vu un esthète de l'amour qui chute dans les regards sans jamais vraiment savoir ce qu'il veut et ne sait plus vraiment s'il le voulait une fois obtenu.

Bref, j'ai apprécié cette lecture tout en douceur et en délicatesse.
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