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EAN : 9782351782019
160 pages
Gallmeister (25/04/2019)
3.9/5   120 notes
Résumé :
Tous les jours, Mary est auprès de son époux, à l’hôpital. Tous les jours depuis trois ans, après son retour d’Irak. Eden est inconscient, et ses blessures ne guériront pas. Personne ne sait plus comment l’appeler, sauf elle : c’est son mari, et il est toujours en vie. Leur fille, qu’Eden n’a pas eu le temps de connaître, grandit dans cet hôpital où Mary attend avec patience et détermination un changement. Un jour, en son absence, Eden semble trouver un moyen de reprendre contact avec le monde extérieur. Dès lors, c’est Mary seule qui aura la responsabilité d’interpréter ces signaux et de prendre des décisions, ramenée tout d’un coup face à certaines vérités troublantes sur leur mariage.

D’une profonde humanité, "En attendant Eden" est une méditation perçante sur la loyauté et la trahison, la peur et l’amour.
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Critiques, Analyses et Avis (52) Voir plus Ajouter une critique
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Après avoir sauté sur une mine en Irak, le soldat Eden a, contre toute attente, survécu à ses blessures. Son état est tel que le narrateur n'est que soulagement de ne pas en avoir réchappé pour sa part. Cela fait maintenant trois ans que son épouse, parfois accompagnée de leur toute petite fille qu'il n'a pas eu le temps de connaître, lui rend quotidiennement visite à l'hôpital, où ce qu'il reste de lui respire, branché à des machines. Contre l'avis de tous, et même d'Eden comme semble l'indiquer la seule façon qu'il ait trouvée pour tenter de communiquer, Mary ne peut se résoudre à le laisser enfin partir.


La vie est-elle toujours préférable à la mort ? D'ailleurs, est-ce bien encore une vie que ces quelques lueurs de conscience cauchemardesque, prisonnière de ce qui n'a plus d'un corps que quelques fonctions vitales, de surcroît assistées, torturée par des terreurs délirantes et inextinguibles ? C'est un ancien ami et frère d'armes qui exprime son avis d'outre-tombe, observant le désespoir d'Eden et l'obstination de Mary avec la clairvoyance d'un témoin suffisamment proche pour connaître leur passé et décoder leur psychologie. Bien placé pour comprendre et nous faire concevoir « de l'intérieur » l'innommable calvaire qu'endure Eden et pour décrypter les signaux de détresse absolue que ce mort-vivant s'évertue à adresser d'une manière éperdue à un entourage incapable de l'entendre, personne mieux que lui ne peut en même temps pénétrer les dévorants motifs de culpabilité qui rendent Mary incapable de prendre l'irrémédiable décision qui semble pourtant s'imposer.


Alors, empli d'une impuissante compassion, il raconte l'engrenage et l'emprise de la peur, la peur qui, même entre les missions, corrompt la vie de couple et toute projection d'avenir, sans que pour autant le choix de décrocher ne paraisse même une option envisageable. C'est comme accroc à une drogue qu'Eden se réengage malgré lui, mettant un peu plus en danger un ménage qui, malgré l'amour, menace de partir en quenouille. Quand une presque dépouille est rendue à l'épouse, la précipitation d'un composé toxique d'amour, de mauvaise conscience et de loyauté repentante cimente le malheur dans un sarcophage de pénitence. C'est ainsi qu'Eden, Mary et leur petite Andy se retrouvent coincés dans une impasse aussi funeste qu'insupportable, les remords devenus scrupules intempestifs bloquant la porte de sortie que chacun n'aspire pourtant qu'à prendre.


Un roman tout en pudeur et en ellipses qui, en étonnamment peu de pages, vous cloue sans voix sous le coup de son impeccable et implacable tir en plein coeur.

Lien : https://leslecturesdecanneti..
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Très touchant, ce tout petit roman de 150 pages qui a tout d'un grand.


Eden est un soldat d'élite dont l'unité a sauté sur une bombe en Irak. Tous sont morts sauf lui, dont il ne reste que 30 kilos sur ses 100 de départ. Sa vie ne tient qu'à un fil, celui du respirateur de l'unité des grands brûlés de l'hôpital. Tout le monde sait que ce n'est une question de temps avant qu'il ne succombe à son tour : un corps dans son état ne reste pas en vie très longtemps, et de toutes façons c'est une vie de semi-conscience entre douleurs et médicaments, immobilité et cauchemars, délires post-traumatiques et médicamenteux. Eden aimait la vie, les défis, le bon vin et les sauts dans le vide. Il est désormais dans ce vide, entre la vie (ou ce qu'il en reste) et la mort (qui rôde et se rapproche). Mais si les médecins proposent de débrancher le respirateur pour abréger ses souffrances, sa femme ne veut pas être celle qui l'abandonne. Pas encore une fois...


Les actes passés pèsent sur les consciences et influent forcément certaines décisions. Pour nous aider à comprendre le drame qui se joue dans cette chambre d'hôpital, l'auteur fait raconter le récit de ces vies mêlées par le meilleur ami d'Eden, collègue mort lui aussi dans l'explosion. Nous avons ainsi, au compte-goutte, des informations sur la personnalité de chacun, leur vie commune mais aussi individuelle : à l'entrainement pour Eden, à l'attendre à la maison pour son épouse Mary ; Nous en apprenons plus sur le drame qu'ils vivaient et qui joue forcément un peu, aujourd'hui, dans la décision de Mary. Chaque chapitre intercale passé puis présent, dans une imbrication d'émotions parfois intenses pour le lecteur. Et si je ne suis pas restée indifférente à ce que vit Mary, ni à ce qu'elle a traversé dans sa vie de couple en tant que femme de militaire, j'ai été bouleversée par la personnalité de battant d'Eden, par ce qu'il vit de l'intérieur à l'hôpital, enfermé, prisonnier d'un corps qui n'est plus le sien et de souvenirs déformés, ainsi que par la manière dont il ne cesse jamais d'essayer de communiquer, avec les moyens qu'il a et ce qu'on lui a appris, espérant que quelqu'un, enfin, le comprenne et l'aide.


Ce sont ces moments qui m'ont le plus intensément touchée. D'abord parce qu'en nous dévoilant le passé d'Eden, on comprend l'enfer qu'il vit dans cet hôpital, dans sa tête et dans son corps ; et c'est insupportable - ce que l'on voudrait expliquer à Mary qui, elle, ne peut pas le vivre de l'intérieur, enfermée dans sa propre souffrance. Mais aussi parce qu'ils mettent en balance l'homme fort et plein de vie qu'il a été, avec l'homme tellement diminué mais si tenace qu'il continue d'être. Et cette volonté à elle seule prend tellement de place, est tellement humaine, puissante, est tellement l'expression de l'homme qu'il a été - et qu'il est toujours, ne peut-on s'empêcher de penser à ce moment-là - que l'on se surprend à comprendre la réaction de Mary, même si notre raison logique voudrait la combattre pour abréger toutes ces souffrances. Mais En attendant, Eden attend l'Eden, sa délivrance.

La plume et le rythme sont vraiment confortables, mais ce sont les derniers efforts d'Eden qui me font attribuer la dernière demi-étoile. Quand l'instinct de survie qui s'épuise affronte l'amour : Un texte court mais de toute beauté, criant d'émotions contenues, délivré par un auteur ayant servi pendant neuf ans dans le Corps des Marines des États-Unis (2003-2012). Ancien membre des forces spéciales, il a effectué cinq missions en Afghanistan et en Irak. Alors autant vous dire que ce texte, non-seulement on y croit mais on le vit. Un coup au coeur, presque un coup de coeur.
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Il y a trois ans, dans la vallée d'hamrin, leur humvee a sauté sur une mine. Tous les commandos marines sont morts sauf lui, Eden, dont le corps git aujourd'hui sur ce lit d'hôpital, dans le secteur des grands brûlés. Des cents kilos qu'il pesait à l'époque, il n'en reste que trente à force d'amputations. Sa femme Mary et sa fille Andy, trois ans, le veillent, jusqu'à ce jour où il manifeste subitement le besoin de communiquer alors qu'on le donnait pour mourant. Une seule question se pose : quelle décision prendre alors qu'il n'a plus de vie mais qu'il n'est pas mort ?
Eliot Ackerman a été l'un de ces marines pendant huit ans. Il a connu l'Irak et l'Afghanistan. le récit qu'il nous fait est époustouflant, bouleversant de vérité et pose de façon adroite la question de la gestion de la fin d'une vie, les soins palliatifs et l'euthanasie. La construction de son histoire est remarquable.
C'est un livre qu'il faut absolument lire car il sort complètement des sentiers battus, un livre unique qui ne peut pas laisser indifférent.
Belle traduction de Jacques Mailhos.
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La guerre, c'est moche, ça tue.
Puis parfois, c'est pire.

Quand Harry rencontre Sally, c'est bien.
Quand Eden rencontre une mine, ça craint.

Eden qu'il s'appelle, le gars, vous imaginez pire antagonisme pour un mec revenu d'Irak, désormais appelé à végéter sur son lit d'hôpital en attendant la mort.
Longue, l'attente.
Douloureuse, forcément.
Intolérable pour Mary, sa femme.
Inéluctable pour son pote, narrateur magnifique parti en éclaireur lui baliser le trajet du voyage sans retour.

C'est beau, c'est tendre, c'est triste, c'est la vie, puis ça ne l'est plus.
C'est l'histoire d'un gars qui avait tout pour être heureux sauf le facteur chance dans le trigone de Neptune.

Elliot Ackerman possède un pédigrée des plus impressionnants.
Vétéran du Corps des Marines.
Ancien membre des Forces Spéciales, ça vous légitime un cv.
La guerre, il connait, il a pratiqué, a eu la chance d'en revenir indemne, tout du moins physiquement.
En attendant Eden est juste bouleversant d'humanité alors qu'Eden n'a, finalement, plus rien d'humain au niveau du visu optique oculaire.
Dans sa prison de chair carbonisée, il est soumis aux affres de douleur d'un corps qu'il ne maîtrise plus, porté par le soutien inconditionnel d'une femme amoureuse comme au premier jour.

La plume, d'une intensité folle, se veut à la fois originale sur le plan narratif et d'une cruauté sans bornes pour ces trois accidentés de la vie.

Si l'Eden ressemble à ça, merci d'annuler ma réservation premium.
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Voilà trois ans qu'Eden est alité dans le centre des grands brûlés de San Antonio. Depuis que son Humvee roula sur une mine, dans la vallée du Hamrim. Seuls survivants parmi ses compagnons d'armes. de ses cent kilos, aujourd'hui, il n'en pèse plus que 30, à force d'amputations. Absent, inconscient mais toujours là. Trois ans que sa femme, Mary, le veille. Parfois accompagnée de sa fille, Andy, que le jeune homme n'a pas eu le temps de connaître. Trois ans qu'elle attend un signe, un changement, aussi infime soit-il...
Son ami, lui aussi dans le Humvee, se dit chanceux car Eden, lui, est tout juste survivant. de là-haut, il garde un oeil sur son compagnon. Et l'attend, patiemment. Spectateur de ses souffrances...

Elliot Ackerman, Vétéran du Corps des Marines ayant effectué plusieurs missions en Afghanistan et en Irak, signe un roman bouleversant et poignant. Considéré comme le plus grand blessé des deux guerres réunies, Eden gît sur son lit d'hôpital. Même si tout le monde s'accorde à dire qu'il ne guérira jamais, Mary, sa femme, veille sur lui, refusant de le laisser partir. le narrateur, qui n'est autre que l'ami d'Eden, nous dévoile, de là où il est, les pensées et les sentiments de ce dernier et de Mary mais aussi, par bribes, leur passé, leur amour et leurs secrets. Si ce récit aborde avec intensité et sensibilité la guerre et ses traumatismes, l'amour et la loyauté dans un couple, il donne aussi à réfléchir sur la fin de vie. Les personnages, empreints d'humanité, sont d'une force incroyable. Original de par sa narration puissante, ce roman, à la plume épurée, se révèle d'une justesse rare.
Intense et viscéral...
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critiques presse (2)
LeJournaldeQuebec
12 août 2019
Il a beau ne pas être très épais, ce roman se penche sur la fin de vie avec une étonnante profondeur.
Lire la critique sur le site : LeJournaldeQuebec
LeMonde
12 juillet 2019
Elliot Ackerman déconstruit les idées préconçues sur la fidélité et l’engagement. Sa langue, épurée et authentique, sonne juste lorsqu’il interroge les dilemmes insoutenables liés à la fin de vie. Un roman viscéral, intense et maîtrisé.
Lire la critique sur le site : LeMonde
Citations et extraits (24) Voir plus Ajouter une citation
Eden ignorait qu’il rappelait à Gabe ses amis, des gars d’une autre guerre, au cours de laquelle il avait commencé à apprendre à réparer les hommes. Pas par des réparations permanentes, mais par des petits rafistolages qui achetaient à l’homme le temps dont il avait besoin pour embarquer dans un hélicoptère et s’envoler vers un lieu où les vraies réparations pourraient se faire. Dans sa guerre, Gabe avait appris presque tout ce qu’il y avait à savoir sur comment acheter du temps à un corps démoli. Massage cardiaque, agent coagulant, garrot, intubation nasotrachéale, tout ce vocabulaire des instants sauvegardés. Au fil des années de la guerre de Gabe, et plus tard, il avait vu les minutes qu’il avait achetées pour ses amis se transformer en des peines de trop nombreuses heures, trop nombreux jours, trop nombreux mois. Il ne tarda pas à apprendre qu’en matière de temps l’ennemi n’était pas le manque, c’était l’excès. Parce qu’au bout du compte, c’était le temps qui transformait les fractures de tous ses amis en cassures. Et pour ses amis, les moments compris entre leur sauvetage et leur fin devenaient une liste de tourments causés par lui.
Désormais, tout ce que Gabe espérait offrir, c’était de la rapidité.
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«  Il voulait être comme ce policier.
Il sentait la sueur qui s’évacuait de lui alors qu’il était allongé là, les pincements de douleur dans ses plaies ouvertes autour du cou et sur ses flancs, et le drap qui se mouillait et lui collait au dos, et puis aussi son cœur qui tambourinait contre les parois de sa cage thoracique, trop grand et trop puissant pour simplement mourir. Il avait l’impression que son cœur l’enterrait, le martelait pour l’enfoncer de plus en plus profondément dans son lit , tellement profondément qu’au bout du compte les draps finiraient par l’envelopper, pour se refermer imperceptiblement au- dessus de sa tête comme un sable mouvant » ....
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La chair du jeune gars était tendue et boursouflée au niveau des jambes et des hanches. La vieille infirmière posa ses mains sur lui à cet endroit. Il était encore chaud et elle sentit une plénitude qui glougloutait comme une bouillotte. Des pas remontèrent la rampe du C-17, un unique secouriste. Garée derrière lui, une ambulance normale. — Sacré boulot, vous deux, dit-il. (Puis il décrocha un Motorola de sa ceinture et l’agita à leur attention.) Ça fait cinq minutes qu’ils volent et il est toujours stable. Vous voulez qu’on charge votre autre type ?"
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Entre leurs tournées, les médecins et infirmières plus âgés parlaient à voix basse du gars du quatrième étage si grièvement brûlé que c’était un miracle qu’il eût survécu. Ils parlaient toujours vite quand ils parlaient de lui, murmurant au-dessus de leurs cafés, serrés les uns contre les autres dans un ascenseur. Ils disaient toujours la même chose : c’était le gars le plus grièvement brûlé des deux guerres réunies, je suis pas sûr que je voudrais qu’on me garde en vie dans cet état, ce n’est qu’une question de temps. Ces mots-là, ils les disaient tous : une question de temps. Et nom de Dieu comme c’était vrai. Pour mon ami, c’était une question de jours, de semaines, de mois, d’années, à rester allongé dans ce lit sans avoir le droit de mourir.
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Une bouffée d’angoisse l’envahit, explosa puis se répandit comme une onde de néant silencieuse. Car il n’y avait rien qu’il eut envie de voir ni rien qu’il eut envie d’entendre. S’il avait pu entendre, les infirmières lui auraient dit qu’il était aveugle. S’il avait pu voir, les infirmières auraient écrit un mot pour l’informer qu’il était sourd. Je n’aurais pas peur, se promit-il. Je serai plus grand que tout le monde. Je serai mort. Je serai sur cette terre plus proche de la mort que quiconque, et je saurai ce que seuls savent les morts. C’est quelque chose, pensa-t-il, que de savoir ce que seuls savent les morts. Et qu’est-ce donc ? Tout ce qu’ils savent, c’est que jadis ils vécurent, et qu’ils ne sont morts que pour cette seule raison.
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Videos de Elliot Ackerman (3) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Elliot Ackerman
À l'occasion du Quai du Polar 2022, Elliot Ackerman vous présente son ouvrage "2034" écrit avec James Stavridis aux éditions Gallmeister.
Retrouvez le livre : https://www.mollat.com/livres/2590300/elliot-ackerman-2034
Note de musique : © mollat Sous-titres générés automatiquement en français par YouTube.
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