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EAN : 9782919160136
208 pages
UTOPIA (01/01/2014)
4.31/5   8 notes
Résumé :
Après Amérique latine, laboratoire pour un socialisme du XXI° siècle de Marta Harnecker et Equateur, de la République bananière à la Non-République de Rafael Correa, les Editions Utopia continuent à porter à la connaissance du public francophone les évolutions importantes qui sont actuellement en cours dans beaucoup de pays d’Amérique latine, expliquées et commentées par les acteurs de ces changements.

Le « Buen Vivir », que l’on peut traduire par « v... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (2) Ajouter une critique
Apporter du grain à moudre au débat et suggérer quelques pistes d'action, tel est l'ambition de la contribution d'Alberto Acostar. En prenant appui sur les mobilisations et les soulèvements populaires, et en particulier des « peuples indigènes » en Équateur et en Bolivie, l'auteur discute d'alternatives possibles à l'ordre/désordre du monde. Comment construire collectivement une autre façon de vivre ?

L'auteur insiste, entre autres, sur le plurinational et l'interculturel, les formes actives d'organisation sociale, les discours contre-hégémoniques, les nouveaux imaginaires collectifs, l'autosuffisance, l'autogestion, la recherche de solutions mondiales urgentes…

Il critique la divinisation de l'activité économique, le modèle de la société nord-américaine, les politiques de la Banque mondiale (BM) et du Fonds monétaire international (FMI), les réformes néolibérales, le modèle d'accumulation extractiviste, la consommation à outrance. Il analyse aussi les limites de la croissance, sa non-soutenabilité, en regard de l'environnement, le spectre du progrès, la domination des marchés, le racisme systémique, le mépris envers les pratiques et les cultures « indigènes »…

Alberto Acostar détaille le Buen Vivir comme alternative au développement, les relations à la « Nature », la nécessaire démarchandisation des éléments de l'environnement…

Il souligne la responsabilité asymétrique dans les dommages causés et donc dans le paiement de la dette écologique

L'auteur indique « La constitution équatorienne de 2008, en reconnaissant les Droits de la Nature, c'est-à-dire en comprenant la Nature comme sujet de droit et en lui accordant le droit d'être intégralement restaurée après destruction, a établi un point de repère dans l'humanité. Tout aussi importante est l'incorporation de l'expression Pacha Mama, considérée comme synonyme de Nature, car elle marque la reconnaissance du plurinational et du multiculturel ». Je ne suis pas sûr que le vocabulaire choisi soit le plus adéquat même si l'auteur souligne très justement la destruction des conditions biophysiques d'existence par le capitalisme.

Contre les visions anhistoriques, Alberto Acosta ajoute que « Il a fallu au cours de l'histoire faire reconnaître le droit d'avoir des droits, ce qui a toujours nécessité un effort politique afin de faire changer les opinions, les coutumes et les lois qui niaient ces droits ».

J'ai notamment apprécié les passages contre la marchandisation de l'eau, sur la souveraineté alimentaire et énergétique, l'approche transversale des Droits Humains sous l'angle écologique, l'initiative Yasuni-ITT. Sur ce dernier sujet un encart ajouté d'Alberto Acosta critique, à juste titre, les choix de Rafael Correa sur l'exploitation du pétrole et l'enterrement de cette initiative.

A noter que si l'auteur n'oublie pas le patriarcat, « il faut bien admettre que patriarcat et machisme sont profondément enracinés dans nombre des cultures indigènes », aucune piste de réflexion sur ce sujet n'est proposée.

De nombreux points me semble discutables, dont la valorisation unilatérale de certains pratiques, les rapports à l'État, la relativisation des rapports sociaux de classe et de sexe, une certaine essentialisation de la famille ou de la nature (même si l'auteur parle de construction sociale), l'absence de propositions « institutionnelles » pour rendre inclusive la démocratie. On pourra aussi discuter des notions de nation ou de culture peu historicisées ou celle de biocentrisme…

Une contribution intéressante aux nécessaires débats pour sortir du mode de production capitaliste, de l'extrativisme et du productivisme. « le Buen Vivir est un chemin qui doit être imaginé pour être tracé »
Lien : https://entreleslignesentrel..
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J'ai eu l'occasion d'écouter Alberto Acosta lors de l'université d'été d'ATTAC d'août 2014, et j'ai décidé d'approfondir son discours sur le Buen Vivir en lisant son dernier ouvrage sur ce sujet.

Ce qui m'intéressait le plus, c'était de voir quelle était la vraie nature du Buen Vivir, pas celle que tente de vendre Rafael Correa... ou Jean-Luc Mélenchon, qui ressemble surtout à un produit politique aseptisé... L'auteur est assez critique là-dessus et revient plus en détails sur la rédaction de la constitution équatorienne qui intègre les droits de la Nature (mais que Correa n'applique pas) ou sur l'échec du projet Yasuni-ITT (que Correa a trop facilement plombé...)

Bref, le Buen Vivir prend toute sa valeur lorsqu'il est pratiqué par la base, c'est à dire par les communautés andines, qui placent l'homme au sein de la Nature, et pas au centre de celle-ci, ou qui ont une autre conception de l'économie, basée sur les échanges non marchands, et sur la solidarité. C'est dommage qu'Alberto Acosta ne revienne pas plus amplement sur les différentes pratiques andines de réciprocité (la minga, uniguilla, etc) car la littérature francophone à ce sujet est quasiment inexistante...

Pour terminer, la critique du développement par Acosta est vraiment précieuse, surtout parce qu'elle provient d'un citoyen et politique d'un des pays du sud qui a le plus souffert de ce "développement".
Il remet en cause tout le point de vue occidental sur cette question, ainsi que la notion de progrès et de croissance. On retrouvera des critiques plus pointues sur ce sujet, dans les livres de Dominique Méda, Serge Latouche, André Gorz, etc, mais c'est un bon moyen d'avoir une introduction sur ces sujets pas toujours faciles à aborder.

Alberto Acosta est l'homme à suivre en Équateur, principal opposant à la gauche de Rafael Correa, il porte une vision politique à mon sens beaucoup plus progressiste que celle de l'actuel président équatorien...
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Citations et extraits (10) Voir plus Ajouter une citation
Quoi qu'il en soit, le défi principal réside dans le dépassement du système capitaliste en tant que civilisation de l'inégalité (Joseph Schumpeter). Un système destructeur et exploiteur par essence. Un système qui "vit en étouffant la vie et le monde de la vie" (Bolivar Echeverria) En résumé, le Buen Vivir propose de surmonter le capitalisme.
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Le Buen Vivir, né de visions utopiques, se fonde sur la réalité du système capitaliste encore en vigueur et sur l'impérieuse nécessité de promouvoir dans le monde une vie harmonieuse entre les êtres humains et la Nature, une vie axée sur l'autosuffisance et l'autogestion des êtres humains vivant en communauté.
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Dans l'espoir de nous moderniser en imitant les pays avancés, c'est-à-dire modernes, nous sommes allés jusqu'à renier nos racines historiques et culturelles. Nous nions la possibilité d'une modernisation qui nous serait propre.
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[...] le Buen Vivir est "un concept de communauté où personne ne peut gagner si son voisin ne gagne pas. Le concept capitaliste prône exactement l'inverse : pour que je puisse gagner, le reste du monde doit perdre".
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La constitution équatorienne de 2008, en reconnaissant les Droits de la Nature, c’est-à-dire en comprenant la Nature comme sujet de droit et en lui accordant le droit d’être intégralement restaurée après destruction, a établi un point de repère dans l’humanité. Tout aussi importante est l’incorporation de l’expression Pacha Mama, considérée comme synonyme de Nature, car elle marque la reconnaissance du plurinational et du multiculturel
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