Saints Lunaire, Briac et Malo, oyats, embruns, plage, surf... souriez, vous êtes en Bretagne !
Adolescence compliquée, fille rebelle, père alcoolo-dépressif, mère hystéro-tyrannique... grincez des dents, vous êtes chez Olivier Adam.
Voilà un roman classé en 'young adult', et ça semblait agacer un chouïa son auteur quand il en parlait avant sa sortie - moins de ventes à la clef ?
C'est bien écrit, agréable à lire, efficace, captivant, riche en suspense même si on voit les 'surprises' arriver de très loin, a fortiori si on a lu plusieurs ouvrages sur ces sujets.
Mais je n'ai rien trouvé d'original, et en compilant les idées maîtresses de quelques romans lus récemment (notamment 'Quand vient la vague', de M. Fargetton & JC Tixier, et des Guillaume Guéraud), je retrouve ces ingrédients dans ce naufrage familial.
Ce n'est pas la première fois que j'ai ce sentiment de déjà-lu avec cet auteur. Mais jusqu'alors, j'avais l'impression qu'il reprenait plus ou moins ses propres recettes.
Quoi qu'il en soit, et malgré cette couverture kitsch, je conseille aux grands adolescents, à partir de 15 ans, et à leurs parents :
« Je repense à ce que C. m'a dit un soir [...] en parlant de ses propres parents. A quel point ils se révélaient complexes et tortueux à mesure qu'on grandissait. A quel point ils se révélaient obscurs, prompts à tous les arrangement possibles, aux mensonges, aux dissimulations, aux rancoeurs rentrées, aux dénis, aux compromis. »
C'est pour ça que les ados peuvent être si cruels ?
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Olivier Adam nous plonge dans un roman fluide, liquide, où nous, lecteurs, sommes happés dans l’ambiance lourde et mélancolique de cette station balnéaire hors saison vide de ses saisonniers et de sa douce odeur de vacances.
Lire la critique sur le site : Actualitte
Elle avait laissé à Paris tous ses amis, peut-être même son mec, si elle en avait un. Sans compter sa petite vie, qu'elle aimait par-dessus tout. Son lycée. Les cafés, les cinés, les concerts, ses librairies préférées, ses boutiques favorites. Bref, Léa était furieuse et aussi longtemps qu'elle a été parmi nous elle n'a pas cessé de tirer la gueule, ses écouteurs dans les oreilles en permanence, de parler aux parents comme à des chiens, de s'enfermer dans sa chambre et de passer son temps rivée à son portable et à ses anciennes copines via WhatsApp. A l'entendre, les parents avaient gâché sa vie.
(p. 13)
Elle était ma mère, après tout. Elle lisait en moi comme dans un livre. Du moins c’est ce qu’elle aimait croire et dire.
Page 21, Robert Laffont, 2018.
Elle est là, trois marches en contrebas. A fixer l'eau, assise en boule, ses bras encerclant ses jambes ramenées contre le torse. Ses longs cheveux soulevés par la brise cachent son visage. Elle se balance d'avant en arrière comme on cherche à se bercer. Je fais signe aux parents et ils me rejoignent. Nous nous approchons d'elle. Nous asseyons à ses côtés. D'un geste lent elle écarte ses cheveux de son visage. Elle pleure, de ces mêmes larmes continues et calmes qu'à l'hôpital. Puis elle reprend sa position initiale, le menton posé sur le genoux. A nouveau elle se balance, les yeux rivés sur les eaux montantes qui effacent un à un les récifs, dévorent à grandes lampées d'eau salée l'or du sable. Mes parents saisissent chacun une de ses mains. Elle ne les retire pas. N'esquisse aucun geste de recul. Ils restent longtemps ainsi, scrutant les flots et les îlots au loin, le ballet des cormorans, des sternes, des goélands, le passage des voiliers.
Les vagues sont hautes ce soir. Elles me frappent, me rouent de coups, s'abattent sur moi avec toute la brutalité nécessaire. A cet instant c'est exactement ce que j'attends d'elles. Qu'elles m'assomment. Me foutent la tête sous l'eau. Me passent au Kärcher. Me nettoient de fond en comble. Et finissent par m'effacer tout à fait. Remis à neuf, essoré, liquidé.
Depuis des mois, tout est tellement silencieux et prostré. La maison s'est vidée peu à peu. D'abord Léa et ça, il a fallu s'y résoudre d'une manière ou l'autre. S'accommoder à l'idée que même si nous étions détruits, morts à l'intérieur, la Terre ne s'était pas arrêtée de tourner pour autant, tout ne s'était pas effondré autour de nous. Que nous n'avions pas été immédiatement réduits en poussière et propulsés dans le noir infini de l'univers. Qu'il nous fallait continuer à respirer malgré tout. Nous nourrir. Nous lever le matin. Survivre. Jour après jour. Puis ma mère a pris un appartement et nous sommes restés seuls tous les deux, un père et un fils en tête à tête dans la maison remplie d'absence. Un père et son fils au milieu des cendres. Hébétés. Hagards. Presque des fantômes. Egarés dans les limbes.
Avec Marc Alexandre Oho Bambe, Nassuf Djailani, Olivier Adam, Bruno Doucey, Laura Lutard, Katerina Apostolopoulou, Sofía Karámpali Farhat & Murielle Szac
Accompagnés de Caroline Benz au piano
Prononcez le mot Frontières et vous aurez aussitôt deux types de représentations à l'esprit. La première renvoie à l'image des postes de douane, des bornes, des murs, des barbelés, des lignes de séparation entre États que l'on traverse parfois au risque de sa vie. L'autre nous entraîne dans la géographie symbolique de l'existence humaine : frontières entre les vivants et les morts, entre réel et imaginaire, entre soi et l'autre, sans oublier ces seuils que l'on franchit jusqu'à son dernier souffle. La poésie n'est pas étrangère à tout cela. Qu'elle naisse des conflits frontaliers, en Ukraine ou ailleurs, ou explore les confins de l'âme humaine, elle sait tenir ensemble ce qui divise. Géopolitique et géopoétique se mêlent dans cette anthologie où cent douze poètes, hommes et femmes en équilibre sur la ligne de partage des nombres, franchissent les frontières leurs papiers à la main.
112 poètes parmi lesquels :
Chawki Abdelamir, Olivier Adam, Maram al-Masri, Katerina Apostolopoulou, Margaret Atwood, Nawel Ben Kraïem, Tanella Boni, Katia Bouchoueva, Giorgio Caproni, Marianne Catzaras, Roja Chamankar, Mah Chong-gi, Laetitia Cuvelier, Louis-Philippe Dalembert, Najwan Darwish, Flora Aurima Devatine, Estelle Dumortier, Mireille Fargier-Caruso, Sabine Huynh, Imasango, Charles Juliet, Sofía Karámpali Farhat, Aurélia Lassaque, Bernard Lavilliers, Perrine le Querrec, Laura Lutard, Yvon le Men, Jidi Majia, Anna Malihon, Hala Mohammad, James Noël, Marc Alexandre Oho Bambe, Marie Pavlenko, Paola Pigani, Florentine Rey, Yannis Ritsos, Sapho, Jean-Pierre Siméon, Pierre Soletti, Fabienne Swiatly, Murielle Szac, Laura Tirandaz, André Velter, Anne Waldman, Eom Won-tae, Lubov Yakymtchouk, Ella Yevtouchenko…
« Suis-je vraiment immortelle, le soleil s'en soucie-t-il, lorsque tu partiras me rendras-tu les mots ? Ne te dérobe pas, ne me fais pas croire que tu ne partiras pas : dans l'histoire tu pars, et l'histoire est sans pitié. »
Circé – Poèmes d'argile , par Margaret Atwood
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