Les romans d'
Olivier Adam se suivent et s'entremêlent, le même écho résonne de l'un à l'autre, on y retrouve ses obsessions, le deuil, le suicide, l'étouffement familial et l'ordinaire gris du quotidien. Les personnages aussi sont toujours un peu les mêmes, un peu lui, un peu nous (notre génération).
Cette fois, le narrateur est une femme, Sarah, et comme tous les personnages d'
Olivier Adam, elle est en fuite, elle se sauve pour se sauver. A un moment de sa vie où tout s'effondre, elle décide de s'en aller et part au Japon sur les traces de son frère mort quelques mois plus tôt, laissant derrière elle le vide de sa vie formatée, son mari « si parfait » et ses enfants. En proie à une culpabilité de plus en plus prégnante, elle cherche à comprendre ce frère, à le retrouver, et à travers cette quête elle sera surtout en quête d'elle-même.
Alors mon avis ? Huuum… plutôt mitigé j'ai envie de dire. Bizarrement je peux dire en même temps « j'aime » et « je n'aime pas ». Ce n'est pas la première fois qu'un livre d'
Olivier Adam me fait cet effet d'ailleurs.
J'aime (forcément) parce que ça me parle, je me retrouve dans ces personnages, je les comprends, ça pourrait tout à fait être moi ou des gens que je connais. Je me retrouve aussi dans ce regard désabusé, ces interrogations sur la vacuité de l'existence, l'absence, le deuil etc. J'aime cette mélancolie, cette manière de construire l'intrigue sur un fil, les gestes inachevés, les mots au bord des lèvres, les élans avortés, la tendresse retenue. Oui c'est beau.
Dans
le coeur régulier j'ai aimé aussi le décor, cette ambiance « fin de saison », ce petit village japonais souvent plongé dans la brume, station balnéaire au charme suranné bordée de
falaises où viennent se suicider les désespérés du monde entier….Fascinant, désolé et magnifique.
Et en même temps, vraiment en même temps, je n'aime pas. Je trouve que ça sonne souvent creux, que ça reste superficiel, hyper caricatural et plein d'auto-apitoiement.
Après, au bout du bout, pour être tout à fait honnête, je dois ajouter que ce que je dis ne pas aimer ici est aussi précisément ce que je n'aime pas chez moi… donc bon… le foutu paradoxe dans notre société, notre génération !
A prendre en l'état.