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EAN : 9782070147786
208 pages
Verticales (31/12/2014)
3.69/5   13 notes
Résumé :
«Vous êtes une oreille. On vous raconte des choses. On vous confie des secrets. L'un voudrait léguer son phallus à la science, l'autre a un faible pour sa dentiste, lui se masturbe sept fois par jour, elle rêve de s'offrir au premier passant venu. Vous n'allez bien sûr rien répéter. On compte sur vous. On a tort.» Loin des clichés du lyrisme érotique et de la vogue hard sentimentale, Les impudiques aborde sans détour les stupeurs et misères de l'indiscrétion sexuell... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (5) Ajouter une critique
Les Variations Adam.

Publié en Janvier 2015 aux éditions Verticales, le douzième texte fictionnel de Philippe Adam assemble des dizaines de microfictions, confessions et fantasmes sexuels sur tous les registres, drôles, sordides, éprouvants, et il invite ainsi le lecteur, spectateur d'un peep-show mental kaléidoscopique, à contempler notre époque et l'abîme qui s'y est ouvert entre des désirs démesurément enflés et la banalité du quotidien.

«À l'avenir. Si je devais renaître, pensait un vieillard, plus jamais je ne me permettrais d'être enfant, plus jamais je ne perdrais mon temps à faire des dessins, mes devoirs de mathématiques, mes conjugaisons ou mes thèmes de latin, j'irais droit à l'essentiel, l'adolescence, et là je veux toucher toutes les filles et tous les garçons, être sans foi ni loi, promettre n'importe quoi pour la vue d'un nichon, jurer que je suis amoureux quand je ne suis qu'excité, je veux embrasser toutes les bouches, être le plus décadent des collégiens, le pire des lycéens, je veux me masturber, me déguiser en folle, m'endormir ivre, me réveiller dans les bras de n'importe qui, au lieu de quoi j'ai raté ma vie, lui faisant prendre un mauvais départ, ayant été un élève studieux, obéissant, couché de bonne heure, un adolescent ennuyeux, et pour couronner le tout, voyez-vous ça, un trentenaire timide, un quadragénaire angoissé, un quinquagénaire perplexe, un sexagénaire sportif, un septuagénaire s'initiant à la marche norvégienne, bref, nous sommes d'accord, une andouille.»

Les titres pudiques de ces microfictions, hors du registre sexuel, entrent en collision avec ces nouvelles de quelques lignes, qui prennent toutes les couleurs de la libido, de la poésie à l'abjection, et soulignent cette distance entre fantasme et quotidien, entre la fiction et la réalité.

«Délicatesses. Constatant au matin que sa femme était morte, dans leur lit, pendant leur sommeil, il a d'abord pleuré, puis il l'a embrassée, sur le front, les joues, dans les cheveux, il l'a chatouillée sous les bras, elle adorait ça, il lui a massé la nuque et grattouillé le dos, elle aimait ça aussi, il aurait bien voulu se risquer du côté de l'entrejambe mais il ne l'a pas fait : la défunte n'y tenait pas.»

Obsession de tous les âges, fanfaronnades, bizarreries des attirances, usure du désir et désillusions, feuilletons mièvres ou ignobles, à l'intérieur de ce puzzle savamment agencé se forment des trames et des thèmes, pouvant évoquer Yves Pagès dans «Souviens-moi», les nouvelles en trois lignes de Félix Fénéon, la manière dont Ian Monk malaxe les désirs et les clichés dans «Là», et l'inventivité et la crudité de «L'apocalypse des homards» de Jean-Marc Agrati.

«Conflit de générations. Elle aurait préféré qu'il aille vite, il aurait préféré le faire lentement, ils n'allaient pas au même rythme, elle aurait voulu qu'il se déshabille à peine entré dans la chambre, lui y mettait mille préliminaires accompagnés de flûtes de champagne, de concertos de Brahms et de Schumann, mais il faut dire qu'il avait vingt-deux ans et qu'elle filait sur ses soixante-treize, elle avait peur de mourir avant, il avait peur de mourir pendant, chacun ses problèmes.»

Dévoilant tout et plus encore, reflet d'une société contemporaine impudique, le livre de Philippe Adam n'est jamais vulgaire ; au contraire, une forme de mélancolie se dessine au fil de cette lecture débordant de foutre, après l'arc-en-ciel des émotions par lequel elle nous fait passer, de la drôlerie ultime au dégoût.

«Au berceau. Nourrisson, je ne comprenais rien aux bruits qui montaient de la chambre voisine, les cris, les gémissements, je devais croire que, comme moi, mes parents avaient trop chaud, se sentaient à l'étroit, manquaient de lait, et dans ces conditions j'étais bien, je pleurais, je n'en demandais pas davantage, mes premières dents poussaient, mes parents hurlaient, moi aussi, nous étions en famille, nous étions solidaires.»

Retrouvez cette note de lecture, et toutes celles de Charybde 2 et 7 sur leur blog ici :
https://charybde2.wordpress.com/2015/05/05/note-de-lecture-les-impudiques-philippe-adam/
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Je suis une grande fan des textes courts, voire très courts, et à ce titre Les Impudiques ne pouvaient me laisser insensible.

Et ce fut plaisant de découvrir ces bribes de vie. L'écriture ciselée et fortement évocatrice de l'auteur fait surgir les images, d'un tel réalisme qu'on croirait à un rappel de souvenir. C'est d'ailleurs une sorte d'anamnèse que j'ai faite en voyageant dans ces histoires, l'anamnèse que défendait Aristote, celle de rappeler volontairement un souvenir et de le situer dans le temps. La différence est qu'ici il s'agissait de souvenirs d'autrui et que je les situais dans un lexique.

En effet, chaque micro-histoire est précédée d'un titre, un mot ou un groupe de mots la caractérisant et annonçant la couleur. Cette structure permet une lecture aléatoire. Ouvrez le livre au hasard, découvrez ses secrets. Savourez les grains de peau, humez les ambiances, offusquez-vous. Un voyage aux pays des sens, des perceptions, des instincts, des jugements, des sentiments. Vous en passerez par toutes les émotions, des plus nobles au plus désagréables, voire dérangeantes et irrévérencieuses.

Cela étant dit, la structure en micro-récits comporte le risque de lasser sur la longueur. Cela a été mon cas. A quelques exceptions près, chaque page permet l'immersion dans une nouvelle histoire, avec de nouveaux personnages, enjeux, décors. le lecteur sera plus sensible à certaines nouvelles qu'à d'autres. L'enchaînement de plusieurs peu appréciées peut décourager et pour ma part, j'ai failli ne pas aller au terme du livre. C'est pourquoi, par la suite, j'ai pris mon temps. Au lieu de le lire de manière linéaire, je l'ai ouvert au hasard, j'ai lu à chaque fois trois ou quatre pages au maximum, pour éviter le trop-plein d'images, savourer chaque histoire, profiter de chaque moment comme lorsqu'on effeuille sans se presser un nouvel amant et qu'on s'émoustille de ce qu'on découvre.

Les Impudiques, une lecture sensuelle qu'il faut découvrir en prenant son temps pour éviter de s'en lasser.
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Tout d'abord, merci aux éditions verticales et à Babelio - via sa Masse Critique - de m'avoir fait découvrir ce roman.
J'avoue que, sans ce cadeau, je n'aurais, sans doute, pas eu ce livre entre les mains.
De plus, la quatrième de couverture - révélée lors de mon inscription au concours - ne me laissait pas deviner la construction du récit. Moi qui n'apprécie déjà pas trop les recueils de nouvelles pour cause d'histoire qui se termine trop vite... que dire de ces courts paragraphes (de deux phrases à une page et demi) qui forment autant d'histoires différentes avec aucune histoire conductrice, si ce n'est le fil de trame sexuel?
Je n'en sors, malheureusement, que peu convaincue. Ceci est sans nul doute dû à mes attentes: j'aime qu'un livre me raconte une histoire de la première page à la dernière, ce qui, ici, est loin d'être le cas.
L'écriture est, néanmoins, jolie, fine et subtile... par moments! A savoir que les paragraphes sensuels, spirituels, amoureux côtoient les paragraphes les plus glauques, les plus sordides et les plus vils. Je suppose que ceci - montrer tous les prismes du sexe et de ses usages - était l'objectif de l'auteur et qu'il faut donc théoriquement considérer qu'il est pleinement atteint. Néanmoins, pour la lectrice que je suis, cette transition perpétuelle nuit, à mes yeux, à la dynamique du livre.
Mitigée, mitigée...
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Étrange livre que celui là. Nous faire entrer de la sorte dans cette partie de nous même ou nous hésitons entre vouloir y être seul ou vouloir la partager. Ou il est parfois si difficile d'y être tout simplement. le corps et ses émotions, le corps et ses limites, le corps dans tous ses états mais aussi le corps que nous avons à l'esprit. Quelques textes sont parfois terriblement crus. Et nous habite alors cette terreur effective face à autant de misères. Que peut notre corps, misérablement vulnérable si ce n'est nous toucher par sa fragilité et nous rappeler comme un appel au secours que sans âme il n'est rien.
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Une succession de "témoignages" drôles, tendres, inquiétants, parfois décalés, réels ou fantasmés, en solitaire, en duo voire plus, scénarisés ou accidentels, banaux ou extravagants... avec certains refrains (la nième fois, forum ....)

Un livre à déguster par petite touche sinon on s'asphyxie mais sympathique, avec des moments de rire, de fantasme mais aussi la misère sexuelle de certains.
Lien : http://keskonfe.eklablog.com..
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Citations et extraits (19) Voir plus Ajouter une citation
J'avais soixante-treize ans quand j'ai fait mes premiers pas dans le porno. Je revenais de courses, une fille m'a accostée, elle m'a dit que j'étais très belle, que j'avais sans doute une toute petite retraite, des enfants et des petits-enfants à qui j'aimerais tellement faire plaisir. Elle m'a demandé si j'étais partante pour des photos de nu, j'ai dit non, ensuite j'ai dit oui et quand je suis arrivée sur le plateau il y avait trois gars, des jeunes, qui bandaient parce qu'ils avaient pris des pilules, des gélules ou je ne sais pas trop quoi, mais on s'est bien amusés tous les quatre, c'était dans "Les vieilles ne sont pas si folles", je ne sais pas comment a marché le film, je sais juste que j'ai été souvent contactée, par la suite, pour prolonger cette première expérience.
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Si je devais renaître, pensait un vieillard, plus jamais je ne me permettrais d’être enfant, plus jamais je ne perdrais mon temps à faire des dessins, mes devoirs de mathématiques, mes conjugaisons ou mes thèmes de latin, j’irais droit à l’essentiel, l’adolescence, et là je veux toucher toutes les filles et tous les garçons, être sans foi ni loi, promettre n’importe quoi pour la vue d’un nichon, jurer que je suis amoureux quand je ne suis qu’excité, je veux embrasser toutes les bouches, être le plus décadent des collégiens, le pire des lycéens, je veux me masturber, me déguiser en folle, m’endormir ivre, me réveiller dans les bras de n’importe qui, au lieu de quoi j’ai raté ma vie, lui faisant prendre un mauvais départ, ayant été un élève studieux, obéissant, couché de bonne heure, un adolescent ennuyeux, et pour couronner le tout, voyez-vous ça, un trentenaire timide, un quadragénaire angoissé, un quinquagénaire perplexe, un sexagénaire sportif, un septuagénaire s’initiant à la marche norvégienne, bref, nous sommes d’accord, une andouille.
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Constatant au matin que sa femme était morte, dans leur lit, pendant leur sommeil, il a d’abord pleuré, puis il l’a embrassée, sur le front, les joues, dans les cheveux, il l’a chatouillé sous les bras, elle adorait ça, il lui a massé la nuque et grattouillé le dos, elle aimait ça aussi, il aurait bien voulu se risquer du côté de l’entrejambe mais il ne l’a pas fait : la défunte n’y tenait pas.
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Les gens mentent trop quand ils disent qu’ils sont jeunes et beaux, qu’ils ont des physiques pas croyables, les hommes croient qu’avec leur bite en érection ils vont changer le monde, les femmes prennent des poses, s’écartent les lèvres ou se caressent les seins comme si elles étaient payées par un fournisseur d’images pour almanach routier, et moi, sous prétexte que je les ai contactés, sous prétexte que j’aime bien les couples, que je suis gentille et pas trop mal foutue, sous prétexte enfin que j’arrive chez eux après m’être enfilé les treize étages ou les cent vingt-cinq bornes et qu’ils m’offrent en récompense l’apéritif, les préservatifs et les cacahuètes, il faudrait que je continue à me taper des moches et à me farcir des affreuses, j’arrête, j’en ai marre.
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Si je devais renaître, pensait un vieillard, plus jamais je ne me permettrais d’être enfant, plus jamais je ne perdrais mon temps à faire des dessins, mes devoirs de mathématiques, mes conjugaisons ou mes thèmes de latin, j’irais droit à l’essentiel, l’adolescence, et là je veux toucher toutes les filles et tous les garçons, être sans foi ni loi, promettre n’importe quoi pour la vue d’un nichon, jurer que je suis amoureux quand je ne suis qu’excité, je veux embrasser toutes les bouches, être le plus décadent des collégiens, le pire des lycéens, je veux me masturber, me déguiser en folle, m’endormir ivre, me réveiller dans les bras de n’importe qui, au lieu de quoi j’ai raté ma vie, lui faisant prendre un mauvais départ, ayant été un élève studieux, obéissant, couché de bonne heure, un adolescent ennuyeux, et pour couronner le tout, voyez-vous ça, un trentenaire timide, un quadragénaire angoissé, un quinquagénaire perplexe, un sexagénaire sportif, un septuagénaire s’initiant à la marche norvégienne, bref, nous sommes d’accord, une andouille.
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Video de Philippe Adam (2) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Philippe Adam
Il manque une pièce (live au Bouffes du Nord le 13 juin 2010) récitant : Jean Guidoni, texte : Philippe Adam, musique : Fabrice Ravel-Chapuis
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