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Critique de frandj


C'est avec émotion que j'ai ouvert le livre des œuvres complètes de Rimbaud (dans la belle collection de la Pléiade) qui a appartenu à mon père. Je dis bien « ouvert », car il n'était pas question pour moi de les lire intégralement. Je ne suis pas vraiment passionné par la poésie, même si j'apprécie beaucoup certains poèmes de Baudelaire, de Verlaine, de Valéry ou d'Apollinaire par exemple.
Qu'est-ce qui me touche dans la poésie ? avant tout la musique des mots, le rythme, la fluidité des phrases, les images évoquées… Et pour moi, les sens suggérés par le poète sont en général attrayants, à la condition expresse qu'ils soient ni ésotériques, ni trop "empesés"; ils doivent conserver de la légèreté, de la simplicité. Et il me semble que chaque poème devrait être intelligible dès la première lecture, même si la signification des vers n'apparait pas aussitôt intégralement.

Dans le cas d'Arthur Rimbaud, avant même de commenter ses vers, il est difficile de passer sous silence la fascination qu'exerce ce personnage exceptionnel: il a écrit la quasi-totalité de son œuvre entre 16 et 20 ans ! Quelle que soit notre approche personnelle, nous restons pantois devant une telle audace, une telle maturité !
J'ai lu d'abord la première partie de ce volume, intitulé tout simplement "Poésies". Il m'est difficile de décider sans ambiguïté si ça m'a beaucoup plu, ou non. Certaines pièces sont de forme quasiment classique (par exemple "Le dormeur du val"), d'autres peuvent évoquer certaines poésies "scandaleuses" de Baudelaire (exemple: "Vénus anadyomène"), d'autres sont volontairement très provocatrices sur le plan social ou religieux (par exemple: "Le mal"), d'autres enfin me semblent trop obscures et/ou compliquées (exemple: "Le bateau ivre").
Pour illustrer mes difficultés, je peux considérer une pièce très célèbre comme "Voyelles". Je ne peux l'apprécier à sa juste valeur que par une explication de texte érudite, proposée par des spécialistes. Comment pourrais-je deviner que la correspondance imaginée entre les voyelles et les couleurs a certainement eu pour base, dans l'esprit de l'auteur, la forme de ces lettres ? par exemple, la graphie du O a rappelé à Rimbaud l'embouchure d'un clairon... De même, je serais incapable de sentir la subtilité poétique des vers, si on ne me suggérait pas explicitement des interprétations: « rois blancs » renvoie à des seins de femme, « golfes d'ombre » à la toison féminine, etc. Dans des œuvres aussi complexes, il est impossible de concilier la spontanéité poétique avec l'intelligence analytique.

Je trouve que Rimbaud a parfois une écriture heurtée et envahie par des mots surprenants qui sonnent plutôt mal. J'ai d'abord observé cette particularité un peu dans ses vers. J'ai été encore plus gêné par sa prose (ou sa poésie en prose), intitulée "Une saison en enfer". J’ai bien aimé le début: « Jadis, si je me souviens bien, ma vie était un festin où s'ouvraient tous les cœurs, où tous les vins coulaient. Un soir, j'ai assis la Beauté sur mes genoux. — Et je l'ai trouvée amère. — Et je l'ai injuriée »: ça, c'est vraiment de la poésie pour moi. Malheureusement, par la suite j’ai vite décroché: le style m'a semblé très pénible et, sur le fond, je n'ai à peu près rien compris…
J'ai sans doute une infirmité personnelle qui m'empêche d'apprécier cette œuvre en prose, qui est idolâtrée par d'autres lecteurs... Vous aurez compris que j'ai nettement préféré la plupart des poésies de Rimbaud que j'ai lues.
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