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Critique de Alfaric


A l’heure où les études antiques étaient menacées par des bobos hispters persuadés que les vieux et les morts n’avaient plus leur place dans le monde moderne compétitif (sic), le regretté Gilles Chaillet s’était lancé dans une entreprise démesurée : sur le modèle de l’œuvre de Denys d’Halicarnasse, réaliser l’histoire totale de la ville éternelle d’Enée à Mussolini ! Cet amoureux de l’Histoire, de l’Antiquité et de Rome en particulier nous a malheureusement quittés trop tôt pour l’accomplir… Et c’est les éditions Glénat, décidément portées sur l’Histoire ces temps-ci, qui ont confié la tâche à l’expérimenté trio Eric Adam, Pierre Boisserie et Didier Convard qui ont fait du Palladium le Faucon Maltais de l’entreprise…


Ce tome 2 de la saga "Roma" est consacré aux guerres puniques, mais c’est à travers les yeux du grand Pontife Furius Leo que nous suivons le second conflit entre Rome et Carthage des provocations romaines au fameux « Annibal ad portas ». Il est considéré comme un héros et comme un patriote, mais du début à la fin il œuvre à la victoire du camp ennemi en participant à tous les événements de la légende du génial stratège Carthaginois… Et c’est en œuvrant comme un scélérat qu’il est plus héroïque et plus patriote que ne l’a jamais été un Romain, car il est prêt à tout sacrifier, à commencer par son honneur, pour mettre fin au drame que vit son peuple en transmettant de Rome à Carthage la malédiction du Palladium et de la Déesse Nyx ! Mais c’est en refusant de sacrifier les siens qu’il scelle sa perte, car c’est ses enfants Aulus et Héléna ainsi que Marcus celui de son meilleur ami, qu’il avait juré de venger coûte que coûte, qui font le faire échouer si près du but qu’il s’était fixé…

Une belle histoire, une fois encore on sent que les auteurs maîtrisent la culture antique tant le pathos est bien dosé. Quiconque a déjà lu quelques tragédies antiques se remémora de bons souvenirs ! Sauf que c’est raconté un peu trop à l’ancienne… Difficile de savoir qui a fait quoi, mais entre la froideur d’Eric Adam (qui pour le coup peut bien coller au sujet), l’académisme de bon aloi mais parfois un peu désuet de Didier Convard et Pierre Boisserie qui lui aussi fait dans l’oldschool ça sent un peu trop la bande dessinée d’antan, et ce peut souffrir de la concurrence avec des manières plus modernes de raconter une histoire.

Le dessinateur italien Luca Erbetta, qui prouve avec tant d’autres la vitalité de bande dessinée transalpine, nous offre des visuels très satisfaisants mais dans mon opinion trop légers par rapport à la gravité du sujet… (D’ailleurs je n’ai pas compris pourquoi les artworks présentés en bonus étaient pour moi bien plus réussis que le résultat final). On est loin du perfectionniste de l’extrême Gilles Chaillet et de ses travaux de moine cistercien, alors même que son ombre tutélaire plane sur chaque planche. Il nous aurait régalés de dessins fourmillant de détails sur l’architecture, l’armement et l’habillement du IIIe siècle avant J.C., ce qui n’est pas le cas ici alors même qu’ils nous auraient fait oublier le classicisme de la narration…
Mais il y a cette superbe scène de la Bataille de Cannes où Aulus Leo, perdu dans les brumes terrestres, entend ses camarades mourir par milliers et où le fantôme de Marcus Aquilia, perdu dans les brumes infernales, les voit arriver par milliers… Ce passage appartiendrait presque à l’imaginaire de Mario Bava, le génial réalisateur italien qui a su marier peplum et fantastique avant l’initier le genre giallo ! Gilles Chaillet l’admirait vraiment, et cela ce sent…


Quelles seront les autres figures centrales du cycle antique de la série ? César, Caligula et Constantin…

(il n’y pas de demi-point sur babelio, c’est parfois vraiment chiant : ne soyez pas surpris de voir le titre passer de 3 étoiles à 4 étoiles ou inversement)
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