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EAN : 9782070336586
512 pages
Gallimard (13/04/2006)
3.53/5   30 notes
Résumé :
1938. Un chalutier peine au large de l'Afrique du Sud. Ce qui semble être un gros requin se débat dans ses filets avec une rage inconcevable et déjà la malédiction frappe. Le mousse, sur une secousse plus forte, bascule dans les mailles et se noie, broyé par le poids des thons de cent cinquante kilos. Une peur ancestrale bouleverse l'équipage. Le poisson découvert sous le cadavre du jeune homme a des écailles préhistoriques, une mâchoire énorme et des nageoires comm... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (11) Voir plus Ajouter une critique
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En 1938, au large de l'Afrique du Sud, un navire de pêche ramène à son bord un poisson pour le moins atypique : ses écailles semblent être d'un autre temps, sa mâchoire est gigantesque et ses nageoires ressemblent à des pattes. Très vite, Hélène Arundel qui travaille au museum d'histoire naturelle d'East London sait qu'elle tient là un Coelacanthe, une espèce que tout le monde croyait disparue depuis plusieurs siècles. La question qui se pose alors est de savoir si d'autres spécimens sont toujours en circulation. Une étude plus approfondie permettrait peut-être en effet de combler les trous qui égrènent la cartographie du cycle de l'évolution.

En 1997, Marie apprend la mort d'un père qu'elle croyait déjà disparu de ce monde au lendemain de sa naissance. Ce père, biologiste de métier n'avait pas voulu s'embarrasser d'une famille. C'est cependant bien à Marie qu'il lègue l'intégralité de ses recherches, toutes portant sur l'étude du Coelacanthe. Marie se prend au jeu, lit les carnets de son géniteur, s'intéresse de près à ses travaux et réalise que quelqu'un, quelque part, est déterminé à éliminer toute personne s'intéressant de trop près à cet animal hors du commun. Des meurtres qui font écho à ceux perpétrés près de quarante ans plus tôt.

Comment faire reposer l'intégralité d'un roman policier sur la découverte d'un poisson, fût-il rare ? La question effleure l'esprit bien sûr, mais juste le temps d'un revers de neurones. le livre est là, les pages remplies de mots ne demandant d'ailleurs rien de mieux que de délivrer leur essence. Et quelle essence !

J'ai dit que Requiem pour un poisson était un livre passionnant. Cela se confirme, se vit même, dans la reconstitution que réalise Christine Adamo de la fin des années 30 et au-delà, que ce soit à travers l'évocation de l'Afrique du sud avec l'émergence de l'apartheid, du milieu scientifique gangrené par des questions d'ordre politiques, financières et humaines, de la passion scientifique elle-même, des pratiques et des enjeux de la pêche, ou bien même dans l'évocation du rôle et de la place de la femme au cours des sept dernières décennies.

Que ce soit par petites touches ou par le biais de descriptions ou de données plus générales, plus étoffées, sur la Recherche notamment, l'ensemble est impressionnant. Et ce, jusque dans la construction même du bouquin qui suscite quant à elle rien de moins que de l''admiration. Oui msieurs dames ! Vous avez bien lu. Parce que des histoires échafaudées de la sorte, agencées comme ici, ça vous arrache un lot d'onomatopées laudatives valant bien des discours. Difficile de ne pas penser au boulot colossal que ça a dû représenter, si colossal qu'on s'en voudrait presque de lire le bouquin en deux temps trois mouvements. En attendant le résultat est là, incontestable, servi par le style raffiné de Christine Adamo.

Cette construction, donc, pour en revenir à elle, s'articule autour d'une alternance temps anciens / temps moderne où pour chacun d'entre eux, le focus est mis tour à tour sur une quantité non négligeable de personnages - poisson compris - certains ne devant même apparaître qu'une seule fois. Et aussi bizarre que cela puisse paraître, malgré ce foisonnement de points de vue, ce va et vient permanent dans le temps, le lecteur n'est jamais perdu. Il laisse venir à lui le souffle de la découverte, se dit que sur l'échelle de la vie il n'est tout compte fait que peu de chose. Il progresse en eaux profondes sans coup férir, quand bien même il est pris dans les filets d'une histoire dont il ne voudrait presque pas se dépêtrer. Je dis presque parce que Requiem pour un poisson fait partie des livres dans lequel on se fond avec plaisir. Pour sa richesse, pour son érudition qui a le mérite de n'exclure personne, mais aussi pour la curiosité qu'ils suscite alors même qu'on veut connaître le fin mot de l'histoire avec avidité. Si tout ça, ce n'est pas la marque d'un très bon roman, alors je ne sais pas ce que c'est.

Lien : http://bibliomanu.blogspot.com
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Plutôt intrigant comme titre, non ? C'est parce qu'il ne s'agit pas de n'importe quel poisson, mais du coelacanthe. Vous avez je pense entendu parler de cet animal, longtemps surnommé « fossile vivant ». Il n'a que très peu évolué depuis 350 millions d'années et c'est lui qui est à la base de cette histoire.
Elle se déroule sur deux époques. 1938, le moment où ce poisson a été pêché pour la première fois, avec une sorte de « malédiction » qui s'ensuit.
Et 1997. Marie n'a jamais connu son père, un biologiste qui ne voulait pas s'encombrer d'une famille. Pourtant c'est à elle qu'il lègue ses carnets de notes, toutes portant sur le coelacanthe. La jeune va se laisser prendre au jeu, d'autant plus que la mort de son père n'est ni naturelle, ni accidentelle. Qui aurait intérêt à éliminer les personnes s'intéressant de près ou de loin à ce « poisson relique » ? Et pourquoi ?
*******
Une intrigue bien menée, avec une écriture à la fois dynamique, posée et réfléchie. Des personnages et un décor réalistes, un fond scientifique bien documenté. Voilà qui ne pouvait que me plaire. Et effectivement, j'ai passé un bon moment.
Le rythme est peut-être parfois un peu lent, surtout le début qui nous relate la découverte de ce poisson. Mais c'est tellement bien fait (y compris les pensées de ce pauvre coelacanthe) que ça passe plutôt bien.
Comme nous naviguons d'une époque à une autre, on rencontre pas mal de personnages. Cependant on n'est jamais perdu, ni dans le temps, ni dans l'espace, ni avec les noms.
A côté d'une intrigue que j'ai trouvée très intéressante et des renseignements (réels) sur cet animal, on rencontre d'autres thèmes, comme les signes avant-coureurs de l'apartheid, les milieux scientifiques face à l'argent et aux questions politiques, la pêche en elle-même….
Un livre complet donc, à qui je pardonne volontiers quelques petites longueurs par moments. On n'est pas dans un thriller, ce n'est pas le même suspense. Je ne peux pas dire que je l'ai dévoré mais plutôt que je l'ai suivi avec un intérêt croissant. Et l'envie de connaitre le dénouement !
Deux gros plus à ce roman : la présence de cartes au début et à la fin l'article sur le coelacanthe et une bibliographie à son sujet pour ceux qui s'y intéressent.
En résumé, une très agréable découverte !
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Qui peut prétendre passionner un lecteur sur plus de 500p. avec un poisson ? Qui ose se lancer un tel défi ? Qui parvient sans encombre à le relever ? Et brillamment qui plus est ? Christine Adamo !

Voici la 3e roman de l'auteure que je lis et je suis chaque fois saisie par sa capacité à nous subjuguer par son écriture magique, son érudition incroyable et son sens du romanesque.

Ouvrir un roman de C.Adamo, c'est une nouvelle aventure, un style différent, un univers autre, une qualité et un talent constants.
Ici, nous parcourons les mers du Sud, des années 30 à 1998, à la poursuite du coelacanthe, le poisson vieux de 360 millions d'années, fossile vivant et témoin de l'évolution. le monde du silence et ses mystères, loin d'apaiser les esprits va attiser les convoitises, échauffer les ambitions et aiguiser les rivalités.
Drapé dans sa sagesse, le poisson va regarder, indifférent, les savants se déchirer et impuissant, l'hybris de ces humains si éphémères dilapider son espèce.

L'alternance des temps anciens, ceux de la découverte inopinée du premier spécimen par un pêcheur Sud-africain, son identification par une jeune conservatrice de muséum et sa récupération par un chercheur passionné, et les temps modernes, est l'occasion pour l'auteure de nous confronter à la montée de l'apartheid en Afrique du Sud, à la misère des pêcheurs de cette partie du globe, à la fuite des cerveaux.

C'est aussi le moyen de raconter le milieu très fermé de la recherche scientifique, ses mesquineries et ses grandeurs. C'est enfin une fenêtre sur la place de la femme dans la société et dans la science, les injustices, les spoliations, les affronts, incarnés par des personnages magnifiques comme Helen Arundel et Irina Easton.

Bref, j'étais fan. Je le reste grâce à ce très beau thriller pas comme les autres que je recommande+++ car on aime sortir grandi d'une lecture !

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Si vous voulez tout connaître sur notre grand-oncle à tous, Requiem pour un poisson de Christine Adamo est fait pour vous.
On en apprend beaucoup au sujet de l'ichtyologie en général et du coelacanthe en particulier.
Si on croit que le milieu scientifique est paisible, on découvre qu'il n'en est rien tout au long de ce livre chorale qui se déroule au travers de trois époques.
Avec, pour ma part, un peu trop de personnages, cette histoire nous apprend que même pour un sujet aussi universel que l'apparition de l'humanité sur Terre, la guerre d'ego fait rage.
Notre supposé grand-oncle à tous a laissé dans son sillage des crimes de sang odieux.
Bravo à Christine pour cette oeuvre didactique !

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J'ai acheté ce livre aux quais du Polar à Lyon sur les conseils (bien avisés) d'un libraire qui avait adoré. Il n'avait pas tort!
Ce récit qui navigue entre les années 30 et aujourd'hui nous raconte la découverte du coelacanthe, un poisson qui serait le chaînon manquant entre les poissons et l'espèce humaine, un poisson extraordinaire qui a traversé les millénaires depuis la Préhistoire en résistant aux changements climatiques et à la nouvelle découpe des continents. Bref, un objet de convoitise pour tous les scientifiques du monde et qui devient même motif de meurtres... Passionnant, instructif, très réussi!
Seul bémol: le récit très découpé (j'ai l'impression que c'est la mode en ce moment) selon le point de vue des différents personnages. C'est très agaçant, je trouve mais bon, ça ne m'a pas empêchée de dévorer l'ouvrage!
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Citations et extraits (6) Voir plus Ajouter une citation
Lorsqu’il la vit. Elle sortait de chez elle, enveloppée dans un grand manteau blanc, un foulard sur la tête. Le manteau laissait voir la bosse de son ventre, qu’elle soutenait de ses mains jointes.
Il hésita un instant. Il savait qu’elle était enceinte. Il secoua la tête. ça n’était rien au regard de l’éternité du cœlacanthe, de ses enjeux à lui. Il tourna la clé dans le contact.
Elle traversait précautionneusement la rue, comme si elle avait peur de glisser, ou de laisser tomber son ventre. Quelle idée, aussi, de porter de tels talons lorsqu’on était enceinte ! Il ne comprendrait jamais les femmes.
Pas de voiture entre eux. C’était le moment. Il déboita brusquement et la Saab quitta son emplacement, entre deux véhicules déjà couverts de neige. On n’y voyait presque plus rien. Même les plaques minéralogiques étaient recouvertes. Les passants se protégeaient comme ils pouvaient des bourrasques, des flocons qui s’infiltraient partout, les yeux fixés sur le sol pour ne pas se retrouver par terre.
Il accéléra en remettant le volant dans l’axe de la route. La voiture patina à peine, il s’élança. Il ferma les yeux pendant une fraction de seconde. Sentit, davantage qu’il n’entendit, un choc sourd contre la carrosserie.
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Sa raison lui intimait l’ordre de ne pas s’emballer. Il y avait entre l’homme et le poisson, cette autre branche, celle des rhipidistiens. Espèce cousine de celle du coelacanthe, mais qui, à priori, aurait, bien plus probablement franchi le pas. Avant de s’éteindre, comme épuisée d’avoir modifié en profondeur sa physiologie, sa morphologie, épuisée d’avoir ouvert la voie aux espèces considérées comme plus achevées. Une branche qui reléguait le coelacanthe au rang de grand-oncle boiteux, s’éternisant dans son corps lourd et primitif pendant que d’autres évoluaient.
Charles ne pouvait complètement se raisonner. Il frémit à l’idée de disséquer un tel animal, réel, de chair et de sang, et non pas séché par les siècles en une caricature de vie. Lui, Charles Stuart Feargus Easton, serait-il le premier à percer les mystères de cette ancienne et fabuleuse transition de la vie ?
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Et je ne t’ai pas encore parlé de ce que Malan qualifie d’ « essence même de l’apartheid », qui rend obligatoire la résidence de toute personne non-blanche dans des zones spécifiques séparées. Cela va exclure des familles entières de leur village, de leur banlieue, pour les envoyer dans des sites désignés, loin des Blancs. Tout cela sous prétexte de « nettoyage ». De cette façon 920.000 résidents de Johannesburg vont être déplacés. Cela concerne également la moitié des habitants du Cap, « colorés », indiens, asiatiques, ou carrément noirs. La police et l’armée vont se charger de ces « déplacements ».
En parallèle, la « main-d’œuvre » sera envoyée là où on a besoin d’elle, en fonction des demandes des employeurs. Ceux qui voudront aller là où leur force de travail n’est pas « désirée » se retrouveront devant le juge. Ceux qui seront estimés indispensables à des centaines de kilomètres de chez eux pourront être immédiatement expédiés dans des campements d’urgence.
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Toujours sous le feu du regard bleu, la jeune femme se disait, pour la énième fois, que jamais l’amour ne pourrait lui donner de telles sensations. Aussi facilement renouvelables, aussi durables.
Elle se penchait vers une grande nageoire bleue, coincée entre une raie et un requin. Et là, son introspection s’arrêta net. Elle tira sur la raie, la repoussa du pied, fit de même avec le requin. Elle s’agenouilla, stupéfaite. Quel étrange poisson ! Entièrement bleu. Des reflets violets. Des taches argentées. Aucun nom ne venait à l’esprit de la jeune femme. Pourtant, sans être une véritable ichtyologiste, elle en avait vu des poissons… Mais celui-ci n’était vraiment pas ordinaire. Ces écailles… Cette queue trilobée… Et ces pattes en forme de nageoires, ou ces nageoires en forme de pattes…. Helen était fascinée.
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Lorsqu’ils purent enfin ramener les prises complètement hors de l’eau, les verser sur le pont, ils retrouvèrent ce qui restait d’Amos. Les thons agonisants l’avaient écrasé, broyant son visage, sa poitrine et toutes les parties tendres de ses membres en une pulpe immonde. Nettoyant déjà en partie le squelette de la chair qui y avait adhéré.
C’est alors que, sous le cadavre du mousse, un poisson énorme apparut.
Se débattant comme un forcené au milieu de congénères agonisants. Lui était encore bien en vie.
Et brusquement, ce fut comme s’il était seul sur le bateau.
Ce n’était certainement pas un thon. Pas davantage un requin, ni un dauphin, ni une baleine. Son corps bleu brillait sous la lumière…
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Video de Christine Adamo (1) Voir plusAjouter une vidéo
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