AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
EAN : 9781449463007
168 pages
Andrews McMeel Publishing (19/11/2015)
5/5   1 notes
Résumé :
Dilbert, the cubicle-dwelling drone, is at his satirical best with this new collection of cartoons. Dilbert has managed to keep up with technology like iPads and Twitter over the years, as well as advanced systems like the Disaster Preparedness Plan that has its followers eating the crumbs from their keyboards. It doesn't get any more sophisticated than that.

It's an office code violation to be this good after so many years, but Dilbert keeps doing wh... >Voir plus
Que lire après Dilbert: Optimism Sounds ExhaustingVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
Un sentiment d'inadéquation
-
Ce tome fait suite à Dilbert: Go Add Value Someplace Else (strips parus du 15 juillet 2013 au 20 juillet 2014) qu'il n'est pas indispensable d'avoir lu avant, mais ce serait se priver d'un délice comique. Celui-ci contient les strips parus du 21 juillet 2014 au 01 août 2015. Il est paru en 2015. Il s'agit de gags en 3 cases (ceux parus du lundi au samedi), ainsi que des strips en 8 cases (4 rangées de 2 cases) correspondant aux strips du dimanche. Tous les strips sont en couleurs et réalisés par Scott Adams. Ce tome contient 161 pages, soit 375 gags. Dans son introduction d'une page, Scott Adams indique qu'il est un optimiste de naissance, et que c'est effectivement épuisant. Il s'attend à ce que son copain soit à l'heure au rendez-vous (même si dans les faits il arrive avec une heure de retard). Il a une propension affirmée à sous-estimer les difficultés. D'ailleurs si Dilbert existe, c'est bien parce que Adams avait regardé un comicstrip dans un journal en se disant : ça n'a pas l'air si difficile que ça à faire et qu'il était optimiste se disant qu'il pouvait lui aussi le faire.

CEO demande à Dilbert de lui épargner les explications techniques car il prend ses décisions sur la base des individus impliqués dans le projet : Dilbert lui fait observer que c'est une croyance aussi infondée que la précédente, croire qu'il était capable d'identifier les projets gagnants. Pointy-haired Boss constate que les données sont incomplètes, donc il va utiliser son intuition et son expérience pour prendre une décision : Dilbert lui demande si la pensée magique permet de palier l'ignorance. CEO indique à Dilbert que son prototype ne sera jamais viable économiquement : Dilbert répond que la certitude concernant le futur est un signe de maladie mentale. Boss fait observer à Alice que son projet est en retard par rapport planning : elle répond qu'au long terme, tout le monde meurt et qu'il pourrait mourir sur le champ et atteindre son terme plus rapidement. Boss annonce à Dilbert qu'il sera assis à côté du vice-président senior au repas pour la remise des prix technologiques, non pas parce qu'il n'aime pas Dilbert, mais parce qu'il n'aime pas le vice-président. Boss annonce à Dilbert et Alice qu'il a externalisé son management à Amazon et que leurs employés vont les observer par des caméras vidéo et leur donner des consignes.

Boss indique à Dilbert qu'il a bien entendu qu'il est surchargé, et donc il lui affecte un nouveau venu : Dilbert comprend que ça ne va pas beaucoup l'aider car il va devoir répondre à des questions en continu. Wally vient voir Boss en lui disant que les personnes qui réussissent se lèvent tôt : il demande à commencer à quatre heures du matin. CEO annonce en réunion que le conseil d'administration a décidé d'augmenter ses actions, soit en mettant des produits fantastiques sur le marché, soit en attirant des actionnaires idiots. Boss annonce à Alice que l'entreprise vient d'acheter une start-up de la Silicon Valley juste pour en récupérer les ingénieurs : il lui demande d'être gentille avec eux car ils socialement maladroits et ils n'ont pas vu une femme depuis quatre ans. Boss présente Randy, un ingénieur de la start-up à Dilbert en lui demandant de s'assurer qu'il suit bien le cours en ligne de 45 heures sur l'accueil : Randy démissionne sur le champ.

Un nouveau recueil de strips de Dilbert, une nouvelle certitude de s'amuser en contemplant les travers de l'entreprise mis à nu. Est-il besoin d'en dire plus ? Ça dépend, soit on est un lecteur inconditionnel, et ce recueil était dans la pile de lecture quoi qu'il arrive. Soit on hésite. Dès le titre, l'affaire est entendue : effectivement, la vie est plus agréable quand on est optimiste, mais ça demande une énergie de tous les instants pour ne pas succomber à la tristesse de la réalité, sans oublier ce dessin minimaliste, une ombre chinoise de la partie supérieure de la tête de Wally. Scott Adams joue admirablement sur ses faiblesses de dessinateur en créant une image conceptuelle, entre figuration et abstraction, image qui amène un sourire aux lèvres de l'habitué de la série, et qui intrigue les nouveaux. Est-ce que l'auteur dessine mieux que dans les tomes précédents ? Non, mais ça ne l'a jamais arrêté, ni empêché d'être drôle. le lecteur habitué retrouve les personnages tout comme il les aime : détourés d'un trait très fin et régulier, avec des postures un peu figées, des expressions de visage assez limitées, évoluant souvent dans des cases dépourvues de décor en arrière-plan, ou plutôt plantés de manière statique, et caricaturés.

Le nouveau lecteur découvre des individus représentés de manière exagérée et simplifiée : Dilbert avec l'espace de forme de chou-fleur pour ses cheveux au-dessus de sa tête, ses lunettes rondes, sa chemisette et sa cravate qui rebique, Wally avec ses trois cheveux au-dessus de chaque oreille et son crâne dégarni, le boss avec son veston et ses deux touffes de cheveux pointues, Alice et ses cheveux en triangle et pas de cravate, CEO (pour Chief Executive Officer) et son haut front chauve, ou encore Dogbert et Catbert, des animaux vaguement anthropomorphes. Il y a même un robot, et un androïde à l'image de Boss, et Bob le dinosaure est présent dans 3 strips. le lecteur habitué se rend compte que l'artiste continue d'introduire de minuscules détails comme les chemisettes, le badge accroché autour du cou, ou encore une montre connectée, sans oublier l'habit-tube, tout ça représenté de manière simpliste et naïve en cohérence avec le reste.

Le lecteur novice se dit que finalement, derrière des apparences simplistes, les personnages changent régulièrement d'endroit, avec une prédominance du bureau : debout dans un couloir totalement impersonnel, assis dans une salle de réunion, dans le bureau du chef, les étages supérieurs du bâtiment vue extérieure (image récurrente), la pelouse d'un parc pour une balade, assis devant son écran d'ordinateur, dans l'allée en sortant la poubelle, l'écran de présentation pour un diaporama, en train de prendre un verre devant une table en compagnie d'une jeune femme, dans la boue jusqu'à la taille en Elbonie, et même dans une zone sauvage alors que Dilbert est en cavale. Même le lecteur fidèle est pris par surprise par ce dernier lieu, tellement éloigné de la vie de bureau bien monotone du personnage. Une fois adapté aux caractéristiques des dessins, le lecteur ne peut que constater qu'ils portent bien la narration, qu'en effet Scott Adams sait tirer le meilleur parti de ses limites : il est obligé de s'en tenir à l'essentiel avec une mise en scène minimaliste, faute de savoir mieux dessiner. Cela concentre l'attention du lecteur sur les personnages, et cela oblige l'auteur à se montrer d'une rigueur extrême dans la mécanique de ses gags. S'il essaye d'en raconter à haute voix à interlocuteur, le lecteur prend conscience de la précision extraordinaire dans la construction de chaque phrase, dans le choix de chaque mot. Un travail d'orfèvre.

Qu'il soit lecteur de longue date ou pas, le lecteur se demande quels travers de l'entreprise l'auteur va épingler sur ces 12 mois. Les sujets ne manquent pas qu'ils soient récurrents, ou qu'ils prennent pour cible une tendance récente, et souvent éphémère. Bien sûr le management et les stratégies de développement de produits sont au coeur de la série : les prises de décision par un processus irrationnel entre pensée magique et biais égocentrique, la pensée prête à l'emploi sous forme de slogans et de recettes génériques, les stratégies absurdes démontées en 2 questions, la négation de l'expertise parce que trop compliquée, les livres révélant les clés du succès (qui ne sont avérées que pour son auteur et dans le contexte où il a eu du succès), raccourcir les délais en deçà de ce qui est nécessaire, le mépris de classe des hauts dirigeants pour les simples exécutants, les réunions improductives, les stratégies pour fourguer de la camelote aux consommateurs parce que l'entreprise est incapable de fabriquer des produits de qualité, etc. le lecteur retrouve avec grand plaisir le caractère monolithique des personnages : le cynisme un peu abattu de Dilbert face à la bêtise de ses chefs, le désintérêt très professionnel de Wally, atteignant des sommets de désengagement, d'absence de motivation, d'implication nulle, tout en devenant l'employé de l'année, et même vice-PDG. Il aurait souhaité qu'Alice ait encore plus d'occasion de laisser libre cours à son agressivité.

Comme l'habitude, le lecteur fidèle voit apparaître de nouveaux thèmes dans lesquels le lecteur de passage peut reconnaître les préoccupations et les lubies du moment. En vrac : l'externalisation qui s'étend jusqu'à la fonction de management, l'engouement pour les recettes du succès sous forme de livres de conseils, les algorithmes pour analyser les candidatures à un emploi, acquérir une compétence en 5mn avec un tuto internet, avoir de la passion dans son travail, cultiver la férocité des employés, ajouter des fonctionnalités superfétatoires à un produit qui se suffit à lui-même, le sadisme intentionnel des Production designers, les statistiques aberrantes (les gens plus grands ont mieux rémunérés), le sabir techno-économique, les mec-splications, le CEO qui fait partie du conseil d'administration de 9 entreprises différentes, etc. Comme d'habitude, la noirceur n'est pas loin derrière l'humour décapant. le lecteur reprend contenance quand Dilbert fait constater à un commercial qu'il est plus payé parce qu'il conçoit et produit des biens, alors que le commercial non. D'un autre côté, il découvre la vision de Dilbert sur l'humanité en page 138 et ça lui flanque un coup. Dilbert expose sa vision d'ingénieur : il préfère la technologie aux êtres humains. Il ne croit pas au libre arbitre, aux âmes soeurs, ou à la motivation par la passion. Il pense que la vie est un événement bref et dépourvu de sens dans un univers livré au hasard qui n'en a cure. Il n'interagit avec autrui que pour des besoin économiques et biologiques. Il pense que chaque acte humain est motivé par l'égoïsme. Et il passe ses journées à réarranger des zéros et des uns. Cette appréhension rationnelle de l'existence peut s'avérer trop décillée pour certains individus, trop honnête.

Un autre tome de Dilbert, une autre réussite extraordinaire. Scott Adams sait mettre à profit ses capacités limitées de dessinateur pour se focaliser sur l'essentiel de la narration, en ayant développé un sens du rythme du gag extraordinaire de précision et de concision. le lecteur s'amuse des travers de la vie en entreprise, des relations entre collègues, des absurdités systémiques de l'entreprise, tout en se heurtant à l'absurdité du monde. Exceptionnel.
Commenter  J’apprécie          60


autres livres classés : managementVoir plus


Lecteurs (2) Voir plus



Quiz Voir plus

La bonne adresse

Rue des boutiques... (Patrick Modiano)

occultes
inconnues
obscures

8 questions
104 lecteurs ont répondu
Créer un quiz sur ce livre

{* *}