Citations sur Bouche cousue (29)
J’ai poussé un soupir de fatigue. Les squelettes dans mon placard ne semblaient demander qu’une chose : sortir au grand jour. Si au moins ils n’avaient pas été si nombreux. Peut-être alors aurais-je eu une chance de les y enfermer pour de bon…
N’empêche, pour que notre vie commune soit agréable, il va falloir procéder à certains ajustements.
Pour cela, tu vas devoir respecter plusieurs règles. Comme celle de te taire. Reste tranquille, ça ne devrait pas faire trop mal.
C’est ça. Chuuuut, mon cher.
Motus et bouche cousue…
J'aurais aimé en discuter avec Charlie, mais il me boudait depuis que je lui avais cousu les lèvres. Je ne sais pas de quoi il se plaignait, celui-là ! Ainsi, il n'aurait plus à endurer un bandeau sur la bouche qui l'empêchait de respirer. Ce serait plus confortable.
Un ingrat, ce Charlie.
Une fois que la viande a été et cuite à point, les autres matous sont vite sortis de leur cachette. Ces petits traîtres n'allaient pas snober leur repas pour une simple histoire de solidarité féline. Je les ai regardés dévorer leur ancien compatriote en me disant t que l'instinct de conservation était une chose bien étrange.
J’aurais aimé en discuter avec Charlie, mais il me boudait depuis que je lui avais cousu les lèvres. Je ne sais pas de quoi il se plaignait, celui-là ! Ainsi, il n’aurait plus à endurer un bandeau sur la bouche qui l’empêchait de respirer. Ce serait beaucoup plus confortable.
Un ingrat, ce Charlie.
Lui, c’est un vieux grincheux. On ne le voyait jamais à la messe, le dimanche. Son excuse, c’était que, depuis que sa femme était morte du cancer, il ne croyait plus en rien. Moi, je pense plutôt que c’est parce qu’il déteste avoir à fréquenter du monde. Si je dis ça, c’est que, même avant que sa femme ne bouffe les pissenlits par la racine, Bernard ne se pointait pas plus à l’église.
Quand on a des choses à cacher, vaut mieux coller le plus possible à la réalité.
Charlie disait que j’étais une vraie Germaine. Il pouvait bien penser ce qu’il voulait, je m’en fichais. Son opinion, je pouvais m’en passer.
Pour la maison, c’était différent. Nos voisins avaient toujours quelque chose à nous reprocher à son sujet. L’herbe était trop haute, les vitres trop encrassées, il y avait des odeurs nauséabondes. Rien ne les satisfaisait jamais. C’est qu’ils ne savaient pas ce que c’était que de s’occuper de tous les chats errants de la rue. Et les litières se remplissaient si vite. Sans compter que ça coûtait un bras à nourrir, ces petites bêtes là. Par chance, j’avais trouvé un arrangement plus qu’économique. Mes chats mangeaient de tout. Je les avais habitués à ça.
Le petit coquin ! Il avait tenté de me faire croire qu’il était mort. Quel blagueur, ce Charlie ! J’ai éclaté de rire tout en essuyant la larme qui coulait sur sa joue, que j’ai portée à ma bouche. Elle avait un goût de sel assez agréable.
Pourquoi ne pas l’avoir tué ? Bonne question. J’imagine qu’il me plaisait. Et peut-être que je voulais avoir l’impression d’avoir un homme dans ma vie. J’ai toujours préféré les hommes aux femmes. Si j’avais eu le choix, jamais je n’aurais épousé Béatrice, tu sais. Chose certaine, je ne regrette aucun des moments que nous avons passés ensemble, lui et moi.