Je ne veux plus vivre dans ces conditions. De toute manière, on ne peut même pas appeler ça " vivre ". Rester étendu à longueur de journée dans un lit, sans bouger, à attendre que d’autres s’occupent de moi, que des inconnus me lavent, me fassent manger, m’aident pour mes besoins les plus primaires, ce n’est pas MA définition de la vie ! Le pire, c’est que si je voulais crever et en finir avec cette vie de merde, je ne le pourrais même pas sans aide !
J’ai besoin que quelqu’un veille à ce que mon corps fonctionne correctement sept jours sur sept, vingt-quatre heures sur vingt-quatre ! ! ! Bonjour l’autonomie ! J’en ai plus qu’assez des machines qui font un vacarme autour de moi, du regard compatissant du personnel médical, de la présence constante de ma mère… Elle qui n’arrivait même pas à se débrouiller pour être libre une toute petite heure par semaine pour me voir, avant l’accident !
Ma lecture est loin d’être facile, mais je comprends rapidement qu’il existe une distinction réelle entre le suicide, l’euthanasie et l’interruption de traitement. Je découvre même qu’autrefois, selon l’Église, l’euthanasie ou le suicide assisté étaient synonymes d’un ticket direct pour l’enfer ! Mais maintenant, alors que peu de gens sont encore pratiquants, les mœurs ont changé…
N’importe qui peut abandonner, c’est la chose la plus facile à faire, mais tenir le coup lorsqu’il serait compréhensible de tout laisser tomber, voilà la vraie force.
Il n’y a rien de légal dans le fait de mettre fin aux jours d’un ami quadraplégique. Même si cette personne nous le demande ! Il y a un nom, pour ça, si je me souviens bien… L’euthanasie, c’est ça… Ce n’est qu’avec les animaux que c’est permis. Dans le cas d’êtres humains, j’ai aussi entendu le terme « meurtre par compassion »… Selon moi, un meurtre reste un meurtre et il n’y a personne qui va me convaincre du contraire !
Destination no 1 : Ranch de Heaven's Gate, Marilou Addison
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